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Le calvaire des Gazaouis et la révolte qui gronde
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Le 31 mai, Joe Biden annonçait que le gouvernement israélien avait proposé un accord de « cessez-le-feu » comprenant le retrait de l’armée israélienne de Gaza, pendant six semaines, et l’échange des otages israéliens contre des prisonniers palestiniens. « Il est temps d’arrêter cette guerre », a conclu le Président des Etats-Unis – dont le gouvernement est, de très loin, celui qui fournit la plus grande quantité d’armes et d’argent à la machine de guerre israélienne. L’hypocrisie des impérialistes est sans limites.
Dans la foulée, le bureau du Premier ministre israélien a tenu à préciser les termes de l’« accord » : « la guerre ne s’arrêtera pas tant que tous ses buts ne sont pas atteints », et en particulier « l’élimination des capacités militaires et gouvernementales du Hamas ». C’est un point que Joe Biden s’est bien gardé de mentionner.
Ainsi, Netanyahou propose un cessez-le-feu de six semaines, après quoi le massacre des Gazaouis recommencerait jusqu’à « l’élimination » du Hamas. Or le Hamas ne peut pas être éliminé de cette manière. Netanyahou le sait très bien, mais il a besoin de cet objectif – « éliminer » le Hamas – pour justifier la poursuite d’une guerre dont dépend son propre sort politique et judiciaire.
Si la guerre s’arrêtait demain, des élections seraient rapidement organisées en Israël. Netanyahou les perdrait et devrait alors faire face à la Justice dans diverses affaires de fraude et de corruption. Par ailleurs, son gouvernement de coalition dépend du soutien de l’extrême droite sioniste, qui ne cache pas sa volonté d’expulser manu militari tous les Palestiniens de Gaza et de Cisjordanie.
La « feuille de route » annoncée par Biden – et précisée par Netanyahou – ne mettra pas un terme au calvaire des Gazaouis. De manière générale, l’émancipation du peuple palestinien ne sera pas le résultat d’un « accord » concocté par les impérialistes occidentaux et le régime sioniste. Elle ne découlera pas davantage des initiatives de la Cour Pénale Internationale, de l’ONU, du Pape ou d’une autre « autorité » de ce genre. Seule une nouvelle vague révolutionnaire, à l’échelle régionale, ouvrira la perspective d’en finir avec l’oppression des Palestiniens. Et ce qui inquiète au plus haut point les impérialistes américains (entre autres), c’est précisément que la situation à Gaza augmente sans cesse la possibilité d’explosions révolutionnaires en Egypte, en Jordanie, en Arabie saoudite et dans d’autres dictatures corrompues de la région.
Passer à l’offensive !
Dans le monde entier, le sort des Palestiniens suscite une indignation brûlante dans de très larges couches de la population. Après les frappes contre des civils à Rafah, fin mai, des manifestations ont éclaté chaque jour à Paris, Marseille et ailleurs. Elles ont dénoncé la complicité du gouvernement français dans le massacre des Gazaouis. En réponse, Macron envoie les CRS – et des journalistes réactionnaires multiplient les accusations d’« antisémitisme ». Des millions de jeunes et de travailleurs reçoivent ainsi une précieuse leçon de « démocratie » bourgeoise.
L’antisémite-en-chef, naturellement, ce serait Jean-Luc Mélenchon. Les grands médias bourgeois en parlent comme d’une évidence. Même Léon Deffontaines (PCF) affirme que Mélenchon a un problème avec les Juifs. Une fois de plus, cela vaut à la direction du PCF les félicitations de journalistes… anti-communistes. Le fait est que la direction du PCF n’est pas communiste. C’est un appareil réformiste en plein naufrage et qui, dès lors, s’accroche à n’importe quelle planche pourrie.
Révolution a des divergences irréductibles avec la direction de la France insoumise. Elle est réformiste ; nous sommes marxistes et révolutionnaires. Elle pense que le capitalisme est réformable ; nous pensons qu’il ne l’est pas et qu’il faut donc le renverser. Mais face aux accusations mensongères dont les dirigeants de la FI sont chaque jour la cible, nous devons faire front et renvoyer la balle dans le camp des accusateurs, qui sont des racistes et des islamophobes patentés. Non seulement le mouvement ouvrier ne doit pas céder un millimètre aux calomnies, mais il doit passer à l’offensive, mettre les accusateurs sur le banc des accusés, dénoncer leur insondable hypocrisie, leur soutien au massacre des Gazaouis et à tous les crimes des impérialistes occidentaux.
Dans le même temps, l’ensemble du mouvement ouvrier français doit jeter toutes ses forces dans les mobilisations en solidarité avec le peuple palestinien – sous le mot d’ordre : « pas un euro et pas une balle pour la machine de guerre israélienne ! ». Les liens financiers, militaires et industriels qui existent entre le capitalisme français et l’armée israélienne doivent être ciblés par des mobilisations, des grèves et des boycotts.
Nupes or not Nupes ?
Dans les pages de ce numéro de Révolution, nous expliquons pourquoi nous appelons à voter pour la liste de la FI aux élections européennes. Malgré les zigzags et la modération réformiste de ses dirigeants, la FI est à ce jour la seule force susceptible de cristalliser une opposition de gauche massive à la politique réactionnaire de Macron.
Ceci dit, il règne une confusion de plus en plus inextricable au sommet de ce mouvement. Le 28 mai, Mélenchon publiait une note de blog dans laquelle il écartait la possibilité d’une nouvelle « union » avec le PS, compte tenu de la campagne archi-droitière de Raphaël Glucksmann. Malheureusement, il n’a pas expliqué en quoi les Verts et le PCF se distinguent fondamentalement du PS. Et comme si ce n’était pas assez mystérieux, Manon Aubry, la tête de liste de la FI aux européennes, déclarait le même jour dans Le Figaro : « Il faudra revenir à la Nupes tôt ou tard ». Or la Nupes, pour rappel, incluait le PS. Comprenne qui pourra !
Une chose est sûre : cette « ligne » stratégique, qui tourne en rond, ne peut pas mobiliser les millions de jeunes et de travailleurs qui subissent de plein fouet les effets de la crise du capitalisme et de la politique du gouvernement. Le 9 juin, l’abstention sera sans doute très élevée parmi ceux qui ont voté pour Mélenchon en avril 2022. De manière générale, seul un net virage à gauche de la FI pourrait briser la dynamique dont bénéficie l’extrême droite.
Le rôle des marxistes
Si la liste des macronistes subit la débâcle annoncée par les sondages, le 9 juin, les groupes d’opposition à l’Assemblée nationale pourraient se décider à voter ensemble une motion de censure. Macron serait alors contraint de convoquer des élections législatives anticipées. Cependant, les petits calculs des uns et des autres – et notamment des Républicains – pourraient permettre à Gabriel Attal de prolonger son voyage vers des abimes d’impopularité.
Dans l’immédiat, le gouvernement multiplie les contre-réformes et les coupes budgétaires. La dégradation de la note de la dette française par l’agence Standard and Poor’s, fin mai, a sonné comme un appel aux armes : « pour protéger les profits des capitalistes, il faut trancher dans les dépenses publiques ! » Les travailleurs privés d’emploi seront encore mis à contribution. Attal a présenté le contenu de la « réforme » de l’assurance chômage : elle réduira de nouveau l’accès à l’indemnisation, mais aussi sa durée, dans un contexte où le chômage repart à la hausse.
Aucun secteur ne sera à l’abri des coupes drastiques et des contre-réformes. La santé, l’éducation et les transports publics, en particulier, feront l’objet de nouvelles attaques. Dans la Fonction publique, de nombreux départs à la retraite ne seront pas remplacés. Tôt ou tard, cette régression sociale permanente provoquera de grandes mobilisations sociales. Elle trouvera aussi une expression dans les organisations réformistes du mouvement ouvrier. L’émergence d’une aile gauche de la CGT – « Unité CGT » – en est un exemple. Il y en aura d’autres.
Les marxistes interviendront toujours plus dans ce processus. Mais dans l’immédiat, notre tâche centrale est de réunir, sous le drapeau du communisme authentique, un maximum de jeunes et de travailleurs qui ont déjà tiré des conclusions révolutionnaires. C’est pourquoi la TMI, dont Révolution est la section française, fondera dans quelques jours une Internationale Communiste Révolutionnaire (ICR). Et c’est aussi pourquoi Révolution fondera un Parti Communiste Révolutionnaire, l’automne prochain. Il n’y a pas de tâche plus urgente, plus pressante, que l’organisation – sous un même drapeau, dans une même Internationale – de tous ceux qui veulent lutter sérieusement pour en finir avec le capitalisme et ses crimes innombrables.