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    Le mépris de classe

    Lien publiée le 3 janvier 2013

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    Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

    (Le Prolétariat universel) Marine Lorphelin, Miss France 2012, était l'invitée de la dernière de "Vous trouvez ça normal" sur France 2. Ce qui devait être une gentille opération promotionnelle s'est transformé en procès de Miss France, grâce à Clémentine Autain et Audrey Pulvar. « En un clin d’œil, on vit se mettre en branle la même mécanique déjà observée quand Philippe Poutou débutait dans la vie publique (et déjà face à Audrey Pulvar, dans On n'est pas couché, sur France 2 : ICI) : par une sorte d'alchimie assez étrange, les représentants des classes populaires, ou d'une certaine culture populaire, qui accèdent d'un coup à une large notoriété, sont systématiquement moqués, dénigrés, vilipendés et agressés par des représentants de la gauche politique et médiatique institutionnelle qui s'empressent de leur contester légitimité et représentativité, les renvoient à leur extraction ou leur incarnation populaire au nom même de la représentation de valeurs de gauche, incroyable paradoxe.

    Bref, la sympathique Marine Lorphelin, d'invitée de Bruce Toussaint, devint aussitôt l'objet d'un procès engagé par Clémentine Autain, figure emblématique de la gauche de la gauche mélenchoniste, et Audrey Pulvar, figure de proue éditoriale de la gauche sociétale anti-socialiste : "Accusée Miss France, levez-vous !" Comme il se doit, c'est au nom du féminisme, de la condition de la femme, de l'image de la femme, de la libération de la femme que le procès fut mené. Clémentin Autain commença par s'en prendre, sourire méprisant à l'appui, au phénomène Miss France : "L'institution me parait datée, surannée", façon élégante de signifier à Marine Lorphelin qu'elle vit dans un temps dépassé et incarne des valeurs mortes, pauvre fille... (…)Le sous-texte de la double remarque d'Audrey Pulvar est lui aussi révélateur d'un habitus de gauche fonctionnant en mode mépris de classe. De la même façon qu'elle avait expliqué à Philippe Poutou qu'il n'était pas équipé intellectuellement et rhétoriquement pour les joutes télévisuelles, Audrey Pulvar a renvoyé les 9 millions de téléspectateurs de la soirée d’élection Miss France à leur pauvre condition de personnes indifférentes au combat du féminisme, contemplateurs d'un spectacle peu ou "pas épanouissant pour l'image de la femme" mais y "trouvant leur compte". Le ton et le propos étaient condescendants, voire méprisants, empreints de cette morgue propre à ceux qui s'estiment culturellement dominants car supérieurs. S'en est-elle seulement rendue compte, elle aussi ? (…)Ce petit moment de télévision fut en tout cas l'occasion de constater que les âmes charitables de la gauche de la gauche, lorsqu'elles expriment leur compassion à l'égard du peuple manipulé et égaré font parfois preuve de bien plus de violence sociale que les plus réactionnaires des réactionnaires. Et de penser à ce mot, jeté par Danton à Robespierre, preuve que le débat interne à la gauche est ancien : "Tu veux faire le bonheur du peuple ? Mais est-ce que tu sais ce que c'est que le peuple ?" (cf. Bruno Roger-Petit sur Le Plus du Nouvel Obs)