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A Châteauroux, Mélenchon poursuit sa campagne à destination des indécis
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
(Mediapart) Le candidat de la France insoumise tenait meeting dimanche devant 3 000 personnes. Il a été question des déserts médicaux et du recul des services publics, dans un département directement touché par le sujet. Pour son directeur de campagne, l’objectif de ces trois dernières semaines est clair :« faire de la France indécise une France insoumise ».
Châteauroux (Indre), envoyé spécial. - « Bonjour les insoumises, bonjour les insoumis, bonjour à tous les autres aussi, car vous êtes de plus en plus nombreux à venir. » En ouvrant le meeting de Jean-Luc Mélenchon dimanche 2 avril dans la salle M.A.CH 36 de Châteauroux, la présentatrice donne le ton. Devant 3 000 personnes selon les organisateurs – un chiffre « historique pour le département » –, le candidat de la France insoumise a pu mettre en pratique ses propos tenus le matin même dans Le Journal du dimanche : « Les indécis sont la clé du vote ; c’est eux que je veux convaincre ! » Forts d’une bonne séquence depuis deux semaines et sa marche du 18 mars pour la VIe République, Jean-Luc Mélenchon et son équipe de campagne sont bien décidés à accélérer. « Notre objectif est d’abord de passer devant François Fillon », explique à la presse Manuel Bompard, directeur de campagne. « Notre dynamique de campagne est aujourd’hui incontestable et incontestée », ajoute-t-il. Pour lui, il s’agit maintenant de « faire de la France indécise une France insoumise ».
Jean-Luc Mélenchon dimanche 2 avril à Châteauroux © CG
À Châteauroux, dans l’Indre, terre pas franchement acquise à la cause – le maire de la ville est LR, le FN a tourné autour des 28 % lors des Européennes et des régionales –, Jean-Luc Mélenchon a opté pour le sujet consensuel de la santé. « L’Indre est le troisième département le plus touché par la désertification médicale », soulignait Manuel Bompard juste avant l’entrée en scène du candidat.
Pour Mélenchon, la santé est « un bien commun indépassable » et une « question de premier plan », « liée directement à toutes les autres et en même temps le résultat ». « Nous sommes menacés d’un véritable krach sanitaire », a exposé le candidat devant des spectateurs attentifs.
Pour lui, la société est directement menacée par une série de « nouvelles épidémies ». Des « épidémies sociales », comme l’obésité, des « maladies environnementales » aussi. « Nous devons y penser non pour s’affoler – à tout problème il y a une solution – mais d’abord pour en prendre conscience. Pour savoir par quoi l’on commence avant de répondre à la question stupide “combien ça coûte ?” ». À cette question, a ajouté Mélenchon, il faut répondre : « Combien nous coûte votre monde barbare, votre monde de brutes ? »
Le candidat a ensuite déroulé ses propositions. Le remboursement à 100 % des soins par la Sécurité sociale – « ça s’appelle la Sécurité sociale intégrale » ; la suppression du numerus clausus et le recrutement de médecins rémunérés en tant qu’apprentis durant leurs études et qui devront ensuite travailler dix ans pour l’État ; l’instauration de centres de santé partout sur le territoire ; la fin de la tarification à l’acte à l’hôpital.
Surtout, le candidat place la santé dans une « vision globale ». Sa proposition, par exemple, de revenir aux 35 heures réelles en rémunérant mieux les heures supplémentaires devrait permettre de « moins user les gens au travail, et meilleure sera leur santé ». De même, sa volonté de passer les cantines scolaires au 100 % bio constitue aussi, selon lui, « une politique de santé » en même temps qu’une « politique de relocalisation ».
Enfin, Jean-Luc Mélenchon a également insisté sur la nécessité du dépistage. La médecine du travail, notamment, devrait revenir à son statut d’avant la loi El Khomri. « Il y a urgence à rétablir une médecine du travail qui doit pouvoir dire “arrêtez de lui faire faire cela, ça va le tuer” », a-t-il expliqué. Soulignant comme à quasiment chaque meeting qu’il abrogerait, une fois élu, la loi de la ministre du travail du gouvernement Hollande. Autre axe de dépistage : la médecine scolaire, dont le candidat a souligné le faible effectif – un médecin scolaire pour 8 000 élèves selon lui.
Mélenchon compte également s’attaquer à la « mine d’or » du médicament. « Je voudrais d’abord qu’on rétablisse un peu de vertu dans ce domaine », a-t-il lancé, s’en prenant au « scandale de l’accumulation capitaliste sur la santé ».
Dans son combat, Jean-Luc Mélenchon peut se targuer d’un soutien de poids en la personne d’Irène Frachon, dont il a lu une lettre lors du meeting. La médecin et lanceuse d’alerte, à l’origine de la révélation du scandale du Mediator, propose ainsi de socialiser l’entreprise qui a fabriqué ce médicament, Servier, « comme Renault en 1945 après la Collaboration ».
Enfin, le candidat de la France insoumise a prôné une vaste modification du Crédit impôt recherche (CIR), ainsi que l’interdiction pour les universités de frayer avec les entreprises privées dans leur enseignement.
Durant ses presque deux heures de discours, Jean-Luc Mélenchon a également illustré à plusieurs reprises son nouveau slogan, « La force du peuple », en accentuant l’opposition peuple-oligarchie. Le candidat, à propos de la gestion de l’hôpital, a ainsi parlé d’ « inventions tordues d’esprits dérangés », de directeurs qui « pullulent » dans les agences régionales de santé, de « petits bourgeois qui sont toujours pleins de morgue ». Au moment de ses propositions sur les laboratoires pharmaceutiques, il a également mimé ce dialogue : « Mais monsieur Mélenchon, si vous vous fâchez, ils vont s’en aller. – Eh bien, au revoir. » La foule se lançant alors dans un « Dégagez ! Dégagez ! ».
En face, donc, il y a le peuple. Le candidat a rendu hommage à diverses forces de la société civile qui l’inspirent ou l’accompagnent : Attac, le Réseau action climat, Négawatt, Anticor. « Nous somme le nombre, la force, la puissance, a lancé Mélenchon. Arrêtez d’avoir peur ! pensez le futur ! »
Il a terminé son meeting en s’adressant à la jeune génération. « Vous devrez vivre autrement, leur a-t-il expliqué. Il faudra changer la manière de consommer, de regarder la nature. » Puis : « À vous de trouver dans ce siècle ce chemin d’harmonie. » En attendant l'harmonie, la frange la plus jeune des Insoumis va pouvoir se défouler en jouant à Fiskal Kombat, un jeu vidéo mis en ligne la semaine prochaine mais qui possède déjà son fil twitter. Une campagne décidément sur tous les fronts.