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Ségolène Royal ne veut pas de travaux à Notre-Dame-des-Landes
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
La ministre de l’écologie, Ségolène Royal, a des doutes sur la pertinence du projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, prévu pour remplacer l’actuelle plate-forme aéroportuaire de Nantes Atlantique. A Séoul, où elle accompagne le chef de l’Etat en visite officielle, elle aurait déclaré dans une discussion avec plusieurs journalistes qu’elle « n’était pas pour Notre-Dame-des-Landes ».
Ségolène Royal fait entendre sa différence alors que le premier ministre, Manuel Valls, a réaffirmé, le 20 octobre, devant les députés, la volonté de l’Etat d’engager les travaux pour construire la nouvelle aérogare et ses deux pistes, à une quinzaine de kilomètres au nord de l’agglomération nantaise. Le préfet de la région des Pays de la Loire, Henri-Michel Comet, avait indiqué, dans un communiqué le 30 octobre, que « l’Etat a demandé aux maîtres d’ouvrage de la future plate-forme et de sa desserte routière de mettre en œuvre les démarches qui permettront de démarrer les travaux. »
A un mois de l’ouverture de la conférence mondiale sur le climat (COP21), à Paris-Le Bourget, Mme Royal s’inquiète des volontés gouvernementales de débuter le chantier et d’évacuer la ZAD, la zone à défendre occupée par plusieurs centaines de militants écologistes et anticapitalistes : « A 30 jours de la COP avec les régionales, juste pour montrer l’autorité, mais l’autorité sur quoi ? », aurait-elle confié. « Elle est furax », aurait ajouté un membre de la délégation française.
Volonté de rouvrir le dossier
L’opposition de Ségolène Royal, ou à tout le moins sa prudence, n’est pas nouvelle. En mars 2015 déjà, dans une interview à BFMTV/RMC, la ministre avait suggéré un « référendum local au niveau départemental ». « Ouvrons les choses, au lieu de toujours se figer dans des postures, dans des conflits. Décompressons, ouvrons le jeu de la société, permettons que les gens s’expriment, faisons confiance à l’intelligence humaine, au dialogue démocratique, à la démocratie participative », avait-elle alors lancé, à l’appui de sa suggestion.
Cette volonté de rouvrir le dossier pour dépasser l’opposition entre les porteurs du projet que sont l’Etat, la région et Aéroport du Grand Ouest, filiale de Vinci Airports, futur concessionnaire de l’aéroport, et les nombreuses associations de défenseurs de l’environnement, d’élus ou d’agriculteurs hostiles, reste une constante chez Ségolène Royal. Sur d’autres dossiers chauds, comme le projet de barrage dans le Tarn, à Sivens, ou celui du Center Parcs, à Roybon dans l’Isère, la ministre avait proposé de relancer des études ou des consultations. En avril 2014, quelques jours après son arrivée à la tête du ministère de l’écologie, invitée de l’émission du « Grand Jury » RTL-LCI-Le Figaro, elle pensait que « dialogue devait se renouer autour d’un projet élaboré avant même que le TGV Nantes-Paris existe et qu’il fallait peut-être remettre les choses à plat ». La possibilité de rallier les aérogares franciliennes avec la ligne à grande vitesse qui dessert Nantes modifierait la donne selon elle.
En décembre 2014, Ségolène Royal avait même risqué (sur France 5 dans « C à vous ») un « bon courage » à l’attention de Manuel Valls, quand celui-ci avait indiqué qu’une fois les recours juridiques épuisés, « il faudrait alors s’engager dans la construction de Notre-Dame-des-Landes ».
Solutions alternatives
De fait, le tribunal administratif de Nantes a rejeté tous les recours le 17 juillet, mais d’autres procédures sont encore à l’examen, notamment en appel. L’expulsion éventuelle des derniers occupants arrivés sur la future zone d’aménagement, à la Noë verte, doit être jugée le 3 décembre.
De leur côté, les opposants au projet de Notre-Dame-des-Landes préconisent d’agrandir l’actuel aéroport de Nantes-Atlantique. Ils ont travaillé à des solutions alternatives, notamment sur l’aérogare et l’orientation de la piste actuelle, solutions qu’ils doivent présenter jeudi.
Enfin, mercredi, une délégation d’élus écologistes et de candidats aux élections régionales, devait, emmenée par la secrétaire générale d’Europe Ecologie-Les Verts, Emmanuelle Cosse, et la coprésidente du groupe écologiste à l’Assemblée, Cécile Duflot, se rendre sur la ZAD, pour dénoncer les velléités gouvernementales de débuter les travaux du futur aéroport. Emmanuelle Cosse avait dénoncé la veille, dans les colonnes du Monde, le « double discours » du gouvernement sur le sujet : « Le président de la République est en Chine pour expliquer la nécessité d’une trajectoire de réduction des gaz à effets de serre à 2 degrés et convaincre Pékin de rehausserses engagements. Pendant ce temps, le gouvernement annonce la reprise des travaux d’un nouvel aéroport dont on n’a pas besoin et qui va aggraver la question climatique. Où est la cohérence ? »
Invitée par de nombreux médias, dans le cadre de la préparation de la COP21, la ministre de l’écologie devrait avoir l’occasion, selon son entourage, de préciser sa position sur ce dossier chaud, pomme de discorde entre les écologistes et les socialistes.