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Les relation troubles d’Emmanuel Macron avec l’Algérie

Algérie Macron

Lien publiée le 13 mai 2019

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

https://mondafrique.com/les-relation-troubles-demmanuel-macron-avec-lalgerie/

Dans son livre fort documenté « le grand manipulateur », Marc Endeweld revient sur les liens que le président français, Emmanuel Macron, aidé par Emmanuel Bennalla, a tissés avec deux oligarques algériens, Ali Haddad et Issad Rebrab.

La diplomatie française, qui redoutait par dessus tout une transition politique algérienne dominée par Gaïd Salah, ce chef d’état major proche de la Russie et fort éloigné des intérêts français, a tout mis en oeuvre pour soutenir le président Abdelaziz Bouteflika en fin de course. De façon plus surprenante, le président français, Emmanuel Macron, a mis les bouchées doubles pour soutenir un régime à l’agonie. La lecture du livre de Marc Enselweld sur les réseaux opaques du président français avec de riches hommes d’affaires algériens fournit quelques clés d’explication de cette posture surprenant de l’Elysée face à la transition démocratique algérienne.

Un tweet à contre temps

On se souvient du tweet ahurissant envoyé par le président français, le 12 mars dernier alors qu’il se trouvait en voyage officiel à Djibouti. La veille, le clan Bouteflika, à l’agonie, avait proposé une dérisoire feuille de route appelant, après vingt ans de rêgne, à des réformes fondamentales et à une nouvelle constitution. Depuis trois semaines, la rue algérienne dénonçait l’incurie du régime et demande le départ des principaux dirigeants politiques lié à ce régime honni. Et bien Emmanuel Macron ne trouva rien de mieux à faire que de soutenir, par un tweet, le régime finissant.

« La jeunesse algérienne, expliquait-il, a su exprimer son espoir de changement avec dignité. La décision du Président Bouteflika ouvre une nouvelle page pour la démocratie algérienne. Nous serons aux côtés des Algériens dans cette période nouvelle, avec amitié et avec respect ». L’association des valeurs démocratiques et du nom de Bouteflika était à l’évidence d’une totale maladresse.

Cette prise de position aura pour seul effet de renforcer la mobilisation populaire et la détestation du régime en place.

Pourquoi le président français affichait-il une position aussi peu pertinente? Comment pouvait-il prendre le risque de se faire huer dans les manifestations qui se multiplient en Algérie? Pour quelle raison montrait-il une telle précipitation en se substituant par les réseaux sociaux aux canaux diplomatiques habituels?

Des cadavres dans le placard

L’essai fort instructif du journaliste Marc Endeweld explique ce soutien par les liens étroits qu’Emmanuel Macron a tissés avec les hommes d’affaires les plus influents du régime algérien. A savoir Ali Haddad, l’ex patron des patrons et Issad rebrab, l’homme le plus riche d’Algérie. Le premier est la tirelire du clan Bouteflika dont il a servi les pires turpitudes; Le second est l’homme d’affaires soutenu par l’ex DRS, cette police politique qui fut la colonne vertébrale du système algérien?

Plus grave, le profil des intermédiaires franc–algériens à l’oeuvre dans ces relations suspectes, Alexandre Benalla en tète, laissent entrevoir des arrangements que la morale politique réprouve.

A la lecture du livre de Marc Endeweld, on a le sentiment en effet que les relations entre Emmanuel Macron et l’Algérie dissimulent quelques cadavres dans les placards.

L’échappée belle vers Alger

Lorsqu’au coeur de sa campagne électorale en vue de la dernière Présidentielle, Emmanuel Macron se rendit à Alger, les 13 et 14 février 2017, le candidat d’Em Marche se trouvait dans une situation financière très périlleuse. »L’argent manque terriblement pour poursuivre sa campagne, note Marc Endeweld, le budget est très entamé ».

Reçu comme un chef d’état par le pouvoir algérien qui misait beaucoup sur son élection, Emmanuel Macron se montrera très favorablement impressionné par Ramtane Lamamra, ministre alors des Affaires Etrangères, et Abdeslam Bouchouareb, ex ministre de l’Industrie et propriétaire d’un bel appartement à Paris, dont la réputation affairiste n’est plus à faire. Depuis, ces deux hommes sont régulièrement consultés par l’Elysée sur le dossier algérien.

Durant le même voyage, Emmanuel Macron qualifia la colonisation, dans une interview à la chaine de télévision Echorouk News, de « crime contre l’humanité ». Des propos surprenants dans le cadre d’une campagne qui se veut consensuelle et provenant d’un homme qui en 206, expliquait au « Point », que l’occupation de l’Algérie s’était accompagnée d' »éléments de civilisation ». Une telle audace fut payante auprès des dirigeants algériens qui, dès lors, virent en Emmanuel Macron un interlocuteur privilégié .

Mais durant ce même voyage, plusieurs « rencontres discrètes » furent organisées, apprend-on dans le livre « le grand manipulateur »,. Deux hommes y assistèrent: Alexandre Benalla, le fidèle garde du corps, et Fraçois Touazi, un haut cadre du groupe Ardian (ex Axa), les deux principaux organisateurs du voyage.

Ali Haddad courtisé

 » Le 14 février, en fin de matinée, explique Marc Endeweld, un petit déjeuner est organisé sur la terrasse de l’hôtel El Aurassi avec les représentants du FCE, le forum des chefs d’entreprise, l’équivalent du Medef ». Le patron des patrons algérien et intime du clan Bouteflika, Ai Haddad, était « tout sourire », face à un Emmanuel Macron qui prend des engagements vis à vis de l’Algérie en matière d’énergies renouvelables.

Quelques heures plus tôt dans le même hôtel, le même Haddad prenait un autre petit déjeuner, celui-ci très discret, avec Emmanuel Macron et François Touazi. De cette rencontre, il ne filtrera rien.

A l’époque, Alexandre Djouhri, dit Alex, un ‘intermédiaire flamboyant qui est proche à la fois de Dominique de Villepin, l’ancien Premier ministre de Chirac et de Maurice Gourdault-Montagne, l’actuel secrétaire général du Quai d’Orsay, séjournait fréquemment en Algérie. Cet habitué de l’hôtel Aurassi entretenait des relations étroites avec Ali Haddad. « Selon trois sources différentes, affirme l’auteur du « Grand Manipulateur », l’homme d’affaires algérien a bien rencontré à cette occasion le futur président ». Ce que Djouhri dément.

Symbole de la corruption qui rêgna sous Abdelaziz Bouteflika, Ali Haddad n’est certainement pas un modèle de vertu ni de modernité. Pourquoi Emmanuel Macron prend-il le risque de le rencontrer à deux reprises? Quel profit en retirer? Autant de questions que pose, entre les lignes, l’ouvrage de Marc Endeweld. De là à imaginer des sources de financement algérien dans la campagne d’Emmanuel Macron, il y a un pas que plusieurs sources à Alger franchissent en privé, mais sans preuves pour ‘instant.

Un petit monde

La veille de ces deux petits déjeuners avec Ali Haddad, le candidat Macron dinait avec Issad Rebrab, l’homme le plus riche d’Algérie qui fit fortune grâce à sa proximité avec les services algériens dirigés pendant un quart de siècle par le fameux général Mohamed Mediène L’homme d’affaires est au plus mal à l’époque avec le clan Bouteflika qui cherche à lui tondre la laine sur le dos et à le marginaliser. L’homme d’affaires kabyle est parfois même présenté comme un opposant au pouvoir en place

Pourtant Emmanuel Macron, au risque de mécontenter le clan Bouteflika, accepte l’invitation à diner de Rebrab. Première raison de cette visite peu protocolaire, le candidat connaissait bien l’industriel kabyle qui investissait massivement en Franc alors qu’il était secrétaire général adjoint à l’Elysée puis ministre de l’industrie durantle candidat François Hollande.

Deuxième raison de cette rencontre, les liens sont très nombreux entre les entourages du candidat et de l’oligarque. Rebrab est en effet un intime de François Touazi depuis fort longtemps. Le groupe Cevital qu’il a créé – a fait travailler Alexandre Benalla à l’époque où ce dernier avait fondé la société de sécurité « Velours ». Enfin il s’est fait aider dans ses investissements en France par un ancien trader Franco-Algérien du nom de Farid Belkacemi qui participa également à la préparation du voyage d’Emmanuel Macron durant la campagne des Présidentielles. Cerise sur le gâteau, Farid Belkacem est un proche ami d’Alexandre Benalla qu’il aida à se reconvertir lorsqu’il dut quitter l’Elysée au mois de juillet dernier.

Depuis son élection comme Président de la République, Emmanuel Macron n’a cessé de témoigner de son amitié pour l’industriel kabyle qu’il a reçu à plusieurs reprises, notamment au Château de Versailles en janvier 2019 lors du sommet « Choose France ». Une amitié est née dont on ne connait pas vraiment tous les ressorts.

Des interpellations spectaculaires

Est ce un hasard? Ali Haddad et Issad Rebrab ont été placés, ces dernières semaines, en détention par le pouvoir militaire algérien. Qu’ils soient l’un et l’autre des amis de la France n’arrange pas leurs affaires. Le chef d’état major, Gaïd Salah, au mieux avec les Russes et apprécié par les Américains, entretient en effet des relations très tendues avec la diplomatie française. Leurs bonnes relations avec Emmanuel Macron ont pu même aggraver leur situation.

Haddad et Rebrab ont été interpellés l’un et l’autre au prix de mises en scène savamment orchestrées. Les caméras ont été autorisées à filmer le premier d’entre eux alors qu’il était hué par la foule et, contre tout usage, alors qu’il se trouvait dans l’enceinte du tribunal.

Depuis, la diplomatie française est bien silencieuse et Emmanuel Macron a renoncé à commenter la situation algérienne par tweets.

L’avertissement du pouvoir ilitaire algérien aurait-il été entendu?