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Place publique, l’envol sur un petit nuage
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https://www.liberation.fr/france/2018/11/16/place-publique-l-envol-sur-un-petit-nuage_1692407
Jeudi soir, à Montreuil, le mouvement fondé par Raphaël Glucksmann et ses copains a organisé son premier meeting. Place publique a rassemblé plus de 700 personnes et plusieurs figures de gauche. Un «bon début», selon les organisateurs tout heureux.
Jeudi soir, rue Alexis-Leperre, à quelques encablures de la mairie de Montreuil, une grande file d’attente patiente sagement, malgré le froid. Les agents de sécurité, postés à l’entrée de la Marbrerie, esquissent quelques signes de la main pour prévenir les organisateurs : la salle déborde. Ils ferment les portes. Une triste nouvelle pour près de deux cents âmes. Ils n’assisteront pas au premier meeting de Place Publique, le mouvement lancé la semaine passé par Raphaël Glucksmann et ses copains.
Superhéros
À l’intérieur, autre ambiance : rires, accolades et bières. Tout le monde a le sentiment de se connaître, tout le monde s’est déjà croisé au moins une fois de près ou de loin. On tombe sur des militants, des curieux, des novices en politique, d’autres beaucoup moins, à l’image du député européen Guillaume Balas, de l’ancien ministre de l’écologie Philippe Martin, du président de Seine-Saint-Denis, Stéphane Troussel ou du porte-parole d’EELV, Julien Bayou. La gauche a trouvé refuge pour la soirée, une parenthèse à l’abri des méchants. Seuls les insoumis manquent à l’appel.
Les fondateurs du mouvement, les superhéros de la soirée font leur apparition. Sous le regard des caméras, ils bravent le froid pour glisser quelques mots aux déçus à l’extérieur. Une sorte de mini-meeting afin d’expliquer que l’histoire débute à peine et que la prochaine fois la fête sera plus grande. Place Publique prévoit plusieurs déplacements à travers le pays, notamment à Lyon et Marseille dans les prochains jours.
Ce premier meeting à rassemblé près de 700 personnes. Photo Martin Colombet. Hans Lucas pour libération
«Boîte de nuit»
La soirée débute officiellement : Pierre et Caroline, deux jeunes fondateurs grimpent sur scène, ils détaillent le programme. Pierre confie un secret à la foule, près de 700 personnes : il connaît Caroline depuis «tout petit», il partait avec elle en «colonie de vacances». L’ambiance est posée. Les prises de paroles s’enchaînent. De Diana Filippova, «très émue», à Jo Spiegel en passant par Thomas Porcher qui alerte sur la situation des migrants à sa manière : «C’est quoi ce monde dans lequel on vit ?»
Claire Nouvian, la fondatrice de l’ONG Bloom, a la cote. Des applaudissements de la foule après chacune de ses phrases. Elle prévient : «Le mouvement citoyen et amical a pour objectif de devenir majoritaire dans le pays.» Elle fait mouche. Derrière son zinc, le barman à moustache se mêle à la fête, il applaudit et lâche des «C’est tout à fait ça !». Raphaël Glucksmann, le chef des Power Rangers, lui, prend la parole en dernier. «On va construire une grande maison ouverte sans gardien de boîte de nuit. Face aux tentations autoritaires on va assumer plus de démocratie. Face à la montée de la xénophobie on va défendre l’accueil des migrants. Il ne faut jamais penser à ce qui serait électoralement payant. On y va, ça commence demain, ça commence maintenant», dit-il.
Pression
Après les discours, les échanges. Tout le monde se parle, se serre la main, se fait la bise et se renseigne sur le voisin. Tout le monde se dit «bravo !» aussi. Quelques visages connus se mêlent à la soirée - Bérénice Béjo, Michel Hazanavicius, Emmanuelle Béart et Samuel Le Bihan. Ça faisait belle lurette qu’on n’avait pas vu «la gauche» avec un tel sourire. Le socialiste Philippe Martin confie : «L’initiative est très belle, elle a du sens, c’est un beau mélange entre ceux qui réfléchissent et ceux qui font.» Dans les prochains jours, il compte lancer un appel avec plusieurs élus socialistes pour dire tout le bien qu’il pense de Place Publique.
Avant de filer, on tend l’oreille un peu partout. Un trentenaire livre ses sentiments après son «premier meeting politique». Pas loin, un écolo a les yeux qui pétillent. «Ce n’est pas parfait mais c’est frais, ça donne envie, ça faisait longtemps que je n’avais pas vu une telle énergie, ça me rappelle les débuts d’Europe Écologie Les Verts.» Puis, il guette autour de lui, sourit et taquine : «Qu’est-ce que tu crois : en France, il n’y a jamais eu de révolution sans les bourgeois.» Pendant ce temps, Raphaël Glucksmann est au fumoir. Il tire sur sa clope, laisse (re)tomber la pression et nous interroge : «Sérieux, vous avez trouvé ça comment ?»
Raphaël Glucksmann au meeting de lancement de Place Publique. Photo Martin Colombet. Hans Lucas pour libération