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Kanaky : 172 ans de colonisation, ça suffit !
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Kanaky – Nouvelle-Calédonie : 172 ans de colonisation, ça suffit ! | L’Anticapitaliste

Depuis l’annexion de la Nouvelle-Calédonie en 1853, le peuple kanak n’a cessé de lutter contre les effets de la colonisation : spoliations, violences, marginalisation démographique et sociale. Si l’accord de Nouméa en 1998 a ouvert une voie vers la souveraineté, les blocages politiques et les choix stratégiques de l’État français remettent en cause ce processus. Macron a adopté la vision des anti-indépendantistes d’une recolonisation.
Il doit finir le temps des colonies !
Le 24 septembre 1853, la France prend possession de la Nouvelle-Calédonie. Cette annexion déstabilise l’organisation sociale kanak structurée depuis plus de 3 000 ans. Dès lors s’ouvrent plusieurs décennies d’affrontements, de massacres et de déplacements des populations.
En 1864, l’administration coloniale implante un bagne qui accueillera près de 21 000 prisonnierEs. Le régime de l’indigénat, instauré par la suite, assujettit la population autochtone à une législation discriminatoire et permet l’appropriation de vastes terres au profit des colons. À cela s’ajoutent les maladies importées contre lesquelles les Kanak n’ont aucune immunité. Résultat : une chute démographique vertigineuse, de 150 000 habitantEs estiméEs au 18e siècle à seulement 27 000 au début du 20e.
Une promesse de décolonisation…
Entre 1946 et 1984, malgré la fin de l’indigénat, la France ne s’engage pas dans la décolonisation des territoires autonomes comme le lui imposait une résolution de l’ONU de 1960. Pire, voyant que la population kanak s’accroissait à nouveau jusqu’à cent mille membres, le Premier ministre Messmer, le père spirituel de Lecornu, encourage la venue de métropolitains sur le territoire pour la mettre en minorité.
Le peuple kanak n’a jamais cessé de se soulever contre ces politiques de colonisation, depuis les révoltes des grands chefs Ataï en 1878 et de Noël en 1917 jusqu’aux insurrections entre 1984 et 1988 et le soulèvement de mai 2023. Malgré cela, le peuple kanak a partagé son droit à l’autodétermination avec les victimes de l’histoire, descendantEs de déportéEs, migrantEs de Polynésie ou d’autres régions du monde venuEs s’installer sur le territoire. C’est ce qui a ouvert le processus de décolonisation irréversible acté dans l’accord de Nouméa de 1998. Il crée notamment deux corps électoraux gelés pour les référendums d’autodétermination et les élections provinciales, permettant de construire la communauté de destin du futur État souverain. Il engage une période de transition pour préparer socialement et économiquement l’indépendance.
… non tenue
Mais dès 2018, Macron annonce sa stratégie géopolitique pour l’Indo-Pacifique et relègue le droit du peuple kanak derrière ses intérêts diplomatiques. Après une montée en puissance de la volonté d’indépendance aux référendums de 2018 et 2020, il profite de la pandémie de Covid pour imposer la date du troisième référendum pendant la période de deuil des Kanak. Cette consultation boycottée par les indépendantistes a obtenu seulement 43 % de participation et a confisqué le processus de décolonisation. S’appuyant sur ce résultat, Macron engage alors la recolonisation avec le dégel du corps électoral en 2024.
La recolonisation à la sauce Macron, Valls, Lecornu
Le soulèvement du 13 mai 2024 est une réponse au passage en force de l’État français et à la rupture du processus de décolonisation des accords de Nouméa. Il marque aussi les manquements dans l’accès à l’emploi de la jeunesse, la négation de l’identité kanak et une radicalisation des anti-indépendantistes de la Province de Nouméa soutenuEs par Macron et Lecornu. Cette révolte subit alors une très forte répression.
En mai 2024, Valls réunit un conclave à Deva. Il pose les bases d’un État souverain associé à la France. Ce sont les anti-indépendantistes qui refusent cette solution et Macron accède à leurs objections en engageant une discussion à huis clos en juillet à Bougival. Il en ressort un projet d’accord pour créer un État de Nouvelle-Calédonie. Mais celui-ci ne dispose d’aucune compétence régalienne nouvelle. Il crée une nationalité calédonienne soumise à la nationalité française. L’identité kanak est tellement niée que le mot « kanak » n’apparaît que deux fois dans tout le texte.
Il est temps pour Macron et Lecornu d’entendre raison et de revenir au processus de décolonisation, à l’impartialité de l’État et à l’esprit de consensus prévu par les accords de Nouméa :
∙ Les élections provinciales doivent avoir lieu en novembre 2025.
∙ La Kanaky – Nouvelle-Calédonie doit accéder à la pleine souveraineté avant 2027.
∙ Un projet de société inclusif, solidaire et durable doit être élaboré avec la prise en compte de la légitimité coutumière et la souveraineté des chefferies, et avec l’ensemble de la société civile, les autorités religieuses et les autorités coutumières.
Il doit finir le temps des colonies !
François, comité Montreuil
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Répression et justice coloniale
L’annonce du dégel du corps électoral en 2024 a été vécue comme un coup de force par le mouvement indépendantiste.
Pour le FLNKS, cette décision piétine l’accord de Nouméa et rouvre une logique coloniale. Le 13 mai, une mobilisation d’ampleur éclate : elle exprime non seulement le refus d’une recolonisation, mais aussi la colère de la jeunesse face au chômage massif, à l’inégalité d’accès à l’emploi et à la négation persistante de l’identité kanak.
14 morts et des centaines d’arrestations
La gendarmerie réprime violemment le soulèvement. En quelques jours, 14 personnes trouvent la mort, dont 13 Kanak et un gendarme. Aucune enquête indépendante n’est ouverte sur les circonstances de ces décès. En revanche, les arrestations se multiplient : le camp Est, ancien bagne colonial, devient rapidement saturé. En tout, près de 70 prisonniers sont transférés vers la métropole, à 17 000 kilomètres de leurs familles, rendant leur défense extrêmement difficile.
La CCAT dans le viseur
La répression vise particulièrement la CCAT (Cellule de coordination des actions de terrain), organisation mise en place par le FLNKS pour mobiliser la population. Sept de ses membres sont inculpéEs puis déportéEs dans différentes prisons françaises. Leurs papiers sont confisqués, ils et elles n’ont droit qu’à un « passeport vert » qui ne leur permet pas de sortir de France. Christian Tein, le président du FLNKS, est mis immédiatement à l’isolement. Il y restera 10 mois. Il aura fallu le dépaysement de l’enquête en France pour que la justice les libère. Mais ils et elles restent sous contrôle judiciaire et n’ont plus de carte Vitale pour accéder aux soins médicaux. Leur éloignement entraîne des coûts exorbitants pour leurs proches, qui doivent financer voyages et frais de justice. Pour les militantEs indépendantistes, cette dispersion relève d’une stratégie destinée à isoler et affaiblir le mouvement.
Le drame de Plum : la vie d’un Kanak ou d’un Wallisien ne compte pas
Le ratio forces de l’ordre/population est trois fois plus élevé en Nouvelle-Calédonie qu’en France. De jeunes gendarmes, qui ne connaissent rien au pays, réagissent dans la panique avec des réflexes inadaptés. Les patrouilles sont omniprésentes, les Kanak et les OcéanienNEs sont systématiquement fouilléEs, contrôléEs.
C’est ainsi que le drame est survenu à Plum. Le 18 septembre, aux alentours de 19 heures, une patrouille intervient pour mettre fin à une dispute dans le village. Un gendarme tire sur un pickup qui prenait la fuite et atteint à l’œil un jeune Wallisien, Faara Fournier, qui n’avait rien à voir avec cette dispute. Le gendarme auteur du coup de feu n’a pas été mis en examen mais placé sous statut de témoin assisté.
Le contraste est fort entre la déportation et l’emprisonnement des militantEs de la CCAT, qui n’ont tué personne, et l’assignation comme témoin assisté du gendarme dont la balle a éborgné puis tué le jeune Wallisien.
Pour le FLNKS, ce drame « n’est pas un dérapage, mais bien le résultat d’un système bien rodé, une politique coloniale assumée, qui repose sur la force pour maintenir un ordre imposé ». Pour y mettre fin, il faut que les compétences régaliennes, la police et la justice soient transférées à un État de Kanaky – Nouvelle-Calédonie souverain.
Drass, comité Bourgogne




