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Le gouvernement étend l’état d’urgence aux DOM-TOM
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Ce mardi 17 novembre, le gouvernement français vient d’annoncer l’extension de l’état d’urgence à la majorité des DOM-TOM, qui n’étaient jusqu’ici pas concernés. Cette décision fait suite aux pressions exercées par une partie de la classe politique et de la police pour prendre cette décision. Mais elle constitue également une opportunité en or pour l’Etat français afin de restaurer son autorité sur ses différents protectorats, quelques jours après la grève générale qui a touché l’île de Mayotte.
L’état d’urgence se voit donc étendu à la Guadeloupe, la Guyane, la Martinique, Mayotte, La Réunion ainsi qu’à Saint-Barthélemy et Saint-Martin. Cette décision a été justifiée par le gouvernement par une « nécessité de cohérence » et le « renforcement de la sécurité ». Le gouvernement s’appuie sur l’arrestation, lundi 16 novembre, de trois Syriens détenteurs de faux passeports grecs, dont l’un faisant l’objet d’une « fiche S » ; mais aussi la révélation de l’identité de l’auteur de l’enregistrement audio revendiquant les attentats de Paris, Fabrice Clain, d’origine guyanaise.
Mais aucune de ces deux affaires n’apporte d’éléments qui pourraient laisser penser qu’un attentat pourrait se produire dans les DOM-TOM, ou que des groupes terroristes y résideraient. Les trois Syriens en situation irrégulière n’avaient pas de projet terroriste en vue, et le lieu de naissance de Fabrice Clain est une information plutôt anecdotique, celui-ci ayant résidé surtout sur le territoire métropolitain, à Toulouse.
L’extension de l’état d’urgence aux DOM-TOM remplit au contraire une autre fonction, celle de renforcer l’autorité de l’Etat Français sur ses protectorats. D’abord, du point de vue de l’effet d’annonce, celle-ci permet de faire croire que ces territoires sont traités de la même manière que le territoire métropolitain, de les inclure dans « l’union nationale » - alors même que la grande misère et le très fort taux de chômage sont le lot quotidien des populations. A la Réunion par exemple, c’est 28,2% de la population active qui est privée de travail. Récemment, la mort d’un jeune étudiant originaire de Mayotte dans sa chambre universitaire à Lille avait suscité beaucoup d’émoi.
L’état d’urgence permet aussi de renforcer les moyens policiers en outre-mer, ce que réclamait le syndicat de police FO depuis plusieurs jours. Et cette annonce prend un sens particulier dans le cas de Mayotte, où une révolte très combative avait éclaté la semaine dernière, avec une grève générale sur l’île et des jeunes qui avaient édifié des barrages, brûlé des voitures et jeté des pierres contre la police. Il avait fallu la décision de mettre fin à la grève d’une intersyndicale débordée par le mouvement dans la journée de vendredi pour mettre un coup d’arrêt à la révolte. Si la décision avait été prise avant les attentats, les différents syndicats s’étaient appuyés sur l’union nationale pour justifier leur décision. Et c’est toujours selon cette logique que le gouvernement va désormais renforcer la présence policière.
Pourtant, la misère et les attaques patronales ne se sont pas arrêtées le soir du 13 novembre, et le chantage à l’union nationale pourrait ne pas suffire à calmer la colère des travailleurs et des classes populaires de Mayotte. C’est en prévision d’une reprise des luttes que l’état d’urgence vient désormais d’être décrété ; mais gageons que la réserve d’énergie dont avait fait preuve la population mahoraise la semaine dernière aura raison du renforcement de l’appareil répressif.