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Nouveau gouvernement, dissolution, … : quels scénarios après le 8 septembre ?
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Nouveau gouvernement, dissolution, … : quels scénarios après le 8 septembre ?
Alors que la chute de Bayrou est dorénavant quasi-inévitable, la crise politique s’approfondit. Dans une situation qui menace d’ouvrir sur une crise de régime, plusieurs scénarios pourraient advenir. Pas de bonnes solutions pour les classes dominantes, mais l’important est d’imposer l’austérité.

Alors que l’Himalaya budgétaire semblait impossible à franchir au regard de la polarisation provoquée au sein de la population par les annonces du 15 juillet, François Bayrou a tenté un coup de poker en demandant un vote de confiance le 8 septembre. La manœuvre visait autant à tenter d’esquiver le retour des mobilisations de rue le 10 septembre qu’à faire pression sur les oppositions. Mais s’il pariait sur l’abstention du RN, le coup de poker de Bayrou s’est soldé par un échec total. Le parti d’extrême droite a annoncé immédiatement son intention de faire tomber le gouvernement, tandis que le PS a désavoué le Premier ministre quelques heures plus tard.
Quasi certain d’être renversé, sauf retournement in extremis de la situation, la décision de Bayrou précipite un nouvel approfondissement de la crise politique, qui de fait menaçait déjà de revenir à l’automne à l’occasion de l’examen du budget 2026. Si de nouveaux développements de la crise sont à prévoir, ce nouveau saut pourrait déboucher sur une crise de régime plus ouverte, au moment où les classes dominantes n’ont aucune bonne option pour l’après-Bayrou. Surtout pour la première fois depuis la séquence ouverte par la dissolution, la crise s’aiguise dans une séquence qui pourrait être marquée par le retour du mouvement social. Alors que le 10 septembre menace de cristalliser la rage suscitée par le budget 2026, plusieurs scénarios pourraient advenir.
Macron a un plan pour l’après-Bayrou, mais pas de bonnes solutions
Alors que Macron jugeait, ce mercredi, lors du Conseil des ministres, qu’il était encore possible d’éviter la chute de Bayrou et exhortait ses troupes à rallier le Parti socialiste au bloc central, le chef de l’État ne semble pas vraiment se faire d’illusions sur la chute du Premier ministre. « Plusieurs interlocuteurs du président le disent lucide sur l’espérance de vie du Premier ministre » pointe notamment Le Figaro, certains s’étonnant même de « l’optimisme de façade qu’il s’efforce d’afficher ».
Dans ce contexte, comme le rapporte le journal patronal, le président prépare déjà l’après-Bayrou. Comme le note le journal, « une fois que François Bayrou aura été renversé, Emmanuel Macron va en fait se donner un peu de temps pour nommer un nouveau Premier ministre, idéalement issu de la droite et du centre, sans être incompatible pour autant avec la gauche sociale-démocrate. L’intéressé va lui aussi se donner un peu de temps avant de composer son gouvernement. Puis ses ministres vont à leur tour se donner un peu de temps avant de faire leurs propositions budgétaires. Façon pour tout ce petit monde de gagner du temps… Jusqu’à ce qu’il ne reste plus beaucoup de temps. Cela permettrait de créer une forme d’urgence, qui pourrait pousser les oppositions à laisser passer un budget – même imparfait à leurs yeux –, afin que les municipales de mars ne soient pas percutées par une censure ».
D’ores et déjà, plusieurs noms ont été évoqués. Aux côtés de Catherine Vautrin et de Gérald Darmanin, c’est Sébastien Lecornu, actuel ministre des Armées, qui semble avoir les faveurs de l’Élysée. Toutefois, cette stratégie de temporisation se heurte à beaucoup de contradictions.
D’une part, le maintien d’un gouvernement démissionnaire et un nouveau passage en force antidémocratique risquent de s’affronter à la colère de l’opinion. Quant à le maintenir jusqu’à l’examen du budget pour le faire passer sans qu’il soit possible de faire tomber le gouvernement puisque celui-ci n’existe plus sur le papier, cela apparaît impensable tant cela jetterait de l’huile sur le feu, bien qu’elle soit constitutionnellement valide, selon Benjamin Morel.
D’autre part, rien ne dit que le macronisme pourra à nouveau sceller une alliance avec les LR, alors que des doutes émergent dans le parti à l’approche des présidentielles. Comme l’explique un cadre à Public Sénat, « le vrai sujet pour LR, aujourd’hui, c’est ce que l’on fera après la chute de François Bayrou. Faut-il continuer de participer à une éventuelle coalition avec les macronistes ? Cela dépendra, bien sûr, de son successeur. Mais si l’on reste, il faudra renouveler nos conditions ». Quant au PS, si plusieurs secteurs poussent clairement à un accord de non-censure avec Renaissance pour gouverner, la perspective d’un budget à 20 milliards d’austérité – soit une division par deux comme le revendique le PS – semble pour l’heure inconcevable pour les classes dominantes. Sans changement sur ce point, il est peu probable qu’il souhaite « monter sur le Titanic à la veille des municipales, même si vous nommez Bernard Cazeneuve Premier ministre » note Morel, dans une longue interview au Point. Si le parti est passé maître dans l’art des trahisons, reste qu’un Premier ministre issu de ses rangs dissuaderait très certainement la droite, radicalisée par la nouvelle présidence Retailleau.
Surtout, la nomination d’un nouveau gouvernement ne changerait pas grand-chose au problème si l’orientation ultra-austéritaire adoptée par Bayrou est conservée par le nouveau Premier ministre : « En choisissant la radicalité du vote de confiance, il met en revanche son successeur dans une impasse. Car que se passe-t-il après sa chute ? Macron devra nommer un Premier ministre très vite, alors que, dès le 7 octobre, un budget doit être déposé sur le bureau de l’Assemblée. En un mois, même si une partie du travail technique est déjà faite, il sera clair qu’aucune majorité ne se dégagera si on ne change pas les fondements du budget », ajoute-t-il.
Pour le Financial Times, porte-parole des marchés financiers, l’absence de majorité n’est pas un obstacle en soi, à condition de savoir passer en force, en utilisant les instruments antidémocratiques de la Ve République : « Autrement, le gouvernement pourrait choisir de prolonger les débats parlementaires de manière à ce qu’aucun vote n’ait lieu dans les 70 jours suivant le dépôt du budget, ouvrant ainsi la voie à l’adoption du budget par décret exécutif, conformément à l’article 47 de la Constitution française ».
Autre option : un gouvernement technique, qui se limiterait à maintenir le statu quo. Mais face aux marchés financiers, qui ont mal réagi à l’annonce du vote de confiance, et au patronat, qui exige des solutions radicales pour maintenir ouvert le robinet des aides publiques en redressant le déficit pour continuer à pouvoir s’endetter en pleine guerre commerciale, cette solution n’est pas non plus satisfaisante. En outre, dans le contexte d’une potentielle éruption contre l’orientation anti-ouvrière de Bayrou, la perspective d’un nouveau coup de force antidémocratique ou celle d’un gouvernement faible ne sont pas prêtes d’éteindre la colère sociale.
Dissolution, référendum : quels scénarios ?
Reste donc les outils bonapartistes de la Constitution. Dans une interview à L’Humanité, le constitutionnaliste Dominique Rousseau évoque l’hypothèse d’un référendum, mais se montre sceptique sur les effets d’une manœuvre plébiscitaire, d’autant qu’elle exposerait directement le président, dont la démission est désormais ouvertement plébiscitée par 67 % de la population : « Provoquer un référendum, par exemple sur la dette. Mais ce serait risqué. Si le gouvernement est renversé sur la question budgétaire, il y a fort à parier qu’un référendum sur le même sujet serait perdu ».
Reste le scénario de la dissolution, qui fait son grand retour dans la presse. Mais ici encore, c’est un chemin de croix, juge Benjamin Morel : « Dissoudre, très bien… mais pour faire quoi ? Si c’est pour retrouver une Assemblée sans majorité, comme on l’a dit tout à l’heure, ça ne résout rien. Dans le meilleur des cas, vous avez un hémicycle ressemblant à l’actuel, où l’on arrive péniblement à faire tenir des gouvernements et à faire passer un budget. Dans le pire des cas, vous avez une majorité absolue RN–LFI… mais qui ne peut pas gouverner faute d’entente. Cela veut dire qu’il n’y a pas, structurellement, de majorité possible entre des formations dites de gouvernement ».
Mais, si la manœuvre risque de renforcer la crise politique, elle pourrait avoir le mérite pour les classes dominantes d’essouffler le mouvement social, comme l’explique à nouveau Rousseau : « Une dissolution pourrait réduire l’impact des mouvements sociaux. Elle déplacerait le débat de la rue vers les urnes. Macron pourrait dire aux Français : “Ce n’est pas la peine de bloquer le pays, je vous donne la possibilité de voter” ». En d’autres termes, offrir à l’extrême droite la possibilité de remporter les élections pour éviter le renforcement d’un mouvement social. D’ores et déjà, le RN est sur le pied de guerre pour d’éventuelles élections anticipées qu’il appelle de ses vœux : « S’il est un président responsable, il se tourne vers les Français, il dissout l’Assemblée et il leur dit “donnez une majorité” », expliquait ainsi Sébastien Chenu sur CNews.
Une option jugée « assez inéluctable » par l’ancien Premier ministre Édouard Philippe : « Je crois avoir compris que le président ne voulait pas dissoudre mais n’excluait pas de devoir le faire. Qu’il ne le veuille pas, c’est possible. Qu’il n’exclue pas de devoir le faire, c’est raisonnable. Parce que si rien ne se passe, si aucun gouvernement ne peut préparer aucun budget, comment règle-t-on cette question ? Par la dissolution. Ce n’est pas du tout ce que je souhaite. Mais je mettrais en garde ceux qui affirment avec beaucoup de sérénité qu’elle est impossible. Je pense qu’elle est assez inéluctable ».
Alors que la situation en cours est extrêmement volatile, l’annonce du vote de confiance a précipité et aggravé la crise politique tout en rendant plus difficile l’adoption du budget. Pire encore, en cas de blocage politique durable, elle menace d’entraîner une crise de régime plus aiguë encore. Dans ce cadre, il est de plus en plus probable que Macron devienne la prochaine cible de la colère sociale, une perspective qui fait trembler les classes dominantes. En parallèle, la crise budgétaire ne va aller qu’en s’accentuant, tandis qu’une irruption du mouvement social et la possibilité d’un mouvement de masse pourraient attiser la crise de régime.
Dans cette situation, la priorité doit être de construire la mobilisation la plus large possible dans la rue, le 10 septembre. Plutôt que de laisser le développement de la crise entre les mains des classes dominantes, qui sauront l’arranger en fonction de leurs intérêts, l’urgence est de construire une riposte par en bas. La classe ouvrière, les classes populaires et la jeunesse, qui ont manifesté par millions contre la réforme des retraites en 2023, doivent intervenir dans la crise politique, autour d’un programme contre l’austérité, les licenciements, mais aussi contre le réarmement, pour dégager Macron et les institutions pourries de la Ve République.




