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23 septembre et après ?
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Nous publions ci dessous une déclaration du syndicat CGT-Schindler qui revient sur le contexte de la répression anti-syndicale et ouvre des pistes pour faire du 23 un début de campagne prolongée et unitaire :
Combattre les représailles antisyndicales :
Réussir le 23 septembre et construire une campagne de long terme
Depuis quelques années, nous assistons à une recrudescence des attaques contre les militantEs, les éluEs, et plus largement contre le syndicat CGT. Les directions utilisent un large répertoire de moyens :
o sanctions diverses (rappel à l’ordre, avertissement, mise à pied…), à partir des prétextes les plus futiles. A minima, même si la procédure ne va pas au bout, la simple convocation à un entretien préalable, assortie d’une menace de licenciement, suffit souvent à mettre un gros coup de pression au camarade convoqué !
o contournement du syndicat lors de la préparation d’élection, en évitant d’avertir le DS ou les élus pourtant connus par le patron ou le DRH (par l'envoi du courrier d'invitation à négocier le protocole à la conf par exemple, qui ne fait pas suivre...).
o retrait de moyens par réorganisation de la structure de l’entreprise ou du groupe, permettant de réduire le nombre d’instances, de mandats et le volume d’heures de délégation.
o discriminations
o blocages de carrières et des évolutions salariales,
Ces méthodes antisyndicales sont une réalité généralisée, dans toutes les entreprises, privées comme publiques. Il y a une véritable cohérence politique des attaques contre la CGT, et plus globalement contre le syndicalisme de lutte :
o refus par le nouveau président Hollande, à peine élu, d’une loi d’amnistie syndicale
o les lois Macron et Rebsamen attaquent frontalement les bases matérielles du syndicalisme (IRP, prud’hommes…)
o la commission Combrexelle (fonctionnaire qui a assuré la direction nationale du travail) vise à renforcer la place de la négociation au niveau de l’entreprise, dans la lignée des théorisations de Badinter et Lyon-Caen
o médias et éditorialistes passent leur temps à attaquer l’archaïsme de la CGT, les prétendus « privilèges » des salariés en CDI, et à mettre en avant le syndicalisme allemand comme nouveau modèle
Une conclusion s’impose : nous avons aujourd’hui en face de nous un bloc politique, réunissant Etat, gouvernement de "gauche", Medef et franges syndicales “réformistes” pour briser un syndicalisme de conquête sociale. Ces politiques poursuivent et approfondissent les attaques engagées sous la présidence Sarkozy, comme la restriction du droit de grève ou la fermeture de conseils de prud’hommes par exemple.
Cette orientation patronale et gouvernementale doit être replacée également dans un long processus débuté à la fin des années 1970. Sous l’impulsion de Reagan et Thatcher, les politiques néo-libérales ont eu pour objectif de réduire les différents acquis des luttes menées par les salariés, et dans cette perspective, d’affaiblir les organisations syndicales. Une étude publiée récemment par deux économistes du FMI a documenté cette dynamique : « Le pouvoir de négociation des salariés et part des revenus les plus
élevés : la réduction de la densité syndicale peut accroître les parts des revenus les plus élevés en réduisant le pouvoir de négociation des salariés. À l’évidence, ces parts dépendent de l’évolution de la partie inférieure de la distribution des revenus. Si, par suite de l’affaiblissement des syndicats, les rémunérations des travailleurs ayant des salaires moyens ou faibles se tassent, la part des revenus constitués par les rémunérations de la haute direction et des actionnaires augmentera nécessairement. »
Les dispositifs de représailles antisyndicales représentent donc un élément essentiel visant à atteindre un objectif plus large : renforcer l’exploitation de la main d’oeuvre pour en tirer le profit maximum.
L’Union Européenne est aujourd’hui le chef d’orchestre des politiques antisyndicales. La façon dont les salariés grecs ont été traités le démontre clairement, mais pas seulement. Partout à travers le continent se mettent en place des politiques antisyndicales, visant à empêcher les travailleurs de s’organiser pour défendre leurs acquis et gagner de nouveaux droits :
o encadrement et limitation du droit de grève en France, Allemagne, Grande-Bretagne, Espagne…
o réforme du marché du travail en Italie, en Grèce… annoncée en France
o politiques d’austérité généralisée
Il n’est pas possible de continuer à envisager « la réorientation » des politiques européennes. C’est l’ensemble du système européen, favorable aux multinationales et au grand patronat, qui doit être mis à bas.
Dans cette situation, la confédération doit développer un discours clair et cesser de chercher les aiguilles « positives » dans les meules de foin antisyndicales, qu’il s’agisse de la France comme de l’Union Européenne. Par exemple, concernant la loi Rebsamen, sous prétexte d'avancées dans les TPE par la mise en place de « commissions régionales », nous avons laissé passer de très graves reculs. Ne pas expliquer clairement cette cohérence antisyndicale, c'est désarmer les équipes militantes.
Nous devons trouver les moyens de discréditer et délégitimer le patronat. C'est une nécessité, pour casser le bloc face à nous. Mettre sur la place publique les méthodes, les pressions, en montrer le caractère systématique et moyen-âgeux, etc... Le système économique dans lequel nous vivons ne peut fonctionner que par la menace et la violence, et le fait que les inégalités se creusent, que les riches deviennent toujours plus riches, repose sur cette violence quotidienne.
La campagne sur la question des libertés syndicales est un processus de longue durée, si nous voulons construire un vrai rapport de force. Cette campagne, la CGT doit se donner comme objectif de la faire partager par le plus grand nombre, les salariés bien entendu, mais aussi d’autres organisations syndicales qui subissent également ce type de traitement. Faire cavalier seul sur cette question, c’est s’isoler et ne pas se donner les moyens de casser le bloc politique qui nous fait face.
Nous devons donc travailler à regrouper les collectifs et structures qui se battent contre les méthodes patronales et gouvernementales, et participer activement à développer ces activités :
o Observatoire de la discrimination et de la répression syndicale
o Collectif unitaire de soutien contre la répression…
Le bureau du syndicat CGT Schindler
Le 10 septembre 2015