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Entretien avec un fondateur de Nantes Révoltée

Lien publiée le 27 janvier 2022

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

"Affaire Nantes Révoltée: Macron va terminer son mandat en attaquant les médias indépendants" - QG - Le média libre

Depuis dix ans, le média Nantes Révoltée relate les mobilisations et les révoltes, enquête sur les violences policières et documente la montée de l’extrême droite dans notre pays. Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a demandé hier à l’Assemblée Nationale sa dissolution, provoquant l’indignation sur les réseaux sociaux. Entretien avec l’un des fondateurs de Nantes Révoltée, qui a souhaité rester anonyme

Aujourd’hui brutalement menacé de dissolution, Nantes Révoltée est un média créé sans subvention en 2012. Et non un « groupe d’extrême gauche » comme le titrera un premier temps le quotidien « Le Monde ». Depuis dix ans, une dizaine de bénévoles alimentent son site internet et sa page Facebook qui compte aujourd’hui plus de 215.000 abonnés. Ils y relatent les manifestations et mobilisations sociales partout en France, documentant les violences policières et la montée des groupuscules d’extrême droite. Le collectif est aujourd’hui menacé de dissolution suite à une manifestation relayée sur leur page Facebook vendredi dernier, manifestation qui aurait « dégénéré », selon la député LR Valerie Oppelt.[1]

QG – Gérald Darmanin s’est exprimé hier devant les députés de l’Assemblée nationale, demandant la dissolution de votre média.[2] Que vous reproche-t-il exactement?

Nantes Révoltée – Ce que Gérald Darmanin nous reproche est d’avoir relayé sur notre média un appel à une manifestation sur la justice sociale[3]. Si on suit cette même logique, notre ministre de l’Intérieur va aussi devoir dissoudre tous les syndicats, la plupart des médias qui se font l’écho des manifestations et des dizaines de pages Facebook en France. La seconde chose que Darmanin semble déplorer est le fait que nous dénonçons les violences d’État. Il dit que nous nous en prenons à la police. Effectivement, notre média dénonce les violences policières. Nous travaillons sur ce sujet avec sérieux depuis maintenant dix ans. Une fois de plus, s’il veut être cohérent, il devra aussi dissoudre des dizaines d’associations, et tout un tas de journalistes indépendants qui enquêtent sur les mêmes sujets.

QG – Pourquoi Gérald Darmanin s’est-il focalisé sur cette situation?

Nantes Révoltée – Toute cette histoire est partie d’une poignée d’élus de droite et d’extrême droite nantais. Christelle Morançais, chef d’entreprise millionnaire et présidente LR de la région Pays de la Loire, amie personnelle de François Fillon et de Nicolas Sarkozy, a été la première à demander notre dissolution via un courrier envoyé au ministre de l’Intérieur[4]. À la base, c’est donc une amie de voyous condamnés par la justice qui a souhaité notre dissolution. François De Rugy, un amateur de homard qu’on ne présente plus, est la seconde personne ayant lancé une offensive contre nous.[5] Le troisième individu ayant embrayé dans cette offensive est finalement monsieur Darmanin, ministre de l’Intérieur accusé de viol (le parquet a requi, aussi passé par l’Action Française, un groupuscule d’extrême droite royaliste. Voilà les trois personnes qui prétendent décider de la légalité de ce qu’on est en droit de dire en France.

Manifestation de journalistes, le 17 novembre 2020, devant l’Assemblée nationale à Paris, pendant le combat contre la loi Sécurité Globale entravant la liberté de la presse

QG – Selon vous, est-ce une atteinte directe à la liberté de la presse ?

Nantes Révoltée – Complètement. Nous avons au pouvoir un groupe de managers en crise de légitimité. Ils vont mener campagne de la même façon qu’ils ont dirigé le pays pendant cinq ans. C’est-à-dire en manager ultra-libéraux et autoritaires. Ils vont terminer leur quinquennat en attaquant autant que possible la liberté d’expression, de la même façon qu’ils ont fait barrage à toutes les contestations depuis cinq ans. Ce gouvernement a tiré sur les Gilets jaunes, les pompiers, les syndicalistes, les enseignants, ils ont mêmes gazé des infirmières. Ils ont travaillé à écraser toutes les pensées qui allaient contre leur dogme. Ils vont donc terminer sur la même note, en attaquant les médias indépendants.

QG – Suite à la demande de Gérald Darmanin, vous avez désormais deux semaines pour faire valoir vos arguments au gouvernement. Quelles sont vos armes ?

Nantes Révoltée – La première étape a été de créer une pétition[6]. Nous en sommes actuellement à plus de 14.000 signatures depuis hier soir. Cette pétition commence à être relayée par des députés de la France Insoumise[7]. On se sent soutenus. D’autre part, nous avons une équipe d’avocats qui travaille actuellement sur le dossier. Cependant, nous n’avons aucun élément. Gérald Darmanin annonce notre dissolution sans savoir véritablement qui nous sommes, ni ce qu’il a à nous reprocher. Dans son intervention à l’Assemblée nationale, il dit vouloir constituer un dossier « inattaquable ». À cette heure, nous n’avons reçu aucun document de la part du ministre de l’Intérieur. Dès que nous serons en possession de ces éléments, on pourra répondre sur le plan juridique. En attendant, rappelons-nous des attaques qui ont sévi ces dernières années: des journalistes arrêtés pendant les manifestations, la loi de Sécurité globale avec l’interdiction de filmer la police, etc. Si cette dissolution échoue, ce sera un coup de frein aux attaques contre la liberté de la presse.

Propos recueillis par Itzel Marie Diaz

Pour signer la pétition en faveur de Nantes Révoltée, cliquez sur ce lien

[1] https://twitter.com/AssembleeNat/status/1486002947070828546

[2] https://twitter.com/GDarmanin/status/1486013029217153030?s=20

[3] https://www.facebook.com/Nantes.Revoltee/posts/4798291543540314

[4] https://france3-regions.francetvinfo.fr/pays-de-la-loire/loire-atlantique/nantes/nantes-christelle-morancais-demande-la-dissolution-de-nantes-revoltee-apres-les-violences-de-la-manifestation-nocturne-dans-le-centre-ville-le-21-janvier-2433145.html

[5] https://twitter.com/FdeRugy/status/1486005642867494913?s=20

[6] https://www.change.org/p/contre-la-dissolution-de-nantes-r%C3%A9volt%C3%A9e-pour-la-libert%C3%A9-d-expression?fbclid=IwAR3JYZNOD4uov0ctZX5eCUNhyz8qo4llmbHbujuTTVDrBDN0NzFMpG3t0Vw

[7] https://twitter.com/ManonAubryFr/status/1486312530012221444?s=20