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Mise en place du contrat de chantier dans la métallurgie
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Mercredi 11 juillet l’union de l’industrie et des métiers de la métallurgie (UIMM, le patronat de la métallurgie) a annoncé, après concertation avec les organisations syndicales, l’application du « contrat de chantier » dans la branche, les ordonnances promues par le gouvernement Macron ont permis au patronat de faire un pas de plus dans la voie de la précarisation du monde du travail.
Avec l’accord de trois organisations syndicales, CFDT, CFE-CGC et FO, le patronat de la métallurgie a révélé à travers un communiqué la signature de deux nouveaux accords de branche le 29 juin dernier. Le premier fait référence à l’application du « contrat de chantier » ou « d’opération », le deuxième réduit le délai de carence applicable entre deux contrats à durée déterminée ou contrats intérimaires successifs sur le même poste de travail.
Le « contrat chantier » est soit disant un contrat CDI « temporaire » très utilisé dans le secteur de la construction, ce contrat prend fin lors de la fin du chantier. Désormais instauré dans la métallurgie, qui se vante d’être la première branche à avoir saisi et appliqué les nouvelles réformes du code du travail, faites à travers les ordonnances en 2017. Les entreprises entre 50 et 1000 salariés ne pourront pas dépasser 10 % de ses effectifs sous ce type de contrat, les entreprises comptant plus de 1000 salariés pas plus de 5 %. La durée minimale de ce contrat « ne peut être inférieure à six mois », et en cas de licenciement une indemnisation spéciale sera versé, la somme dépendra de la durée du contrat.
Selon l’UIMM l’ accord "vise à lever les freins à l’emploi" et "permet également aux salariés d’enrichir leur expérience professionnelle dans le secteur industriel". En réalité il s’agit d’une nouvelle percée dans cette offensive menée par le gouvernement du CAC 40, et avec la complicité des directions syndicales qui ont signé ces accords, contre les travailleurs.
Ce contrat appelé « CDI de Chantier » n’a en fin de compte rien d’indéterminé, puisqu’il prend fin à la fin du chantier. L’entreprise d’ailleurs économise une partie de dépenses dues au coût des travailleurs intérimaires. De plus, cela favorise la division des travailleurs à l’intérieur de l’usine et réduit encore plus les possibilités d’organisation, revendication et de syndicalisation des « contrats chantiers », car un ouvrier vindicatif et syndiqué aura moins de probabilités de voir son contrat renouvelé.
Un dialogue social constructif ?
L’UIMM se vente d’avoir instauré avec les organisations syndicales, « un dialogue social constructif », notamment parce qu’en plus des deux accords signés le 29 juin, la « majorité des organisations syndicales représentatives » a signé avec le patronat une « lettre paritaire », qui encourage les entreprises de la branche à ouvrir des négociations sur le dialogue social avant les protocoles d’accord pré-électoral (PAP) obligatoires pour la mise en place des CSE (qui vont remplacer les anciens CE, en fusionnant les Institutions Représentatives du Personnel dans chaque boite). Quand on sait que l’UIMM encourage chacune des entreprises de la branche à essayer de mettre en place des « Conseils d’Entreprise » ( qui hôte aux syndicats la capacité à négocier des accords) au lieu des CSE, on se demande comment des organisations syndicales – en tout cas leur « négociateurs » et leur direction – peuvent valider ce discours du « dialogue social constructif ». Et pourtant... La fédération de la métallurgie de Force Ouvrière, FO-Métaux, explique dans son communiqué justifiant sa signature qu’elle a « abordé ces discussions avec pour objectif notamment de favoriser le maintien et le développement de l’emploi dans l’industrie sur notre territoire ». Mais attention, FO « sera très attentive au résultat de cette expérimentation, notamment en s’assurant que le recours à ce dispositif corresponde bien à son objet, afin d’éviter les abus. Dans le cas contraire, nous pourrions en tirer toutes les conclusions et, le cas échéant, ne pas renouveler ou prolonger l’accord. ». Malheureusement, le problème de ces contrats précaires ne sont pas les abus, mais ces contrats eux-mêmes... Des contrats précaires qui tendent à se multiplier dans la métallurgie, à tel point que l’on se dirige vers une mise à mort du CDI tel que nous le connaissons aujourd’hui. Dans le seul secteur de l’automobile, on retrouve plus de 10 000 emplois précaires chez PSA, et bien plus encore chez Renault..
Le « dialogue social » n’est qu’une façade pour embellir ce qui n’est en réalité qu’un « crime social », car derrière la flexibilisation et la précarité, ce sont de centaines de milliers de personnes et familles qui subissent de plein fouet les attaques que le patronat et les gouvernements successifs sont en train de mener à l’encontre du monde du travail. Un « mode de survie » s’instaure dans les couches les plus démunies de la société, qui enchaînent des petits boulots, se voient confrontés à la précarité et au chômage, puis la pauvreté. Pour freiner leurs attaques et inverser le rapport de forces, contre l’UIMM mais aussi contre les bureaucrates qui signent des accords qui ne les concernent pas, il faudra davantage que des journées d’action isolées organisées pour « peser sur les négociations ». C’est tous les secteurs réunis, des métallos aux cheminots en passant par le reste des travailleurs du privé, des fonctionnaires, des étudiants, qui devons tirer les leçons des (déjà) nombreuses batailles menées depuis 2016, pour gagner lors de la prochaine, contre Macron et son monde.