Fabien Roussel : comment les médias manipulent l'opinion ? | Le Club (mediapart.fr)

Cette note de blog revient sur les liens entre Fabien Roussel et les médias et la façon dont il est propulsé par ces derniers malgré une faible popularité (I). Elle propose une analyse de la communication de ce dernier allant à l’encontre de notre camp politique (II).

I. Fabien Roussel : une construction médiatique qui n’imprègne pas

Depuis 2021, Fabien Roussel est la coqueluche des médias. En 2021 et 2022 il était l’homme politique de gauche le plus invité de ces derniers. En 2023, il est au coude-à-coude avec Manuel Bompard.

Classement des personnalités politiques invitées dans les médias en 2021 (politiquemedia.com)

Mais à quoi est dû cet engouement pour le secrétaire national du Parti communiste français (PCF) ? Dans ce genre de cas, les médias répondent que l’invité « fait vendre » ou « attire l’audience ». Vous savez, c’est ce qu’ils avaient raconté en 2017 pour justifier la couverture médiatique du candidat Emmanuel Macron. Ce dernier avait eu le droit, de 2015 à 2017, à plus de 8000 articles évoquant son nom contre 7400 articles pour Jean-Luc Mélenchon, Arnaud Montebourg et Benoît Hamon réunis(1).

Classement des personnalitées politiques invités dans les médias en 2022 (politiquemedia.com)

La question est maintenant de savoir si la même logique s’applique à Fabien Roussel. Est-il plus recherché par les lecteurs ? Son discours est-il suivi ? A-t-il une audience grandissante qui justifie un tel soutien médiatique ?

Pour y répondre, nous allons comparer son audience sur les réseaux sociaux avec d’autres personnages politiques.

Premier réseau social : Twitter. Ce n’est pas le réseau social de la masse mais celui du microcosme politico-médiatique. On peut voir qu’il s’en sort plutôt bien : F. Roussel dénombre, à l’heure où je rédige cette note de blog, 98 800 abonnés. Ça peut paraître beaucoup… mais si on le compare à Clémence Guetté et ses 113 500 abonnés ou Manuel Bompard et ses 136 000 abonnés, c’est faible. Pourtant, ces derniers n’étaient pas candidats à l’élection présidentielle et n’ont pas bénéficié du rayonnement médiatique qui en découle, contrairement à celui du secrétaire national du PCF.

Il est à noter que les utilisateurs de Twitter sont, en général, plus instruits et ont des revenus plus élevés que la moyenne de la population (2). Mais peut-être que ce résultat moyen sur un réseau destiné à ce que des rousselistes pourraient appeler les « pseudo-intellectuels des centres-villes », n’est pas le public ciblé par Fabien Roussel. Ce dernier disait au contraire vouloir toucher les classes populaires des zones rurales.

Alors étudions son nombre d’abonnés sur le réseau social le plus grand public qui soit : Facebook.

Sur ce réseau social, les résultats de la star médiatique sont très maigres. En effet, il ne dénombre que 38 000 abonnés. C’est derrière l’ancien candidat à l’élection présidentielle Yannick Jadot et ses 53 000 abonnés qui est lui-même très loin derrière Mathilde Panot et ses 366 000 abonnés.

Pourtant, Facebook touche un public plus divers que celui de Twitter. La tranche d’âge de ce réseau est très large puisqu’elle touche toutes les générations au-delà de 25 ans. C’est le réseau social le plus important en France avec 48,012 millions de visiteurs uniques par mois (3).

Une personnalité politique peut avoir des faiblesses sur un réseau social en particulier. Alors comparons son audience sur le second grand réseau social : Youtube, avec ses 47,947 millions d’utilisateurs.

Malheureusement, Fabien Roussel n’a pas daigné investir ce réseau en son nom propre. Les communicants du parti publient ses interventions sur le compte du PCF. Ce dernier stagne à 20 000 abonnés. C’est encore une fois loin derrière Antoine Léaument qui a neuf fois plus d’abonnés (soit 188 000 abonnés) et François Ruffin qui a 247 000 abonnés.

Pour résumer, Fabien Roussel n’imprègne pas sur les réseaux sociaux de masse. Le seul réseau sur lequel ses performances sont correctes est Twitter. Son public sur ce réseau est essentiellement composé des couches intellectuelles supérieures du microcosme politico-médiatique.

La question est maintenant de savoir si ces mauvais résultats sont seulement dus à une mauvaise communication ou bien si Fabien Roussel n’imprègne pas du tout dans la population.

Pour ce faire, nous allons utiliser l’outil Google trends permettant de connaître l’importance d’une recherche Google. De cette manière, nous pourrons éclaircir à quel point la coqueluche des médias permet à ces derniers de vendre davantage de papier.

Evolution de l'intérêt des recherches sur google pour Fabien Roussel, Sandrine Rousseau et Jean-Luc Mélenchon

Malheureusement pour Fabien Roussel, les résultats sont sans appel. Le nombre de recherches de son nom sur Google trends sont faibles depuis un an. En effet, l’outil lui donne un score de 1 point. C’est aussi faible que Sandrine Rousseau qui elle aussi n’a qu’un point, et bien loin derrière Jean-Luc Mélenchon qui en dénombre 27.

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Comment est calculé l’intérêt d’une recherche par Google ?

« Les résultats reflètent la proportion de recherches portant sur un mot-clé donné dans une région et pour une période spécifiques, par rapport à la région où le taux d'utilisation de ce mot-clé est le plus élevé (valeur de 100). Ainsi, une valeur de 50 signifie que le mot-clé a été utilisé moitié moins souvent dans la région concernée, et une valeur de 0 signifie que les données pour ce mot-clé sont insuffisantes. »

https://trends.google.com/

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L’étude des différents réseaux sociaux et de l'occurrence du nombre de recherches sur Google montrent un intérêt très faible pour Fabien Roussel. Ce dernier n’imprègne pas dans la population. L’excuse « du bon vendeur » pour justifier sa présence dans les médias n’est pas valable. 

Pourtant, il arrive à séduire des utilisateurs de Twitter et est en tête des personnalités de gauche invitées dans les médias. La question est maintenant de savoir pour quelle raison il est invité. Quels intérêts sert-il ? Quel discours lui permet d’avoir cette aura ?

II. Analyse de la communication de Fabien Roussel et perspectives politiques pour la gauche radicale

Pour comprendre la présence du secrétaire national du PCF dans les médias, il faut d’abord partir de la stratégie du parti et du positionnement de la caste médiatico-politique envers la France Insoumise.

La stratégie du PCF est simple : faire renaître le parti en se distinguant. Cela passe par une opposition frontale et systématique à tous les positionnements de la France insoumise qui est le premier mouvement politique de gauche.

Le positionnement de la caste médiatico-politique est encore plus simple : détruire tout ce qui se rapproche de près ou de loin à une contestation du modèle capitaliste. Cela passe notamment par un acharnement contre la France insoumise qui est le seul mouvement d’ampleur capable d’entraîner notre pays vers la rupture avec ce système économique. 

Dès lors, on comprend aisément pourquoi Fabien Roussel est autant invité dans les médias. Il est le marteau dans les mains de la caste pour taper sur la France insoumise.

Le PCF pense faire renaître le parti en mettant de côté ses idées. Il oublie justement que ce sont les idées qui fondent un parti. Cette stratégie est vaine et ne sert qu’à la caste qui n’attend que de diviser le peuple pour mieux régner.

Cette stratégie de distinction a des conséquences directes sur l’avenir de la NUPES : Fabien Roussel n’a pas intérêt à renforcer l’union car elle ne lui permet pas de se faire entendre. Dès lors, il doit passer son temps à la critiquer. Il doit passer son temps à casser tout espoir d’une union populaire - qui est le chemin le plus court pour que le peuple puisse accéder au pouvoir.

La question est maintenant de savoir quelle stratégie doit adopter La France insoumise face à celle de Fabien Roussel. Ce dernier se nourrit des invectives envers le mouvement de gauche en tête aux présidentielles de 2017 et 2022. Son aura médiatique existe par les petites phrases qu’il nous envoie et que nous lui retournons. S’il n’y a plus de petites phrases, alors il n’y a plus de Fabien Roussel. Nous devons donc le traiter à la hauteur de ce qu’il représente sur les réseaux sociaux et électoralement. C'est-à-dire en ne considérant plus ses prises de position.

La structuration actuelle de la NUPES n’aide pas cette stratégie : il n’y a pas d’organisation commune permettant un positionnement commun. Si on souhaite arrêter les divisions et mettre en place la stratégie de l’Union populaire, nous avons deux choix 1) Renforcer la NUPES pour ne parler que d’une seule voix 2) En finir avec la NUPES pour éviter que la structure actuelle conduise à des divisions trop grandes qui provoqueront l’échec de l’union du peuple. 

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Préconisations : 

• Ne plus répondre aux invectives de Fabien Roussel sur les réseaux comme dans les médias
• Ne plus répondre aux questions des journalistes à son sujet
• Ne pas alimenter les affrontements avec les membres du PCF sur les réseaux sociaux

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1/ Vincent Ortiz, COMMENT LES MÉDIAS ONT FABRIQUÉ LE CANDIDAT MACRON, Le vent se lève, 2017. (https://lvsl.fr/medias-ont-fabrique-candidat-macron/)

2/ STEFAN WOJCIK, ADAM HUGHES, « Sizing Up Twitter Users », Pew Research Center, 2019.

3/ CHRISTOPHE ASSELIN, « Facebook les chiffres essentiels en 2023 en France et dans le Monde », 2021. (https://blog.digimind.com/fr/agences/facebook-chiffres-essentiels#demographieFR)