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Hollande, Gayet et l'appartement du Cirque

LGBTI

Lien publiée le 14 janvier 2014

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

(Arrêt sur images) HOLLANDE, GAYET ET L'APPARTEMENT DU CIRQUE (MÉDIATIQUE)

Valeurs actuelles, Le Point, Mediapart : courses au scoop et sorties de pistes ?

Voilà une rue qui porte bien son nom. C'est au numéro 20 de la rue du cirque, à Paris, que François Hollande retrouvait l'actrice Julie Gayet. Jonglant avec des sources (mais sans nez rouge), plusieurs médias, dont Valeurs Actuelles et Mediapart, se sont précipités sur l'affaire. Qui est le propriétaire de l'appartement ? Qui est le locataire ? Quel est le réel lien avec le grand banditisme corse ? On a lu tout et son contraire. Et malgré les démentis, tout le monde maintient. En piste pour les jeux du cirque...

Alerte scoop. Dimanche 12 janvier, il ne fallait pas manquer les alertes et surtout les mises à jour des alertes pour suivre l'épisode "appartement" du feuilleton Hollande/Gayet. La journée a commencé avec l'identité du propriétaire de l'appartement. C'est le site de Valeurs Actuelles qui a dégainé le premier en affirmant que le 20 de la rue du cirque"appartiendrait à un grand patron du CAC 40 qui n’a jamais caché sa sympathie à l’égard de l’actuel président de la République".

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Un premier "scoop"

Le conditionnel est de rigueur, car dans un deuxième article, le site affirme que l'appartement, "acquis au cours des années 90 par un grand patron du CAC 40" et "régulièrement utilisé par Jacques Chirac ou certains de ses collaborateurs pour des rencontres destinées à rester secrètes", aurait finalement été cédé "à une société civile immobilière, puis à une autre, dont la propriétaire serait une milliardaire, bien connue des artistes, pour ses largesses".

Dbut du Cirque

Un "deuxième" scoop

C'est cette milliardaire, épouse du patron du CAC 40 et dont Valeurs actuelles ne donne pas le nom, qui "le louerait aujourd’hui aux comédiens Emilie Dequenne et Michel Ferracci, d’autant plus qu’ils ont été à partir de 2006 sur les planches du Théâtre Marigny, situé au bout de la rue du Cirque". Des propriétaires qui seraient soit "patron du CAC40", soit "femme milliardaire", des locataires qui seraient Emilie Dequenne, et un certain Michel Ferracci : la polémique est lancée. Sur de mauvaises bases ?

Le lendemain de ces "révélations", lundi 13 janvier, Le Monde assure de son côté avoir retrouvé le vrai propriétaire. Qui n'a rien d'une milliardaire, ni d'un patron du CAC 40. "Le propriétaire est un retraité âgé de 71 ans, Jean-Pierre Discazeaux. Retiré à Biarritz, il est représenté à Paris par un mandataire spécialisé dans la gestion de biens, la SARL Cassagne gestion immobilière", indique Le Monde. 

Qui croire ? Joint par @si, Yves de Kerdrel, le directeur de Valeurs Actuelles nie tout plantage et assure, sans rire, que toutes ces informations ne sont pas contradictoires : "La SCI est détenue par plusieurs sociétés qui sont des coquilles vides. Le Monde s'est arrêté à la première société. Vous pouvez avoir des prête-noms et dans 99% des cas, le gérant d'une SARL n'a rien à voir avec le propriétaire. On nous a averti que dès vendredi, il y eu des mouvements au sein du capital de la SCI", nous dit-il avec assurance. Des informations fiables ? On peut en douter. Contacté par @si, Jean-Pierre Discazeaux, est très remonté contre le magazine : "C'est mon père qui a acheté l'appartement en 1963, et j'en ai hérité en 2003. J'y ai habité pendant près de 40 ans. Il est à mon nom et je n'ai pas de SCI", explique-t-il. Dans une déclaration à l'AFP, il s'est même déclaré "extrêmement choqué" par toutes les fausses informations qui circulent. Car en plus de la fausse milliardaire propriétaire, c'est le nom de l'actuel locataire qui a fait l'objet de nombreuses spéculations.

ET LE NOM DU LOCATAIRE EST...

Re-scoop

En fin de journée, Mediapart y va aussi de son scoopsous le titre : "L'appartement qui abrite les relations secrètes du président lié au grand banditisme". Selon le site d'information, l'appartement "est au nom de Michel Ferracci, soupçonné de liens avec le grand banditisme corse". Lepoint.fr a même écrit que Ferracci en était le propriétaire avant de rectifier : il n'en serait que locataire. Si les deux sites d'information ont insisté sur le nom de Ferracci, c'est tout simplement parce que cet acteur, qui a joué dans la série Mafiosa, diffusée sur Canal+, "a été condamné, le 4 novembre 2013, à dix-huit mois de prison avec sursis dans le procès du Cercle Wagram, cercle de jeux dont il fut l’un des directeurs", précise Mediapart. Ce cercle de jeux était lié à la Brise de Mer, "l’un des plus puissants gangs mafieux corses". Et voilà comment on fait le lien entre l'affaire Hollande/Gayet et le grand banditisme corse.

Sauf qu'à la lecture de l'article de Mediapart, difficile de savoir qui est exactement le locataire du 20 rue du Cirque :"L’appartement où se retrouvaient François Hollande et Julie Gayet a été prêté à cette dernière par une amie actrice, Emmanuelle Hauck. Il est toujours au nom de l’ancien mari de celle-ci et père de ses enfants : Michel Ferracci", écrit le site d'information. "Au nom de" ? Une formule floue que justifie ainsi Mediapart : le nom de Ferracci apparaît "dans les Pages blanches de La Poste à l’adresse indiquée et sur la boîte aux lettres de l'immeuble" (photo à l'appui).


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Pour autant, Mediapart ajoute que "selon des sources proches de la présidence et selon l’avocat de Michel Ferracci, le bail de location serait désormais au nom d’Emmanuelle Hauck qui y vit avec ses enfants, lesquels portent le nom de leur père". Traduction : Mediapart sous-entend que Ferracci était le premier locataire, avant d'avoir cédé son bail à son ex-femme.

Une version fermement démentie par Ferracci après la publication de l'article de Mediapart : "Je n'ai jamais habité cet appartement. Je ne l'ai jamais loué. Et je n'en ai bien sûr jamais été propriétairea-t-il déclaré à L'Express. Il est occupé depuis trois ans par la mère de mes enfants". Et Ferracci d'insister : "Si Mediapart s'était donné la peine de vérifier son information, ils se seraient aperçus que pour le louer, mon ex-compagne est passée par une agence immobilière. Et si mon nom apparaît sur la boîte aux lettres, c'est que mes enfants portent le même nom que moi. Enfin, si mon nom apparaît dans les pages blanches, cela s'explique aisément : j'avais pris, il y a huit ans, un abonnement pour une "Freebox" que je n'ai pas résilié et que mes enfants ont fait suivre dans leur nouveau logement."

"ON MAINTIENT L'INTÉGRALITÉ DE NOS INFOS" (MEDIAPART)

Dans cette course au scoop, Mediapart a-t-il fait une sortie de piste ? L'article en question n'est pas signé. Joint par @si, le directeur de la rédaction, François Bonnet, nie tout plantage : "On s'est mis à une demi-douzaine pour enquêter. Twitter s'emballe mais on ne s'est pas trompé. On maintient l'intégralité de nos infos. A la différence duPoint, on n'a pas écrit que Ferracci était propriétaire. Quand on met que l'appartement est "au nom de", on ne précise pas s'il est locataire ou propriétaire. On a trois éléments qui rattachent Ferracci à cet appartement : le nom sur la boîte aux lettres, son nom dans les pages blanches et la présence de son ex-femme et de ses enfants. Dès lors qu'on a ces infos, je ne vois pas pourquoi on les mettrait de côté". Mais à partir du moment où Ferracci assure qu'il n'a jamais été locataire, son lien avec l'appartement n'est-il pas secondaire ? "Je ne sais pas si on peut dire que c'est un lien secondaire. Je ne préjuge pas de la manière dont Ferracci utilise la boîte aux lettres et l'appartement. Est-ce qu'il utilise cette boîte aux lettres ?", se demande Bonnet. Il minimise d'ailleurs l'importance de l'information sur Ferracci : "Franchement, pour moi, l'essentiel, c'est Masari. Là, on plonge au coeur du grand banditisme corse. On est dans du lourd". Oui, car Mediapart avance un deuxième nom lié au grand banditisme corse : l'actuelle locataire de l'appartement du 20 rue du Cirque, Emmanuelle Hauck, ex-épouse de Ferracci, a été la compagne d'un certain François Masini, "un autre Corse, connu des services de police pour des affaires de braquage et également soupçonné de liens avec la Brise de Mer". Ce dernier a été assassiné le 31 mai 2013, en Haute-Corse.

Autrement dit, après 24 heures de scoops et de fausses révélations, il apparaît que l'appartement dans lequel François Hollande retrouvait l'actrice Julie Gayet semble bien avoir été loué par une femme dont deux compagnons successifs ont été liés au grand banditisme corse. Le président la République était-il au courant ? Comment expliquer une telle légèreté ? D'après Le Monde, citant une source à l'Elysée, "François Hollande n'a jamais eu connaissance des liens entre la locataire de l'appartement, Melle Hauck, et certaines personnes réputées proches du banditisme corse". Quant au ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, il a assuré dès dimanche que le Groupe de sécurité de la présidence de la République (GSPR) était "autonome" et qu'il ne savait rien. "Il n'est pas concevable que le ministre de l'intérieur soit au courant de la vie privée d'un président", a-t-il précisé dans un communiqué. Mardi 14 janvier, François Hollande doit tenir une conférence de presse à l'Elysée. Qui se chargera de la question vie privée ?