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Halte aux coups d’Etat militaires, politiques et administratifs en Turquie !
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Communiqué du CDK-F (Conseil démocratique kurde en France)
Non à l'isolement du leader kurde Abdullah Öcalan !
Libération d'Öcalan, solution politique à la question kurde !
La tentative échouée de coup d'Etat du 15 juillet 2016 a conduit à une légitimation accrue des politiques antidémocratiques et liberticides du pouvoir turc, en particulier à l'encontre des milieux démocratiques et kurdes.
En réalité, la Turquie a connu un coup d'Etat, réussi celui-ci, il y a un an, lorsque le Président turc Recep Tayyip Erdogan a rejeté les résultats des élections législatives du 7 juin 2015, brutalement interrompu le processus de paix avec le mouvement kurde et semé la terreur dans tout le pays et en particulier au Kurdistan. Cette politique de guerre et de terreur a finalement permis à son parti, l'AKP, de remporter par la peur les élections anticipées du 1er novembre 2015.
Depuis l'année passée, on ne compte plus les quartiers et villes détruits au Kurdistan par les bombes de l'armée turque, ni les civils exécutés. De nombreux maires et élus locaux ont par ailleurs été destitués et emprisonnés. Ayant vu leur immunité parlementaire levée, les députés du Parti démocratique des Peuples (HDP) sont également menacés d'arrestation.
Ces politiques anti-démocratiques, ces atrocités, ont préparé le terrain à la tentative de coup d'Etat du 15 juillet 2016. L'impasse de la question Kurde et le déficit démocratique ont toujours entraîné des coups d'Etat en Turquie. L'échec du dernier putsch a eu pour effet de lâcher la bride au despotisme frénétique d'Erdogan. L'Etat d'urgence proclamé dans la foulée a conduit au limogeage de quelque 50 000 fonctionnaires et à des dizaines de milliers d'arrestations. Parmi les personnes arrêtées, figurent de nombreux journalistes accusés notamment de soutenir le mouvement kurde.
Dans les prisons, les détenus, en particulier les prisonniers politiques, sont privés de leurs droits les plus fondamentaux : privation de visites, de soins médicaux adaptés, isolement, tortures. A cet égard, les conditions de détention du leader kurde Abdullah Öcalan emprisonné sur l'île-prison d'Imrali depuis 1999 sont particulièrement préoccupantes. Avant d'être autorisé à recevoir la visite de son frère le 11 septembre dernier, il était complètement coupé du monde extérieur, n'ayant aucun contact, ni avec ses proches, ni avec ses avocats, depuis avril 2015, ce qui avait suscité énormément d'interrogations et de craintes quant à la santé et la sécurité de celui que des millions de Kurdes considèrent comme leur principal représentant politique.
Voilà des années que le peuple kurde manifeste contre l'isolement d'Öcalan et pour sa libération, notamment devant le Conseil de l'Europe où se tient une veille permanente depuis plus de quatre ans. Les institutions européennes restent cependant sourdes aux cris de plus en plus alarmés de Kurdes. Pourtant, si l'Europe veut d'une Turquie stable, elle a tout intérêt à contribuer à la résolution politique de la question kurde. Par conséquent, elle doit faire pression sur la Turquie pour qu'il soit mis fin à l'isolement d'Öcalan qui, étant le principal représentant du peuple kurde, a le plus de légitimité pour négocier avec l'Etat turc.
Le jour-même où Abdullah Öcalan a reçu la visite de son frère, les autorités turques ont pris d'assaut 28 Mairies, dont 24 municipalités kurdes gérées par le HDP. Leurs Maires et Conseillers municipaux ont été destitués et remplacés par des administrateurs, en application d'un décret pris dans le cadre de l'Etat d'urgence et totalement contraire aux règles de la démocratie. Cet énième coup d'Etat contre la démocratie vise essentiellement les Mairies kurdes dont les élus ont obtenu 65 à 95 % des votes.
Cette mesure illicite et arbitraire ne peut avoir d'autres effets que d'exacerber les problèmes actuels dans les villes kurdes et de rendre encore plus difficile la résolution de la question kurde. Le HDP a déclaré qu'il considérait comme « nulle et inexistante cette règlementation qui ignore la volonté des électeurs et qui prive les élus et les collectivités locales de toutes leurs compétences » et ajouté que le peuple ne courberait pas l'échine « face à ceux qui méprisent et sapent sa volonté ».
Non contente de réprimer les Kurdes à l'intérieur de ses frontières, la Turquie mène des opérations armées en territoire syrien depuis le 24 août 2016, disant lutter ainsi contre Daesh et contre le PKK. Cette intervention appelée « bouclier de l'Eurphrate » est en fait motivée par le seul souci d'entraver l'avancée des forces kurdes qui sont pourtant le principal rempart contre Daesh. L'unique et véritable objectif de la Turquie est d'occuper à terme toute la région frontalière, afin d'empêcher les Kurdes de mettre en œuvre leur projet d'autonomie démocratique.