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Tensions accrues avec l'annonce par la Chine d'une zone de défense aérienne
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
(afp) Signe supplémentaire des dangers qu'alimente le provocateur « pivot vers l'Asie» de l'administration Obama, la Chine a annoncé samedi la création d'une « zone d'identification de défense aérienne » (ADIZ) dans la mer de Chine orientale. La nouvelle zone chevauche un ADIZ japonais similaire et comprend l'un des points chauds de la région, les îles Senkaku (appelées Diaoyu en Chine), qui sont revendiquées par les deux pays.
Les Etats-Unis et le Japon ont déclaré qu'ils ignoreraient l' ADIZ de la Chine, préparant le terrain pour des rencontres risquées entre des avions militaires qui pourraient conduire à un affrontement, soit suite à une erreur d'appréciation ou à un refus par des avions de guerre américains et japonais d'obéir aux ordres chinois. Le Secrétaire à la Défense des USA, Chuck Hagel, a déclaré que l'annonce chinoise « ne changera en aucune façon la manière dont les États-Unis mènent des opérations militaires dans la région. » Il a également réitéré la position officielle de l'administration Obama que les Etats-Unis soutiendraient automatiquement le Japon en cas de guerre avec la Chine à propos des îles Senkaku/Diaoyu.
La plupart des organes de presse au niveau international blâment « une Chine agressive » pour avoir cherché à « changer le statu quo » et avoir menacé la stabilité régionale. En réalité, la Chine fait face à une série de provocations, créées par les encouragements de Washington au Japon en faveur de sa remilitarisation et de l'affirmation de ses ambitions territoriales.
De façon systématique, depuis 2010, lorsque les garde-côtes japonais ont arrêté le capitaine d'un bateau de pêche chinois dans les eaux au large des îles contestées, provoquant un important contentieux diplomatique, l'administration Obama a soutenu Tokyo dans ce différend maritime. Un épisode décisif est intervenu en septembre 2012, lorsque le gouvernement démocrate japonais alors en place a unilatéralement « nationalisé » les Senkakus, ce qui a conduit à l'affrontement en cours avec la Chine. En réponse, Beijing a pris une position intransigeante, envoyant des navires de surveillance maritime, des avions et des drones dans la région pour contester le contrôle japonais.
Les tensions ont considérablement augmenté après que le gouvernement de droite du Parti libéral-démocrate du premier ministre Shinzo Abe soit arrivé au pouvoir en décembre de l'année dernière. Abe a défendu un programme de remilitarisation japonaise, jurant de créer une « nation forte » avec une « armée forte ». Depuis son arrivée au pouvoir, le gouvernement Abe a augmenté les dépenses de la défense et a intégré le Japon dans le dispositif de renforcement du potentiel militaire américain dirigé contre la Chine.
Ces préparatifs ont été présentés en octobre pendant des réunions ministérielles des Affaires étrangères et de la Défense entre les Etats-Unis et le Japon à Tokyo. Alors que les gouvernements asiatiques faisaient part de leurs préoccupations au sujet de la décision des Etats-Unis de poursuivre leur "pivot", Washington a utilisé la déclaration commune produite lors de cette réunion pour dévoiler un vaste déploiement d'arsenal militaire des USA au Japon, dont le déploiement de drones de surveillance à longue portée Global Hawke et d'avions de combats furtifs F-35b à décollage vertical, ainsi que l'augmentation des systèmes de missiles antibalistiques.
En outre, Washington pousse ouvertement à une réinterprétation de la constitution japonaise pour permettre aux forces militaires de Tokyo d'opérer en relation plus étroite avec leurs homologues américains en cas de guerre et pour leur permettre de lancer des "frappes préventives", autrement dit, de réaliser leurs propres guerres d'agression. Abe lui-même a appelé à une ambitieuse expansion militaire, compprenant la mise en place d'une force maritime, le déploiement de forces rapides d'intervention pour « des opérations d'urgence dans le Sud-Ouest », c'est-à-dire pour un conflit avec la Chine.
Les implications pour la Chine étaient évidentes lors d'un exercice militaire japonais à grande échelle de deux semaines, qui s'est conclu la semaine dernière dans la région d'Okinawa. Impliquant 34 000 hommes et 350 avions de combat, cet exercice était centré sur l'utilisation de missiles antinavires pour simuler une attaque contre des navires de guerre chinois dans la région, ainsi que sur l'utilisation de forces de débarquement amphibies pour saisir des îles clés. Ces tactiques font toutes partie de la stratégie de bataille AirSea du Pentagone, ce qui implique une attaque dévastatrice aérienne et par missiles sur la Chine, complétée par un blocus naval.
La Chine a annoncé son ADIZ en mer de Chine orientale pour tenter de contrer les préparatifs militaires américains et japonais. Dans un premier temps, la zone est conçue pour essayer de limiter l'accès des avions militaires américains qui, depuis des décennies, volent à proximité du littoral chinois et des bases militaires sensibles pour recueillir des données de renseignement vitales. Plus généralement, elle repose sur des calculs au sein des cercles de sécurité chinois que Beijing ne peut plus reculer face à la pression militaire croissante provenant des États-Unis et de leurs alliés.
Un éditorial dans le quotidien nationaliste chinois Global Times de ce jour déclarait que le pays devait être prêt militairement à la guerre avec les États-Unis, ainsi qu'avec le Japon. « Nous sommes convaincus que l'armée populaire de libération a dû prendre en compte la pire des situations si un accident militaire survenait. Si Washington tente de s'immiscer dans cette dispute territoriale sino-japonaise, la Chine est disposée à lui tenir compagnie jusqu'au bout, » y déclarait-on.
Dans le même temps, comme le gouvernement Abe au Japon, les dirigeants du Parti communiste chinois (PCC) échauffent le sentiment nationaliste pour tenter de détourner les tensions sociales qui vont croissantes dans le pays. Le gouffre déjà immense entre riches et pauvres en Chine va encore s'approfondir à la suite des plans de grande ampleur pour une restructuration en faveur de l'économie de marché annoncée à l'Assemblée plénière du Comité Central du PCC ce mois-ci. Les craintes dans les milieux dirigeants de Pékin de troubles sociaux sont soulignées par le fait que les dépenses de sécurité intérieure ont dépassé les dépenses militaires depuis 2009.
L'accroissement du potentiel militaire chinois n'arrêtera pas le danger d'une attaque lancée par les Etats-Unis et leurs alliés. Confronté à une aggravation de la crise économique et financière, l'impérialisme américain considère le « pivot » et l'endiguement militaire comme la seule façon de contrer l'émergence de la Chine comme un rival potentiel à la domination américaine en Asie. En outre, la classe dirigeante américaine est de plus en plus tentée d'utiliser sa supériorité militaire énorme actuelle sur la Chine pour atteindre cet objectif, avant que la modernisation en cours des forces militaires chinoises ne modifie l'équilibre des forces.
Cette course aux armements qui s'accélère comporte de grands dangers pour la classe ouvrière en Chine, au Japon, aux États-Unis et partout dans le monde. Le nationalisme qui est attisé par tous les gouvernements est un piège que les travailleurs doivent rejeter. Les travailleurs chinois n'ont aucun intérêt à tuer les travailleurs japonais ou américains. Après les horreurs de la Seconde Guerre mondiale, la grande majorité des travailleurs japonais est hostile à une renaissance du militarisme japonais.
Le seul moyen de stopper le danger d'un conflit impérialiste est une lutte unifiée de la classe ouvrière internationale contre le système de profit capitaliste périmé, qui est la véritable cause de la guerre et du militarisme. Cela signifie le renversement révolutionnaire du pouvoir capitaliste dans chaque pays et la mise en place d'une économie socialiste planifiée à l'échelle mondiale qui mette un terme à la division du monde en Etats-nations concurrents.