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    Courrier de Gauche unitaire aux organisations du Front de Gauche

    Lien publiée le 30 avril 2014

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    Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

    Vous trouverez ci-dessous le courrier que Gauche Unitaire a fait parvenir à ses partenaires du Front de Gauche sur la question des élections européennes et plus généralement sur l’orientation politique du Front de Gauche.

    Gauche unitaire aux organisations membres du Front de gauche

    Saint-Ouen, le 28 avril 2014

    Chères et Chers Camarades, 

    Les discussions nationales en vue d’aboutir à un accord équilibré pour la constitution de nos listes aux élections européennes n’auront pas simplement été sources de tensions supplémentaires dont le Front de gauche n’avait vraiment pas besoin. Elles auront ouvert entre nous une fracture posant la question de l’avenir de ce que nous avons construit au fil des cinq dernières années.

    Depuis des mois, Gauche unitaire avait dû prendre acte de l’échec de ses propositions visant à reconstituer un cadre de débat où les formations du Front de gauche auraient pu, collectivement et sereinement, traiter de leurs divergences. Le refus d’affronter les problèmes d’orientation rencontrés aura, en conséquence, profondément miné la dynamique grâce à laquelle le Front de gauche avait pu marquer la campagne de l’élection présidentielle. À la violence des attaques que les uns portaient pourtant publiquement sur les intentions supposées des autres, ne répondait généralement qu’un silence lourd de tensions contenues dans les réunions de la coordination.

    Chacun peut en faire maintenant le constat : le Front de gauche apparaît de plus en plus comme un bateau ivre que ne rassemblent ni une stratégie cohérente ni un discours audible de la gauche et du peuple. Les intentions de votes dont les sondages nous créditent pour les élections européennes en sont, hélas, une nouvelle traduction après ce qu’on pourrait appeler pudiquement la « contre-performance » des municipales.

    Dès lors qu’aucun fonctionnement consensuel ne permet plus de surmonter les problèmes importants que nous affrontons, c’est la logique du coup de force permanent et le recours systématique au chantage qui s’imposent. C’est le souci de faire prévaloir les intérêts des deux plus importantes composantes de notre coalition qui l’emportent sur toute autre considération. Et, surtout, c’est la volonté de modifier radicalement les équilibres politiques au sein de Front de gauche qui prévaut.

    Gauche unitaire vient d’en faire les frais, ce qui aboutit à la priver des positions et de la visibilité qu’elle pouvait légitimement revendiquer, en sa qualité de troisième composante fondatrice du Front de gauche et au titre de sa contribution à la vie de celui-ci depuis cinq ans.

    Les accords nationaux rendus publics lors de la rencontre de Saint-Denis autour d’Alexis Tsipras ont tout d’abord été bafoués dans le Nord-Ouest, notre camarade Céline Malaisé s’étant vue privée de la deuxième place qui lui avait initialement été attribuée, à la suite de la décision unilatérale des fédérations concernées du Parti communiste français. Puis, Gauche unitaire s’est vue évincer de la liste du Centre sans même que ses représentants départementaux n’aient été conviés à une réunion de concertation. Enfin, l’impasse à laquelle ont abouti les discussions sur la composition de la liste en Ile-de-France sera venue révéler une inacceptable volonté de nier la diversité politique qui avait jusqu’alors fait la force collective du Front de gauche.

    Dans ce dernier cas, les arguments de forme ont eu vite fait de s’évanouir. Le fond du problème est apparu dans un message adressé par Alexis Corbières et Clément Sénéchal, au nom du Parti de gauche, à leurs partenaires d’Ile-de-France. S’opposant à la proposition que notre camarade Christian Picquet figure à la troisième place sur la liste conduite par Patrick Le Hyaric, ils auront écrit : « Si Christian Picquet a été l’un des fondateurs du Front de gauche, il a surtout été l’un de ses plus fervents diviseurs par ses choix politiques lors de la dernière échéance électorale, n’hésitant pas à mener une campagne active à Paris en faveur du PS contre les autres composantes du FDG… » 

    Passons sur la réécriture des raisons qui ont amené à la coupure en deux du Front de gauche sur Paris et dans quelques autres villes. Nous continuons à considérer que la responsabilité n’en incombe pas au tropisme des uns pour la subordination au Parti socialiste – sinon, comment expliquer que notre opposition soit identique à la politique du gouvernement ? –, mais au refus délibéré  de certaines organisations de construire des listes proposant une politique pour toute la gauche dans l’objectif de barrer la route des municipalités concernées à la droite et à l’extrême droite. Là gisait le désaccord majeur, que le Front de gauche n’a pas su surmonter. Cela dit, on nous permettra de faire remarquer que, contrairement à d’autres qui n’hésitèrent pas à recourir aux techniques (d’un autre âge…) de l’invective et du procès en « déviationnisme », Gauche unitaire n’a jamais utilisé la moindre formule polémique contre l’un quelconque de ses partenaires durant cette période difficile.

    Le plus grave à nos yeux est la détermination, qui vient de s’exprimer, d’éliminer l’une des positions en présence au sein du Front de gauche, en d’autres termes l’objectif de créer au sein de celui un nouvel équilibre politique.

    Nous vous le disons franchement : il est pour nous exclu de nous incliner devant cette tentative brutale d’imposer au Front de gauche un projet contradictoire avec son objectif initial : la refondation d’ensemble de la gauche sur une nouvelle ligne directrice.

    Nous entendons continuer à défendre, en toute indépendance, l’idée qu’il ne faut en aucun cas se claquemurer dans la radicalité supposée d’une posture incantatoire. Nous considérons qu’il convient, à l’inverse, de porter en direction de toute la gauche une offre de rassemblement sur une politique alternative à celle que conduit le gouvernement. Faute de quoi, la référence qui nous était jusqu’alors commune à une autre majorité pour un autre gouvernement ne sera plus que l’alibi de la funeste théorie des « deux gauches ». C’est-à-dire du renoncement à toute politique d’unité sur une démarche de rupture avec le libéralisme et le productivisme, au profit d’une orientation qui consiste à découper la gauche et à en opposer les deux parties l’une à l’autre. Avec pour seul résultat prévisible de figer la situation, de renoncer à faire bouger les lignes à gauche, de se refuser à saisir les opportunités de construire un front anti-austérité large. Donc de priver ce pays de toute perspective d’espoir.

    Comme vous le savez, celles et ceux qui ont fondé Gauche unitaire ont rompu avec le NPA en 2009. Ce n’est pas pour reprendre à présent le discours de cette dernière organisation et d’une extrême gauche se complaisant dans son impuissance.

    Dans la situation où nous sommes rendus, nous ne sommes plus en condition de prendre toute notre place dans une bataille électorale dont nous espérions qu’elle sortirait le Front de gauche de sa crise. Nous ne pouvons, par conséquent, ni avaliser la composition des listes dans le Nord-Ouest, le Centre et l’Île-de-France, ni participer aux campagnes dans ces trois circonscriptions. Et c’est, du même coup, l’un des deux partis français restés activement membres du Parti de la gauche européenne qui se trouve mis dans l’incapacité de relayer, comme il l’aurait voulu, la bataille décidée en commun autour de la candidature d’Alexis Tsipras.

    Nous le ferons savoir publiquement dans les prochains jours.

    Notre inquiétude grandit d’autant sur l’état du Front de gauche, lequel nous apparaît maintenant d’une gravité extrême. Surtout en un moment où les conditions d’une large union à gauche commencent à se réunir sur ce qui pourrait devenir un pacte anti-austérité alternatif aux choix du gouvernement. Les débats secouant le Parti socialiste, venant après le départ des ministres d’Europe écologie ou l’opposition d’une majorité du mouvement syndical au « pacte de responsabilité », sont une chance pour commencer à conjurer le désastre dont ce pays et son peuple se trouvent menacés. Hélas, du fait des divergences le paralysant, le Front de gauche est incapable de formuler les propositions de rassemblement qui lui permettraient de retrouver un élan et d’apparaître à la hauteur d’un défi historique pour la gauche.

    Cela nous amène à demander la tenue, au lendemain de la campagne des européennes, d’un séminaire réunissant les directions des diverses composantes du Front de gauche, en présence des premiers responsables de chacune d’entre elles. Ce rendez-vous aurait pour objectif d’effectuer un bilan de l’épisode que nous venons de traverser, d’avoir un échange approfondi sur la situation du pays et de vérifier si nous pouvons ensemble surmonter la  crise du Front de gauche.

    En l’attente, nous suspendons notre participation aux diverses instances nationales du Front de gauche.

    Avec nos salutations militantes.

    Le bureau national de Gauche unitaire