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Fillon: «Ce que je veux pour la sécurité sociale»
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
EXCLUSIF - Dans une tribune au Figaro, le candidat de la droite et du centre à la présidentielle précise que son programme «ne consiste nullement à privatiser l'Assurance-maladie, mais à sauver son caractère universel en responsabilisant les assurés».
Je suis engagé dans le débat présidentiel avec un projet puissant, fondé sur la vérité et un effort responsable pour redresser notre pays. Depuis deux semaines, mes propositions font l'objet d'attaques de la gauche et de l'extrême droite. Elles ne m'impressionnent pas. Ce tir de barrage était prévisible puisque j'engage le fer contre le cortège des conservateurs et des mystificateurs. Mes adversaires s'érigent en défenseurs de notre «modèle social» mais ils en sont, en réalité, ses fossoyeurs. Ils refusent de voir que ce modèle craque de toutes parts, que le chômage, la pauvreté et les injustices se propagent, que les déficits menacent la solidarité nationale.
Les critiques se sont récemment concentrées sur la santé. Quel est le diagnostic? Notre système de soins est menacé et la situation s'est dégradée ces dernières années. Les Français sont inquiets, à juste titre: des heures d'attente éprouvantes aux urgences, plusieurs mois pour obtenir un rendez-vous chez un spécialiste, des déserts médicaux qui s'étendent. Les professionnels de santé sont exaspérés par la bureaucratisation de leur métier. Le gouvernement a opposé l'exercice libéral et le système public au lieu de les faire fonctionner de façon complémentaire. À l'hôpital, les 35 heures ont fait des dégâts. Le trou de la Sécu n'est pas comblé, contrairement à ce que prétend la ministre. La dette se monte à 160 milliards d'euros…
Bref, au lieu de regarder les faits, mes détracteurs me soupçonnent de vouloir «privatiser» l'Assurance-maladie et diminuer les remboursements. C'est évidemment faux! Au passage, la gauche préfère oublier que le poids des mutuelles et des assurances personnelles n'a cessé d'augmenter depuis des décennies, y compris dans le cadre des réformes qu'elle a elle-même votées.
Les modalités de la «généralisation» des complémentaires santé aux seuls salariés ont conduit, dans de nombreux cas, à diminuer les garanties offertes (frais d'optique, soins dentaires, consultations de spécialistes et opérations chirurgicales moins bien remboursées) et à une augmentation des cotisations. Les assurés ne savent plus à quoi ils ont droit et s'interrogent sur les garanties effectives dont ils disposent. Opacité et manque de transparence sont devenus la règle. Mais de tout cela, la gauche, main sur le cœur, ne veut pas entendre parler. Moi, je dis les choses telles qu'elles sont! Oui, la situation de notre système
de santé est inquiétante et ceux qui prétendent le contraire sont dans le déni et la démagogie. Mon objectif est de sauver notre système de santé qui fut l'un des meilleurs au monde et qui doit le redevenir.
J'entends réaffirmer le principe d'universalité dans l'esprit des ordonnances de 1945. L'Assurance-maladie obligatoire et universelle, pilier de la solidarité, doit rester le pivot dans le parcours de soins dont le médecin généraliste est l'acteur clé. Elle continuera à couvrir les soins comme aujourd'hui et même, mieux rembourser des soins qui sont largement à la charge des assurés, comme les soins optiques et dentaires. Il n'est donc pas question de toucher à l'Assurance-maladie et encore moins de la privatiser.
Je souhaite assurer le meilleur remboursement pour les patients en plaçant l'Assurance-maladie obligatoire et les organismes complémentaires sous le pilotage d'une agence de régulation et de contrôle dans laquelle seront représentés tous les acteurs du système de santé ainsi que les usagers. Il s'agit d'améliorer la gestion de notre système de protection sociale. J'entends faire en sorte que tous les Français puissent bénéficier d'une protection complémentaire appropriée sur la base de contrats homogènes.
Il convient, par ailleurs, de responsabiliser chacun en simplifiant les nombreux dispositifs de franchise actuels et le ticket modérateur qui sont un maquis incompréhensible. Cette responsabilisation passe notamment par l'abandon de la généralisation du tiers payant. Assez de bureaucratie et assez de mensonge: la santé a un coût et, au bout du compte, d'une manière ou d'une autre, c'est toujours l'assuré qui paye.
Je veux réaffirmer l'équilibre de notre système de santé: médecine publique et médecine libérale doivent agir de concert, dans un climat de confiance. Le patient doit pouvoir choisir librement son établissement de soins, son professionnel de santé, ce dernier devant rester maître de ses prescriptions.
J'entends garantir un égal accès aux soins pour tous en enrayant la désertification médicale, grâce à la multiplication des maisons médicales,grâce à la revalorisation de la médecine libérale, actuellement découragée par la paperasserie et les charges, grâce aussi à la possibilité donnée aux établissements d'hospitalisation privée de participer aux missions de service public, grâce à une refonte des études médicales, grâce enfin à la télémédecine.
Il faut assurer l'équilibre financier. N'en déplaise aux charlatans du «toujours plus à n'importe quel prix», on ne peut pas continuer de financer notre Assurance-maladie à crédit et d'en faire porter le poids aux générations futures, d'autant que les dépenses de santé vont continuer de croître.
Alors, soyons courageux: sauvons notre système de santé pour garantir à tous les Français l'accès à l'innovation thérapeutique et aux nouveaux médicaments. Ces réformes sont nécessaires car, sans elles, notre système de protection sociale s'affaissera et les premières victimes seront nos concitoyens les plus démunis. Ces réformes se feront dans la concertation avec tous les acteurs.
Je l'ai dit et je le répète, ma priorité, mon urgence, c'est la bataille pour l'emploi et la croissance. Si mes compatriotes m'accordent leur confiance, c'est sur cette bataille que je concentrerai le début de mon quinquennat.
Près de six millions de Français au chômage ou n'ayant qu'une activité réduite, des centaines de milliers de jeunes hors de tout emploi ou formation… Une bombe sociale est sous nos pieds, et malgré cela la gauche me reproche de vouloir faire ce qui a été fait dans les pays voisins qui connaissent le plein-emploi! «Ultralibéral», hurle-t-elle. Vieille et risible ficelle pour disqualifier tous ceux qui n'ont pas ses œillères. Je suis simplement pragmatique et je crois que la liberté est le meilleur tremplin des sociétés vivantes.
J'ai la conviction que nous pouvons ramener la France au plein-emploi. Pour cela, nous devons diminuer le coût du travail, simplifier et alléger notre droit du travail, mettre le paquet sur l'alternance, sortir des 35 heures et laisser aux acteurs de terrain le pouvoir de négocier leur organisation, lever la peur de l'embauche qui dissuade les PME de recruter… Ceux qui m'accusent à tort de vouloir casser le droit du travail ont cassé le travail tout court! Je veux le restaurer, le valoriser, l'ouvrir à tous.
Pour mes adversaires, l'emploi, c'est encore et toujours l'affaire de l'État. Nous sommes l'un des pays au monde les plus réglementés, l'un des plus imposés de l'OCDE, et, avec 5,5 millions d'agents publics, nous sommes l'État d'Europe le plus administré. Mais, pour la gauche et l'extrême droite, cette réalité importe peu. Ils préfèrent crier haro sur ceux qui, avec moi, veulent réduire ce chiffre de 8 % sur 5 ans pour diminuer nos déficits et alléger les contraintes qui pèsent sur les initiatives.
Oui, deux camps s'opposent: le camp de ceux qui pensent que pour redresser la France il faut encore et toujours verrouiller le système ; et celui, dont je suis avec des millions de Français, qui affirme qu'il faut le déverrouiller.
Mes détracteurs croient que notre peuple ne peut pas supporter la vérité. Je crois le contraire! Ils pensent qu'on peut relancer notre pays sans changements radicaux. Ils mentent! Les attaques ne me feront pas dévier de ma route. Elles sont la rançon d'un projet exigeant, guidé par l'intérêt national. Avec les Français, j'aurai le courage de la vérité et de l'action.