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Assassinat de Brian Thompson : la haine de classe doit s’organiser
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
D’après Revolutionary Communists of America.
Mercredi 4 décembre, le patron de la compagnie américaine d’assurance santé UnitedHealth, Brian Thompson, a été assassiné dans une rue de New York. A la tête de la quatrième entreprise des Etats-Unis, Thompson touchait un salaire annuel de 10 millions de dollars et comptait parmi les personnalités les plus détestées par les travailleurs américains. Et pour cause : son métier consistait à jouer avec la vie et la santé de ses assurés.
Les Etats-Unis sont le pays au monde où la couverture santé coûte le plus cher – 700 $ en moyenne par mois et par personne – et UnitedHealth a la réputation d’être l’assureur qui indemnise le moins ses clients. Sa politique dite de « Delay, Deny, Defend » (« retarder, rejeter et contester » la prise en charge des soins) a poussé des millions de personnes à s’endetter ou à renoncer à se soigner, tandis que les profits de l’entreprise explosaient : ils ont doublé depuis 2017.
Horreur de la classe dirigeante
Les capitalistes américains et leurs représentants ont été saisis d’horreur par cet assassinat : ils ne sont pas habitués à être confrontés aux conséquences de leurs crimes. Tim Walz, l’ex-colistier de Kamala Harris, a déploré « une terrible perte pour la communauté des affaires et de la santé », et le gouverneur de Pennsylvanie, Josh Shapiro a affirmé : « On ne tue pas des gens de sang-froid pour des questions politiques ou pour exprimer un point de vue ».
Craignant que cet acte en inspire d’autres, les dirigeants des 500 plus grandes entreprises des Etats-Unis se sont réunis en urgence pour renforcer leurs protocoles de sécurité. Entre-temps, la police de New York remuait ciel et terre pour trouver le tueur. Elle a annoncé mardi 10 décembre l’arrestation de Luigi Mangione, un ingénieur de 26 ans qui a revendiqué le meurtre de Thompson.
Lors de son arrestation, Mangione portait sur lui un bref manifeste, dans lequel il critique le coût du système de santé « alors que l’espérance de vie des Américains est classée au 42e rang mondial », et dénonce l’avidité des capitalistes du secteur de la santé : « ces parasites l’ont bien mérité ».
Par son acte isolé, ce tueur de PDG a fourni un prétexte pour que la colère qui couvait dans les profondeurs de la société américaine émerge à la surface, à travers une puissante haine de classe. Dès l’annonce de la mort de Thompson, des millions de commentaires ont afflué sur les réseaux sociaux : « Je suis infirmière [et] je ne peux pas éprouver la moindre sympathie pour lui quand je pense à mes patients et à leurs familles », « j’ai soumis une demande de prise en charge pour mes condoléances, mais elle a été refusée, désolée. », ou encore « Ça devrait être la nouvelle norme. MANGEONS LES RICHES. » Près de 100 000 personnes ont réagi par un émoji moqueur au post de UnitedHealth qui annonçait sur Facebook la mort de son dirigeant.
Organiser la colère
Cette explosion de haine de classe a provoqué la stupeur et la colère de la classe dirigeante, mais elle est révélatrice de l’humeur de larges couches de la classe ouvrière : une bonne partie des travailleurs américains sont révoltés par leur situation et veulent se battre contre le système.
Ils en ont été empêchés par les trahisons successives des dirigeants réformistes. Bernie Sanders, qui prônait la création d’un système public d’assurance maladie, s’est rangé finalement derrière les démocrates et a soutenu Clinton, Biden puis Harris – qui y sont hostiles. La « socialiste démocratique » Alexandria Ocasio-Cortez a défendu Biden, même lorsqu’il réprimait une grève des cheminots. Quant aux grands dirigeants syndicaux, ils ont tous soutenu les Démocrates ou les Républicains, alors qu’aucun de ces deux partis ne défend les intérêts des travailleurs. C’est cette succession de trahisons et l’absence de perspective claire qui explique en partie l’acte désespéré de Mangione, qui savait très bien qu’il finirait par se faire arrêter.
Mais de tels actes violents isolés – que les marxistes qualifient de « terrorisme individuel » et auxquels ils s’opposent – ne peuvent avoir aucun impact positif du point de vue de la lutte des classes : le PDG de UnitedHealth sera remplacé par un autre capitaliste tout aussi haïssable, et de nombreux travailleurs américains continueront de souffrir ou de mourir, faute d’accès aux soins. Par ailleurs, de tels attentats servent toujours de prétexte à l’Etat bourgeois pour intensifier la répression et justifier de nouvelles lois réactionnaires.
Plutôt que de se dissiper dans de tels actes isolés, la haine de la classe ouvrière contre le système capitaliste, qui s’est exprimée massivement dans la vague de soutien à Mangione, doit utiliser les armes de la lutte des classes, notamment les grèves et les mobilisations révolutionnaires de masse. Pour cela, la classe ouvrière a besoin de s’organiser. Il lui faut un parti et un programme qui lui permettent de lutter efficacement contre les « parasites » de la classe dirigeante, et d’en finir avec le système capitaliste et sa barbarie quotidienne.
Nos camarades des Revolutionary Communists of America travaillent à construire un tel parti aux Etats-Unis. C’est aussi le travail que nous menons à l’échelle mondiale en bâtissant l’Internationale Communiste Révolutionnaire. Rejoignez-nous !