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Primes en liquide : Guéant menteur !

Lien publiée le 1 mai 2013

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

(Le Monde) Claude Guéant a-t-il bénéficié jusqu'en 2006 d'un système de primes en espèces instauré de manière secrète au sein du ministère de l'intérieur ? C'est ce qu'affirme l'ex-ministre, mis en cause par le Canard enchaîné, selon lequel les juges s'interrogent sur 20 000 à 25 000 euros de factures payées en liquide par M. Guéant.

"DES MILLIERS DE PERSONNES" ?

Le proche de Nicolas Sarkozy, également mis en cause pour un virement de 500 000 euros sur son compte – qui provient selon lui de la vente de deux tableaux – a répété une même version, mardi 30 avril, au cours de pas moins de sept interviews. Voici ses propos lors du 20 heures de France 2 :

"Il y avait deux régimes, un régime général sur les fonds dits secrets", auquel "de façon générale, il a été mis un terme" en 2002 par Lionel Jospin. "Pour ce qui est du ministère de l'intérieur", il existait un régime spécifique de primes concernant "des milliers de personnes" et sur lequel étaient "alignés" les membres de cabinet. "Quand vous avez plusieurs milliers de fonctionnaires qui bénéficient de ce système, vous ne le changez pas du jour au lendemain." Et d'assurer : "Nous nous sommes efforcés bien sûr, et nous avons réussi, en 2006, à mettre un terme à ce dispositif."

M. Guéant n'évoque donc pas les fameux fonds spéciaux dans lesquels puisaient longtemps les ministres pour fournir des compléments de rémunération à leurs collaborateurs, et qui ont été supprimés en 2002 par Lionel Jospin, mais un système "parallèle", qui serait resté en place pour le seul ministère de l'intérieur. Problème : personne n'a aucune trace de l'existence d'un tel système.

Daniel Vaillant, qui fut ministre de l'intérieur de 2000 à 2002, a nié son existence. Roselyne Bachelot, ministre en même temps que Claude Guéant, a également démenti l'existence de primes, même si elle parlait des autres ministères.

"PAS UN CENTIME NE M'A ÉTÉ VERSÉ EN LIQUIDE"

Le Monde.fr a recueilli le témoignage d'un ancien membre de cabinet de Dominique de Villepin, devenu cadre dans le privé et qui n'a plus d'engagement politique. M. de Villepin fut ministre de l'intérieur de mars 2004 à mai 2005, durant la période où Nicolas Sarkozy avait quitté ses fonctions pour prendre la tête de l'UMP. Selon toute logique, si le système de primes en liquide a perduré jusqu'en 2006, les membres de son cabinet auraient dû en bénéficier. Or ce ne fut pas le cas.

L'ancien collaborateur de Dominique de Villepin est clair : "Si j'ai bien touché une prime de cabinet officielle virée avec mon salaire [cette prime a remplacé en 2002 les fonds spéciaux] et mentionnée sur mon bulletin de paie, pas un centime ne m'a été versé en liquide. A ma connaissance, aucun de mes collègues n'a non plus bénéficié d'une telle faveur. J'ajouterais que notre équipe Villepin a intégré, au moins pendant quelques mois, plusieurs collaborateurs du précédent cabinet Sarkozy. Je n'ai pas le souvenir qu'ils se soient plaints de la suppression de leur prime en liquide, ce qui me laisse supposer qu'ils n'en avaient pas non plus."

Il évoque toutefois la possibilité que de l'argent liquide ait pu circuler au sein du ministère, notamment une partie des "fonds spéciaux" destinés au renseignement, et qui financent aussi bien les services extérieurs que le renseignement intérieur. D'autres témoignages recueillis par Le Monde.fr font état de primes sporadiques versées en liquide à des policiers en récompense d'une enquête résolue, par exemple. Mais ces "bonus" étaient de l'ordre de la centaine d'euros au mieux. De plus, Nicolas Sarkozy s'est attelé en 2004 à mettre fin à ce système, au profit de primes au mérite versées de manière officielle et sous contrôle des syndicats.

Et dans tous les cas, l'ancien membre de cabinet est très clair : "Il n'y avait aucun système organisé, officiel ou officieux, de versement de telles primes en liquide aux collaborateurs du cabinet." Encore moins à "des milliers de fonctionnaires", comme l'évoque M. Guéant.