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Texte de la direction de la France insoumise pour sa Convention du 23 juin
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
La France insoumise, outil au service du peuple et de sa révolution citoyenne !
Conformément à l’engagement pris par La France insoumise lors de la convention 2018, une coordination entre ses différents espaces a été créée. Ce texte « Bilan et perspectives » issu de ses travaux est soumis à contribution des insoumis⋅es jusqu’au jeudi 20 juin. Une nouvelle version tenant compte de ces contributions sera proposée à la discussion lors de l’Assemblée représentative. Une version finale sera préparée par un groupe de travail formé de 4 personnes issus du groupe de travail initial et de 4 insoumis⋅es tiré⋅es au sort parmis les participant⋅es à l’Assemblée représentative.
Les élections européennes confirment la poursuite de la vague dégagiste. Sa première expression est la grève civique par l’abstention massive. Nous déplorons aussi que rien n’ait été fait pour encourager davantage à l’inscription sur les listes électorales et saluons les bénévoles de La France insoumise qui ont organisé les campagnes d’inscription que l’État aurait dû assumer. Malgré un léger sursaut de participation, la moitié des citoyen·ne·s n’a pas voulu participer. Ce refus exprime non seulement la colère contre le pouvoir mais aussi la défiance qu’inspire la vie institutionnelle en général et l’Union Européenne en particulier. Le président de la République a organisé un duel avec l’extrême-droite. Il l’a perdu mais n’en tire aucune conséquence. C’est pourtant près de 80% des suffrages exprimés et près de 90% des inscrit⋅es qui n’ont pas voté pour la liste de la majorité et de ses allié⋅es.
Dans ce contexte, le résultat de la France insoumise n’est pas à la hauteur de nos efforts. Ce revers électoral n’est pas un mal français : partout en Europe notre courant de pensée, toutes formes confondues, subit un même échec électoral. Cela correspond aussi à une offensive du libéralisme qui s’appuie dorénavant sur des pouvoirs de plus en plus autoritaires et des médias massivement à son service. Aussi, nous ne parvenons pas à retrouver dans les urnes celles et ceux qui avaient fait le choix de La France insoumise en 2017. Si l’explication se situe en partie dans le caractère particulier de cette élection européenne, dans le contexte politique et dans l’adversité d’une campagne de dénigrement perpétuel contre La France insoumise, nous ne sommes pas parvenu⋅es à construire la jonction politique entre classes moyennes des centres villes et la population des quartiers et de la France péri-urbaine comme le veut notre projet de fédération populaire. En résulte l’installation d’un paysage politique polarisé entre Macron et Le Pen, c’est-à-dire entre le système et son assurance-vie. Ce paysage fonctionne comme une nasse qui fait reculer le moment où seront prises en charge les urgences démocratiques, climatiques et sociales.
Sur la forme, nous avons mené une campagne inédite et intense impliquant l’ensemble du mouvement et multipliant les initiatives ambitieuses sur l’ensemble du territoire. Nous saluons l’équipe de campagne et les candidat⋅es. Ils et elles se sont dévoué⋅es sans compter leurs efforts quels que soit leur profil et leur place sur la liste, à l’image de notre tête de liste Manon Aubry. Nous les en remercions solennellement. Nous avons trouvé sur notre route des obstacles que nous n’avons pas pu contourner. Ainsi, alors qu’une partie grandissante du peuple exprime sa défiance à l’égard du fonctionnement actuel de l’Union européenne, nous n’avons pas su la traduire en mobilisation électorale car notre mot d’ordre principal de nécessité de sortir des traités a été rendu invisible et nous n’avons pas su trouver celui qui synthétiserait simplement nos propositions. Le Président de la République a imposé son agenda médiatique dans la campagne, l’éclipsant largement. De même, l’extrême-droite s’étant une nouvelle fois appropriée nos mots, le référendum anti-Macron lui a profité sans que nous parvenions à rendre plus audible la démonstration que ce prétendu duel est en fait un véritable duo. Nous n’avons pas réussi à convaincre que le vote populaire en faveur du RN est un vote en contradiction totale avec les revendications sociales et démocratiques portées depuis six mois par le mouvement des Gilets Jaunes et ses soutiens. Enfin, l’heure des marches pour le climat confirme notre diagnostic selon lequel doit émerger une écologie populaire et anticapitaliste face au mirage de l’écologie de marché. Pourtant, le vote pour l’écologie traditionnelle est parvenu à donner l’illusion que l’on pouvait sauver le climat sans changer le système.
Pour autant, nous disposons de points d’appui évidents. Ils nous servent à apprécier ce qui doit structurer notre action politique dans les prochains mois :
– Nous nous félicitons de nos résultats dans les quartiers et dans les villes populaires où nous avons déployé beaucoup d’énergie depuis l’élection de 2017. Plus que jamais, nous devons oeuvrer au développement des dynamiques d’auto-organisation populaire et aux initiatives de solidarités concrètes comme ce fût le cas par exemple avec la rénovation de l’école à Marseille, les actions contre les punaises de lit et toutes celles qui consistent à régler sans attendre les problèmes avec celles et ceux qui les rencontrent. Nous en ferons la priorité de nos efforts à venir.
– Nous voyons dans l’émergence d’une nouvelle génération engagée dans les grèves scolaires pour le climat une nouvelle porteuse d’avenir. S’y exprime une conscience de l’urgence, d’une radicalité dans les solutions à mettre en oeuvre, comme dans les modes d’actions utiles au combat idéologique. Nous voulons nous adresser à elle et nous mettrons en oeuvre au sein de La France insoumise un pôle en charge des actions de désobéissance non violentes, pour soutenir les ONG et les mobilisations citoyennes pour l’environnement.
– Malgré notre score très insuffisant, La France insoumise comme mouvement voit six eurodéputé⋅es arriver au renfort de nos combats. Avec nos parlementaires nationaux dont le travail est largement reconnu, ils et elles formeront un groupe d’élu⋅es efficaces face aux lobbies et porteront des propositions alternatives au face à face entre les libéraux et l’extrême-droite et seront aux côtés des mouvements sociaux européens (collectifs de travailleur⋅ses ubérisé⋅es etc.).
– Le mouvement est la forme adaptée aux tâches qu’il nous faut accomplir. Aussi, La France insoumise est un mouvement dont la forme est évolutive. Elle se dote aujourd’hui et comme cela a été souhaité par les insoumis⋅es d’une coordination entre ses différents espaces, d’un pôle de respect de ses principes, d’une fondation et d’un forum politique. Nous ouvrons aussi un groupe de travail chargé de synthétiser les propositions d’amélioration de l’organisation. S’il faut toujours améliorer notre fonctionnement, notre énergie militante doit être propulsée vers l’extérieur, dans la société et non pas dans les affrontements de courants et les batailles internes que connaissent les partis politiques.
– La France insoumise doit disposer de son propre agenda en dehors des campagnes électorales et du calendrier parlementaire national et européen. Le mouvement s’appuiera sur ses campagnes nationales décidées par les insoumis⋅es pour porter les combats qu’ils et elles pensent utile dans le débat politique.
Enfin, la séquence des élections européennes a surtout été dominée par le contexte national du mouvement des Gilets jaunes et la répression violente que subissent les mouvements de contestation populaire. Malgré ses imperfections, nous le regardons avec enthousiasme, car il conforte notre vision de la révolution citoyenne. Déclenché sur une revendication sociale, il est venu interroger l’organisation démocratique de la société pour poser la question du pouvoir de décision du peuple. Il confirme dès lors la pertinence de la revendication d’une Assemblée constituante pour une 6ème République qui, seule, peut transformer la grève civique en un sursaut démocratique au service d’un projet. La souveraineté populaire est notre boussole. Elle est le préalable à l’application de notre programme écologiquement et socialement ambitieux et elle sera donc l’axe central de l’activité de notre mouvement. A ce titre, La France insoumise mettra toute son énergie au service de la collecte des signatures nécessaires pour que se tienne le référendum contre la privatisation des Aéroports de Paris en participant notamment au Comité national pour un référendum (CNR). Il n’est pas question que nous laissions le patrimoine et la souveraineté des Français·es être bradés de la sorte. Cette question est transversale et offre l’occasion d’une bataille d’intérêt général face à l’oligarchie. La France insoumise a été pensée pour être l’outil du peuple et de sa révolution citoyenne. A l’aune de la situation politique et loin des tentatives de résurrection des formes dépassées, c’est plus que jamais ce qu’elle doit être. Ce sera le sens de notre action dans les prochains mois, comme de notre implication dans la prochaine bataille électorale qui s’annonce avec les élections municipales. Nous devons être les déclencheur⋅ses du pouvoir d’agir citoyen en adaptant nos méthodes pour accompagner l’implication du peuple en politique. Après les ateliers des lois où nous disions « faites la loi vous-mêmes ! », puis les ateliers des directives européennes, nous organiserons des ateliers des délibérations du conseil municipal pour co-construire les solutions avec les citoyen⋅ne·s. Parce que les urgences qui nous ont poussées à faire naître La France insoumise demeurent, nous prétendons toujours à gouverner ce pays autrement et continuons de nous y préparer.