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Les Grenelle de la com et les parasites de la République
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
- Le soi-disant grenelle des violences conjugales est exemplaire d’une nouvelle façon de faire de la politique ou plutôt de ne pas en faire. Il existe, en France, des lois, une police, des services juridiques inscrits dans un cadre républicain dont le fonctionnement est lié à un usage raisonné de l’argent public. Soudain, avec l’urgence des causes qui en servent de moins avouables, tout cela semble ne pas exister. Une « disruption » s’impose, un « changement de cap », une « prise de conscience collective ». La question des moyens, autrement dit la réalité des choix budgétaires relatifs à une politique, est aussitôt recouverte par l’indignation absolue.
- Une dénommée Schiappa, un bourrin ultime de la communication, démultiplie les sorties médiatiques. Elle utilisa cette même stratégie au Mans pour faire gonfler sa médiocrité et attirer l’attention des huiles locales. Une stratégie payante. L’idée consiste, pour ces bourrins du nouveau monde, à expliquer à grands coups de formules publicitaires qu’il faut changer et agir. Peu importe les corps intermédiaires, les difficultés réelles de l’administration, le manque de moyens, le volontarisme des rhinocéros du vide doit tout balayer. C’est le sens premier de la « Révolution Macron » : un volontarisme sans objet qui s’écrase devant le réel une fois la campagne promotionnelle passée. Schiappa ne changera rien, tout comme Macron le petit finira par s’aplatir devant Trump ou Bolsonaro une fois le lustrage national médiatique accompli.
- La logique est celle de la campagne publicitaire. Le grenelle des violences conjugales est un produit dont la cible client est la mauvaise conscience collective. Que puis-je faire dans mon coin contre les violences conjugales ? Une question judiciaire complexe devient une question morale urgente, une séance de culpabilisation collective et d’exorcisme national. Les services de police connaissent la complexité de cette question, les tribunaux engorgés ne peuvent pas régler à la minute tous les faits de violence, les situations familiales peuvent être inextricables et les centres d’accueil en sous effectifs ou inexistants faute de moyens. Peu importe, les bourrins de la com n’ont que faire du réel. La souffrance des femmes battues est un trop beau produit pour être laissé dans l’ombre de la promotion politique et les nouveaux bourrins ramassent tout, quitte à instrumentaliser la mort. Ces charognes sont prêtent à taper sur l’administration (que font la police, les tribunaux, les services sociaux ?) à condition que leur volontarisme soit partout salué. Au fond, il s’agit de jouer la rupture, le choc, le avant-après au mépris des travailleurs de l’ombre qui n’attendaient rien moins qu’un grenelle des violences conjugales pour réaliser à quel point leur travail était insuffisant.
- Toutes sortes de clichés sur la police, la justice, les centres d’accueil viennent nourrir la machine à buzz. Une fois encore, le monde du travail est méprisé par des bourrins improductifs, des professionnels de l’animation médiatique, des nullards. La logique, invariable, consiste à frapper moralement d’indignité le monde du travail afin d’augmenter les tâches tout en réduisant les coups de fonctionnement. Ces attaques répétées sont systématiquement orientées contre les fonctionnaires, la vaseline morale servant à lustrer le piston à pressuriser des agents de la fonction publique. Une fois la vague de com passée, le chèque symbolique signé avec de l’argent toujours public devant des médias neuneus, tout retombe mais le mal est fait. Le même phénomène se retrouve à l’école, à l’hôpital, un mélange d’urgence et de culpabilisation sur fond de restriction budgétaire.
- Pour cette raison, les mouvements sociaux auxquels nous assistons, masqués par le bruit de bottes des bourrins de la com, sont un juste retour du monde du travail, et par conséquent du politique, ce monde depuis trop longtemps frappé d’indignité, insulté par des professionnels de l’agitation médiatique, improductifs, donneurs de leçons. Au fond, tout peut faire Grenelle de la com et des causes, autrement plus minoritaires que les violences conjugales, s’imposer du jour au lendemain dans le barnum médiatique puis retomber comme un soufflet. Les personnels en ressortent tout aussi impuissants mais toujours plus culpabilisés. Cette nouvelle façon de faire de la politique s’inscrit dans les logiques de dépolitisation que nous connaissons parfaitement désormais. Tout cela correspond à un déni de réalité que les bourrins de la com s’étonnent de voir ressurgir dans la rue avec des gilets jaunes et autres réjouissances pour faire causer les éditorialistes gras. Difficile de ne pas ressentir du dégoût pour ces fossoyeurs, en particulier quand ils accusent ceux qui se défendent contre leurs malversations de desservir les intérêts de la République. Difficile de ne pas se demander comment éliminer politiquement ces parasites.