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Syrie : la résolution de l'ONU consacre le succès de Moscou

Syrie

Lien publiée le 27 septembre 2013

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

(Le Monde) C'est un coup de théâtre. Alors que l'ONU est paralysée depuis le début du conflit en Syrie par le veto systématique de la Russie et de la Chine contre toute initiative visant le régime de Bachar Al-Assad, les cinq pays permanents du Conseil de sécurité des Nations unies, dont les Russes et les Chinois sont membres, se sont accordés sur un projet de résolution relatif à la destruction de l'arsenal chimique syrien, jeudi 26 septembre, à New York.

Ce texte a été débattu dans la soirée lors d'une réunion devant les quinze pays membres du Conseil et doit être formellement adopté vendredi. Avant ce vote, il faudra que l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques, basée à La Haye, définisse les modalités techniques du démantèlement et de la destruction des armes chimiques syriennes. Elle devrait le faire vendredi.

Du côté des capitales occidentales, l'heure est à l'autocongratulation. "Il y a encore deux semaines, l'avancée de ce soir semblait inimaginable", a affirmé Samantha Power, ambassadrice des Etats-Unis aux Nations unies. "Il y a deux semaines, a-t-elle poursuivi, le régime syrien ne reconnaissait même pas qu'il détenait des armes chimiques. Il s'agit d'une avancée très significative."

BIEN EN DEÇÀ DE LA VERSION INITIALE PROPOSÉE PAR PARIS

Peu avant le début de la réunion du Conseil de sécurité, Laurent Fabius, le chef de la diplomatie française, s'est félicité, lors d'une brève déclaration, de cette résolution, qui "marque un pas en avant". Il a souligné qu'elle reprenait trois exigences formulées par la France. "D'une part, préciser que toute utilisation des armes chimiques est une atteinte à la sécurité internationale, ce qui autorise du même coup les Nations unies à se saisir de cette question. D'autre part, rendreresponsables ceux qui ont commis ces actes devant la justice. Troisièmement, elle fait référence au fameux chapitre VII, c'est-à-dire que si le régime syrien n'accepte pas de respecter cette résolution, il appartient au Conseil de sécurité deprendre les sanctions nécessaires sous chapitre VII", qui autorise un recours à la force en cas de non-respect des engagements par le régime syrien.

La réalité est plus nuancée. Le texte présenté au Conseil de sécurité est bien en deçà de la version initialement proposée par la France, le 10 septembre, au lendemain de l'accord américano-russe de Genève sur le démantèlement des armes chimiques syriennes.

Laurent Fabius avait été le premier à réagir en mettant sur la table un projet de résolution offensif. Il s'agissait alors de prendre les Russes au mot en réclamant un cadre strict pour éviter que les autorités syriennes puissent jouer la montre, en faisant traîner en longueur le processus de vérification de son dispositif chimique. Autre objectif : assurer la poursuite des auteurs du massacre du 21 août dans la banlieue de Damas, en invoquant un recours devant la Cour pénale internationale (CPI).

"LES RUSSES ONT MIS DES MINES PARTOUT" 

La France tentait ainsi de revenir au cœur du débat, alors qu'elle avait été mise hors jeu par la décision surprise de Barack Obama de suspendre, à la dernière heure, les frappes en sollicitant l'aval du Congrès, puis par l'accord de Genève entre les Etats-Unis et la Russie. Le texte français avait immédiatement été rejeté par la Russie qui l'avait jugé "inacceptable".

Pourquoi, alors, celui soumis jeudi à l'ONU serait devenu acceptable ? Depuis quinze jours, "les Russes ont mis des mines partout", explique un conseillerfrançais proche des négociations. Soucieux de protéger son allié syrien contre la menace de frappes aériennes, Moscou s'opposait catégoriquement à toute référence au chapitre VII. Le projet de résolution, mis au vote vendredi, n'est en fait pas placé sous chapitre VII – ce qui autorise des sanctions automatiques –, mais se contente de le mentionner dans le corps du texte.

En clair, tout manquement aux obligations de la part de Damas devra faire l'objet d'une nouvelle résolution au Conseil de sécurité, où la Russie pourra encoreexercer son droit de veto, comme elle l'a déjà fait à trois reprises sur la Syrie. Quant à la traduction en justice des commanditaires du massacre du 21 août, elle est certes mentionnée dans le projet de résolution, mais la référence à la CPI a disparu.

EMBARRAS DE LA DÉLÉGATION DE LA COALITION NATIONALE SYRIENNE

A peine Laurent Fabius avait-il terminé son intervention, qu'une délégation de la Coalition nationale syrienne (CNS), emmenée par son président, Ahmed Djarba, a fait son apparition dans le hall d'entrée des Nations unies. Elle sortait d'une réunion des Amis de la Syrie, à laquelle ont participé des représentants d'une centaine de pays, qui venaient d'afficher leur soutien à la CNS. Un lot de consolation alors que l'opposition syrienne appelait de ses vœux des frappes contre Bachar Al-Assad.

La résolution de l'ONU, qui installe à nouveau le pouvoir syrien au cœur du dispositif des négociations et préfigure de longues et tortueuses tractations sur le démantèlement de son arsenal chimique, n'est évidemment pas du goût des adversaires du régime.

L'embarras de la délégation de la Coalition nationale syrienne était visible. Khalid Saleh, son porte-parole, s'est borné à rappeler que le débat sur les armes chimiques ne devait pas occulter la poursuite de la guerre. "Notre priorité est d'obtenir un cessez-le-feu, la libération des prisonniers et un calendrier strict pour des négociations politiques qui devront aboutir à la traduction devant la justice de Bachar Al-Assad", a-t-il déclaré au Monde.

"INTERVENIR MILITAIREMENT, CE N'EST PLUS À L'ORDRE DU JOUR"

Les mêmes réserves étaient apparentes lors d'une réunion des ministres desaffaires étrangères de la Ligue arabe, mardi, en marge de l'Assemblée générale de l'ONU. Selon un participant à cette rencontre, le Qatar avait demandé que la résolution de l'ONU mentionne la mise en place d'une zone d'exclusion aérienne en Syrie, ainsi que la création de couloirs humanitaires.

De son côté, l'Arabie saoudite avait réclamé une référence à un cessez-le-feu. Autant d'éléments qui n'avaient aucune chance de figurer dans le texte, car "ils supposaient que l'on soit prêt à intervenir militairement, ce qui n'est plus à l'ordre du jour", remarque un diplomate européen.

Au final, le document de l'ONU consacre l'influence de la Russie. Un retournement de situation spectaculaire alors que Moscou était sur le point d'être marginalisé en cas de frappes occidentales contre Bachar Al-Assad. C'est désormais aux Russes de démontrer qu'ils ont le pouvoir et la volonté de faire fléchir le régime syrien.