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Sous-traitance nucléaire : soutien à Gilles Reynaud, président de "Ma Zone Contrôlée" !
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Pendant cinq mois, entre janvier et juillet 2018, une commission parlementaire présidée par Barbara Pompili (LREM, transfuge des Verts) a planché sur l’amélioration du niveau de sécurité et sûreté des installations nucléaire. Très vite lors des premières auditions « sous serment », la dégradation des conditions de la sous-traitance ont été pointées du doigt et les risques qu’elle faisait peser sur la société.
La sous-traitance nucléaire, on en parle de plus en plus. 80% des activités de maintenance dans les centrales, la totalité des travaux exposés, et le vieillissement des centrales est de plus en plus préoccupant pour la santé des travailleurs comme pour la sécurité des populations, sans même parler des démantèlements à venir.
Ça inquiète. On en fait des films à grand spectacle (« Grand Central » en 2013), des livres (« La Centrale »), les articles de presse se multiplient.
Voir tous les articles du blog sur le sujet
Le 17 mai, la commission a très longuement auditionné (plus de deux heures, voir ICI) deux syndicalistes CGT, sous-traitants du nucléaire, et membres de l’association « Ma Zone Contrôlée », dont nous avons déjà parlé à plusieurs reprises (voir « Le statut des sous-traitants du nucléaire en débat »). A côté de Yvon Laurent, il y avait Gilles Reynaud, représentant du personnel Orano DS et membre du conseil d’administration de l’ANCLII, par ailleurs président de l’association « Ma Zone Contrôlée ».
L’affaire n’a pas traîné, c’est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. L’employeur de Gilles Reynaud, Orano DS, filiale Orano (ex-AREVA) mais vrai sous-traitant, vient de lui infliger cinq jours de mise à pied.
La société n’a même pas été chercher un de ces prétextes professionnels bidon que l’on connaît si bien, elle l’accuse de « défaut de loyauté » envers l’entreprise, de « dénigrer » son employeur, les termes de son audition à l’assemblée comme sa participation et ses dénonciations à la CLI (Commission locale d’Information) du Tricastin où il est membre élu et où siège également l’ASN (Autorité de Sûreté du Nucléaire). Également dans le collimateur de son employeur les publications de l’association « Ma Zone contrôlée », sur le blog de l’association et les réseaux sociaux, par exemple les photos de la chute du générateur de vapeur de Paluel, le rapport d’expertise CATEIS « projet de fusion » et de l’impact sur la santé des salariés…
On reviendra dans un prochain article sur cette notion de « défaut de loyauté », ainsi que la toute récente loi sur le « secret des affaires » qui installent une épée de Damoclès de plus sur les épaules des syndicalistes honnêtes et combatifs qui veulent dénoncer les méfaits de leur employeur.
Donc il faut défendre Gilles Reynaud, c’est très important. Ça ne se discute même pas.
Une pétition a été lancée, qui a un franc succès malgré la période des congés, plus de 2000 signatures à ce jour. Il faut la signer.
Une collecte est parallèlement en cours, pour financer la perte de salaire, comme les frais d’avocats pour la procédure à venir.
Il faut se mobiliser, faire connaître ces initiatives, signer, partager, verser quelques sous à la collecte !
Pourquoi la sanction ?
On l’a dit, la sous-traitance nucléaire, ça devient un sujet chaud dans l’opinion publique.
Et en plus, on est dans une phase où tous les monopoles capitalistes cherchent à se placer et à anticiper les juteux chantiers de démantèlement des centrales à venir. Veolia, Vinci, Bouygues sont dans les starting blocks. Et comme partout on va vers le low-cost, peut-être bientôt des travailleurs détachés comme à ITER ou sur l’EPR de Flamanville, sur des « Chantiers clos et fermés » pour être sûr qu’aucune information ne sort… (comme à la centrale EdF de Cordemais à Nantes, 3 morts en deux ans chez les sous-traitants, affaire étouffée avec la complicité de la CGT locale, malheureusement…).
Donc on est en phase de grandes manœuvres. Orano DS se place lui aussi pour satisfaire les besoins très très concurrentiels du marché, après la fusion-absorption des entités Polinorsud-Amalis-MSIS Assistance par STMI. L’objectif avoué par la direction du groupe est de réduire les coûts de 20%, toutes les primes sont revues à la baisse (elles représentent 40% du salaire), sans même parler des risques sur la santé des travailleurs. Alors quand un délégué syndical dénonce, ça fait désordre, et quand la direction est obligée de rendre des comptes à l’ASN ou à EdF, ça énerve…
Les sanctions contre Gilles, c’est toujours la même chose : faire taire les empêcheurs d’exploiter en rond, intimider et faire baisser la tête à tous les travailleurs.
Il est donc essentiel de le défendre, dans le combat contre la sous-traitance, contre le nucléaire, pour un monde débarrassé du capitalisme destructeur de la nature et des hommes…
Face à la sanction, Gilles Reynaud est soutenu par la Fédération SUD Energie, les sections syndicales CGT du CEA Cadarache, de Saclay, de la CGT Tuifrance, du réseau national Sortir du Nucléaire, de militants de Greenpeace et de la Député Mathilde Panot de la France-Insoumise. Il faut s’en féliciter et élargir partout ce soutien, en particulier dans les secteurs de l’énergie et parmi les écologistes radicaux.
Par contre, du côté « CGT officiel » et de la FNME, on se pose des questions… On reproche à Gilles d’être écologiste et antinucléaire, de « faire du tort à la filière », de « bousiller le business », de diffuser les informations et tracts de la CGT (???) etc. On ne parle plus que fric et métier, d’emploi industriel, et la défense des travailleurs, d’abord les sous-traitants, est passée à la trappe. On est bien loin des timides revendications de réinternalisation envisagées en 2011… (voir la fiche d'époque en lien).
Comment ne pas faire le lien avec le scandale de 2013, un autre militant actif de Ma Zone Contrôlé dégagé (voir « La sous-traitance, au cœur du conflit à la FNME »). Comment ne pas faire le lien avec l’abandon pur et simple du projet de Convention Collective de sous-traitance du nucléaire en 2014 (voir « Sous-traitance, la CGT fait retraite en rase campagne ») ?? Comment ne pas faire le lien avec le scandale arrivé sur la centrale de Cruas en 2016, où les sous-traitants ont été abandonnés par la CGT-FNME avec deux listes CGT concurrentes aux élections professionnelles, ce qui a abouti à la création de SUD-Energie, et aujourd’hui à la mise à pied pour un mois de Yann Montiel, ancien secrétaire du CHSCT…
Ah oui bien sûr, devant la commission parlementaire Pompili, tous les syndicats ont dénoncé la sous-traitance croissante et les risques qu’elle faisait peser sur la société. Mais au-delà des effets d’annonce et des grands discours, imposés quelque part par l’ambiance et les craintes de plus en plus répandues dans l’opinion, que reste-t-il de concret ? Rien. On ne bouge pas, on ne fait rien – ah si, on lâche un syndicaliste et militant associatif trop remuant et qui commence à être connu…
La sous-traitance est au cœur de l’exploitation capitaliste. Tant sur l’exploitation low-cost, que sur le report des risques (pénibilité, toxiques…) sur des fractions de travailleurs moins protégées. C’est vrai dans le nucléaire, c’est vrai dans l’hôtellerie, c’est vrai dans le BTP, c’est vrai dans l’industrie., c’est vrai partout.
Alors ne laissons pas faire :
- Ré-internalisation de la sous-traitance !
- Egalité de tous les droits entre travailleurs sous-traitants et travailleurs des entreprises donneuses d’ordre
- Défendons les syndicalistes de classe, défendons Gilles Reynaud !