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Italie. Un semblant de gauche: le PD. Dès lors, quel défi électoral?
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Par Franco Turigliatto
Il est difficile de ne pas qualifier la campagne électorale qui se déroule en Italie depuis quelques semaines comme la pire de toutes celles qui ont eu lieu depuis la Seconde Guerre mondiale. Ne serait-ce qu’en raison de la vulgarité et même de la stupidité du clash politique avec lequel on tente de dissimuler la pauvreté des contenus et, surtout, parce que toutes les principales forces politiques en présence se situent dans le cadre des choix néolibéraux de la classe patronale.
Néanmoins, ces derniers jours, l’inflation galopante qui accable les classes populaires, l’augmentation vertigineuse du prix des ressources énergétiques qui met en péril la survie de centaines de milliers d’entreprises et de commerces, ainsi que la contraction de l’approvisionnement en gaz annoncée pour l’automne et l’hiver prochain, ont largement bouleversé les thèmes de propagande des partis. Ces derniers sont contraints d’affronter une situation socio-économique qui pourrait bientôt devenir encore plus dramatique. Un représentant du centre politique est allé jusqu’à demander la suspension des élections face à cette situation d’urgence. Matteo Salvini, de la Ligue, a proposé une trêve entre les partis afin d’affronter ensemble les risques de la crise énergétique. Giorgia Meloni, toujours plus prudente et à la recherche d’interlocuteurs internationaux, est très préoccupée par le contexte de crise économique aiguë dans lequel la coalition de droite et d’extrême droite, qui devrait gagner aux élections, pourrait être appelée à gouverner.
C’est pourquoi tout le monde a de nouveau tourné le regard vers le Palazzo Chigi, c’est-à-dire vers le président du Conseil des ministres actuel, toujours en fonction, Mario Draghi, pour lui demander immédiatement des mesures appropriées, parmi lesquelles un nouvel emprunt public – qui accroîtra l’endettement – , à la fois pour alléger un peu le fardeau pesant sur les familles, mais surtout pour soutenir à nouveau les entreprises avec un nouveau décret d’aide économique.
Tout cela se déroule dans un contexte où non seulement les entreprises du secteur de l’énergie, mais aussi beaucoup d’autres, réalisent d’énormes bénéfices, à tel point que le gouvernement a introduit une taxe très modeste sur les dits superprofits des entreprises du secteur de l’énergie, tentant ainsi de récupérer 10 milliards d’euros pour alléger les factures d’électricité. Mais Mario Draghi est maintenant confronté à une véritable grève de l’impôt de la part de ces entreprises. Elles ont versé à peine un milliard d’euros dans les caisses de l’Etat et font avec force appel à la justice contre cette mesure fiscale, la jugeant inconstitutionnelle.
A cet égard, le secrétaire de la CGIL (Confederazione Generale Italiana del Lavoro), Maurizio Landini, partant des données gouvernementales qui évaluent les bénéfices supplémentaires des entreprises du secteur de l’énergie à 42 milliards (à ce sujet il faudrait peut-être aussi préciser quels sont les bénéfices «normaux» de toutes les entreprises capitalistes!) propose une taxation extraordinaire non seulement sur les entreprises du secteur de l’énergie, mais aussi sur les banques et les entreprises pharmaceutiques qui ont réalisé et réalisent d’énormes bénéfices grâce à la pandémie: «Nous ne parlons pas d’une taxation structurelle, mais de la redistribution du surplus – pas des bénéfices ordinaires, mais du surplus – aux travailleurs et travailleuses, aux retraité·e·s et aux entreprises qui risquent de couler» (La Repubblica, 28 août). Comme on peut facilement le constater dans cette déclaration, Maurizio Landini ne s’aventure pas dans une proposition anticapitaliste cohérente de redistribution des richesses, mais seulement dans une proposition limitée et circonstancielle. Mais même en circonscrivant ainsi l’objectif, on doit se demander: comment le secrétaire de la CGIL compte-t-il l’atteindre face à de vrais capitalistes, autrement dit face à ceux qui ont toujours spéculé durant les crises sur la peau des classes laborieuses. Pense-t-il pouvoir l’obtenir sans ouvrir une dure phase de lutte des salarié·e·s pour l’imposer, c’est-à-dire le type de mobilisation qu’il promet depuis des années, mais qui n’arrive jamais?
Le contexte des élections est marqué par une situation bien plus complexe que ne le pensaient de nombreuses forces politiques. Et, dans ce cadre, les classes populaires vont subir de nouvelles attaques qui nécessiteraient, pour y faire face, une convergence des mobilisations des différents secteurs sociaux.
Pour avoir une vue des difficultés actuelles qui se dressent devant un effort de résistance sociale et politique, il n’est pas inutile de prendre en compte la réalité des forces politiques qui se situent formellement à gauche. Diverses considérations à ce sujet ont déjà été développées dans l’article de Fabrizio Burattini publié sur ce site le 24 août.
Le PD pro-atlantiste
Le Parti démocrate (PD) est le parti qui, pendant des années, à travers les métamorphoses qui ont marqué le parcours de l’ancienne Démocratie chrétienne (DC) et de l’ancien Parti communiste italien (PCI), s’est proposé comme le gestionnaire le plus authentique, cohérent, rationnel et, bien sûr, «démocratique» des choix politiques et économiques de la grande bourgeoisie – italienne, mais surtout européenne – exprimés dans le projet d’Union européenne. C’est pourquoi le PD a été le plus fidèle soutien du gouvernement de Mario Draghi et de ses orientations. C’est pourquoi il est aussi le plus pro-européen (pro-UE), non pas dans le sens de la prise en charge des intérêts des classes laborieuses du continent, mais du projet capitaliste (et impérialiste) de l’Europe. Aujourd’hui y compris il est la force qui adhère au plus près à la vision atlantiste, c’est-à-dire qui converge avec les choix de l’OTAN et de l’impérialisme états-unien. Sur ce terrain, la convergence avec les choix pro-atlantistes de Fratelli d’Italia (FdI) est presque totale. Dans les derniers sondages, le PD reste un point de pourcentage (un peu plus de 23%) en dessous de Giorgia Meloni [1]. Il continue à être présenté et à se présenter comme une alternative «de gauche». Rien n’est plus éloigné de la vérité car depuis des années cette formation gère directement et sans états d’âme, insérée dans le gouvernement, le contenu des politiques néolibérales et d’austérité (flexibilité du travail, retraites, restrictions budgétaires, coupes dans l’éducation et la santé, gros cadeaux aux capitalistes, présences militaires dans le monde entier et aujourd’hui soutien total au réarmement). Au cours des 20 dernières années, le PD n’a été dans l’opposition qu’à quelques rares occasions. Ces jours-ci, les grands manifestes électoraux de ce parti apparaissent sur des panneaux promettant la lutte contre la précarité, l’augmentation des salaires, la défense des systèmes publics de la santé et de l’éducation, comme si ce n’était pas ses ministres qui avaient géré nombre des mesures qui ont conduit au massacre social actuel.
Certains se demandent encore: pourquoi ne propose-t-il pas un programme de type travailliste fort pour regagner un soutien populaire dans les classes les plus défavorisées? La réponse est très simple: le PD n’avance pas un tel programme pour la simple raison que ce n’est pas dans sa configuration historique et parce que ce serait un programme inacceptable pour la bourgeoisie. La première préoccupation du PD est de se présenter comme le meilleur gestionnaire du système capitaliste.
Une autre question, plus concrète, a été posée ces dernières semaines: pourquoi le PD a-t-il renoncé au projet, cultivé jusqu’à récemment, d’une alliance électorale avec le Mouvement 5 étoiles (M5S), qui, bien qu’en difficulté, dispose encore d’environ 11% des voix, une alliance qui lui aurait permis de concurrencer avec une certaine efficacité la coalition de droite dans les circonscriptions uninominales, où une voix de plus suffit à faire élire son candidat?
La stricte logique électorale, d’autant plus induite par le système actuel, aurait dû pousser Enrico Letta (dirigant du PD) et ses associés à effectuer ce choix pour contrer, voire limiter, le succès de la droite. En effet, pour le groupe dirigeant du PD, l’alliance avec le M5S de Giuseppe Conte était trop risquée. Le M5S de Conte est la recherche d’une récupération du soutien électoral à travers une certaine prise de distance par rapport aux politiques de Mario Draghi et pour cela accentue le contenu social de ses déclarations, bien que formulées sous des traits interclassistes. Cela était trop risqué et porteur de contradictions. Enrico Letta sait bien quel type de politiques la bourgeoisie exigera face aux «nuages qui s’amoncellent» pour reprendre l’expression de Draghi, déjà pleinement confirmée par les faits.
Le choix cohérent du PD a été de rechercher une alliance avec les partis du centre, «ultra-philo-patronaux» mais portés à des querelles inter-partisanes, et ne disposant que d’un soutien électoral très limité. Toutefois, cela n’a pas réussi.
Il était facile de réaliser une alliance avec les Verdi et Sinistra Italiana, des formations utiles pour attribuer à la soi-disant «coalition large» un profil adéquat sur les questions sociales. Quand bien même sont connues les limites de ces formations et leur propension à rester dans la cour du PD. Ces deux partis désormais réunis en une seule liste électorale qui est alliée au PD ont cependant une fonction importante pour attribuer à ce dernier un vernis de gauche, au point d’être appelés la «gauche ornementale». Ces deux formations connaissent leur subalternité par rapport au PD et l’impossibilité que leurs propositions puissent réellement trouver un espace et une concrétisation dans le cadre présent.
Cependant, il faut avoir à l’esprit que le profil politique de l’Alleanza Verdi-Sinistra fait écho à ce qui pourrait être qualifié de niveau de conscience moyen de nombreux militant·e·s politiques et sociaux. Ces derniers espèrent dès lors un «vote utile» aboutissant à l’élection de représentants institutionnels capables de «conditionner» l’activité du plus grand parti de gauche, mais aussi, concrètement, d’avoir un peu d’espace supplémentaire dans la gestion des activités sociales qui dépendent des structures institutionnelles à différents niveaux, tant central que local.
Les ambiguïtés historiques du M5S en quête de renouveau
Au cours des derniers mois, la situation s’est tendue pour un parti comme le Mouvement 5 étoiles (M5S), ni de droite ni de gauche, le parti de la contestation indifférenciée qui met en avant certains thèmes partiellement acceptables avec des objectifs et des pratiques y compris dangereuses. Il a été une force majoritaire dans trois gouvernements différents. Il est soumis à des pressions et des manœuvres pour en faire de plus en plus un parti bourgeois «normalisé», ayant un rôle de plus en plus marginal, et une perte de soutien électoral qui marque son déclin progressif. Ces derniers mois, sa base a cherché la liberté d’action politique avec laquelle le M5S avait construit son succès. Le président Giuseppe Conte a réussi à restaurer le profil du M5S et à contenir sa complète dispersion.
Il est bon de rappeler, cependant, que le M5S a été le parti le plus gouvernemental de toute la législature et qu’aujourd’hui encore, il est au gouvernement avec mario Draghi. Ses ministres n’ont pas démissionné. Les mesures partiellement positives qu’il a apportées se comptent sur deux doigts, alors que la liste des mesures négatives est très longue. Nous faisons référence ici à des politiques qui ont produit et accentué la crise sociale dans laquelle la majorité populaire est plongée. La mesure la plus importante attachée au M5S, le fameux «revenu de citoyenneté», est en réalité une mesure limitée de soutien de dernier recours à la pauvreté extrême qui a néanmoins permis de survivre à des millions de personnes, notamment dans le Sud [2]. Cette mesure est aujourd’hui fortement remise en cause par tous les grands partis afin de fournir aux entreprises une main-d’œuvre de plus en plus contrainte à la soumission.
Afin de se redonner une certaine crédibilité, le M5S avance désormais quelques objectifs sociaux, à commencer par la défense du «revenu de citoyenneté», du salaire minimum, d’une réduction partielle du temps de travail. Il prône le rejet de l’augmentation des dépenses militaires, qu’il avait pourtant approuvée en première instance dans une perspective fortement interclassiste où le soutien aux entreprises reste central. Il cherche à se présenter comme le véritable parti rénové et réformateur, comme une alternative à la droite et au PD.
Il va sans dire que ce serait une grave erreur de confondre la critique incertaine du gouvernement Draghi et le nouveau profil du M5S avec l’ouverture d’une nouvelle voie d’opposition et de «lutte», comme certains à gauche le «croient» ou «s’illusionnent».
L’Unione popolare
Un programme alternatif social et démocratique, combiné à la volonté de reconstruire une phase de mobilisation des opprimé·e·s, voilà ce que les forces qui se sont rassemblées dans la liste-coalition «Union populaire» (Unione popolare) veulent représenter dans cette campagne électorale. Cette coalition est née de la réunion de quatre acteurs: une unité partielle entre les deux principales forces de la gauche dite radicale, Potere al Popolo et Rifondazione Comunista; quatre députées [Doriana Sarli, Yana Ehm, Silvia Benedetti et Simona Suriano] qui ont quitté le M5S et ont formé le sous-groupe parlementaire ManifestA; et le Mouvement DeMa de Luigi de Magistris, ancien député européen élu sur les listes du PD et ensuite maire de Naples de 2011 à 2021.
La première limite de cette coalition est qu’il s’agit encore une fois d’un projet qui est né sur la base d’une échéance électorale, sans avoir derrière lui un travail et une activité sociale forte sur lesquels consolider des racines et une crédibilité politique pour un projet à plus long terme.
Ensuite, il y a les limitations du programme politique et les ambiguïtés qui ont conduit à la proposition d’une alliance avec le M5S, qui ne s’est pas réalisée en raison du rejet du M5E et des déclarations du porte-parole national de l’Unione populare, Luigi de Magistris, qui avance parfois ou n’exclut pas qu’après le vote cette coalition puisse participer à d’éventuelles majorités gouvernementales contre la droite. Il y avait également peu de volonté de la part des quatre acteurs de cette coalition de s’ouvrir à un plus grand nombre de forces sociales et politiques. Il n’en reste pas moins que cette liste et son programme sont construits sur la base d’un contenu anti-libéral radical et démocratique et d’une forte dénonciation des politiques des principaux partis, y compris les choix de Alleanza Verdi Sinistra, et du M5S, ce qui la qualifie comme la seule orientation alternative aux autres forces politiques pro-bourgeoises.
C’est cette fonction qui a été comprise par de très nombreux militant·e·s de gauche qui – face à un règlement électoral qui dispensait presque toutes les formations bourgeoises, grandes et petites, de collecter des signatures pour la présentation de leur liste, alors qu’il exigeait au contraire que l’Unione Popolare obtienne plusieurs dizaines de milliers de signatures – se sont précipités pour soutenir la construction de la liste elle-même. En 15 jours, au milieu de l’été et des vacances, environ 100 000 signatures ont été collectées, un véritable succès organisationnel mais aussi politique qui a permis à la liste d’être présente dans tout le pays.
Maintenant commence sa véritable campagne électorale. La capacité de tous ceux et de toutes celles qui, sous diverses formes, soutiennent directement ou plus indirectement cette liste, sera mesurée à l’aune de quelques critères. Son efficacité dans la bataille contre la droite, mais aussi contre les fausses alternatives du PD et du M5S, sera partiellement mesurée par le soutien que cette liste obtiendra dans les urnes. En perspective sera aussi testée une aptitude à être un élément favorisant un climat politique pour des mobilisations tout au long de l’automne. Ce n’est qu’ainsi que ce camp pourra contribuer réellement à résister au choc socio-politique qui se produira alors.
Tout n’est pas noir, il y a aussi un peu de rouge et d’arc-en-ciel
Dans la situation sociale italienne, tout n’est pas noir. S’affirme de manière diffuse dans tout le pays, sur diverses questions, la présence de mouvements sociaux, intégrant un militantisme dédié, en priorité sur des questions environnementales qui affectent les conditions de vie et de travail des citoyens et citoyennes, des travailleurs et travailleuses.
Comme le soulignent certains sociologues, cette présence des mouvements est opérationnelle, dans le sens qu’ils impliquent de nombreuses personnes et de nombreux territoires, même s’ils sont peu ou pas reconnus par les médias, et encore moins par les forces politiques. Bien souvent, les protagonistes de ces mouvements se réfugient dans ce type d’activité locale et spécifique, car distants face aux «références politiques», ou sceptiques quant à la possibilité d’une action d’ensemble ayant un profil directement politique.
En effet, il existe de nombreuses luttes, plus ou moins isolées, sur le terrain de la défense de l’emploi, contre la privatisation des services publics, tout comme il existe de nombreuses mobilisations qui ont pour objet la défense d’un territoire. Plus généralement, on constate une augmentation de la sensibilité aux problèmes du réchauffement climatique qui implique notamment des jeunes, mais pas seulement. L’activité des jeunes de Friday for future n’a pas faibli et conserve son caractère systématique; au début de l’année, il y avait encore des mobilisations dans les écoles, qui ont malheureusement échoué suite à l’invasion de l’Ukraine par la Russie de Poutine. Les mobilisations sur la question de la paix et de l’opposition aux politiques impérialistes qui avaient été un point fort du protagonisme social par le passé, ont été beaucoup plus faibles et ont été l’enjeu de nombreux débats.
Une contribution particulière serait nécessaire aussi bien pour ce qui a trait aux développements divers du mouvement féministe ainsi qu’aux manifestations de solidarité, plurielles, avec les migrant·e·s, ce qui s’inscrit aussi dans le cadre de la défense des droits civils et démocratiques.
Nous avons déjà, dans la première partie de cet article, mis en relief les racines profondes du manque d’une action générale des grands syndicats, ce qui nourrit la percée de la droite dans de larges secteurs de salarié·e·s.
Toutefois, les initiatives du Collectif des travailleurs de GKN, une usine métallurgique-mécanique de Florence, peuvent fournir les éléments d’une réflexion et d’une prospective politico-syndicale. Ce Collectif a su construire une grande lutte pour défendre l’emploi, mais est aussi devenu un point de référence pour de vastes secteurs de militant·e· politiques et syndicaux en construisant deux grandes manifestations, en septembre 2021 puis en mars 2022. Il a correctement fixé la tâche à laquelle toutes les forces de classe, tous les secteurs en mouvement sont appelés à s’attacher pour construire les éléments constitutifs d’une perspective alternative. La tâche de «s’insurger» (insorgere, insorgenza) – qui fut le thème constitutif de la mobilisation initiale et qui s’est prolongé comme enrichi – peut se résumer de la sorte: trouver les forces et les moyens de stimuler et d’organier des mouvements thématiques ou territoriaux, capables d’impliquer des secteurs de masse, et de les faire converger. Autrement dit, il s’agit de comprendre les raisons des uns et des autres, de s’approprier des thèmes et des objectifs mutuels, afin d’atteindre une dynamique d’unité d’ensemble capable d’affecter la conscience de secteurs plus larges de la population, sur les lieux de travail et dans les territoires. Ce qui concourt à stabiliser certains rapports de force, à les faire évoluer et à provoquer des processus de conscientisation collective. Ainsi, le Collectif GKN a également travaillé ces derniers mois à l’établissement de relations et de positions communes avec différents acteurs, ceux du Friday for Future comme du mouvement LGBT.
La campagne électorale, si elle a une valeur importante mais certes limitée, peut et doit aussi être un pont vers les échéances de l’automne. Le vendredi 23 septembre, à la veille du vote, aura lieu une «grève générale pour le climat», promue par Friday for Future et soutenue par de nombreuses organisations sociales et syndicales. Il y a là une journée d’action qui peut s’affirmer comme une alternative forte aux opérations de greenwashing proposées par les grands partis en lice pour les élections.
Le Collectif GKN, en accord avec d’autres acteurs, a aussi fixé un rendez-vous à Bologne le 22 octobre pour un nouveau moment d’«insorgenza» et de convergence, en vue de proposer une voie pour nourrir une véritable alternative sociale et de luttes. Et il faut s’attendre à ce que cette échéance interviendra à un moment très troublé de la vie politique et sociale du pays.
La direction de la CGIL [3], ne serait-ce que pour défendre sa crédibilité et son propre appareil, a appelé à des manifestations les 8 et 9 octobre, soit après la mise en place du nouveau gouvernement. Toutefois, étant donné le contexte socio-politique, cette échéance de mobilisation pourrait prendre un certain sens pour un secteur de militant·e·s syndicaux.
En date de ce 3 septembre, à Trieste, est prévue une manifestation de la CGIL, CISL et UIL contre le licenciement de 400 ouvriers de la multinationale Wartsila, une entreprise dans laquelle existe une présence effective l’USB (syndicat de base). Ce qui est un élément qui participe à un type de luttes dans lesquelles il convient de relever la présence des syndicats de base. (30 août 2022; traduction et édition par la rédaction de A l’Encontre)
________
[1] Selon le sondage de l’Institut Cattaneo et de SWG publié le 29 août, Fratelli d’Italia se situe à 24,8% (+1% par rapport au 8 août), le PD à 22,3% (-1%), la Lega à 12,5% et le M5S à 11,6% (+1,2%). (Réd. A l’Encontre)
[2] Voir à ce propos la note 6 de la première partie de l’article de Franco Turigliatto publié le 29 août sur ce site. (Réd. A l’Encontre)
[3] Il est important de rappeler que la CGIL était sur le point de commencer son congrès national en fin juin. Les élections anticipées ont contraint la direction nationale à reporter ce congrès. Un texte proposé par la direction de Maurizio Landini a été adopté par une large majorité de l’exécutif. Une motion alternative, traduisant l’unité de certains courants de gauche, est présentée. Elle a pour titre «Le radici del sindacato». Sa version italienne peut être consultée sur le site de Il Sindicato è un altra cosa. Nous reviendrons sur ce débat syndical dans le futur.