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L’Euro, c’est la fête ? Un supporter entre la vie et la mort
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Trente-et-une personnes sont blessées, dont un supporter anglais entre la vie et la mort, après les violences qui ont éclaté sur le Vieux-Port de Marseille en marge d’Angleterre-Russie, l’un des matches à risques de l’Euro 2016 programmé samedi 11 juin à 21 heures. En arrêt cardio-respiratoire, cet homme d’une cinquantaine d’années a reçu « des coups de barre de fer, vraisemblablement à la tête », et a été évacué d’urgence vers l’hôpital après qu’un policier a tenté de le réanimer, selon la préfecture.
Comme les deux jours précédents, plusieurs centaines de supporters anglais se sont installés samedi aux terrasses de certains pubs et cafés de la rive sud du Vieux-Port. Et c’est forcément là, autour des petites ruelles du carré Thiars, anciens docks bondés de bars et restaurants, que les premiers incidents sont partis. Un périmètre de 500 mètres carrés, seulement, où les forces ont tenté de juguler les incidents, provoquant parfois d’impressionnants mouvements de foule au moment de leurs charges.
Vers 16 heures, la police est intervenue une première fois pour disperser une bagarre entre Russes et Anglais. Des gaz lacrymogènes étaient tirés sous l’ombrière monumentale, donnant une ambiance de chaos à cette partie du Vieux-Port. Différence majeure avec la veille, cette fois, de très nombreux fans russes, maillots lie-de-vin et aigle à deux têtes étaient présents. Parmi eux, plus discrètes, de petites bandes organisées, à l’image d’une trentaine de supporters du Lokomotiv Moscou, arborant les couleurs des Orel Butchers, groupe ultra connu en Russie, qui ont chargé à plusieurs reprises des supporters anglais avec une extrême violence.
Selon le préfet de police Laurent Nunez, environ 300 supporters russes et 300 supporters britanniques « très déterminés » ont pris part aux affrontements, mais « le dispositif policier nous a permis de nous interposer systématiquement ». Six personnes ont été interpellées par les forces de l’ordre. Outre la trentaine de blessés (dont un dans un état critique et trois autres dans un état grave), les rixes n’ont pas fait de dégâts importants au niveau du mobilier urbain, a assuré la préfecture.
Ambiance schizophrène
Après la dispersion des hooligans, l’ambiance était chaotique au cœur de Marseille. Alors que le verre brisé jonchait toute la partie nord, à quelques mètres de là, sur le reste du Vieux-Port, Russes, Anglais et Marseillais, plus âgés, en famille, étaient attablés aux terrasses pour manger ou boire. La fédération française de tennisde table organisait même une animation gratuite devant la mairie. Certains supporters commençaient tranquillement à se diriger vers les bouches de métro pour gagner le stade, où l’ambiance est restée très calme jusqu’à une heure du coup d’envoi.
Vers 20 heures, de nouveaux heurts sont intervenus aux abords du Vélodrome. Au niveau du rond-point du Prado, des supporters russes et anglais auraient pris à partie les personnels chargés d’assurer la séparation des flux en différents itinéraires pour accéder au stade. Mais selon la préfecture, la police a rapidement rétabli l’ordre en faisant usage de grenades lacrymogènes et de canons à eau. Plusieurs personnes auraient été blessées.
Le souvenir de 1998
La sénatrice socialiste Samia Ghali, opposante majeure au maire LR Jean-Claude Gaudin, a lancé dès vendredi après-midi un début de polémique, regrettant que « le contrôle des hooligans étrangers » n’ait pas été effectué au départ de leur pays, et qu’une « maîtrise du débit excessif de boisson » n’ait pas été organisée dans la perspective de ce Angleterre-Russie classé à risques. « Fort heureusement, ajoute Mme Ghali, au milieu de ce désastre, les policiers déployés ont été d’un sang froid et d’un courage exemplaire ».
M. Gaudin a de son coté assuré que « le dispositif parfaitement organisé, mis en place par les forces de sécurité » avait permis de « circonscrire [...] la violence de quelques centaines d’excités ». Le ministère de l’intérieur a précisé qu’à la demande des autorités françaises, le gouvernement britannique avait « retenu les passeports de 3 000 individus considérés comme hooligans, les empêchant ainsi de venir en France durant toute la durée de la compétition ».
Outre quelque 1 200 policiers, les autorités ont mobilisé d’importants moyens de secours pour ce match à risque : 580 marins-pompiers contre 360 en temps normal, 51 pompiers du service départemental d’intervention et de secours répartis dans la ville, et 17 ambulances d’urgence et de réanimation. Interrogé dans la soirée par l’AFP, le commissaire Antoine Boutonnet, chargé de la lutte contre les hooligans en France, a refusé le « constat d’échec », évoquant « un problème de suralcoolisation qui entraîne in fine un phénomène de violences ».
Marseille a déjà été le théâtre d’affrontements entre supporters vendredi en fin d’après-midi, quelques heures avant le coup d’envoi du championnat d’Europe. Ces scènes rappelent les violences autour du match Angleterre-Tunisie pendant le Mondial 1998, qui avaient impliqué des supporteurs anglais, tunisiens et de jeunes Marseillais.