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Agressions sexuelles, coups, insultes : les interpellé·e·s de la Sorbonne dénoncent les violences subies
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Mardi 7 mai, 86 étudiants ont été placés en GAV après avoir occupé un amphithéâtre de l’Université de la Sorbonne. Dans un communiqué que nous relayons, ils dénoncent la violence à laquelle ils ont été confrontés et appellent le reste de la jeunesse et du monde du travail à poursuivre la mobilisation pour la Palestine.
Communiqué des étudiants des comités Palestine de la Sorbonne
Vendredi 10 mai 2024
Mardi 7 mai, nous nous sommes mobilisé.es pour élever nos voix contre la poursuite des actions génocidaires à Rafah par Israël, en violation de nombreux principes fondamentaux du droit international. Nous avons décidé d’occuper pacifiquement un amphithéâtre de la Sorbonne, mardi à 18h00, un lieu déjà occupé symboliquement auparavant comme moyen de protestation à notre échelle. C’est l’indignation générale des étudiants quant à la situation à Rafah qui a initié cette démarche et cet acte de protestation. Cependant, nous étions loin d’imaginer que 86 personnes seraient interpellées par la police, marquant une ampleur inédite de la répression française d’un mouvement étudiant.
A ce jour, le dialogue n’a toujours pas été engagé par notre université. Il y a des semaines, des élus syndicaux ont demandé des informations concernant les partenariats de Paris 1 avec des universités israéliennes. Ces demandes sont restées sans réponse. Une élue enseignante du Conseil d’Administration a demandé au Vice-Président des Relations Internationales des informations sur la nature des partenariats le 29 mars et le 27 avril sans qu’aucun élément de réponse n’ait été apporté. Le jeudi 2 mai, Sylvie Retailleau a convoqué les présidences d’universités parisiennes et a publiquement condamné les différentes actions d’occupation dans les universités française en déclarant que "depuis plusieurs semaines, des revendications s’expriment de manière de plus en plus radicale sur nos campus, ne permettant pas le dialogue". Pourtant, nous avons tenté d’initier ce dialogue à plusieurs reprises sans succès.
Les étudiants présents au sein de l’établissement pour cette action pacifique ont été victimes de violences graves. D’abord, de la part des agents de sécurité qui ont réagi de manière démesurée à l’action pacifique des étudiant.es. Des agressions sexuelles, placages, coups, étranglements et insultes ont été perpétré à l’encontre des étudiant.es (cf. photos de blessures). Des attouchements sexuels commis sur une étudiante, suivie de déclarations inappropriées : « on m’a touché les fesses, les seins, puis on m’a maintenue à terre par derrière, on m’a insultée : “tu fais la maline, le malin, mais on sait même pas ce que t’es », « Vous êtes des animaux donc on vous traite comme tels », « Un vigile m’a attrapée par derrière, m’a mise à terre, alors qu’étant étudiante en médecine, j’essayais de secourir une camarade avec la lèvre ouverte. Je pense avoir une déchirure sur le bras ». Ces traitements discriminatoires sont inacceptables et constituent des atteintes à l’intégrité individuelle des étudiant.es, d’après la Charte éthique et déontologique de l’université. Nous tenons l’université responsable. La cellule interne de lutte contre les VSS va être saisie.
A l’intérieur de l’amphithéâtre, nous avons discuté des moyens possibles pour porter nos revendications de boycott universitaire face à l’urgence de l’invasion illégale de Rafah par Israël.
Sur décision de l’administration, l’amphithéâtre est brutalement évacué par la police sans sommation. L’assemblée générale des étudiants a été interrompue par un fracas des forces de l’ordre contre cette enceinte historique. A leur entrée, les violences à l’encontre des étudiant.es se sont alors poursuivies, cette fois par les agents de police. Lors des arrestations, alors que nous restions assis sans opposer de résistance, des étudiants étaient écrasés, et ceux qui tentaient d’intervenir pour protéger leurs camarades recevaient des coups de poing. « Un policier a mis son genou sur la poitrine d’une camarade alors que nous étions assis pacifiquement. Elle haletait fortement et essayait de crier mais il ne s’est pas arrêté. J’ai essayé de le repousser et il m’a mis un coup de poing à la tête. ». Ces violences policières dans notre université se sont produites uniquement car l’administration a autorisé la police à intervenir. Les 86 personnes gardées à vue ont été réparties sur 15 commissariats différents à Paris, sur des durées de 15 à 22 heures.
Au cours des gardes-à-vue, de nombreuses violences physiques, psychologiques et verbales, et des irrégularités procédurales ont eu lieu. Une dizaine étudiant.es ont été forcé.es de se mettre complètement à nu pour la fouille. Pour deux d’entre eux, leurs parties génitales ont été touchées par les policiers par des matraques. Quatre étudiantes ont été forcées de retirer leur voile, bafouant leur liberté de culte. Des insultes islamophobes sont également proférées : « Tu veux instaurer la charia en France ? ». Un étudiant a été plaqué contre un mur par un policier qui criait « dis-moi ce que t’as fait », « Tu vas te faire défoncer si j’éteins la caméra ». De nombreuses visites médicales déniées ont mis en danger la santé d’étudiants, notamment pour une étudiante diabétique en crise d’hypoglycémie et un autre en détresse respiratoire grave. De nombreux entretiens avec avocats et plusieurs appels aux proches ont été refusés. Ces violations sont étroitement liées au contexte de répression que subissent les soutiens à la cause palestinienne.
Nous sommes conscient.es que ces attaques démesurées ne nous visent pas personnellement mais visent l’ensemble du mouvement de solidarité étudiante avec la Palestine. Le nombre d’interpellations et de classements sans suite montrent que ces entraves à nos libertés n’ont pas pour but d’arrêter des individus coupables de délits mais bien d’intimider et d’atténuer l’ampleur du mouvement.
Le narratif de notre gouvernement est du côté de la répression violente. Pourtant, cette occupation est un acte politique fort et légitime : les étudiants ont manifesté leur indignation dans un espace de construction de la pensée et de liberté d’expression. Un étudiant a fait l’objet de poursuite et sera jugé cet après-midi, nous lui adressons tout notre soutien face à cette injuste criminalisation. Nous remercions les avocat.es qui se sont mobilisé.es dans l’urgence face aux arrestations massives.
Nous appelons le reste de la jeunesse et du monde du travail à persévérer et nous rejoindre dans la rue pour les journées du 15 et 18 mai prochains. Nos revendications auprès de l’université sont claires et légitimes et nous les réaffirmons avec fermeté, qu’importe la réponse violente qui nous sera apportée.
Les étudiant-es de la Sorbonne mobilisé-es pour la Palestine