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Mélenchon : RN et PS changent de peau et c’est moche
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
https://melenchon.fr/2025/10/23/rn-et-ps-changent-de-peau-et-cest-moche/
La séquence budgétaire en cours est celle où se confirment les évolutions politiques qui continuent de travailler la recomposition du champ politique français. Dans cette circonstance, au fil des amendements, les votes en commission et bientôt en plénière de l’Assemblée nationale, prennent une allure de moment refondateur pour deux protagonistes essentiels de cette recomposition : le Rassemblement national et le Parti socialiste.
Le RN prend l’option du virage néo-libéral en assumant un plan d’économies dans la même inspiration que la Macronie. Le but s’affiche sans complexe : prendre la tête du bloc des droites. Au PS, l’épisode crucial du refus de la censure de Lecornu sous prétexte d’accord sur la prétendue suspension de la réforme des retraites sombre dans le ridicule et l’arnaque. Mais il concrétise un changement complet d’orientation et de stratégie : le but n’est plus la conquête des secteurs populaires, mais l’héritage du macronisme sous la forme de la grande coalition du centre et davantage si possible.
La publication de la « lettre rectificative » a eu l’immense avantage de faire aussitôt cesser le concours d’interprétation de ce qui a été convenu entre le tandem Lecornu Macron et le trio Olivier Faure, Jérôme Guedj et Philippe Brun. Dorénavant, on sait ce que l’on n’aurait pas connu, sinon avant la discussion du projet de loi sur la sécurité sociale et la présentation dans une semaine de l’amendement gouvernemental qui avait été annoncé.
Les dispositions fixées dans cette lettre sont dorénavant incluses dans la loi telle que va la discuter la commission des affaires sociales et de celle des finances. On ignore si c’est bien ce qui avait été convenu entre macronistes et socialistes dans le « secret des rencontres » et des conversations téléphoniques directes avec Macron. En effet, l’amateurisme des « négociateurs » est désormais bien établi. Mais ce qui est désormais annoncé est une entourloupe de première grandeur. Pour le montrer ici, je reprends l’essentiel de l’analyse du groupe parlementaire insoumis.
C’est confirmé : ni abrogation ni suspension, la retraite à 64 ans est donc maintenue, mais son entrée en application serait décalée d’un an. Point final. Explication : seule la génération née en 1964 partira à la retraite avant la présidentielle de 2027. Par conséquent, si le décalage proposé devait entrer en vigueur, cette seule génération serait assurée de pouvoir en bénéficier. Rien n’est garanti pour les autres. Sauf des ennuis imprévus. Car voici le pire : la lettre rectificative prévoit de faire payer à tous aujourd’hui et demain le financement de cette « victoire ». Comment ? Les pensions de retraite pour les prochaines années seront encore moins revalorisées et une taxe sur les mutuelles sera appliquée et donc répercutée sur les adhérents. C’est là que se situe la plus grosse entourloupe. Le bilan est clair et net : tous les retraités actuels et futurs y perdront. Voyons cela. L’espérance de vie moyenne à la retraite est de 25 ans. Le gel (2026) et la sous-indexation (2027 à 2030) ont un effet cumulatif. En effet, la sous-valorisation d’une année n’est jamais compensée par la suite. Cela représente donc pour chaque nouveau retraité né après 1969 une perte totale de revenu de 14 600 €. Tel est le « c’est mieux que rien » obtenu par Le PS. C’est ce que le communiqué des syndicats qui s’est exprimé avant d’avoir la lettre rectificative appelle « une victoire de l’action populaire ». L’alignement sur la propagande du PS leur coûte en crédibilité. Ici, les syndicats ont surestimé leur partenaire politique. Ils l’ont cru aussi vigilant et entraîné qu’eux pour la négociation. Il reste à croire que le trio Faure-Guedj-Brun ne savait réellement pas ce qui allait arriver. On peine à croire à tant d’amateurisme. Mais alors ils ne seraient pas des nigauds, mais des menteurs. Donc on peut et on doit se demander : qu’ont-ils réellement négocié d’autre « dans le secret des conversations » évoqué par le Premier ministre lui-même à plusieurs reprises et les contacts directs de Faure avec Macron cité dans « Le Monde » sans autre détail ? On finira par le savoir bientôt.
Le Rassemblement National a pour la première fois annoncé un contre-budget. Sa signature néolibérale est spectaculaire. Avantages pour les riches, acharnement sur tous les autres. Son niveau d’impréparation reste très visible. Le Pen s’excuse pour cela : elle ne dispose pas des services de Bercy ! C’est vrai. Mais ce n’est pas un argument pour un parti qui dispose d’autant de moyens matériels et de complicités. Les Insoumis présentent un contre-budget cohérent et précisément chiffré chaque année depuis déjà longtemps. Et cette fois-ci encore, l’équipe du groupe parlementaire l’a fait en conférence de presse autour de la présidente du groupe Mathilde Panot. À la lecture du contre-budget du RN, on trouve une nuée d’approximations, d’incohérences et d’illusions comptables. Marine le Pen et ses proches sont incapables de répondre aux questions des journalistes et refusent de donner des précisions sur leurs chiffrages invraisemblables. Mais ce qui frappe dans ce contre-budget, c’est le sentiment de mépris macroniste pour les pauvres et les gens en difficulté dans la vie. Que veut dire cette perte de la prime d’activité pour 100 000 personnes en situation de handicap ? Et la perte de la prime de naissance pour des jeunes parents ? Et les économies sur l’allocation décès jeune enfant ? Et pourquoi ce souci du détail des privations comme le doublement des franchises médicales, franchises sur les lunettes, fauteuils roulants, pacemaker, etc. ? Pourquoi suivre les macronistes en abaissant le seuil de TVA des auto-entrepreneurs et petits commerçants ? Pourquoi cette suppression pour 60 000 apprentis mineurs de l’aide pour le permis de conduire ? Et de même que valent les discours du passé du RN avec ces 7 milliards d’économies sur la santé, ce milliard de moins pour l’hôpital, ces 4600 postes de profs en moins ? Tout cela est une signature politique et sociale. Le RN fait le choix de la société des riches contre la société des autres, des gens ordinaires qui vivent de peu et à qui les puissants veulent toujours prendre encore. Une chose est sûre : avec la masse des coupes budgétaires prévues, ce plan prépare la récession au lieu de la prévenir. Sous des promesses habillées de slogans, il prolonge en réalité la même logique inefficace menée depuis des années par les macronistes et la droite : moins de services publics, moins de justice sociale, moins de souveraineté. L’immigration est évidemment la première visée et frappée au-delà de l’absurde avec 11,9 milliards d’économies. Mais le tableau d’ensemble montre davantage de coupes budgétaires que dans le budget Lecornu : 80 milliards ! Deux fois plus violent que le budget du gouvernement. On connaît cette musique. Le plan Lecornu fait déjà baisser la croissance de 0,8 points. Celui du RN pourrait nous faire entrer en récession.
Par contre, il n’y a aucune mesure contre la pauvreté. Ni hausse du SMIC et des salaires, ni dégel du point d’indice des fonctionnaires et pas d’augmentation des minimas sociaux. Par contre, le contre-budget du RN ne prend rien aux plus riches. Ni ISF, ni taxe Zucman. Le message est là : le RN c’est la sévérité pour les pauvres, pas pour les riches qui profitent du système. Et tout cela finit avec un budget plus macroniste que Macron, tout en fleurs et rubans pour le patronat. Cela se note avec 16 milliards d’euros de baisse de recettes supplémentaires sur les entreprises. C’est le refus de revenir sur la flat tax d’où vient l’avantage pour le capital d’être moins taxé que le travail et a bénéficié à 92 % aux 1 % les plus riches !
Le vrai plan global du RN c’est de faire 270 milliards d’euros d’économies. C’est 6 fois le plan Lecornu. Le RN demande 5 milliards d’effort aux collectivités territoriales, soit le montant déjà prévu par la macronie. Les résultats seront identiques, saccage des services publics locaux et des actions des collectivités territoriales mises toujours davantage sous pression. Au passage, l’examen des détails permet de deviner une belle arnaque sur les retraites ! En effet, la réforme du RN ne coûterait qu’1,5 milliard d’euros, c’est-à-dire pas plus que le « décalage » de Lecornu ! Il n’y aura donc pas d’abrogation de la réforme des retraites avec le RN.
À ce tableau peu ragoûtant, il faut ajouter les exploits du passé du RN. Car en laissant passer le budget Bayrou sans le censurer, le RN a permis une hausse de 60 % des taxes sur l’électricité, une taxe sur les apprentis, une autre sur les auto-entrepreneurs. Ce n’est pas tout dans cette catégorie, le plan Le Pen avalise les pires violences du budget Lecornu puisqu’il ne revient pas dessus. C’est ainsi que l’on retrouverait sans l’annoncer l’année blanche sur les prestations sociales : prime d’activité, AAH, minimum vieillesse, allocation parent qui s’occupe d’enfant gravement malade, tout serait gelé comme en macronie. De même, on ne voit rien sur la nationalisation d’ArcelorMittal, pourtant indispensable à la protection de l’industrie de notre pays. Alors à quoi bon Le Pen ? Tout ici est dans la pire tradition de la communication quand le détail montre ou bien le manque ou bien le contraire. Ainsi, quand le RN parle d’économies sur le train de vie de l’État, mais que leurs maires augmentent leurs indemnités : 17 % d’augmentation pour Louis Aliot, 800 euros de plus pour David Rachline. Ou quand le RN annonce prendre en compte le défis écologique quand l’écologie est la grande perdante de leur contre-budget avec 20 milliards de coupes budgétaires. Je peux donc proposer ici un résumé pour faciliter le travail d’explication que nous demandons de faire à tous nos amis sur le terrain.
Résumé du contre-budget RN présenté par Marine Le Pen ce matin :
– 60 milliards de coupes budgétaires
– Démantèlement des grandes agences de l’Etat
– Baisse des subventions pour les associations
– Suppression de l’aide médicale d’Etat
– 5 milliards de coupes pour les collectivités
– 20 milliards de cadeaux fiscaux annoncés pour les grandes entreprises
La fête pour les très riches continue avec Le Pen.
Le Parti socialiste vient d’enfoncer le clou de son changement de ligne en tournant la page de la méthode qui avait permis quarante ans de paix civile en Nouvelle-Calédonie-Kanaky. Il rallie le plan de Bougival et rompt pour cela avec le FLNKS. Au même moment, en commission des finances à l’Assemblée nationale, il présente des amendements éloignés ou opposés au programme signé dans le NFP ou même déjà adopté l’an passé comme la taxe Zucman que le PS a rabougrie à presque rien. Ajouté aux autres séquences de l’année, il est donc confirmé à quel point la stratégie de ce parti a changé du tout au tout. Il se macronise sous les yeux de tous. Le changement de programme de gouvernement comme l’a montré son plan d’économie de 20 milliards en contradiction avec la politique de relance écologique et sociale du NFP. Tout cela est fait de façon assumée, publique et désormais constante. La cohérence de tout cela est rarement analysée par les commentateurs toujours polarisés sur les déroulements du spectacle plutôt que sur sa signification. Loin de leur attirer le flot de sympathie escompté, ce nouveau tournant sur l’aile les a rendus radioactifs dans d’amples secteurs populaires et intellectuels qui vivent ce spectacle comme une caricature de l’opportunisme et du cynisme en politique. Ils y perdront beaucoup, mais pour finir toute la dynamique créée par le NFP est clouée au sol, paralysée et se décompose dans la méfiance populaire. Le PS n’y propose aucune alternative. Rien sinon l’exclusion en bonne et due forme de LFI de toute alliance. Et bien sûr, le retour de son propre commandement politique. Symbole de ce nouvel hégémonisme, la candidature d’Olivier Faure comme Premier ministre. Une auto-désignation sans aucune des délibérations que s’était imposée le NFP après sa victoire. Tout le monde comprend ce que cela veut dire : le PS se dispose pour former éventuellement une majorité avec le « bloc central ». Et les alliés de ce bloc à droite si possible. C’est la stratégie de la « grande coalition » dans laquelle est engagée toute la social-démocratie européenne au moment où partout droite et extrême droite se rapprochent à grande vitesse et conclue des alliances dans un nombre croissant de pays.
Il faut d’abord d’enregistrer cette nouvelle situation. Et pour cela se tenir à distance des affligeantes « analyses psychologisantes » sur les rapports entre les personnes qui fascinent la classe médiatique. Tout ici est politique. Contrairement à ce qu’en dit Marine Tondelier, ce n’est pas « l’ambiance des relations » qui nous sépare du PS, mais les choix politiques de ce parti.




