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Du fascisme en France
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Du fascisme en France (lemondemoderne.media)
Par Alexis Poulin
Depuis l’élection d’Emmanuel Macron, les institutions ont été mises au service des lobbies et le président de la République a fait usage de tous les rouages de la Vème pour asseoir un pouvoir unipersonnel, dont la marque de fabrique est le mépris de classe et la violence, et qui ne rencontre quasiment aucun contre-pouvoir, ces derniers s’amenuisant de jour en jour.
Aidé par un paysage médiatique, propriété des grands industriels et des champions du CAC40, Emmanuel Macron a pu assumer une dérive continue dans l’illibéralisme et l’autoritarisme contraires aux valeurs démocratiques qu’il prétend défendre. En 2017, l’illusion était parfaite, avec un parti fantoche créé pour l’occasion de la présidentielle, un programme sur-mesure pour attirer les investisseurs et condamner la République sociale, et une image de golden boy du Nouveau Monde.
Évidemment, à partir de l’affaire Benalla, qui révélait la création d’une milice présidentielle et les premières dérives autocratiques, la violence déversée sur le premier mouvement social d’ampleur, les Gilets Jaunes, est restée impunie et validée par la classe bourgeoise qui soutient le maintien de l’ordre injuste dans la défense de ses intérêts.
Oubliés, les éborgnés, les mutilés, les morts, les victimes de bavures, ces derniers ayant été bien vite catalogués comme des intouchables, séditieux et factieux, ennemis de la République.
Depuis 2018, nous sommes témoins de la dégradation permanente du niveau de vie de millions de compatriotes, de la caricature grossière macroniste qui se défend de toute dérive fascisante et de la radicalité d’un Young Leader qui a pour feuille de route la dissolution de la région France dans la région EMEA (Europe Middle East & Africa), région marketing des multinationales US.
Mais au-delà de la sympathie pour Pétain et pour les valeurs réactionnaires, mâtinées de wokisme bon marché, Emmanuel Macron a installé un système de conflits d’intérêts au coeur de la République, sans jamais être réellement inquiété par le pouvoir judiciaire mis au pas par un casting ministériel de choix.
Aujourd’hui, il est obligé de céder aux pressions du lobby policier afin de préserver son pouvoir chancelant et antidémocratique. Dernière étape avant l’État policier et un changement de régime assumé.
Le mirage médiatique
Rien sur l’ingérence des cadres d’un cabinet américain de conseil comme McKinsey dans la création du parti En Marche, rien sur l’affaire Alstom, démantèlement d’un fleuron industriel national au profit de GE, groupe américain, dont les nombreux dirigeants français ont été décorés ou sont passés par le cabinet d’Emmanuel Macron à Bercy, rien sur les multiples conflits d’intérêts de plusieurs ministres et élus de la majorité, rien sur l’usage systématique de la violence d’État contre les mouvements sociaux. Rien. Comme si Macron avait tous les droits et pouvait tout se permettre.
Et pourtant, la communauté internationale s’inquiète de l’état de la France dans les mains du Mozart de la lacrymo : l’ONU, la Ligue des Droits de l’Homme, Amnesty, Human Rights Watch, le Conseil de l’Europe, la presse internationale et même la Maison-Blanche se sont émus des violences policières en France.
Et en France? Il suffit d’allumer télé et radio pour ne rien voir, ne rien entendre et constater que beaucoup de «journalistes» sont payés pour ne rien dire ou assurer a minima un service après-vente de propagande molle.
Nous vivons au coeur d’une dystopie totalitaire où des BRAV-M harnachées comme des pacificateurs du film Hunger Games sèment la terreur au coeur des manifestations à coups de bastonnades et de tirs de LBD ou de grenades explosives.
À Sainte-Soline, un palier a été franchi avec l’utilisation d’un arsenal pour faire la guerre aux militants écologistes venus dénoncer les bassines : quads, affrontements dignes d’une guérilla et de trop nombreux blessés chez les manifestants et les policiers, avec un jeune manifestant entre la vie et la mort. Tout ça parce qu’il ne doit plus y avoir aucune ZAD (Zone à Défendre) selon le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin.
Et c’est bien Gérald Darmanin qui a mandat du président pour ouvrir tout grand la fenêtre d’Overton vers une logique fasciste de l’ennemi de l’intérieur, n’hésitant pas à qualifier les manifestants d’«éco-terroristes», les opposants de terroristes intellectuels et globalement, l’ensemble des français opposés à la politique antisociale de Macron, de dangereux radicaux.
Or une ZAD, c’est d’abord un refus de l’ordre injuste actuel, c’est la preuve qu’il existe des alternatives à l’univers impitoyable de la prédation financière et de la violence antihumaniste des fous d’argent.
Une ZAD, c’est défendre l’humain, le droit à la créativité, le droit à la vie fors du profit et de la performance économique, le droit à la solidarité, le droit à l’autogestion, le droit à la protection de la violence de l’État en voie de devenir Big Brother.
«There is no Alternative» était le slogan de Madame Thatcher dans les années 80 pour imposer la dérégulation financière et la violence contre les syndicats. De manière tardive et anachronique, le golden boy Macron est resté coincé dans ces années de la mondialisation forcée et de l’argent roi, il veut nous imposer à notre tour, la fin du modèle français, jugé obscène par les fonds vautours comme BlackRock et Vanguard qui ne tolèrent aucun secteur hors de leur pouvoir absolu.
Ce «there is no alternative» est le néo-fascisme qui nous violente dorénavant. Sans limites politiques, par peur d’utiliser concrètement des concepts politiques, dans un monde du marketing politique.
Du fascisme et pas autre chose
Prenons la définition politique du fascisme par le Larousse :
«1. Régime établi en Italie de 1922 à 1945, fondé sur la dictature d’un parti unique, l’exaltation nationaliste et le corporatisme.
2. Doctrine ou tendance visant à installer un régime autoritaire rappelant le fascisme italien ; ce régime lui-même.
3. Attitude autoritaire, arbitraire, violente et dictatoriale imposée par quelqu’un à un groupe quelconque, à son entourage».
Nous voyons bien la création du parti unique du centre absolu, le ni de droite ni de gauche de Macron qui a permis de rassembler tous les traits des familles politiques en une entité centrale, autonome et autoproclamée «camp de la raison».
L’exaltation européiste a remplacé l’exaltation nationaliste, mais on peut voir dans le fanatisme guerrier et l’affirmation d’une pensée unique sans contradiction, portée par Madame Von der Leyen, une filiation fasciste évidente, mantra de pensée, unité de valeurs communes, niant les particularismes et les opinions personnelles.
Et enfin, le corporatisme a été remplacé par le lobbying, Macron étant la créature de McKinsey adossée au pouvoir oligarchique de l’argent.
Jusqu’où Macron peut-il se radicaliser ?
La tendance visant à installer un régime autoritaire est plus qu’évidente, avec les nombreuses censures des opposants, la violence de la répression contre les mouvements sociaux, et le pouvoir d’un seul sur un parti fantôme de figurants soumis à son autorité.
Concernant l’attitude violente, les mauvaises pratiques de management et les nombreuses démissions pour harcèlement, sont légions au sein de la macronie. Dernier drame en date, un employé de l’Élysée, remercié à 50 ans après 23 ans de bons et loyaux services, s’est jeté sous un RER et demeure aujourd’hui dans un état critique. J’avais d’ailleurs alerté dès 2019 sur ce président de la violence qui n’a pas sa place en République.
Il suffit donc de se référer à la définition officielle du fascisme pour se rendre compte que le macronisme est bien un fascisme au sens de sa définition politique.
Il n’est plus nécessaire de se cacher derrière des pudeurs de gazelles pour nommer le mal qui défigure et torture la société française, toute négation serait simplement une condamnation de notre pays à la nuit.
«L’ordre, l’ordre, l’ordre», a donc remplacé «liberté, égalité, fraternité». Macron est un autocrate, qui a trahi son rôle de garant des institutions, pour en devenir le fossoyeur. Il assume sans vergogne ce rôle, en revendiquant l’autorité comme seule forme de ciment de la société française violentée par ses politiques de fracturation.
La faillite des institutions
Le Conseil d’État, institution Potemkine, se révèle incapable de réclamer au ministère de l’Intérieur l’affichage du RIO des policiers, pourtant obligatoire depuis 2014. Conseil d’État qui ne vaut pas mieux que le Conseil Constitutionnel, organe moribond capable de valider un dispositif totalitaire anti-constitutionnel comme le pass vaccinal, et ne jamais revenir sur ses erreurs.
Le parlement est devenu un lieu de spectacle vide de tout pouvoir, où les ministres comme Gérald Darmanin, ou encore Marlène Schiappa, peuvent commettre parjures et mensonges devant des commissions d’enquêtes parlementaires sans jamais être inquiétés.
Les dérives ne sont plus des dérives, mais un mode de gouvernance, par la violence, pour imposer la vision radicalisée d’un seul à tout un peuple réfractaire.
Désolé, mais je n’appelle pas ça une démocratie. Libre aux français de continuer de croire à ce cirque débile, où tous les cinq ans, un pantin de la finance est mis en scène face à une héritière de Jean-Marie Le Pen, c’est ridicule mais malheureusement, l’artifice fonctionne encore à merveille.
Chaque campagne devient une campagne de mensonge et de dissimulation, tout en cherchant à rendre illégitime toute opposition concrète. Extrême droite, complotisme, terrorisme, tout ce qui n’est pas la doxa du parti unique doit disparaître. Et pourtant, les alternatives et les oppositions sont déjà largement invisibilisées par les médias subventionnés et poussées toujours plus loin du jeu politique, qui est un jeu anti-populaire de quelques nantis qui s’amusent à s’opposer. Des bourgeois bourgeonnant entre eux comme le disait si bien Jaurès.
Ce jeu est truqué, et ce sont toujours les mêmes français qui sont perdants. Toujours plus nombreux à être poussés dans la précarité, toujours plus nombreux sous le seuil de pauvreté, toujours plus nombreux broyés par la politique du choix de la pauvreté.
La reprise en main
Nous devrions réécrire la constitution, maintenant, par des comités populaires constituants et assurer enfin que les maltraitants ne se sentent plus intouchables et hors de contrôle.
Il est urgent de recouvrir nos institutions, et d’en chasser les coucous de McKinsey et autres carriéristes sans valeurs qui y ont fait leur nid.
Serons-nous assez nombreux? La réponse est non. Mais l’espoir est déjà plus qu’un espoir, car les médias indépendants se constituent alors en corps nécessaires du sursaut démocratique face à la menace fasciste.
Il s’agit maintenant de rassurer les peureux, de libérer la parole contrainte et de montrer que la démocratie, c’est le peuple et donc le nombre, contre les mirages et les mises en scène des propriétaires des médias mainstream et des sponsors des futurs grands maltraitants.
Les mots ont un sens et le macronisme est le sommet de l’art de vider le langage de tout sens. Et comme le disait Malcolm X, «La presse a un pouvoir de l’image si puissant qu’elle peut faire passer un criminel pour une victime et montrer la victime comme un criminel».
Cet épisode tragique de ce parti comique, où les ministres posent dans Playboy pour cacher leurs turpitudes réelles, où le président de la République se comporte en chef de clan pour diviser et violenter, aura une fin.
Oui, le marcionisme ne survivra pas à Macron. Il faudra du temps pour soigner le pays et apporter enfin le peu de justice que réclament les dépossédés, mais ce temps, nous l’avons, et eux se savent déjà condamnés, d’où leur frénésie à tout massacrer avant l’issue fatale de leur éjection de tout poste de pouvoir.
La revanche de «ceux qui ne sont rien» arrive et elle sera une libération nécessaire et surtout le sauvetage du naufrage fasciste auquel nous pensons assister en spectateur.
Cet article est initialement paru dans la revue «Le Banquet»