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Utiliser l’antisémitisme contre l’opposition et pour légitimer le massacre à Gaza : nous ne marcherons pas !
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
La marche « contre l’antisémitisme » appelée dimanche par LR-Renaissance est une tentative grossière d’instrumentaliser ce combat. L’objectif est clair : légitimer le massacre en cours à Gaza et criminaliser ceux qui refuseraient l’« union nationale » avec des partis qui votent actuellement une loi immigration d’une brutalité historique.
Dans une tribune publiée dans Le Figaro ce mardi, la présidente de l’Assemblée Nationale Yaël Braun-Pivet (Renaissance) et le président du Sénat Gérard Larcher (Les Républicains) ont lancé un appel à une « grande marche civique » contre l’antisémitisme dimanche 12 novembre à Paris. Un appel qui s’appuie sur l’émotion légitime suscitée par la recrudescence d’attaques ciblant les personnes juives en France et à l’international ces dernières semaines pour tenter d’imposer une « unité nationale » entièrement réactionnaire.
Depuis le 7 octobre, les fondements de l’intérêt du gouvernement et de la droite pour l’antisémitisme sont clairs : il s’agit d’instrumentaliser cette question au service de la criminalisation de tout soutien à la Palestine. Dès le 8 octobre, Élisabeth Borne fustigeait ainsi la position de la France Insoumise, affirmant que « l’antisionisme » était « parfois une façon aussi de masquer une sorte d’antisémitisme ». Dans la continuité, Darmanin n’a eu de cesse d’utiliser l’antisémitisme pour qualifier des actes de soutien à la Palestine comme le port d’un drapeau palestinien, de lier l’antisémitisme à une « une forme d’islam radical et une forme d’ultra-gauche », et de se servir de ce prétexte pour interdire les manifestations, dans lesquelles l’État a cependant été bien en peine d’identifier des slogans ou actes antisémites.
Dans ce contexte, si la lutte contre l’antisémitisme est légitime et fondamentale, il est clair que la marche appelée par Yaël Braun-Pivet a d’autres objectifs. Celle-ci rappelait au seizième jour des bombardements de Netanyahou que « rien ne doit empêcher Israël de se défendre ». Dimanche, elle comme les figures du gouvernement et des Républicains présentes, ne marcheront pas contre l’antisémitisme, mais pour son instrumentalisation au service de la défense de la politique de l’État Israël, de l’islamophobie, de la légitimation de la répression de la solidarité avec la Palestine, qui vise aujourd’hui organisations politiques, associations, députés et militant·e·s qui dénoncent le massacre à Gaza.
S’il fallait une preuve de plus de la manœuvre, par laquelle le gouvernement veut reprendre la main après la marche ayant réuni 60.000 personnes à Paris, l’appel a été rapidement rejointe par tous les partis politiques d’extrême-droite, dont l’antisémitisme n’est plus à démontrer.
Le Rassemblement National, fondé par d’anciens SS, collaborateurs du régime de Vichy et dirigé longtemps par le négationniste Jean-Marie Le Pen, que Jordan Bardella a tenu cette semaine à réhabiliter, a annoncé se rendre à la marche. Marine Le Pen, proche d’anciens militants du GUD, qui manifestaient avec des néo-nazis à Paris en mai dernier, a même appelé l’ensemble de ces électeurs à se joindre à la manifestation. Eric Zemmour, pour qui « Pétain a sauvé les juifs français », et Marion Maréchal seront également de la partie, et avec eux leur entourage constitué d’anciens de l’Action française, du GUD et autres ennemis ouverts des juifs.
L’occasion pour ces organisations de poursuivre leur opération de décrassage républicain, qui passe ces dernières semaines par une revendication, là encore, inconditionnelle du droit de l’État d’Israël à se « défendre », et une tentative de transformer la guerre en cours en un « conflit de civilisation » qu’il faudrait poursuivre en France, contre les musulman·e·s et les étrangers. La majorité présidentielle a beau se couvrir sur la présence de l’extrême-droite et « déplorer », par la voix d’Olivier Véran, sa « présence », toute son opération participe à renforcer sa légitimité. Une extrême-droite dont il n’hésite d’ailleurs pas à s’inspirer dans la loi Immigration qu’il est en train de passer, menant ainsi une offensive xénophobe historique.
Dans une telle marche, il n’y a aucune perspective possible pour lutter contre l’antisémitisme. Au contraire, ce combat ne peut qu’être sali par son association à la défense de la politique de l’État d’Israël que des voix juives dénoncent partout dans le monde avec courage. Dans ce contexte, la position du Parti socialiste, d’Europe Écologie les Verts et du Parti communiste qui ont annoncé participer à la marche en y formant « un cordon républicain » pour se distinguer de l’extrême-droite est un profond scandale, et un nouveau signal de l’intégration complète de ces forces au régime.
Une caution de « gauche » dont on peut déjà prédire qu’elle permettra de redoubler la criminalisation des forces politiques et associatives refusant de participer à cette mascarade. Car voilà le dernier objectif de la marche : durcir l’offensive contre celles et ceux qui refuseront d’y participer, qu’il s’agisse de la France Insoumise, de la CGT, des organisations d’extrême-gauche comme le NPA ou Révolution Permanente, ou des collectifs et associations antiracistes.
En dépit de ces attaques prévisibles, il est évident que celles et ceux qui se préoccupent sincèrement de la lutte contre l’antisémitisme, mais aussi du massacre en cours à Gaza, de l’offensive contre les étrangers que constitue la loi immigration et du renforcement de l’islamophobie ces dernières semaines, doivent refuser cette unité nationale réactionnaire. En ce sens, c’est à la manifestation pour la Palestine organisée samedi 15h à Paris qu’il faudra être nombreux ce week-end.
Une manifestation qui sera, une nouvelle fois, l’occasion de réitérer que la solidarité avec la Palestine n’a rien à voir avec l’antisémitisme, que la lutte contre l’antisémitisme ancré dans la société est indissociable de la lutte contre un État qui confisque la parole des juifs au service d’un projet colonial et génocidaire inacceptable, et que le combat pour l’émancipation du peuple palestinien est la condition de la possibilité d’une coexistence des Juifs et des Arabes dans une Palestine ouvrière et socialiste.