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CIA : le directeur nommé par Trump défend ouvertement la torture
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
[Portrait] Mike Pompeo, qui vient d'être confirmé au Sénat américain pour diriger la plus grande agence de renseignements au monde, arrive dans un contexte de hautes tensions. Ce conservateur revendiqué, est ouvertement contre l'avortement et le mariage pour tous, pourrait signer l'augmentation du recours aux méthodes de renseignement violant les règles du droit international.
Mike Pompeo va prendre les commandes de la CIA dans un contexte de tensions. Pendant la campagne présidentielle et après son élection, Donald Trump a entretenu des liens souvent conflictuels avec les anciens membres de la CIA. Après les cyberattaques russes intervenues pendant la présidentielle, le nouveau président américain avait comparé les conclusions des analystes de la CIA aux propos de l'ancien secrétaire d'État américain Colin Powell sur la prétendue présence d'armes de destruction massive en Irak. Ces conclusions "sont les mêmes que ceux qui disaient que Saddam Hussein disposait d'armes de destruction massive". Trump a donc longtemps cherché à discréditer le renseignement américain. Mais il y a quelques jours, le président a changé de comportement vis à vis de la CIA en affirmant qu'il était "à 1.000 % avec vous", ajoutant qu'il n'y avait aucune tension entre les agences de renseignement et la Maison Blanche. Mike Pompeo hérite donc d'une agence marquée par les propos d'un président à l'humeur changeante.
De l'armée américaine au Tea Party
Né en 1963 en Californie, Mike Pompeo a connu plusieurs carrières. Ancien étudiant de la prestigieuse académie militaire de West Point, il entre officiellement dans l'armée américaine en 1986 pour y rester jusqu'en 1991. Il a également intégré la filière droit de l'école de Harvard. Il a par la suite multiplié les expériences dans le secteur privé d'abord dans un cabinet d'avocats pendant deux ans. Puis il a crée une entreprise dans l'aérospatial qu'il a vendue en 2006 et a dirigé une autre entreprise dans le pétrole appelée Sentry International.
Après une vingtaine d'années dans le secteur privé, il se présente dans le Kansas pour briguer un mandat à la Chambre des représentants et remporte le scrutin en profitant de la vague ultraconservatrice du Tea Party. Il va d'ailleurs remporter tous les scrutins entre 2010 et 2016.
Mike Pompeo (à gauche) en compagnie du vice-président Mike Pence. REUTERS/Jonathan Ernst
Pendant son audition au Sénat ce lundi 23 janvier, il a esquissé quelques lignes de son programme. Sur l'Iran, Mike Pompeo veut clairement revenir sur l'accord sur le nucléaire conclu dans l'été 2015 avec les grandes puissances. Mais cette position n'a rien de surprenant. Dans un message posté sur Twitter, il avait parlé "accord désastreux avec le plus grand Etat finançant le terrorisme" estimant que les Etats-Unis devaient le dénoncer.
Il en a également profité pour critiquer les activités de la Chine qui selon lui ont crée de "vraies tensions" à cause de ces activités en mer notamment. Enfin, il a émis plusieurs réserves sur le comportement de la Russie en Syrie et en Ukrainecomme le souligne Le Temps. Ce qui devrait soulever l'attention de Donald Trump qui a plusieurs fois exprimé ses liens avec le Kremlin et sa volonté de rapprocher les diplomaties des deux pays.
Une position ambiguë sur la torture
Donald Trump ne semble pas seul dans son administration à tenir des propos contradictoires. En 2009, Barack Obama avait signé un décret imposant à la CIA de pratiquer les mêmes règles d'interrogatoires que l'armée américaine. Le document signé par l'ancien président interdisait notamment la pratique du "waterboarding", qui consiste à simuler une noyade pour obtenir des renseignements. Si Mike Pompeo a assuré ne pas vouloir revenir sur ces pratiques dans un premier temps, il a tenu des propos dans des réponses écrites au Sénat affirmant l'inverse. Le nouveau directeur de la CIA a indiqué qu'il étudierait l'interdiction actuelle du "waterboarding", si elle empêchait le recueil "de renseignements vitaux". Il a enfin déclaré devant une commission sénatoriale en 2015 que ceux qui avaient recours au "waterboarding étaient des patriotes, pas des tortionnaires".
Pour la condamnation à mort de Snowden
Si Barack Obama vient de commuer la peine de Chelsea Manning avant de laisser sa place à la Maison Blanche, la position de Donald Trump sur les lanceurs d'alerte devrait être tout autre. Il a plusieurs fois affirmé son soutien aux programmes de surveillance massive engagés par la National Security Agency (NSA) et les autres agences américaines de renseignement. Le lanceur d'alerte Edward Snowden à l'origine des révélations sur ce programme de surveillance méritait selon Mike Pompeo "la peine de mort pour haute trahison".
La nomination de Mike Pompeo devrait donc apaiser les tensions qui existaient entre Donald Trump et la CIA. Mais cet apaisement des relations pourrait également signifier que le nouveau président accorde plus de pouvoirs à la plus grande agence de renseignements au monde qui possède déjà un service très étendu.
Mike Pompeo en cinq dates
1963 : naissance en Californie
1986 : entre à l'académie militaire de West Point
1986-1991 : carrière dans l'armée américaine
2010 : élu à la Chambre des représentants alors qu'il se présente pour la première fois
2017 : nommé à la tête de la CIA