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En Grèce, les universités dénoncent "la destruction du système éducatif"

éducation Grèce international

Lien publiée le 6 novembre 2013

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

(Le Monde) Sur les hauteurs d'Athènes, dans le cadre verdoyant du quartier de Zografou, se dressent la faculté des sciences et sa moderne bibliothèque, administrée d'une main de fer par Valsamis Valsamakis, bibliothécaire depuis plus de vingt-cinq ans.« En diminuant le personnel, la bibliothèque risque de fermer et nos étudiants perdront alors leur droit à une éducation publique et un accès gratuit aux livres. »Deux mois de grève ont, de fait, empêché la rentrée universitaire et, ce jour-là, le campus déserté a des allures fantomatiques.

Les milliers d'agents administratifs des plus grosses universités du pays sont en grève depuis près de neuf semaines contre la restructuration du secteur public exigée par les bailleurs de fonds du pays. Un record de longévité dans une Grècepeu coutumière de la grève continue. Ils participent à la nouvelle journée de grève générale, organisée par les syndicats mercredi 6 novembre, pour protester contre l'austérité. Le gouvernement grec doit, d'ici à la fin de 2013, mettre en disponibilité 25 000 fonctionnaires et en licencier 4 000.

Afin de respecter ces objectifs, chaque ministère a été prié de remettre une liste nominative des personnes susceptibles d'entrer dans ce processus qui doitdéboucher, après un délai maximum de huit mois payé à 75 % du salaire, soit sur un reclassement dans un autre service, soit sur un licenciement. Le ministre de l'éducation, Konstantinos Arvanitopoulos, s'est engagé à mettre en disponibilité environ 40 % du personnel administratif de huit universités, soit 1 345 personnes, la plus grosse part incombant à l'université d'Athènes.

« UNE DÉCISION TOTALEMENT ARBITRAIRE »

« Sur nos 1000 employés, le ministre a exigé début septembre qu'on lui remette une liste de 498 personnes, soit près de la moitié de notre personnel ! », s'emporte Théodossios Pélégrinis, le recteur de l'université d'Athènes. « Une décision totalement arbitraire puisque l'on ne nous dit pas sur quels critères ce chiffre a été décidé, ni quel processus d'évaluation guide le choix des agents priés de partir », précise le recteur, qui affirme qu'il sera impossible à l'université defonctionner correctement sans ce personnel.

M. Arvanitopoulos avance quant à lui qu'il y avait un surplus d'agents dans ces huit universités et promet que, sur les 1 345 personnes qui seront mises en disponibilité, au moins 600 seront reclassées.

A Zografou, Valsamis Valsamakis fait le tour de « sa » bibliothèque : « Ici, c'est le cœur du savoir, le coeur de notre université. Un chercheur accompli a besoin d'une bibliographie complète pour mener à bien son travail. » A titre personnel, il redoute d'avoir à quitter ce lieu qu'il a appris à aimer comme sa deuxième maison.« Mais je crains aussi pour ma famille, car je risque de me retrouver sans emploiet dans un pays où le taux de chômage atteint les 27 % et à 50 ans, je sais bien qu'il va m'être quasi impossible de retrouver un travail. »

BRAS DE FER

La prestigieuse Ecole polytechnique d'Athènes, qui forme les ingénieurs du pays, est elle aussi concernée par la mesure et doit se défaire de 399 employés sur untotal de 883. Yerassimos Spathis est professeur de physique depuis plus de trente ans. « Ici, nous formons l'avenir de la Grèce, une élite qui participe à la croissance et au développement. Il m'est douloureux de voir un gouvernement – quel que soit ce gouvernement – détruire le système éducatif du pays. Evidemment que, sansaide, un professeur ne peut pas faire fonctionner un laboratoire ou assurer la sécurité d'un matériel coûteux », souligne l'enseignant.

Le bras de fer entre gouvernement et universités se poursuit. Devant le refus des employés grévistes de fournir des listes nominatives au ministère, un article de loi a été adopté dans l'urgence, le 23 octobre, obligeant – sous peine de licenciement sec – chaque fonctionnaire à déclarer lui-même, de manière individuelle sur une plateforme électronique ad hoc, l'ensemble des éléments (âge, diplômes, expérience, etc.) permettant de mettre en place un processus d'évaluation des profils. Et de dégager, ainsi, par un système de points peu transparent, les noms des personnes susceptibles de partir.