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"Je soutiens Mélenchon, car je suis pleinement communiste", explique le maire PCF de Dieppe

Mélenchon PCF

Lien publiée le 20 janvier 2022

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

Présidentielle : "Je soutiens Mélenchon, car je suis pleinement communiste", explique le maire PCF de Dieppe (lejdd.fr)

Moins de trois mois avant le premier tour de l'élection présidentielle, plusieurs élus communistes ont annoncé soutenir la candidature de Jean-Luc Mélenchon, plutôt que celle de Fabien Roussel, candidat officiel du parti. Le maire PCF de Dieppe, Nicolas Langlois, explique au JDD les raisons derrière cette décision "difficile". 

Fabien Roussel et Jean-Luc Mélenchon, dans les tribunes de l'Assemblée Nationale, le 29 mai 2019

Sa décision arrive quelques jours après celle de son ami, député de la Seine-Maritime, et ex-maire de Dieppe, Sébastien Jumel. L'actuel maire de Dieppe, Nicolas Langlois (PCF) a choisi aussi de rejoindre et de soutenir Jean-Luc Mélenchon, pour faire le rassemblement du "peuple de gauche", et avoir une chance d'atteindre le second tour. Malgré leurs différences sur le sujet du nucléaire, il est persuadé que le candidat de La France insoumise est celui qui incarnera l'alternative au second tour, mais n'envisage pas pour autant de quitter son parti.

Vous êtes maire, adhérent et militant du Parti communiste, pourquoi rejoignez-vous Jean-Luc Mélenchon?

Très simplement parce que je suis pleinement communiste. Au cœur de mon engagement militant, et aujourd’hui en tant que maire, il y a l’utilité au quotidien pour les habitants et la conviction que j’ai que la politique change la vie. Ce n’est pas simplement du témoignage ou de la théorie. Cette conviction-là me dit qu’il faut qu’on fasse un choix de combativité et de rassemblement pour l’élection présidentielle. Car c’est bien de l’élection présidentielle dont il s’agit, ce n’est pas un congrès interne au Parti communiste. Personne ne dit que le PCF doit se dissoudre dans la France Insoumise, mais il faut que l’on soit efficace pour changer la vie des gens, à la faveur de ce scrutin. Et les manifestations de la semaine dernière ont renforcé cette conviction. Il y a eu une double mobilisation de deux grands services publics, l’hôpital et l’éducation nationale. Une mobilisation que l’on n’avait pas vu depuis de nombreuses années.

Pensez-vous pouvoir être engagé auprès de Jean-Luc Mélenchon, et rester "pleinement communiste", alors que votre parti, le PCF, a un candidat, Fabien Roussel?

Oui. Fabien Roussel est quelqu’un de bien, que je connais, ma prise de position n’enlève rien à sa personnalité. Je crois au contraire ce que nous portons, communistes, sera encore plus fort, si cela avait vocation à tutoyer le second tour. Pour que l’on sorte de l’extrême-droite, de l’extrême libéralisme et que l’on mette du progrès, de l’égalité et de la solidarité dans la conversation à l’occasion du deuxième tour. C'est l’objectif.

Un communiste, ça tend toujours la main pour rassembler

Est-ce un appel de la part des élus communistes "de terrain", comme vous et Azzedine Taïbi, le maire de Stains, à l’appareil du PCF pour se rallier à Jean-Luc Mélenchon? 

Je pense que cela peut encore bouger et qu’il y aura d’autres élus qui feront cette démarche. C’est un appel courageux, qui vient des territoires surtout. Et c’est pour cela que nous avons voulu le faire ensemble avec Azzedine Taïbi. On se connaît et même si on vient de territoires différents, qui ne se ressemblent pas, on mène les mêmes combats. Et ce n’est pas qu’un appel aux élus communistes, je crois que dans une grande partie du peuple de gauche, il y a cette attente de combativité et de rassemblement. Il est encore temps que cela bouge. Il y a encore des candidats qui se déclarent, on l’a vu ce week-end avec Christiane Taubira , aujourd’hui d’autres, comme Arnaud Montebourg, se retirent . Tout cela n’intéresse pas grand-monde au bout du compte. Ce que les gens attendent, c’est le projet. Et sur le fond, on est d’accord à 95% avec Jean-Luc Mélenchon, donc cela ne pose pas de problème. Les gens attendent le rassemblement, c’est pour cela que l’on prend la décision courageuse de le dire maintenant.

Vous êtes proche de Sébastien Jumel, député PCF de la Seine-Maritime, qui a annoncé ce weekend son ralliement à Jean-Luc Mélenchon, en avez-vous parlé avec lui?

Ce rassemblement combatif, à gauche, c’est une démarche que l’on entretient depuis toujours à Dieppe. Quand je prends des positions nationales, comme Sébastien Jumel le fait, c’est toujours inspiré de ce que l’on vit localement. On ne peut pas seulement se regarder le nombril, ce n’est pas bon. C’est pour cela, je pense, que les appareils politiques sont désertés par les militants et par la population : ils donnent l’impression qu’ils ne comptent que pour eux-mêmes, alors qu’on doit être ouverts en grand sur la vie. Un communiste, ça tend toujours la main pour rassembler, tout le temps. Parfois, on peut être déçu, mais très souvent, on obtient des victoires pour changer la vie des gens. On mûrit cette décision avec Sébastien depuis des mois, elle n'est pas facile. Cette année, cela fait 20 ans que je suis au PCF, j’ai adhéré au lendemain de l’élection présidentielle de 2002. Et je continue de penser que nos idées ont de la place dans le débat, sauf que la logique de la Ve République et de l’élection présidentielle , n’est pas bonne. 

Jamais de la vie, je ne quitterais le PCF

Comment cette décision a-t-elle été accueillie par vos camarades ? 

Il y a du débat, c’est normal et c’est tant mieux. Cela en interpelle certains, d’autres se disent que c’est bien que, dans notre responsabilité, on le fasse. Parce qu’on a des positions particulières, en tant que maire ou député, ce sont des postes qui demandent du courage. Parfois, il faut sortir un peu du cadre pour susciter le débat, et éviter de faire des erreurs et de se prendre le mur. J’aime beaucoup Orelsan, dans sa dernière chanson , L’Odeur de l’essence, il dit "tout le monde se bat pour être dans l’avion en allant droit vers le crash". Je trouve que le premier tour de la présidentielle à gauche ressemble à cela actuellement. Et ni pour ma ville, ni pour la France, ni pour mes enfants, je ne veux qu’on aille dans le mur. Et que l’on n’ait pas le choix au second tour, que l’on n’ait qu’un choix entre la droite et l’extrême-droite. Je ne veux pas de ça.

Allez-vous quitter le PCF ? 

Alors, jamais de la vie, je ne quitterais le PCF. 

N’y-a-t-il pas une ambiguïté dans votre position ?

Non, parce que l’élection présidentielle n’est pas l’alpha et l'oméga de mon engagement ni de la vie politique. Il est là, le piège, c’est que tout tourne autour de cela, et les appareils politiques aussi d’ailleurs. Au détriment de la bataille d'idées et de la bataille quotidienne. Quand on se présente à une élection, ce n’est pas pour témoigner, Lutte Ouvrière fait cela très bien depuis toujours. Le rôle des communistes, ce n’est pas de témoigner, c’est d’être utile dans l’élection et donc on y va pour gagner. Et pour gagner, on se rassemble autour d’un projet, et il y a plein d’idées qui nous rassemblent avec Jean-Luc Mélenchon. La réalité, c’est celle-là.

Avez-vous reçu un avertissement, ou une menace d’exclusion de la part du PCF, comme le PS a pu le faire vis-à-vis de ceux qui soutiendraient Christiane Taubira plutôt qu’Anne Hidalgo ? 

Non. Moins on est nombreux dans un parti, plus on est sectaires et on exclut. Et puis, le PCF n’a pas la même conception de la démocratie interne que le Parti socialiste , donc je ne suis pas inquiet de ce côté-là. Les gens ne voteront pas à l’élection présidentielle pour répondre à la question de notre identité communiste. Il n’y a jamais eu d’époque où tout le monde était aligné, avec le doigt sur la couture du pantalon dans notre parti : la discipline vient surtout du débat, de la transparence et de la confiance que l’on installe. Prendre le temps de se poser quand il y a des décisions importantes à prendre. Vu la crise sociétale que l’on vit, cela mériterait que les communistes se reposent pour discuter de leurs choix stratégiques.

Est-ce que votre exemple peut lancer un mouvement chez les communistes, qui pourrait obliger Fabien Roussel se retirer ou à entamer une discussion avec Jean-Luc Mélenchon ?

Il ne faut pas qu’on renonce à être utile aux gens et à rassembler. C’est cela le sens de l’appel. Et il est encore temps de le faire, à trois mois des élections. La situation n’est pas arrêtée, jusqu’au dernier moment. Je pense que l’on sera surpris du résultat.

Est-ce parce que la candidature de Fabien Roussel n’est pas assez marquante ?

Je n’ai pas de problème avec Fabien Roussel, il ne faut pas nous enfermer dans ce sujet. Personne, sur l’échiquier politique ne peut gagner seul, puisque la Ve République est faite comme cela. Idem si on veut une Assemblée à gauche, personne ne peut le faire seul, ce n'est pas possible.

Il y a une divergence entre vous et Jean-Luc Mélenchon sur la question du nucléaire. Vous soutenez un candidat qui veut sortir du nucléaire, alors que c’est un véritable enjeu social et économique dans votre territoire. 

Nous avons deux centrales qui nous entourent, et notamment celle de Penly, avec le projet d'avoir deux réacteurs EPR. Je partage cette ambition parce que notre mix énergétique a besoin du nucléaire et je ne renie pas ma conviction là-dessus. Et je pense que pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, nous avons besoin du nucléaire. Et donc, oui, nous ne sommes pas d’accord avec Jean-Luc Mélenchon là-dessus. Tout le monde n'est pas aligné sur tous les sujets : au Parti communiste, il y a des gens qui sont contre le nucléaire. Par exemple, Jean-Paul Lecoq, député PCF du Havre, a toujours été anti-nucléaire. Et on en discute librement, sur le fond. On peut toujours chercher ce qui nous différencie, pour rester chacun dans son coin, et c’est le meilleur moyen d’échouer.