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A Sciences Po Toulouse, la mobilisation contre la loi travail prend de l’ampleur
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Mercredi 20 septembre, « un débat général » autour de la loi travail XXL a regroupé 95 étudiants, soit plus de 10 % de l’effectif de l’Institut d’Etudes Politiques (IEP) de Toulouse. La manifestation du 21 a confirmé cette montée en puissance avec une forte présence des étudiants de Sciences Po au sein du « cortège jeunes » toulousain. Une dynamique qui s’explique par tout un travail préalable de pédagogie et d’information sur les conséquences de la loi travail…
Tout a débuté lundi 11 septembre, veille de la première manifestation. La nouvelle association La Repolitique avait invité tous ceux qui le souhaitaient à un café-info autour de la loi Travail. Ce soir-là, l’objectif central était de sensibiliser les étudiants à cette loi travail XXL et aux répercussions désastreuses qui vont s’abattre sur le salariat, les jeunes, les femmes, et les plus précaires. Bilan des courses : malgré une chaleur suffocante dans le sous-sol du bar Le Kaliméra, plus de 40 personnes avaient répondu à l’appel. Pari réussi !
L’approche est intéressante : prendre le temps de repartir des fondamentaux, vulgariser et décortiquer cette loi volontairement bureaucratique, pour mobiliser des jeunes susceptibles de mobiliser à leur tour.
C’est d’ailleurs l’idée centrale de cette association : repolitiser des étudiants qui pour une bonne part sont relativement peu impliqués dans la vie politique ou militante. La mission pédagogique de l’association est de faire comprendre qu’en soi, tout est politique. D’où la tenue à venir de conférences-débats pour ce qui est de l’info, l’existence d’un pôle dont l’ambition est de réécrire une constitution (avec la coordination d’une maître de conférence en droit public), et d’un autre pôle dédié au féminisme. Enfin en bout de chaîne, la Repolitique a une ambition militante : préparation des mobilisations à venir, entraide au sein du tissu associatif et citoyen toulousain, porte-à-porte, présence sur les piquets de grève, etc.
Mais c’est véritablement cette semaine que la mobilisation des étudiants de l’IEP a pris une tournure intéressante face au rapport de force imposé par le gouvernement Macroniste.
Mercredi 20 septembre, 95 personnes ont participé au « débat général » organisé par La Repolitique et une intersyndicale composée de trois des quatre syndicats présents sur l’IEP (Initiative des Etudiants Progressistes (liste IEP), Alternative Etudiante, UNEF). C’est plus de 10% des étudiants de Sciences Po Toulouse !
La soirée a débuté par des prises de parole remarquées de professeurs à Sciences Po en droit et sociologie. Extrait d’une des interventions : « La Loi Travail vient limiter le pouvoir du garant du code du travail : le tribunal des Prud’hommes. On donne ainsi aux employeurs le moyen de chiffrer les licenciements, et on valide la définition d’un travail pensé comme un "risque", avec des chiffres et des données permettant de calculer notamment le coût de licenciements dans les grands groupes. […] On assiste à un renforcement de l’asymétrie entre employeurs et employés, avec une précarisation du travail (CDI de projet, facilitation de licenciements). »
Un débat avec prise de parole paritaire
Est venue l’heure du véritable débat. Les organisateurs avaient émis le souhait d’un débat avec prises de parole paritaire (alterner entre une étudiante et un étudiant). Tout le monde a joué le jeu, et ce fut une franche réussite ! Après avoir débattu sur la loi travail, les étudiants ont ensuite débattu sur la mobilisation et ses modalités. Ce « débat général » s’est conclu par des votes. L’opposition à la loi travail a récolté 100% des suffrages (les professeurs n’ont pas pris part aux votes), tout comme la tenue d’un prochain « débat général » la semaine précédent la prochaine mobilisation du 10 octobre.
Un vote en faveur de la réduction du temps de travail
Enfin, preuve que les jeunes ne sont pas que dans une opposition stérile face au gouvernement, la proposition en faveur d’une réduction du temps de travail à 32h hebdomadaires (rémunérées 35h) a été adoptée par une large majorité (sur 79 votants : 58 votes pour, et seuls 2 contre). Un résultat intéressant qui prouve que la jeunesse est aussi là pour proposer des solutions concrètes face au chômage de masse, à la précarité, et pour une amélioration des conditions de vie.
Le lendemain matin, la manifestation du 21 septembre a réuni 14 000 personnes sur Toulouse. Une grosse soixantaine d’étudiants de l’IEP se trouvaient dans un cortège jeunes fort du renfort de 200 lycéens des Arènes qui avaient bloqué leur bahut dans la matinée alors que le vivier contestataire qu’est la faculté du Mirail ne fait sa rentrée que cette semaine.
De bon augure pour la suite de la mobilisation. En espérant qu’un maximum d’étudiants et de jeunes embrayent le pas. C’est avec cet état d’esprit conquérant, et une convergence des luttes nécessaire avec les travailleurs que nous finirons par obtenir le retrait total de ces ordonnances taillées sur mesure pour le patronat !