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Gilets jaunes. Pour faire plier Macron il faudra élargir le mouvement et le structurer par en bas
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Le deuxième acte de la mobilisation des Gilets Jaunes a montré la persistance et la détermination du mouvement, mais aussi la nécessité de l’élargir et de le structurer par en bas, de façon démocratique et aux côtés des travailleurs et étudiants des grandes villes si l’on veut faire reculer le gouvernement.
Castaner et Le Pen à la manœuvre
Le discours du gouvernement, dans la personne de son Ministre de l’Intérieur Christophe Castaner sur la baisse des effectifs de la mobilisation par rapport au 17 novembre et cherchant à assimiler l’ensemble du mouvement et sa radicalisation à Marine Le Pen, n’est qu’une tentative vaine de minimiser l’explosion de colère sociale qui émerge des profondeurs des fractures sociales et d’injustices cultivées depuis des années.
Or, la réalité indéniable de cette journée pour quiconque qui se soit rendu par exemple sur les Champs Elysées (et cela, même la plupart des journalistes l’admettent), n’a été en rien celle d’une opération de casseurs infiltrés (même s’il y en avait quelques-uns, de groupuscules de l’ultra-droite) qui se seraient pris aux forces de l’ordre. Ce à quoi nous avons assisté a été au contraire une étape de plus dans la radicalisation d’une frange considérable du mouvement, face à l’entêtement du gouvernement à maintenir coûte que coûte son agenda anti-social. Les Gilets Jaunes n’ont ainsi fait que démontrer une grande détermination à exercer leur droit de manifester en dépit de l’interdiction, en disputant jusqu’au soir le terrain de la rue aux CRS, en résistant aux gaz et aux bombes, en montant des barricades, et ce dans un contexte où la majeur parti du mouvement est restée dans les régions et a maintenu les actions de blocage.
L’opération du gouvernement vise à diviser le mouvement, entre soi-disant casseurs d’extrême-droite et manifestants pacifiques, de façon à l’affaiblir et à empêcher la jonction avec d’autres secteurs, tandis que Le Pen entend bel et bien capitaliser la mobilisation pour des fins électorales une fois que celle-ci sera terminée et c’est bien pour cela qu’elle cherche à se présenter comme amie des Gilets jaunes. C’est en ce sens que la journée d’action de ce samedi pose aussi un certain nombre de questions pour la suite, notamment en ce qui concerne la nécessité d’élargir et de structurer le mouvement.
Pour des comités d’action qui structurent, contrôlent et élargissent le mouvement par en bas
Un mouvement qui a une forte composante spontanée, mais qui pour faire reculer le gouvernement va devoir s’organiser davantage, s’élargir, développer une stratégie de lutte.
La question des méthodes de lutte se pose déjà ouvertement au sein des gilets jaunes, entre ceux qui privilégient les opérations de blocage routier et ceux qui préfèrent cibler des grandes entreprises ou des institutions de l’Etat, entre ceux qui étaient prêts à en découdre et ceux qui pensaient que les affrontements avec la police pouvaient se retourner contre le mouvement. Pour ne pas parler des quelques actes racistes qui ont pu avoir lieu en marge des mobilisations des gilets jaunes et qui doivent être combattus fermement.
La seule façon de résoudre l’ensemble de ces problèmes est de structurer et d’organiser le mouvement par en bas, de façon démocratique, par des assemblées générales et des comités d’action locaux qui décident des actions à prendre, de comment porter la parole du mouvement et se coordonnent avec les autres comités locaux.
Ces comités d’action locaux permettraient par ailleurs de construire l’unité avec d’autres secteurs qui partagent le combat contre le gouvernement Macron, tels que des travailleurs et syndicalistes combatifs des villes, des étudiants et lutte contre la sélection à la fac et l’augmentation des frais de scolarité. Les premières actions de convergence qui ont eu lieu cette semaine, et surtout la venue d’une délégation de cheminots à la manifestation des Champs Elysées aujourd’hui, constituent des pas importants en ce sens, qu’il faudra multiplier et pérenniser, en dépit de l’attitude divisionniste des directions syndicales à l’échelle nationale.
Plus encore, des comités d’action regroupant des travailleurs syndiqués et non syndiqués (comme le sont la plupart des Gilets jaunes) seraient un outil formidable pour débarrasser le mouvement ouvrier de tout conservatisme et pour combattre l’obstacle que représentent les directions syndicales aujourd’hui pour une généralisation de la lutte, par la méthode de la grève, vers une grève générale qui serait la seule à même de transformer en réalité le “Macron, démission” scandé par les Gilets jaunes dans les manifestations.
La mise en place de ce type de structure serait enfin la meilleure façon d’éviter toute instrumentalisation par des forces d’extrême-droite, de combattre les préjugées réels qui peuvent exister parmi les Gilets jaunes, ainsi que d’assurer que la parole portée par le mouvement sera celle de la base en lutte en non pas de porte-paroles ou « initiateurs » auto-proclamés et contrôlés par personne, tels que Frank Buhler. Le mouvement doit appartenir à ceux qui le construisent !