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Palestine, guerre, impérialisme : trois propositions pour une campagne internationaliste
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Le monde d’aujourd’hui est marqué par des crises multiples et des changements brusques. Le triomphalisme capitaliste et les illusions d’une « mondialisation harmonieuse » qui avaient marqué la période du boom néolibéral sont révolus. La crise capitaliste de 2008 a ouvert la voie à des tendances aux crises organiques dans différents pays, aux crises des partis « d’extrême centre », à la polarisation politique, à de nouveaux cycles de lutte des classes et au néoréformisme.
Le monde d’aujourd’hui est marqué par des crises multiples et des changements brusques. Le triomphalisme capitaliste et les illusions d’une « mondialisation harmonieuse » qui avaient marqué la période du boom néolibéral sont révolus. La crise capitaliste de 2008 a ouvert la voie à des tendances aux crises organiques dans différents pays, aux crises des partis « d’extrême centre », à la polarisation politique, à de nouveaux cycles de lutte des classes et au néoréformisme. Nous constatons également la croissance de l’extrême droite, à la fois dans les pays de la périphérie, avec Milei en Argentine ou Bukele au Salvador, et du centre capitaliste, avec le renforcement de Trump aux États-Unis et la croissance électorale des partis d’extrême droite en Europe, autour de discours racistes et xénophobes.
Le capitalisme n’a à offrir que plus de souffrance et de misère à la classe ouvrière et aux peuples opprimés du monde entier. Alors qu’une poignée de milliardaires accumulent des fortunes incommensurables, plus d’un milliard de personnes survivent avec moins d’un dollar par jour. Les capitalistes ont transformé le monde en un endroit inhabitable pour la majorité de l’humanité et menacent de détruire la planète. Depuis le début de la guerre en Ukraine il y a deux ans, et maintenant avec le génocide en Palestine, la guerre et le militarisme reviennent au premier plan. Dans le cadre d’une remise en cause toujours plus ouverte, y compris sur le terrain militaire, de l’ordre mondial dirigé par les Etats-Unis, une nouvelle étape s’ouvre, caractérisée par la réactualisation des tendances plus générales de l’époque impérialiste, définie par Lénine comme une époque de crises, de guerres et de révolutions.
Avec la Fraction Trotskiste de la Quatrième Internationale (FT-QI), nous luttons pour construire un parti mondial de la révolution socialiste et pour la reconstruction de la IVe Internationale, parce que nous considérons qu’il n’y a pas d’autre issue progressiste à la catastrophe dans laquelle le capitalisme nous entraîne. Nous sommes un courant international, composé d’organisations présentes dans 14 pays, en Amérique latine, en Europe et aux États-Unis, et nous construisons le Réseau international de quotidiens La Izquierda Diario, qui compte actuellement 15 journaux en 7 langues.
Dans cette déclaration, nous proposons trois campagnes politiques que nous considérons comme essentielles pour la lutte internationaliste et anti-impérialiste aujourd’hui. Cette proposition s’adresse à toutes les organisations, militant·e·s et individus qui partagent cette perspective, avec l’objectif de construire des blocs et des coalitions dans différents pays pour défendre une perspective socialiste et d’indépendance de classe face aux défis les plus urgents du moment.
1. Stop au génocide et à l’intervention militaire israélienne contre le peuple palestinien ! Pour le droit à la résistance et à l’autodétermination nationale du peuple palestinien !
Le génocide perpétré par l’État sioniste d’Israël contre les Palestiniens de la bande de Gaza est le symbole le plus atroce de l’oppression impérialiste de notre époque. Plus de 32 000 Palestiniens ont été tués à Gaza, dont 13 000 enfants. En Cisjordanie, l’armée sioniste a tué des centaines de Palestiniens au cours des deux derniers mois seulement. 85% de la population de Gaza a été déplacée par les bombardements, et 1,3 million de Palestiniens sont entassés dans la ville frontalière de Rafah. Des organisations internationales telles que Human Rights Watch et Oxfam affirment qu’Israël utilise la famine comme tactique de guerre, en détruisant les systèmes agricoles et de distribution alimentaire de Gaza. Le blocage de l’accès aux ressources vitales telles que l’électricité, le carburant et la nourriture s’accompagne de bombardements des civils attendant l’arrivée d’une aide humanitaire raréfiée. Cette véritable campagne d’extermination des Palestiniens et d’éradication de Gaza constitue un nouveau chapitre du long processus de nettoyage ethnique entamé en 1948, dont la cause profonde est le caractère colonial et raciste de l’État d’Israël, qui se situe aujourd’hui à l’avant-garde de la contre-révolution mondiale. Dans le cadre de la lutte anti-impérialiste des peuples opprimés du monde, il est aujourd’hui urgent de se mobiliser : stop au génocide du peuple palestinien par le colonialisme raciste d’Israël !
Benjamin Netanyahou a des complices de choix pour mener à bien le génocide contre les Palestiniens. Il ne s’agit pas uniquement du soutien historique que l’impérialisme a accordé à la colonisation du territoire palestinien. Ces derniers mois, les sionistes ont été financés et soutenus politiquement par l’administration démocrate de Joe Biden aux États-Unis, unifiant l’establishment démocrate et républicain derrière l’État d’Israël. En Europe, les gouvernements impérialistes d’Olaf Scholz en Allemagne, d’Emmanuel Macron en France, de Rishi Sunak en Grande-Bretagne ou de Pedro Sanchez en Espagne, justifient l’offensive d’Israël. Derrière les appels cyniques au cessez-le-feu, ces puissances ne se contentent pas de persécuter les jeunes et les travailleurs qui manifestent pour défendre le peuple palestinien, elles continuent aussi de vendre au gouvernement Netanyahou les armes utilisées pour son massacre. Selon l’ONU elle-même, les États-Unis et l’Allemagne sont les principaux fournisseurs d’armes à Israël, suivis par la France, l’Angleterre, le Canada et l’Australie. Nous assistons à la fusion entre la violence coloniale et génocidaire d’Israël et les possibilités offertes par un armement de pointe.
Ce soutien des puissances impérialistes a conduit le Moyen-Orient au bord d’une guerre régionale. Pratiquement tous les alliés de l’Iran dans le dit « axe de la résistance » se sont déjà engagés dans des actions militaires à différentes échelles, que ce soit le Hezbollah au Liban ou les milices liées au régime iranien en Syrie, en Irak et en Jordanie. Les Houthis ont intercepté et attaqué avec des drones des navires commerciaux ayant des liens avec Israël ou ses alliés dans la mer Rouge, en réponse à quoi les États-Unis et la Grande-Bretagne ont bombardé le Yémen. La guerre brutale menée par l’État d’Israël contre le peuple palestinien pourrait déboucher sur une guerre entre les États-Unis et l’Iran. Après la dévastation causée en Irak et en Afghanistan par l’occupation militaire américaine, le Moyen-Orient est à nouveau assiégé par les puissances impérialistes.
Bien que nous ne partagions pas les méthodes ou la stratégie du Hamas, ses actions ont remis au centre de l’attention mondiale la lutte historique du peuple palestinien contre l’oppression de l’État d’Israël. Pendant sept décennies, les sionistes ont construit, avec l’aide de l’impérialisme occidental et du stalinisme après la Seconde Guerre mondiale, un régime d’apartheid social extrêmement raciste. Le colonialisme de peuplement est un système de domination basé sur l’occupation d’un territoire opprimé, la surexploitation de la main-d’œuvre indigène et la déshumanisation de la population soumise à un état de terreur permanent. C’est pour cette raison que la politique des « deux États » s’est avérée être un échec complet : l’existence d’un État palestinien indépendant est irréalisable dans le cadre de l’architecture de la domination impérialiste du Moyen-Orient.
Toutefois, la brutalité du génocide a déclenché un vaste mouvement anti-guerre dans les pays impérialistes, sans précédent depuis les mobilisations contre la guerre en Irak ou la guerre du Vietnam dans les années 1970. Des centaines de milliers de personnes ont participé à des manifestations de masse dans les grandes capitales occidentales telles que New York, Washington, Londres, Paris, Madrid et Berlin. Dans de nombreuses universités comme Harvard, Oxford et d’autres, des actions de soutien ont été menées, remettant en question les pactes conclus par les autorités académiques avec des entreprises qui financent l’État d’Israël. Certains syndicats combatifs ou collectifs de travailleurs soutenant la Palestine dans divers pays ont mené des actions de « blocus » contre des entreprises qui vendent des armes à Israël. Des actions qui, bien que ponctuelles, montrent le potentiel que pourrait avoir la classe ouvrière si les syndicats s’engageaient avec détermination dans cette lutte pour mettre fin au génocide.
Dans plusieurs pays, de larges pans de la population juive se sont également mobilisés pour rejeter la politique de l’État d’Israël. Au Moyen-Orient, des millions de personnes ont défié les gouvernements régionaux complices et sont descendues dans la rue en Irak, en Syrie, au Yémen, en Égypte, en Arabie saoudite et au Liban pour rejeter le génocide et défendre le peuple palestinien. Il s’agit là d’un point d’appui important pour une politique anti-impérialiste et anticolonialiste dans la phase actuelle d’épuisement du cycle néolibéral, qui peut participer à la construction d’une nouvelle conscience de classe qui s’oppose à la barbarie capitaliste et lutte pour réorganiser la société sur de nouvelles bases.
Les organisations qui composent la FT-QI sont partie prenante et moteur de ces mobilisations dans tous nos pays et au niveau international. Comme nous le disons dans notre déclaration internationale, il est nécessaire de construire une grande campagne internationale de solidarité avec le peuple palestinien, d’organiser la lutte parmi les peuples opprimés du monde pour mettre fin à ce génocide et lutter contre l’impérialisme, pour que la classe ouvrière intervienne avec ses propres méthodes, par des grèves et des blocages, contre les livraisons d’armes et les entreprises impérialistes qui soutiennent l’État sioniste d’Israël. Nous considérons qu’il est essentiel de multiplier nos efforts dans les pays impérialistes qui ont contribué à soutenir le génocide en Palestine. Les jeunes qui descendent dans la rue et s’organisent dans les établissements scolaires, les universités et les lieux de travail ne sont pas seulement clés dans la lutte contre le génocide et pour la libération de la Palestine. Ils ont également un rôle central à jouer dans le développement d’un mouvement anti-impérialiste pour stopper le réarmement des puissances et les tendances croissantes à la guerre. Face à l’échec de la politique des « deux États » et à la nouvelle offensive de l’ultra-droite, une lutte massive de l’ensemble du peuple palestinien, en alliance avec la classe ouvrière arabe et les travailleurs juifs qui rompent avec le sionisme, est nécessaire. L’alliance avec les travailleurs, les jeunes et les femmes en lutte au Moyen-Orient, à l’image de la jeunesse iranienne, contre l’État gendarme d’Israël et l’impérialisme est essentielle. Pour mettre fin au régime d’apartheid, il faut démanteler l’État sioniste d’Israël. Contre le colonialisme sioniste et l’impérialisme, nous soutenons inconditionnellement la résistance du peuple palestinien, sur la base d’un programme d’indépendance politique vis-à-vis de l’ensemble des secteurs des bourgeoisies de la région.
Nous défendons le droit à l’autodétermination nationale du peuple palestinien et luttons pour une Palestine ouvrière et socialiste, dans le cadre d’une fédération socialiste au Moyen-Orient. Seul un État qui cherche à mettre fin à l’oppression, l’exploitation et la réaction impérialiste peut garantir la récupération du territoire de la Palestine historique, le droit au retour des réfugiés palestiniens et une coexistence démocratique et pacifique entre Arabes et Juifs. Les nationalismes bourgeois arabes d’hier et d’aujourd’hui ont montré leur incapacité à mener à bien ces tâches. Les bourgeoisies et monarchies arabes, qui exploitent et oppriment les peuples, ne sont pas des alliés pour la libération du peuple palestinien. Ces tâches doivent être entreprises par la classe ouvrière et les peuples de toute la région. L’unité des masses palestiniennes et des masses arabes dont les gouvernements ont normalisé les relations avec l’État sioniste, ou qui se préparent à le faire, est essentielle sur cette voie.
Stop au génocide du peuple palestinien ! A bas l’intervention militaire israélienne et l’aide financière et militaire de l’impérialisme américain et européen ! Pour la rupture de tous les accords politiques et militaires avec Israël. Pour une grande campagne internationale de défense du peuple palestinien et de son droit à l’autodétermination. Pour une Palestine ouvrière et socialiste !
2. Contre le militarisme impérialiste et la militarisation des frontières
Ces dernières années, les tambours de guerre ont retenti dans le monde, dans le cadre de la décomposition de « l’ordre néolibéral » dirigé par les États-Unis, qui a régi la géopolitique de l’après-guerre froide. Le génocide brutal en Palestine s’ajoute à la guerre en Ukraine, qui dure depuis plus de deux ans. Des tendances à l’intensification des affrontements militaires apparaissent également dans le cadre des conflits régionaux qui prennent une dimension mondiale : aux attaques des milices houthies contre des navires en mer Rouge ont répondu des bombardements américains et britanniques au Yémen. Si un saut vers une guerre ouverte au Moyen-Orient n’est pas à exclure, un troisième front menace de s’ouvrir en Asie, où le conflit entre la Chine et Taïwan annonce un affrontement majeur.
La guerre en Ukraine a déjà fait des centaines de milliers de morts et de blessés et des millions de déplacés et de réfugiés. Il s’agit de la première guerre d’envergure entre puissances sur le sol européen depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. L’invasion réactionnaire de l’Ukraine par la Russie est le plus grand défi lancé à l’hégémonie américaine en crise et à l’ordre mondial depuis 30 ans. Les puissances de l’OTAN interviennent dans la guerre par leur soutien financier et militaire à Zelensky. Selon l’Ukraine Support Tracker, les États-Unis ont jusqu’à présent fourni plus de 37 milliards de dollars d’aide directe et l’UE s’est engagée à verser plus de 144 milliards d’euros d’aide. D’un point de vue militaire, la guerre est bloquée depuis des mois et est devenue un « trou noir » pour l’aide occidentale. Dans ce contexte, le trumpisme a bloqué le nouveau paquet d’aide à l’Ukraine au Congrès américain. Une éventuelle présidence Trump reviendrait à laisser à l’UE le soin de soutenir l’armée ukrainienne et le financement de l’après-guerre.
En tant que groupes qui composent la FT-QI, nous avons maintenu une position d’indépendance de classe face à cette guerre réactionnaire, dans laquelle tant Poutine que l’OTAN cherchent à dominer l’Ukraine au service de leurs intérêts géostratégiques. Nous avons mis en avant la nécessité d’un mouvement international contre la guerre, pour le retrait immédiat des troupes russes d’Ukraine et contre l’interventionnisme militaire de l’OTAN en Europe de l’Est et le réarmement impérialiste. Sur la base de cette position d’indépendance face à l’occupation russe et à la domination impérialiste, nous avons participé à de nombreuses mobilisations et actions contre la guerre, en particulier en Europe et aux États-Unis. Nous avons également proposé la formation de blocs et de plates-formes unitaires pour défendre cette perspective, en faisant appel à l’unité internationale de la classe ouvrière.
Ces derniers mois, les chefs d’Etat et les ministres des puissances impérialistes agitent de plus en plus le spectre de la guerre, et même le danger d’une guerre nucléaire. Ils appellent les populations à faire des « sacrifices » aujourd’hui, afin de préparer les guerres de demain. Dans le nouveau scénario global, les puissances mondiales augmentent leurs dépenses de défense et préparent une nouvelle industrie de guerre. En 2022, les dépenses militaires mondiales ont atteint le chiffre record de 2 200 milliards de dollars, compte tenu de l’augmentation des budgets des pays de l’OTAN. Un chiffre qui n’a cessé de croître depuis. Les entreprises d’armement et d’équipement militaire qui vendent le plus au monde sont les entreprises américaines Lockheed Martin, Raytheon Technologies, Boeing et Northrop Grumman. Elles sont suivies dans le classement par les entreprises chinoises, britanniques, françaises et allemandes. Alors que les tensions géopolitiques se conjuguent avec le risque de récession économique dans plusieurs pays, l’un des antidotes du capitalisme est de développer une économie de guerre qui permet l’expansion des dépenses publiques et une certaine augmentation de la demande dans les pays producteurs d’armes. Les puissances impérialistes se préparent à des affrontements géopolitiques et militaires majeurs. Elles se préparent également à une compétition plus ouverte pour les ressources et les sphères d’influence, au détriment des peuples opprimés, qui transformera le monde en un théâtre de nouvelles guerres et de pillages.
L’autre facette de cette offensive militariste est l’essor de discours nationalistes réactionnaires, la militarisation des frontières et le durcissement des politiques répressives à l’encontre des migrants. Des milliers de personnes sont forcées de quitter leur foyer à cause du pillage des guerres impérialistes et de l’occupation de leur propre pays. En d’autres termes, l’impérialisme lui-même responsable des migrations s’en prend ensuite, à l’intérieur de ses frontières, aux migrants qui fuient le désastre. Alors que l’extrême droite se développe dans plusieurs pays – à l’image de Trump avant les élections présidentielles américaines ou de l’Alternative pour l’Allemagne (AfD) - les partis de « l’extrême centre » adoptent une grande partie de son programme raciste : lois anti-immigration, expulsions « express » et construction de nouveaux centres de détention pour les étrangers sans-papiers. Sur ce terreau, les discours racistes à l’encontre des populations migrantes, qui constituent une grande partie de la classe ouvrière la plus précaire, se développent. Les migrants sont accusés de profiter des aides publiques (pour justifier le manque d’argent pour l’éducation ou la santé), d’être responsables des violences faites aux femmes ou du trafic de drogue dans les quartiers, etc. Les bureaucraties syndicales jouent un rôle dans ces politiques réactionnaires en défendant des positions corporatistes, qui refusent de se battre pour un programme qui unifie la classe ouvrière, pour surmonter les divisions entre les travailleurs salariés et les précaires, ou les divisions de genre et le racisme.
Mais dans certains pays, cette offensive réactionnaire contre les migrants rencontre une réponse. La France a été le théâtre d’une grande manifestation de plus de 150 000 personnes en janvier 2024 contre la loi immigration. En Allemagne, le même mois, d’importantes mobilisations ont eu lieu contre l’AfD et les politiques anti-immigration. Dans de nombreux pays, il existe des secteurs d’avant-garde qui, lors des mobilisations, défendent l’idée que « nationaux ou étrangers, nous sommes de la même classe ouvrière ».
Contre le militarisme et le nationalisme réactionnaire des puissances impérialistes, il est urgent de lutter pour l’union des travailleurs du monde entier, avec les peuples opprimés, contre l’impérialisme. Dans les pays impérialistes, nous reprenons les bannières des militants internationalistes comme Rosa Luxemburg, Lénine et Trotsky qui disaient : « A bas la guerre, l’ennemi principal est dans notre pays ! » Nous cherchons à développer, dans l’unité avec les travailleurs et les peuples des pays coloniaux et semi-coloniaux, un véritable internationalisme prolétarien.
En même temps, nous mettons en garde contre les mystifications de ceux qui proposent de fausses alternatives pour parvenir à un soi-disant multilatéralisme dans l’ordre mondial. Certains se font des illusions sur le rôle « régulateur » d’institutions internationales telles que l’ONU, qui a une fois de plus démontré son échec lamentable à empêcher le génocide en Palestine. D’autres se subordonnent aux aspirations impériales de puissances réactionnaires comme la Russie ou la Chine. Les propositions des réformistes européens comme La France Insoumise ou Podemos, qui prônent une « Europe démocratique et populaire » contre les tendances bellicistes, sont également des utopies pacifistes réactionnaires. L’Europe porte dans son histoire le plus grand nombre de génocides et de massacres contre les peuples coloniaux au monde, ainsi que deux guerres mondiales. Le militarisme et les guerres sont la conséquence directe du capitalisme et de l’impérialisme, en Europe et dans le monde entier.
Le troisième aspect de ces tendances est le développement en Amérique latine d’une spirale de violence et de pauvreté, conséquence de l’application de plans néolibéraux et de dettes étrangères odieuses. Les membres des forces policières et militaires, formés à l’École des Amériques - où ont été formés les auteurs des coups d’État orchestrés depuis Washington - ont ensuite été parmi les fondateurs des « cartels » de trafic de drogue. La réponse de l’impérialisme a été d’imposer aux gouvernements locaux des politiques de sécurité intérieure impliquant le financement et la formation de corporations militaires, la vente et le trafic d’armes et la participation des forces armées aux problèmes de « sécurité intérieure ».
Cela a conduit à la militarisation, qui, avec la violence étatique, para-étatique et des secteurs du narcotrafic, constitue un mécanisme de contrôle social et ouvre la voie à une nouvelle période de pillage des ressources naturelles dans la région, avec des déplacements forcés de communautés, des disparitions, des exécutions et des féminicides. C’est ce qui s’est passé avec le Plan Colombie ou l’Initiative Mérida (devenue depuis l’Entente du Bicentenaire), mise en place de façon bilatéral entre le Mexique et les États-Unis. C’est le cas au Salvador, avec la droite de Nayib Bukele, qui a décrété l’Etat d’urgence, inauguré des méga-prisons et avancé dans la criminalisation de la pauvreté, un modèle copié par Daniel Noboa, président de l’Équateur, et Xiomara Castro, présidente du Honduras, et que l’ultra-droite argentine de Milei entend également imposer en donnant « carte blanche à la police » dans les quartiers pauvres ou en envoyant l’armée dans les zones où opèrent de puissants réseaux de trafiquants de drogue.
Les gouvernements de droite ne sont pas les seuls concernés. Au Chili, le gouvernement de Gabriel Boric propose également l’utilisation de l’armée pour la sécurité publique, reprenant des propositions telles que la « loi sur les infrastructures critiques » utilisée par les secteurs conservateurs contre la classe ouvrière et cherchant à renforcer l’appareil répressif pour éviter de nouvelles rébellions populaires sur le continent. Au Venezuela, le régime qui exprime la décadence et la dégénérescence du faux « socialisme » chaviste a profité des diverses tentatives réactionnaires de l’impérialisme pour militariser à l’extrême la gestion et le fonctionnement de ladite « sécurité citoyenne », au point que l’intervention armée de l’État est désormais responsable d’un tiers des homicides dans le pays. Haïti connaît une situation de chaos social, avec l’avancée de bandes criminelles favorisée par les gouvernements fantoches de ce pays et les États-Unis, et va devoir faire face à une nouvelle intervention militaro-policière de nature sécuritaire. Dans le même temps, aux Etats-Unis, un secteur du Parti républicain se bat pour que le trafic de drogue soit qualifié de terrorisme, afin d’ouvrir la voie à une intervention militaire directe.
Face à cette situation, une issue favorable aux classes ouvrières et aux secteurs populaires implique de mettre fin à la subordination de l’Amérique latine aux desseins de l’impérialisme américain et des organisations internationales. Il faut mettre un terme à la militarisation et que les budgets alloués aux forces de répression soient consacrés à la santé et à l’éducation. Seule la classe ouvrière et les secteurs populaires peuvent garantir la sécurité des communautés et des villes, car ils n’ont pas d’intérêts communs avec le crime organisé, les armées ou la police.
Nous devons faire face à la campagne réactionnaire des pouvoirs en place visant à nous faire accepter leur course à l’armement et leur militarisme. Les nouvelles générations ne doivent pas être sacrifiées dans les catastrophes militaires des capitalistes et sur l’autel de leurs profits. C’est pourtant cet avenir que les capitalistes nous réservent si nous ne nous opposons pas à eux de toutes nos forces. Partout dans le monde, les affrontements et les tensions internationales entre les États capitalistes apparaissent ainsi comme le complément des antagonismes de classe, de même que la militarisation et la criminalisation de la pauvreté, des secteurs populaires et des migrations, qui ne peuvent être surmontés qu’avec une politique internationaliste et socialiste.
Non à la guerre et au militarisme impérialiste ! Pas un euro, pas un dollar de plus pour financer les livraisons d’armes ! Ni Poutine, Ni OTAN ! Pour une position indépendante dans la guerre en Ukraine.
Arrêt de la militarisation des frontières ! Régularisation immédiate de tous les migrants. Pour l’unité internationale de la classe ouvrière de tous les pays contre l’impérialisme.
3. Pour l’annulation de la dette extérieure des pays opprimés. Mettons fin au pillage impérialiste
La dette mondiale bat des records historiques. Depuis la crise financière de 2007-2008, elle n’a cessé d’augmenter, et ce sont les pays dits « émergents » qui ont connu la plus forte croissance sur ce terrain. La dette de ces pays est passée de 10 % du total de la dette internationale avant la crise à 25 % en 2019. Un nouveau bond s’est produit pendant la pandémie. En 2021, la dette mondiale atteindra 303 000 milliards de dollars selon le FMI. Pour prendre une mesure plus historique, différentes études ont calculé que, rien que depuis l’année 2000, les transferts financiers nets des mal-nommés pays « émergents et en développement » vers les pays impérialistes ont représenté en moyenne plus de 8 % de leur PIB.
L’histoire de la dette souveraine est celle d’un pillage au profit des centres financiers. Toutes les nations émettent de la dette pour financer les politiques de l’Etat, et les crises de la dette se produisent partout. Mais ce qui caractérise les économies dépendantes, c’est qu’une part importante de la dette publique (historiquement l’écrasante majorité) est une dette extérieure, c’est-à-dire envers des créanciers étrangers, libellée en monnaie de réserve internationale (dollar, euro, yen). Cela les distingue des économies riches dont la dette extérieure est importante mais qui accumulent des dettes dans leur propre monnaie. Le cas paradigmatique est celui des États-Unis, qui utilise de manière massive ce mécanisme d’endettement pour capter les richesses à niveau mondial, profitant de la domination du dollar sur le marché monétaire international.
Dans les pays dépendants, le flux se fait en sens inverse en raison de la faiblesse de leur structure économique et du poids des capitaux étrangers dans celle-ci. Les capitaux monétaires circulant au niveau international sont ainsi une source de financement privilégiée. La dette extérieure ne finance pas seulement le trésor public mais vient aussi compenser les déficits de devises provoqués par un déficit du commerce extérieur ou par la fuite des capitaux des entreprises étrangères ou des secteurs de la bourgeoisie locale. Cela crée une forme de drainage des richesses des pays « émergents » du fait de la dette : des tentatives de financement et de compensation qui deviennent donc insoutenables à long terme. La dette qui permet au capital financier de réaliser des profits extraordinaires se traduit pour les travailleurs des pays opprimés par des attaques contre leurs conditions de vie : plans d’austérité brutaux, appauvrissement, coupes budgétaires dans les services publics, privatisations, etc. C’est l’histoire d’une grande partie des pays opprimés d’Amérique latine, d’Afrique et d’Asie.
Les titres de la dette publique extérieure sont un moyen pour les grands centres financiers d’obtenir un afflux de richesses des pays opprimés vers les pays impérialistes. Pour les économies impérialistes cette dette génère, avec les rentes des sociétés transnationales, d’importants flux de richesse. Les cycles d’endettement extérieur des économies dépendantes résultent autant de la décision des gouvernements que du besoin du capital mondial de donner des débouchés à ses liquidités et de se garantir de bonnes affaires en pratiquant des taux d’intérêts élevés. L’émission massive de monnaie pour faire face à la crise de 2008 s’est traduite par un énorme flux de dollars vers les économies dépendantes. L’émission de dette, ainsi que la restructuration économique qui suit chaque situation ouverte après une crise, ouvre une grande opportunité commerciale pour le capital financier international en partenariat avec ses intermédiaires locaux.
Ces dettes correspondent à la jurisprudence générale qui utilise le concept de « dette odieuse ». C’est-à-dire qu’elles sont contractées par des gouvernements ou des régimes contre la volonté du peuple et que cette situation, contraire à la souveraineté populaire, est connue à l’avance des créanciers. Ces dettes piétinent allégrement la « souveraineté » des peuples : alors qu’ils votent pour des dirigeants tous les deux ou trois ans, les véritables décisions sont prises dans les pays impérialistes, dans les bureaux des gouvernements et des agences créancières, avec les bourgeoisies locales comme partenaires, conditionnant et imposant les décisions économiques qui affectent la vie de millions de personnes. Cela donne lieu à des régimes politiques nominalement « souverains », mais en réalité soumis à la tutelle du capital financier international.
Pour les puissances impérialistes, la dette extérieure et les crises sont des moyens de faire avancer de manière agressive l’agenda du capital transnational. Les créanciers présentent un front uni. Le FMI agit comme une sorte de créancier collectif. En cela, il n’y a aucune différence entre les États-Unis et la Chine, qui, loin de la fable de la « puissance bienveillante », subordonne tout accord financier au respect des paramètres du FMI. Les prêts de « sauvetage » ont pour effet d’imposer la discipline du capital. Les plans d’« ajustement structurel » appellent à l’ouverture de l’économie, à la libéralisation de la finance et des mouvements de capitaux, à la privatisation, à la flexibilisation de la main-d’œuvre et au pillage à grande échelle des biens communs naturels.
Derrière ce prétexte, les multinationales impérialistes ont progressé dans l’appropriation des services publics, des entreprises de transport et d’énergie, ainsi que des biens communs naturels et même des actifs extraterritoriaux des pays débiteurs. Les exemples abondent. La multinationale espagnole Telefónica, avec sa société holding Telefónica Latinoamérica, a monopolisé une grande partie des services de télécommunications dans la région. Dans le cas de la Chine, ses prêts sont liés à des accords politiques visant à faciliter l’entrée de ses entreprises dans l’exploitation des ressources naturelles en Amérique latine et en Afrique. Il s’agit là d’un des grands mécanismes de pillage des pays opprimés. En Afrique, les organismes internationaux tels que le FMI détiennent environ 35 % de la dette, la Chine 20 % et les entités privées, y compris les banques, les entreprises commerciales en matière de production de matières premières et les fonds d’investissement, un tiers. Pendant la pandémie du Covid-19, le FMI a ouvert de nouveaux programmes d’endettement pour les pays africains : ceux-ci comprennent comme conditions des mesures d’austérité, des taxes sur les denrées alimentaires et les carburants et des réductions des dépenses publiques. Actuellement, 60 % des pays africains consacrent plus d’argent au remboursement de la dette qu’aux soins de santé. 14 pays africains, anciennes colonies françaises, utilisent encore le franc CFA comme monnaie, dont la France profite pour piller leurs ressources. Les multinationales basées en Afrique, en Asie et en Amérique latine profitent également d’une main-d’œuvre moins chère et des avantages du « dumping environnemental » en produisant dans des pays où la réglementation environnementale est moins stricte ou pour des activités extractivistes.
Les classes dirigeantes et les régimes politiques des pays débiteurs sont parfaitement adaptés à ce mécanisme coutumier de pillage et y participent. Souvent, ces dettes servent également à subventionner les profits du capital local et à favoriser les cycles de fuite des capitaux, ce qui signifie d’énormes transferts de ressources publiques vers les bourgeoisies locales, qui emportent à l’étranger - vers les pays impérialistes, une fois de plus - des portions considérables de l’« épargne nationale » potentielle. Il s’agit de dettes contre les peuples dont profitent les bourgeoisies des pays impérialistes et celles des pays endettés, même si ces dernières en sont en quelque sorte les otages volontaires.
Aujourd’hui, l’Argentine est devenue un laboratoire pour l’application des plans du FMI, qui ne profitent qu’au capital financier, aux multinationales et aux capitalistes les plus riches du pays. La pauvreté atteint presque 60 %. Les salaires ont perdu 25 % de leur pouvoir d’achat en seulement trois mois. Les prix ont déjà augmenté et deviennent inabordables, tandis que la dégradation des services publics tels que la santé et l’éducation se poursuit. Milei veut approfondir les mesures austéritaires avec des licenciements, des privatisations et des réformes du travail. Il s’agit d’un plan de guerre contre les travailleurs pour continuer à payer la dette avec la faim du peuple. Mais depuis son entrée en fonction, la résistance a commencé à s’organiser. Des assemblées de quartier ont vu le jour, où des secteurs de travailleurs et d’étudiants se sont organisés démocratiquement. La bureaucratie syndicale a été contrainte d’appeler à une grève nationale le 24 janvier. Le protocole répressif a été contesté à plusieurs reprises dans la rue et a déjà connu une première défaite avec la chute de sa loi Omnibus – contre laquelle des mobilisations ont eu lieu pendant trois jours face au Congrès. D’importantes mobilisations de femmes ont eu lieu le 8 mars dans tout le pays et ont clairement montré qu’elles ne reculeraient pas sur les droits qu’elles ont gagnés. Différents secteurs de travailleurs sont confrontés à des tentatives de fermeture d’entreprises ou de licenciement. Des tendances à la lutte et à l’organisation par le bas, qui se heurtent à la passivité et aux divisions imposées par les bureaucraties syndicales et le péronisme. Depuis la FT-QI, nous menons des actions de solidarité avec le peuple argentin dans tous les pays où nous nous trouvons, en participant à des fronts avec les Argentins vivant à l’étranger et avec des secteurs de la gauche politique et syndicale. Nous soutenons la lutte de nos camarades du Parti des Travailleurs Socialistes (PTS) pour développer la mobilisation indépendante de la classe ouvrière, des femmes et des jeunes contre le Milei et le pillage orchestré par le pouvoir économique. Nous défendons le front uni le plus large des masses laborieuses et opprimées pour vaincre Milei et ses mesures austéritaires.
Nous devons en finir avec les politiques de discipline austéritaire qui vont de pair avec la dette et mettre fin au pillage impérialiste soutenu par tous les gouvernements capitalistes. Nous nous engageons à développer la mobilisation la plus large avec pour programme :
Annulation de la dette publique extérieure des pays opprimés envers les Etats impérialistes et le capital financier international ! Pour le rejet de la dette souveraine dans les pays dépendants !
A bas le FMI et toutes les institutions financières mondiales au service du capital financier international ! Expropriation sans compensation et sous contrôle ouvrier des entreprises impérialistes qui pillent les ressources économiques et naturelles des pays opprimés !
Pour l’internationalisme socialiste
Depuis la Fraction Trotskyste pour la Quatrième Internationale, nous considérons qu’il est urgent de mettre toutes les forces dans la construction et le développement d’un grand mouvement internationaliste et anti-impérialiste, dont les fondements sont condensés dans les campagnes que nous proposons.
Pour cela, il est essentiel de lutter sur les lieux de travail et d’étude, dans les syndicats et les mouvements sociaux, contre la politique de passivité et de division des différentes bureaucraties, qui collaborent avec les gouvernements capitalistes. Dans tous les pays où nous sommes actifs, dans la mesure de nos possibilités, nous entendons participer à la construction des tendances à l’auto-organisation et à la coordination des luttes depuis la base.