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Sur la manifestation du 15 décembre à Dijon

Par (17 décembre 2018)
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Arrivé à la gare de Dijon à 12h30, je dois rejoindre mes camarades de manifestation en ville. Ce qui me permet de prendre un peu le poul de la ville. Comme samedi dernier, la rue de la liberté est bouclée par les forces de l'ordre, notamment Gardes mobiles, mais aussi CRS, policiers et bac. L'entrée de la rue de la Liberté, place Darcy, est verrouillée par 2 camions de CRS. Des CRS contrôlent ma valise que je tire derrière moi pour avoir l'air d'un vrai touriste. Ils sont souriants et courtois. J'avance dans la rue de la Liberté. Toutes les rues perpendiculaires sont verrouillées. Ça s'annonce donc exactement comme la semaine dernière : accès interdit à la rue de la liberté et à la préfecture.

Je rejoins mes camarades à l'endroit prévu. On mange un morceau, on se prépare et on part en direction du point de rassemblement, place de la République, prévu à 14h, en revêtant nos gilets jaunes. Les rues pour y mener sont calmes, très calmes… trop calmes nous semble-il. Et puis, plus on s'approche de la place, plus on entend une clameur. Encore un petit virage et là, on découvre la foule. Plus importante que la semaine dernière ! On estime être entre 2000 et 3000. 90 % de Gilets jaunes et le reste sans tenue particulière.

A peine sommes nous arrivés que le cortège se met en branle. Et nous partons dans les rues, direction la place Wilson. C'est joyeux, bruyant, massif. Nous laissons de côté la rue de la préfecture...

En fait, le mot d'ordre, sans qu'il soit explicitement donné, est : on ne reste pas statique. Pas question de se faire gazer et tirer comme des bêtes comme la semaine dernière en voulant absolument accéder à la place de la préfecture.

Nous partons donc en direction de la Place Wilson. Sur le chemin nous passons devant la cité administrative Dampierre. Une des annexe de la préfecture. Des slogans sont lancés, la police arrive immédiatement et gaz. De peur d’être pris en tenaille dans des petites rues le cortège repart et gagne Wilson. Nous nous y arrêtons un moment, à l'entrée de la rue qui mène à la place du théâtre. Nous sommes alors rejoins par un deuxième cortège, les retardataires de la place de la rep. Mais très vite nous décidons de repartir.

C'est impressionnant. Clairement plus nombreux que la semaine dernière.

Le cortège est beaucoup plus festif, dansant, chantant.

Nous passons par le quartier du marché couvert, afin de gagner la place Darcy en faisant le plus de détour possible pour être visible, nous passons d’ailleurs dans le quartier de la gare.

Nous arrivons à Darcy, au milieu du marché de Noël. Le cortège s’arrête et se masse, une partie va au plus près du barrage de CRS qui bloque l’entrée de la rue de la Lib avec plusieurs camions et les armes au poing. Une autre partie du cortège reste en retrait, des gens prennent des verres de vin chaud au stand qui en vend. Pas de violence ni de provocation de la part des manifestants, pas de gazage non plus. Quelques slogans.

Voyant que le passage est impossible à moins de retourner 30 CRS et 5 camions, les gens, pour ne pas geler, repartent en direction de la pref petit à petit par le grand boulevard qui relie Rep à Darcy. Une fois arrivés, inévitablement, nous nous massons à l'entrée de la rue de la préfecture. Évidemment bloqués par les grilles anti-émeutes et les CRS là encore l’arme au poing. Sur le chemin, des gens s’étaient arrêtés pour parler à des petites unités de flics qui bloquaient des rues perpendiculaires au boulevard dans lequel nous étions. Les flics n’avaient même pas leurs casques. La semaine dernière c’était à ce même endroit qu'il y avait eu des tirs tendus de flash-ball au visage et des gamins blessés par ces derniers. Mais les gens ont la mémoire courte et appelaient les flics à venir avec eux. Vain espoir, ces derniers non pas bougé.

Entre la place de la Rep et les grilles anti émeute, installées après que la pref ait été prise à moitié d’assaut tout un après-midi et encerclée par pas moins de 4 barricades en feu contraignant les flics à rester tout un après-midi cloîtrer, acculés au mur de la pref, nous attendons. La situation se tend. Les plus « énervés » font face au cordon de gendarmes mobiles. Les grenades lacrymo pleuvent. Quelques tirs de flash-ball aussi… Rapidement on constate que, comme la semaine dernière, les forces de l'ordre se sont regroupées et avancent vers nous pour gagner la place et l’évacuer. On ne se fera pas piéger une fois de plus.

La quasi totalité du cortège repart direction place Darcy à nouveau mais cette fois par la rue Devosge car une entreprise de nasse de la place de la rep par le boulevard d’où nous venions était en cours. Arrivés place Darcy, à l’entrée de la rue de la lib, c'est la surprise. En fait, les forces de l'ordre ont quitté tous leurs points de blocage en se concentrant sur la Place de la République ! La rue de la Liberté est donc à nous ! Le cortège s'y engouffre, victorieux. Une fanfare joue dans la rue, l’ambiance est festive, des flics escortent le cortège.

Clairement, nous avons baladé les forces de l'ordre qui se sont faites dépasser et nous avons réusi à envahir la sacrosainte rue de la liberté, temple de la consommation.

Les gilets jaunes et autres manifestants bruyants, gueulards et joyeux se mêlent à la bourgeoisie dijonnaise quelque peu apeurée et surprise. Mais, il n'y a aucun débordement, au contraire. La rue grouille de gens de toutes sortes. Mais elle grouille aussi de baqueux restés là, qui attendent le moindre prétexte pour intervenir. Cependant le nombre incalculable de badots en famille qui font leurs courses empêche clairement toute action musclée ou de forte ampleur, seules une ou deux arrestations arbitraires et isolées étaient à craindre mais personne n’a envie d’être le bon pigeon… les gens ont froid, déjà plus de 3h de manif à marcher dans toute la ville, le cortège s’étiole petit à petit, les gens se dispersent dans la foule, ils ont bien raison, la police grouille en ville.

En 4 heures au total, dans le froid piquant de Dijon, nous avons montré notre détermination, notre nombre. Nous avons baladé les forces de l'ordre, sans qu'elles puissent nous coincer ni nous gazer.

Certes, nous pourrions regretter d'avoir été trop « gentils », mais il est clair que la peur des mutilations, des gazages, des violences a guidé les GJ dans leur démarche improvisée de ne pas tenir tête aux forces de l'ordre.

Non, le mouvement n'a pas faibli en nombre à Dijon. Au contraire.

Oui, il a peut-être faibli en terme d'intensité.

Oui, il s'est aussi renforcé avec des forces nouvelles, écolos notamment. Mais pas seulement. Des jeunes militants politisés ont rejoint les rangs des GJ. Des étudiants, des lycéens. Le RIC était très présent, avec de très nombreux porteurs de tracts et pétitions à signer.

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