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    Trump, son arrière-cour et son gros bâton

    Lien publiée le 23 février 2025

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    Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

    Trump, son arrière-cour et son gros bâton

    Trump et son administration prétendent restituer sa grandeur à l’Amérique et revenir à un « Âge d’or ». Mais s’il y a un « avant », avec lequel renouer, il faut bien le situer. Trump, on peut le reconnaître, est assez précis dans cette démarche : il s’inscrit dans une histoire et une cartographie impériales étroitement liées à « l’arrière-cour » latino-américaine de Washington, à l’époque où les USA ont commencé à pratiquer la politique du « gros bâton ».

    Marco Rubio et Donald Trump : leur plan pour redessiner l'Amérique latine –  L'Express

    Il est de bon ton d’asséner, avec une certaine condescendance propre à la vieille Europe, que les États-Unis et les Américains n’ont pas d’histoire, pas davantage qu’ils ne savent réellement se situer sur une carte géographique. Rien n’est plus faux. Depuis sa première campagne pour la Maison blanche, en 2016, jusqu’à ses dernières déclarations, à la suite de son investiture le 20 janvier, l’ensemble des discours de Trump contredit ces deux clichés. À grands coups de « décrets exécutifs » et de « mémorandums », Trump réécrit l’histoire. De la même façon, il redessine la géographie des États-Unis pour mieux sous-tendre le projet que défend son administration en termes de politique étrangère et intérieure.

    Par delà le mélange toujours à dessein, pour mieux brouiller les pistes, avec des références à Martin Luther King, aux fifres et aux tambours de la Guerre d’indépendance ou encore à « This is your Land » du chanteur-compositeur country et communiste Woody Guthrie, l’essence même de l’adresse inaugurale de Trump à la Rotonde du Capitole de Washington, lors de son investiture, tient en ces deux phrases qui tranchent avec les quelques références culturelles progressistes qui ont pu émailler son discours : « L’esprit de la frontière est inscrit dans nos cœurs. L’appel à la prochaine grande aventure résonne dans notre âme ». C’est donc à un espace et à un temps précis que se référait Trump : d’un côté, la « frontière », celle de l’expansion impériale, sa frontière Sud, vers l’Amérique centrale et la Caraïbe ; de l’autre, une époque dorée de l’Amérique toute-puissante, au tournant de la fin du XIXème et du début du XXème. Les marottes de Trump, en effet, ne sont ni l’ère du triomphe néolibéral, des Reagan et des Bush, pas davantage (quoi qu’un peu plus) que l’époque de la Guerre froide. Il puise ses sources d’inspiration plus en amont, dans la période allant de la « Destinée manifeste », au milieu du XIXème, aux présidences de William McKinley et de Theodor Roosevelt. Se dilatant entre le Mexique, Haïti, le Panama et Cuba, Trump ré/écrit une histoire étasunienne, certes grossière, mais qui n’est pas moins révélatrice, à travers le passé, du présent trumpien, de ses aspirations futures comme de ses contradictions. Mais révélateur, également, à travers la réaffirmation du droit de préemption de Washington vis-à-vis de son pré-carré pré-carré historique, de l’avertissement qu’il lance aux anciens partenaires et aux concurrents des États-Unis sur l’échiquier mondial.

    Pistoleros et zombis

    Si le fonds de commerce politique de Trump est suffisamment hétéroclite et kitsch au point de faire peu de cas d’une certaine cohérence et d’un parfait agencement, il faut reconnaître qu’il existe une certaine unité entre son activité première d’ancien businessman et le discours de l’actuel locataire de la Maison blanche : l’immobilier. Au cœur du « rêve américain » – et des pires cauchemars de celui qui aspire à être propriétaire, qu’il s’agisse d’un lopin de terre chèrement gagné sur les « peaux rouges », comme dans tout bon western, ou d’un pavillon enceint d’une jolie pelouse comme dans les films du regretté David Lynch – on retrouve la volonté systématique de délimiter son territoire et de se protéger contre tout intrus pouvant venir menacer l’« American way of life ».

    La première campagne de 2016, autant que la dernière, s’est donc bâtie autour d’un mur à construire et d’indésirables vis-à-vis desquels se préserver. Il y a donc cette fameuse frontière Sud, pour se prémunir de « l’invasion continue de migrants centraméricains » et de la « menace mexicaine » et de ses cartels. Les effets de langage de Trump complètent les « fake news » qui émaillent ses propos pour mieux le faire apparaître sous les projecteurs. En réalité, les premières briques du fameux « mur » discontinu censé protéger les plus de 3000 kilomètres de la frontière Sud des États-Unis avaient été commandées sous Richard Nixon et posées sous l’administration démocrate de Jimmy Carter, en 1978, entre San Yisidro-San Diego (Californie) et Tijuana (Basse-Californie), et entre El Paso (Texas) et Ciudad Juárez (Chihuaha). Le gros de l’ouvrage, lui, a réellement vu le jour sous l’administration Clinton, au cours de la seconde moitié des années 1990 [1]. Trump, en bon agent immobilier, n’a donc jamais fait que reprendre l’arsenal légal et cimentier de ses prédécesseurs démocrates. Par-delà ses rodomontades, au cours de son premier mandat, il n’a d’ailleurs jamais que remplacé 200 km de barrière sur les quelques 1000 km de murs achevés sous Obama. Ce dernier affirmait d’ailleurs, assez fier de lui-même, en mai 2011, à propos de la clôture : « ; class="spip_url spip_out auto" rel="nofollow external">; target="_blank">tous les trucs que [les plus durs des Républicains] ont toujours réclamé, on l’a fait ».

    Après avoir construit son enclos, tel un bon cowboy, il restait donc à Trump à désigner les gêneurs qu’il faut savoir maintenir à distance. Lors de sa première mandature, il s’agissait, notamment, des Mexicains, « des dealers, des criminels, des violeurs », volant donc, aux Américains, leurs emplois, leurs femmes et leurs enfants. Dans l’un de leurs textes de jeunesse les plus fameux, Marx et Engels définissaient la fonction première de l’idéologie comme un outil visant à masquer l’origine, à inverser les rapports réels et à mettre « le monde à l’envers ». En ce sens, la fable des dangereux pistoleros mexicains, racontée par Trump, est l’expression d’un procédé idéologique chimiquement pur : il mobilise un imaginaire matriciel – celui de la frontière Sud, du Rio Bravo/Rio Grande – en faisant oublier que, s’il y a bien des voleurs dans l’histoire, ce sont les États-Unis.

    En effet, à la suite de l’annexion du Texas en 1845 – d’abord enlevée à Mexico en 1836 par des colons anglo-américains pilotés par Washington – les États-Unis se lancent dans une violente invasion du Mexique, entre 1846 et 1848, qui se solde par un texte léonin, le Traité de Guadalupe Hidalgo. Au terme de cette agression, le territoire mexicain se trouve amputé de moitié. Le texte censé définir “la paix, l’amitié, les limites et le règlement définitif [du conflit] entre les États-Unis du Mexique et les États-Unis d’Amérique » est une belle opération de redéfinition de cadastre pour Washington, le tout pour un prix défiant toute concurrence, même pour l’époque : quinze millions de dollars. C’est donc ainsi que se constituent ce que sont, aujourd’hui, les États de Californie, d’Arizona, du Nouveau-Mexique, du Texas, du Nevada, de l’Utah et d’une bonne partie du Colorado, du Wyoming, du Kansas et de l’Oklahoma. Difficile d’imaginer, en 2025, le projet MAGA, la Silicon Valley ou certains bastions électoraux du trumpisme sans ce dépècement en bonne et due forme du Mexique. En termes de rapine, de violation de la souveraineté et d’assassinats à grande échelle, il faut reconnaître que le récit de Trump consistant à inverser les rôles de l’histoire entre les « méchants » et les « gentils » a du piquant.

    L’actuel président ne s’est pas arrêté en si bon chemin lors de sa récente campagne. Dans le but de gagner des points au sein de l’électorat chicano et hispanique, il ne pouvait raisonnablement ressortir en l’état son récit mexicain, émaillé d’exagérations, de raccourcis et de mensonges. C’est ainsi qu’il a dégainé, en septembre dernier, son histoire montée de toutes pièces a propos des migrants haïtiens qui auraient prétendument dévoré les chats et les chiens des sympathiques habitants de la petite ville sans histoire de Springfield, dans l’Ohio. Par-delà la « fake news » grossière, c’est à nouveau l’imaginaire colonial, aux racines inversées, que Trump mobilise, en changeant de théâtre géographique. Il ne s’agit plus de Fort Alamo et de sa défense héroïque par Davy Crockett face aux méchants Mexicains, mais de la menace des zombis haïtiens que Trump agite. Par métonymie, on comprend que celui qui mange l’animal de compagnie d’un brave citoyen n’aurait aucun problème moral à dévorer le maître du toutou et du petit chaton. Dans l’imaginaire hollywoodo-américain, qu’il soit subconscient ou explicite, on appelle cela un zombi. Les « zombie films », sous-genre du film d’horreur US, doivent pour partie leur origine et leur succès initial – on songera, par exemple, à I walked with a zombie (1943) – non seulement à l’équation Haïti-afro-descendance-vaudou-zombi mais également à l’intégration à l’imaginaire impérial étatsunien du péril haïtien qu’il faut savoir garder à distance, contrôler ou, à défaut, mater [2].

    Entre autres services rendus à Port-au-Prince, on songera au fait que Washington, qui a occupé militairement le pays pendant dix-neuf ans, de 1915 à 1934, est à l’origine de multiples coups tordus, et ce jusqu’à aujourd’hui dans un pays où il a ouvertement soutenu la sinistre dynastie des Duvalier père et fils, « présidents à vie » entre 1957 et 1986. Mais pour mieux cacher, paradoxalement, cette tendance à l’immixtion permanente des États-Unis dans les affaires haïtiennes, quoi de mieux que de brandir le spectre du contact à éviter ? En l’occurrence à travers la figure du zombi, version cannibale, dangereuse et cauchemardesque de l’intrus, popularisé par la suite dans la littérature et à l’écran, décliné à l’envi par Hollywood, au point d’en oublier sa matrice néocoloniale. À nouveau, pour des États-Unis qui ont fait de l’intrusion permanente la marque de fabrique de leur politique étrangère, « l’intrus-zombi-haïtien-indésirable » de Springfield est une figure assez aboutie, dans le discours trumpien, de ce « monde à l’envers » qui caractérise si bien son idéologie.

    Plus au Sud, le canal

    Un autre lieu commun éculé sur les États-Unis consiste à affirmer que les affaires internationales n’ont qu’une importance très secondaire dans les débats pour la Maison blanche. Certains discours de campagne de Trump auraient pu confirmer ce cliché si l’on omet de lire l’actuel président entre les lignes. En revanche, dans son adresse inaugurale Trump s’est attaché à briser explicitement ce poncif en rattachant la grandeur passée des États-Unis à la centralité du canal de Panama, le pays étant nommé à six reprises dans son discours [3]. Et de conclure, vis-à-vis d’une voie hautement stratégique pour le commerce mondial, « on va en reprendre le contrôle ». Ainsi, Trump ne mobilise pas seulement l’histoire, mais il s’assoit dessus.

    Le gros-œuvre du percement de ce canal absolument stratégique reliant le Pacifique au Golfe du Mexique et à l’Atlantique et par lequel transitent 5 % des échanges mondiaux commence véritablement en 1903. Son coup d’envoi est un braquage mené en deux temps sous la houlette du président US de l’époque, Theodor Roosevelt, dont on reparlera également plus loin. Lorsque les Conquistadors espagnols prenait possession des nouveaux territoires « découverts » dans la Caraïbe et les Amériques dès la fin du XVème – avant d’y détruire les populations autochtones, de s’approprier leurs richesses et de commencer la déportation d’esclaves Noirs d’Afrique – ils le font, selon l’expression consacrée, « au nom de l’œuvre et de la grâce de Dieu ». Quatre siècles plus tard, les prétextes ont changé mais la logique reste la même. Pour mieux contrôler le canal en construction, ce qui n’est alors qu’une simple région de la Colombie devient un pays, le Panama. Mais cette fois, comme le rappelle le grand écrivain uruguayen Eduardo Galeano, l’opération se réalise et le protectorat US sur Panama voit le jour « au nom de l’œuvre et de la grâce des États-Unis, et de ses navires de guerre » [4]. Pour compléter leur mainmise sur un État nouvellement « indépendant » d’autant plus faible qu’il est taillé sur mesure, Washington met en place un traité selon lequel la jeune république se devra de laisser à son puissant voisin du Nord un contrôle « permanent et perpétuel » sur le canal et sur sa zone. Le Panama devient alors le paradigme de la « république marionnette », avec une seule fonction – le transit des marchandises – alors que ses voisins mésoaméricains – notamment Le Salvador, le Honduras et le Guatemala – se transforment en « Républiques bananières ». Elles aussi sont formellement indépendantes mais elles se retrouvent en réalité sous la tutelle directe du bon-vouloir des multinationales fruitières étatsuniennes qui contrôlent, par hommes de paille interposés, les plantations tropicales d’où sont exportées notamment les bananes destinées à inonder le marché mondial.

    Depuis son inauguration, en 1914, jusqu’à sa dévolution au Panama, en 2000, l’histoire du canal et plus largement du pays est rythmée par une perpétuelle ingérence étatsunienne [5]. On n’évoquera, ici, que deux épisodes qui circonscrivent la période et qui sont assez emblématiques du sort réservé à cette arrière-cour centraméricaine où les États-Unis ont commencé à mettre en pratique leur politique du « gros bâton », selon l’expression menaçante brandie et consacrée par Theodor Roosevelt. Ainsi, en octobre 1925, face à un vaste mouvement de contestation qui secoue les principales villes pays et qui a pour origine une puissante grève des loyers, Rodolfo Chiari, le président de l’époque, invoque l’article 136 de la Constitution de 1904 permettant au gouvernement de demander à Washington de rétablir « l’ordre public ». C’est donc grâce à l’intervention de l’armée étatsunienne que le mouvement est écrasé et que les intérêts de la bourgeoisie locale sont garantis. Entre le 20 décembre 1989 et le 31 janvier 1990, le Panama est le théâtre de la dernière intervention armée étatsunienne sur le continent latino-américain. Sous couvert de lutte contre le trafic de drogue et de défense des principes démocratiques, Ronald Reagan puis son successeur, George Bush, décident de pousser vers la sortie leur ancien ami, Manuel Noriega, homme fort du pays, ayant rendu de fiers services aux États-Unis mais devenu, entre temps, un peu trop encombrant. Face à l’entêtement de Noriega pour rester au pouvoir, Washington déploie 26.000 hommes, bombarde Colón et Panamá et finit par remporter la partie.

    Face à une telle histoire de vassalisation d’un pays souverain, on comprend bien pourquoi Trump ne se priverait pas de « reprendre le canal », ou du moins d’en agiter la menace. C’est d’ailleurs au président panaméen José Raúl Mulino que le secrétaire d’État étasunien Marco Rubio a consacré sa première visite à l’étranger. Malgré les protestations très poliment formulées par Mulino face aux intimidations de Trump, quelque peu tempérées par Rubio lors de son déplacement, sur place, le gouvernement panaméen a fini par rentrer dans le rang et résilier sa collaboration avec le programme des Nouvelles routes de la soie promues par Pékin, principale cible de cette « proxy war » de basse intensité qui a pour cadre la Caraïbe. Derrière les frontières de son pré-carré historique, ce sont d’autres conflits qui se jouent. Et cela vaut, également, pour Cuba.

    Nétanyahou, Zelensky et Guantanamo

    Rubio est un personnage clef de la seconde administration Trump. Le rival d’hier conduit aujourd’hui les affaires étrangères du président. Ancien sénateur de Floride, propulsé sur le devant de la scène à travers le Tea Party, l’une des ailes les plus droitières du Parti républicain, Rubio est aussi et avant tout issu d’une famille d’immigrés cubains farouchement anticastristes. Et qu’importe si les États-Unis sont censés avoir tourné la page de la Guerre froide : Cuba reste une question décisive tant en matière de politique extérieure que pour les questions intérieures, et pas uniquement en raison du poids de la communauté cubano-américaine dans certains États clefs telle que la Floride. En effet, un peu à l’image de ce que Sartre appelait une « névrose française » à propos de l’Algérie – sorte de nœud concentrant tout ce qui peut se faire de plus rance, raciste et réactionnaire en matière de politique hexagonale – Cuba est une véritable « névrose américaine », et pas uniquement parce que Trump a replacé le pays sur la liste des États soutenant le terrorisme et que l’on peut malheureusement s’attendre à un ultérieur serrage de vis du blocus criminel qui frappe l’île depuis 1960. Avec, en arrière-fond, l’histoire des relations cubano-américaines bien avant la victoire de la Révolution de 1959, Cuba a le triste privilège d’occuper, ces dernières semaines, une place de choix dans la mise en scène de la politique trumpienne autour de trois questions clefs que sont Gaza, l’Ukraine et les migrants.

    Le pouvoir s’exerce autant qu’il se représente, en fonction d’effets scéniques extrêmement codifiés et ancrés dans un imaginaire et vis-à-vis desquels tous les détails comptent. Ainsi, parmi les principales pièces de la Maison blanche où sont communiquées ou prises des décisions importantes, deux sont nommées en raison de leur « cubanité ».

    Cuba, pour les ‘Etats-Unis, revêt une importance centrale. L’histoire remonte bien en amont du renversement de la dictature pro-US de Fulgencio Batista par les Barbudos, en 1959 ou de la Crise des missiles d’octobre 1962. Dès le XIXème, en effet, Cuba, qui est l’un des dernières possessions coloniales espagnoles des Indes occidentales avec Puerto Rico et les Philippines, fait l’objet des désirs les plus inavouables d’une partie de la bourgeoisie US. On voudrait l’annexer à l’Union ou, a minima, en faire une province sous la tutelle de Washington. Au cours de la dernière guerre de libération menée par les « mambises » contre Madrid, entre 1895 et 1898, les États-Unis interviennent au dernier moment, pendant quelques semaines, au nom de la défense de la dignité des Cubains, et de leur droit à la liberté. Pour rafler la mise. C’est cette histoire, ou plutôt ces prétextes, que l’on retrouve dans certaines des pièces les plus emblématiques de la résidence des présidents des États-Unis.

    La première est la « Roosevelt room », situé dans l’aile ouest, juste à côté du Bureau ovale. Elle tient son nom, depuis 1974, d’un portrait équestre de Theodor Roosevelt qui figure en évidence au-dessus du pupitre utilisé par ceux qui y prennent la parole. Dans ce tableau réalisé par Tadé Styka, en 1909, Roosevelt n’est pas encore président. On le voit en tenue de chef des « Rough riders », cow-boys engagés volontaires pendant l’intervention étatsunienne à Cuba, en 1898, lorsque, d’un côté, l’île décroche son « indépendance » de la Couronne espagnol et, de l’autre, Washington réussit à prendre le contrôle des trois dernières colonies de Madrid des « Indes » à savoir les Philippines, dans le Pacifique, Puerto Rico et… Cuba. [6].

    Le 5 février, devant Nétanyahou, c’est depuis le Bureau ovale que Trump a présenté son sidérant « projet immobilier » consistant à transformer Gaza en une nouvelle Côte d’Azur après en avoir expulsé les Palestiniens. Mais c’est d’abord dans la « Roosevelt room » que le Premier ministre israélien a été reçu, et cela ne tient pas du hasard protocolaire. Comme nous le disions, en avril 1898, les États-Unis entrent en guerre contre l’Espagne. Le moment est choisi lorsque l’opinion publique bascule à la suite d’un acte de piraterie ou d’autosabordage contre l’USS Maine qui explose dans la baie de La Havane, Madrid étant accusée d’être responsable de l’attentat. C’est donc sous le portrait de l’un des personnages centraux de cette « splendide petite guerre » selon les mots du secrétaire d’Etat de l’époque, John Hay, qui marque le début de l’expansion impériale extra-continentale des États-Unis, que le Premier ministre israélien s’est d’abord entretenu avec Trump. C’est là qu’il a signé le livre d’or de la Maison blanche et qu’il a offert au président étatsunien un étrange bipeur plaqué or, en référence à l’attentat à grande échelle perpétré par les services israéliens contre des cadres et responsables du Hezbollah à Beyrouth, le 17 septembre 2024, recevant en retour les félicitations de son parrain. Trump et Netanyahou ont donc communié dans un même fantasme de nettoyage ethnique sous le regard martial de Teddy Roosevelt, caracolant sur le sol cubain qu’il rêve, en 1898, d’annexer, comme son actuel successeur se voit en nouveau maître de Gaza.

    L’autre dossier ayant connu un changement de cap absolument sidérant et qui continue à évoluer alors que nous rédigeons ces lignes est la question ukrainienne. Trump a en effet décidé de mandater Marco Rubio pour prendre langue directement avec son homologue russe, Sergueï Lavrov, sans même consulter les Européens ni Zelensky qui a même été relégué, le 20 février, au rang de « dictateur ». Zelensky a commencé par se plaindre, avec acrimonie, de cet effacement. Pour lui éviter cette déception, ses conseillers auraient dû davantage réviser leur topographie de la Maison blanche. L’une des autres pièces emblématiques – et cubaines – de la résidence présidentielle est en effet la « Treaty room ». Située au second étage, faisant partie des appartements privés du président et servant de bureau de travail, l’importance symbolique de la « Treaty room » est suffisamment décisive pour en faire un endroit clef des grandes déclarations solennelles des présidents étatsuniens [7]. La pièce est ainsi nommée en référence au principal tableau qui y figure, « La signature du protocole de paix entre l’Espagne et les États-Unis le 12 août 1898 » de Théobald Chartran (1899). Y sont représentées, donc, les négociations en vue du Traité de Paris du 10 décembre 1898 qui signifie la fin de la domination espagnole sur les Philippines, Puerto Rico et Cuba, les États-Unis étant intervenus, officiellement, en défense de la liberté des peuples opprimés.

    La particularité de cette séquence assez symbolique de la diplomatie étatsunienne est l’absence des premiers concernés de ces négociations. En effet, aucune délégation philippine, portoricaine ou cubaine n’a jamais été conviée à participer aux discussions quand bien même les patriotes philippins et cubains jouent, en 1898, un rôle de premier plan sur le théâtre des opérations, bien davantage que les tuniques bleues. Il se trouve qu’au cours des quelques mois que dure le conflit entre les États-Unis et l’Espagne, entre avril et août 1898 [8], les États-Unis ne font la différence sur l’Espagne qu’au niveau de leur puissante marine de guerre. Sur le terrain, en revanche, leurs soldats se retrouvent bien à la peine du point de vue de l’engagement militaire [9]. Après la paix, signée sous l’égide de la France, la presse étatsunienne en viendra même à parer les ennemis d’hier, les Espagnols, de vertus chevaleresques. À l’inverse, les combattants cubains et philippins, auxquels les militaires américains refusent même le droit de défiler ou de célébrer le départ des troupes de Madrid, sont qualifiés de soudards, accusés d’indiscipline et de désorganisation. Comme on le voit, Zelensky n’aura pas été le premier à jouer le rôle de dindon de la farce sur l’autel des intérêts et des brusques volte-face de la diplomatie étatsunienne. Les hommes de paille cubains ou philippins de la fin du XIXème en savent quelque chose.

    Enfin, il existe un troisième dossier vis-à-vis duquel l’imaginaire impérial étatsunien à l’égard de Cuba a été explicitement mobilisé ces dernières semaines. Il s’agit de la question des « migrants » et des « clandestins » dont Trump a fait, comme chacun le sait, un cheval de bataille. Pour accompagner la médiatisation des rafles de personnes en situation irrégulière sur le sol étatsunien Trump a promis d’étendre à 30.000 places les capacités d’internement du camp de rétention de la Base navale de Guantanamo, enclave étasunienne située sur le sol cubain depuis 1903 [10]. C’est là que devraient être expédiée « la lie de la terre » [«  worst of the worst »], selon les termes de celui que Trump a surnommé son « tsar aux frontières », Tom Homan. Guantanamo est donc un autre concept/espace totémique, tout droit sorti des images d’Épinal les plus sinistres issues de l’histoire étatsunienne dans la Caraïbe.

    A la suite du Traité de Paris de 1898, mais à la différence du sort réservé à Puerto Rico et aux Philippines, Washington est contraint de concéder une indépendance formelle à Cuba. Mais pour mieux la quitter tout en y restant, les présidents McKinley puis Roosevelt adjoignent à la Constitution de la jeune république un texte, l’Amendement Platt. Ce texte léonin accorde aux États-Unis un droit d’immixtion permanent et la possibilité d’intervenir militairement sur l’île. Pour compléter ce dispositif qui ne sera abrogé par La Havane qu’en 1934, l’administration Roosevelt impose un autre traité qui octroie de façon permanente et sans limite de temps une concession de 117km2 dans la baie de Guantanamo, dans l’Est de l’île. C’est là que Washington entreprend de construire la base navale qui existe encore aujourd’hui.

    Préexistant, donc, à la Guerre froide, et lui survivant, Guantanamo incarne la toute-puissance impériale étatsunienne dans la région, la violation durable de la souveraineté d’un pays indépendant – ce que dénonce le gouvernement cubain depuis 1959 – mais également un régime d’exception territorialisé. Ne tombant pas sous la coupe de la juridiction fédérale tout en étant un territoire étatsunien, c’est ainsi à Guantanamo que l’administration Bush décide notamment d’ordonner la détention « d’ennemis combattants », à savoir de personnes suspectées de collusion avec Al Qaeda et d’autres groupes terroristes, arrêtées en Afghanistan, en Iraq et ailleurs au Proche et Moyen-Orient, mais ne pouvant se prévaloir ni d’un statut de prisonnier de guerre comme le prévoit les Conventions de Genève, ni d’un statut de droit commun. Ce sont jusqu’à 800 personnes, peut-être davantage, qui vont transiter par Guantanamo sous l’administration Bush, être détenues sans accusation ni jugement, torturées et brisées. Quand bien même le nombre de détenus se serait considérablement réduit – ils seraient moins d’une dizaine, aujourd’hui – ni Obama, ni Biden n’ont réellement voulu fermer ce que l’ancien conseiller à la communication de Trump, Anthony Scaramucci, qualifiait encore récemment de « camp de concentration ».

    Mais qu’on ne crie pas trop facilement au scandale, a rectifié Pete Hegseth, l’actuel secrétaire à la Défense de Trump à la suite des déclarations fracassantes de son patron : les migrants « dangereux » expulsés vers Guantanamo avant d’être réexpédiés ailleurs ne seront pas retenus dans la Prison militaire de haute sécurité (GITMO), mais dans un autre camp de la base. Hegseth connaît bien les lieux puisqu’il y a servi de geôlier aux « combattants illégaux » avant d’être déployé comme officier en Iraq puis en Afghanistan et devenir, après 2014, l’un des présentateurs vedette de la chaine Fox News. Univers impérial, concentrationnaire et télévisuel, la « lie de la terre » de l’administration Trump sait de quoi elle parle.

    Menaces impériales et Baie des Cochons

    Dans ses usages et mésusages de l’espace et de l’histoire, Trump et ses amis dessinent une « cartographie MAGA » qui en dit long sur leurs projets actuels. Elle va du Denali – ce sommet de 6190 mètres en Alaska, le plus haut de l’Union, rebaptisé Mont McKinley en abolissant la référence à la langue athabascane – jusqu’au Golfe du Mexique renommé Golfe d’Amérique, également par décret présidentiel ; du canal de Panama, que Trump prétend vouloir « reprendre », à la Base de Guantanamo dont il entend augmenter les capacités carcérales. Son projet s’étend en réalité au-delà du strict pré-carré historique puisque l’entourage proche de l’actuel locataire de la Maison blanche n’a pas fait mystère de ses visées expansionnistes en direction du Canada, du Grand Nord en général et du Groënland en particulier.

    Trump ne fait pas simplement de la rhétorique. Ses coups de bluff sont davantage que de simples coups de pression. Ses références suprémacistes et impérialistes gommant tout ce qui serait précolombien ou qui sortirait, tout simplement, du creuset WASP, ne sont pas uniquement des concessions aux secteurs les plus réactionnaires de sa base sociale et électorale. Trump manie un langage illocutoire : comme avant lui ses prédécesseurs ont manié le « gros bâton » à l’adresse de leurs voisins, les mots avancés par Trump ont un sens qui est censé faire mal, menacer et mettre au pas avant de passer à l’action. C’est une « répétition », sur le plan discursif, de ce dont il se prétend capable de faire. Face à la déclinaison de la nouvelle « Americana » trumpienne ces dernières semaines autant que face au discours du Vice-président à la Conférence de Munich sur la sécurité, les partenaires-concurrents européens de Washington sont comme sonnés. Les gouvernements latino-américains qui ne seraient pas complètement alignés sur Washington font mine de protester mais rentrent dans le rang. La séquence actuelle et son accélération sont avant tout le symptôme de la façon dont les rivalités inter-impérialistes pourraient s’aiguiser encore plus rapidement que ce que ne l’escomptaient certains et trouver, sur des théâtres non directement centraux, un lieu d’affrontement tarifaire et commercial, voire politique et militaire.

    Au fil de ses discours à la fois grondants et comminatoires, pour quelle raison Trump ressert-il le « corolaire Roosevet de la Doctrine Monroe » ? A la différence de 1823, lorsque le président Monroe dessine les contours de sa politique extérieure la question n’est pas de réaffirmer que « l’Amérique est aux Américains » [11]. Les États-Unis, qui ont vu le jour moins d’un demi-siècle avant font alors face aux velléités de retour en force des puissances coloniales européennes de l’époque – on songera à une Grande-Bretagne qui a dû reconnaître l’indépendance de ses anciennes Treize colonies, ou à la Couronne espagnole qui, au début des années 1820, a définitivement perdu le contrôle de ses possessions dans les Indes mais ne s’avoue pas vaincue pour autant. Pour Trump autant que pour Roosevelt qui donne, en 1904, une autre interprétation de la Doctrine Monroe appelé « corolaire » par les historiens, l’Amérique doit revenir aux Américains… du Nord. D’où la réaffirmation de ce projet « hémisphérique », la diplomatie étatsunienne désignant par « Hémisphère occidental » l’ensemble du continent américain, de l’Alaska à la Terre de feu en passant par la Caraïbe.

    La cible, pour l’impérialisme étatsunien, ce ne sont pas tant leurs partenaires et concurrents européens que la Chine. Marco Rubio a d’ailleurs précisé les contours géostratégique de cette politique hémisphérique expansive lors d’une interview donnée sur Fox News : « Mettre en avant l’Amérique veut d’abord dire protéger notre région, en maintenant hors de nos villes des drogues aussi mortelles que le fentanyl, en expulsant les migrants illégaux et les criminels, et en stoppant l’influence économique, technologique et politique de la Chine communiste dans notre Hémisphère ». Un impérialisme est d’autant plus agressif qu’il est dans sa phase de projection ou, à l’inverse, qu’il assiste au déclin de sa capacité hégémonique. Trump tape donc du poing sur la table, aboie et vocifère d’autant plus fort que le but est de maquiller cette détérioration de la puissance hégémonique. Il réaffirme donc, à longueur d’intervention, qu’en plus d’être un « pré-carré », « l’Hémisphère occidental » est la « chasse-gardée » exclusif de Washington. Le propos de Rubio ne saurait être plus transparent, lui qui passe du concept « d’Amérique d’abord » au pronom possessif « notre », pour parler de la région qui ne peut qu’exister que dans l’orbite de Washington, avant de finir, tout bonnement, par s’adjuger un droit de regard absolu et sans partage sur l’intégralité du continent (« notre Hémisphère »), notamment face à la Chine.

    Néanmoins, en malmenant l’histoire et la géographie américaines et caribéennes, Trump oublie peut-être un peu trop rapidement que si les gouvernements courbent souvent l’échine devant les menaces de Washington, il pourrait en être différemment du côté de ceux qui ont fait et qui font, précisément, l’histoire, à savoir les peuples de la région et le monde du travail. Alors que quelques semaines nous séparent, en février 2025, du cinquantième anniversaire de la chute de Saïgon, moment clef du début du déclin de l’hégémonie étatsunienne à échelle mondiale – contrebalancée au cours des décennies suivantes par le démantèlement du Bloc soviétique et le maintien de la primauté étatsunienne à échelle mondiale, faute de concurrents – c’est pourtant dans son pré-carré que Washington a enregistré sa première défaite militaire, à la Baie de Cochons, en avril 1961. C’est sans doute tout le meilleur que l’on peut souhaiter à Trump et à ses acolytes, des deux côtés de l’Atlantique, pour qu’ils ravalent leur prétention à réécrire l’histoire et à redessiner la carte du monde en fonction de leurs intérêts.

    NOTES DE BAS DE PAGE


    [1] De façon assez révélatrice du continuum impérial, par-delà les continents, on notera qu’au cours des premières décennies de son édification, le mur est fait de grandes plaques de tôle, hautes de 5 à 8 mètres, hérissées de barbelés, provenant des entrepôts de l’armée, et qui avaient servi à la mise en place de zones d’atterrissage pour les hélicoptères militaires pendant la guerre du Vietnam.


    [2] En reprenant, en boucle, cette histoire de « pet eaters », Trump et son actuel vice-président James D. Vance sont en effet allés bien au-delà de la reprise classique du danger des « Four H » en cours au début des années 1980 chez les politiciens US. Il s’agissait, alors, de stigmatiser, ségréguer et tenir à distance car menaçant de contaminer la santé des Américains au cours de l’explosion de l’épidémie de Sida-HIV les « homosexuels, héroïnomanes, hémophiles et les Haïtiens ».


    [3] À titre de comparaison, on songera au fait que Trump n’évoque à aucun moment dans son discours du 20 janvier les partenaires historiques de Washington, l’Europe et les pays de l’UE pas davantage que le Japon. Il ne fait aucune allusion à la guerre en Ukraine mais fait référence à deux reprises à la Chine – en lien, précisément, avec l’exploitation du canal – une fois à son voisin mexicain – menacé de voir sa frontière militarisée si la présidente Sheinbaum n’intervient pas plus activement pour faire cesser les flux de migrants – et, en l’occurrence, au Panama à six reprises. Étrange asymétrie, et aucunement un traitement de faveur, pour ce petit pays d’Amérique centrale.


    [4] Dans ce qui se dessine comme son pré-carré méso-américain et caribéen, Washington ne fait jamais que mettre en place la politique de la canonnière et de la fragmentation territoriale que pratiquent à l’époque les impérialistes européens. On songera à la façon dont procèdent les Britanniques vis-à-vis de la péninsule arabique à la suite du dépeçage de l’Empire ottoman, avec la constitution de monarchies fantoches visant à s’assurer encore plus étroitement le contrôle des ressources pétrolières de la région.


    [5] Si le traité de 1903 n’évoque pas de rétrocession du canal au Panama, c’est finalement en 1977, sous la présidence Carter, que Washington promet au président panaméen de l’époque, Omar Torrijos, que le pays retrouvera sa souveraineté sur la voie maritime. C’est ce qui advient en 2000 et ce que reproche, précisément, Trump à Carter dans son discours d’investiture (« on nous a malmené, après ce cadeau insensé qui n’aurait jamais dû être fait, et le Panam a pas tenu ses promesses à notre égard »).


    [6] Il existe, dans la « Roosevelt room », un autre portrait d’un des membres de la dynastie Roosevelt, en l’occurrence Franklin Delano, neveu du premier, emblématique président démocrate du New Deal et de la Seconde guerre mondiale. Ce dernier instaure, vis-à-vis des États latino-américains, un tournant en matière de politique étrangère, en rupture avec celle du « gros bâton » codifié par son oncle, au profit d’un rapport de « bon voisinage » [« good neighbor policy »]. Il s’agit d’un changement qui est tout autant dicté par la situation objective (la crise économique oblige Washington à se resserrer sur des problèmes immédiats et domestiques) que par la nécessité de désamorcer de possibles explosions sociales et politiques dans l’arrière-cour étasunienne et qui auraient pu, à terme, la fragiliser.


    [7] C’est par exemple de cette pièce que Bush a déclaré le début de la guerre contre l’Afghanistan, le 7 octobre 2001. C’est depuis ce même endroit que Biden a annoncé le départ des troupes de Kaboul, vingt ans plus tard.


    [8] Côté philippin, le conflit avec la métropole espagnole commence dès 1896, les indépendantistes cubains ayant déjà mené, de leur côté, une première guerre entre 1868 et 1878, la seconde ayant été lancée en 1895, soit bien avant le début de l’intervention des États-Unis qui vont entrer dans le conflit opposant Madrid et ses possessions coloniales comme un troisième larron pour en tirer le plus grand profit.


    [9] C’est d’ailleurs ce qui rend le sujet du tableau de Roosevelt dont nous parlons plus haut encore plus ironique dans la mesure où il est censé être représenté lors de la seule et unique bataille réellement combattue par les troupes étatsuniennes sur le sol cubain, sur la colline de San Juan, près de Santiago de Cuba, le premier juillet 1898. Le rôle qu’y jouent Roosevelt et ses cavaliers volontaires est largement surdimensionné pour mieux occulter l’engagement du 23ème régiment d’infanterie… qui était un régiment « de couleur ».


    [10] Le chiffre avancé par Trump est, selon tous les experts, absolument fantaisiste, la Base n’ayant aucunement les capacités logistiques de recevoir autant de monde, y compris dans des conditions inhumaines. L’essentiel du discours de Trump tient à la mobilisation du terme « Guantanamo » pour marquer l’opinion publique.


    [11] Aure concordance de l’histoire, c’est depuis ce que l’on appelle aujourd’hui la « Treaty room » que Monroe aurait rédigé le texte de ce qui est connu comme « Doctrine Monroe ».