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Allemagne - Thuringe : Die Linke en tête, l’extrême droite en seconde position
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Un séisme. Le terme n’est pas trop fort pour qualifier le résultat des élections régionales qui ont eu lieu, dimanche 27 octobre, en Thuringe – un des Länder les moins peuplés d’Allemagne. Si la nette victoire du parti de gauche Die Linke (31 %, + 2,8 points par rapport à 2014) était attendue, l’arrivée de la formation d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD) en deuxième position (23,4 %, + 12,8), devant l’Union chrétienne-démocrate (CDU) de la chancelière Angela Merkel (21,8 %, – 11,7), constitue en revanche un véritable choc.
Bjoern Hoecke, de la formation d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD), après l’annonce des résultats, le 27 octobre à Erfurt. AXEL SCHMIDT / REUTERS
Deux mois après les régionales du 1er septembre dans le Brandebourg et la Saxe, l’AfD enregistre une nouvelle percée spectaculaire dans un des Länder de l’ancienne République démocratique allemande (RDA).
Spectaculaire, le succès de l’AfD l’est d’autant plus que son candidat en Thuringe, Björn Höcke, est le leader du courant le plus radical du parti, baptisé « L’Aile » (der Flügel). Un courant qui, depuis janvier, est placé « sous surveillance » par l’Office fédéral de protection de la Constitution, le service chargé du renseignement intérieur en Allemagne, ce dernier reprochant à Björn Höcke et à ses partisans de « relativiser le national-socialisme dans sa dimension historique ».
Comme dans le Brandebourg et la Saxe, où les têtes de liste de l’AfD aux élections de septembre étaient un ancien néonazi et un soutien du mouvement islamophobe Pegida, tous deux proches de Björn Höcke, la personnalité sulfureuse du leader de l’extrême droite en Thuringe – qualifié de « nazi » par le chef de file de la CDU trois jours avant le scrutin – n’aura donc pas dissuadé près d’un quart des électeurs de voter, dimanche, pour l’AfD.
Le triomphe est total pour cet ancien professeur d’histoire et d’éducation physique de 47 ans, qui avait failli se faire exclure de son parti, début 2017, après avoir déclaré que le mémorial de Berlin aux victimes de la Shoah était « un monument de la honte » et réclamé « un virage à 180 degrés de la politique mémorielle de l’Allemagne »,considérant comme « un grand problème » que Hitler soit dépeint comme « l’incarnation du mal absolu ».
Revers électoraux pour la CDU
Autant que la poussée particulièrement forte de l’AfD, c’est l’ampleur de la chute enregistrée par la CDU qui constitue le deuxième enseignement majeur du scrutin de dimanche.
Avec 21,8 % des voix, les chrétiens-démocrates perdent 11,4 points par rapport aux élections de 2014. Une déroute d’autant plus humiliante que la Thuringe fut longtemps considérée comme un bastion imprenable de la CDU, qui a dirigé l’exécutif régional sans interruption de 1990 à 2014.
A l’échelle nationale, ce score calamiteux risque de fragiliser un peu plus Annegret Kramp-Karrenbauer, dont la cote de popularité est au plus bas, dix mois après son élection à la tête de la CDU. « J’ai prouvé que je savais comment gagner des élections, même dans des conditions très difficiles », avait affirmé l’ancienne ministre-présidente de la Sarre, en novembre 2018, pour justifier sa candidature à la présidence de la démocratie-chrétienne. Mais depuis sa victoire, le parti a enchaîné les reculs : 28,9 % aux élections européennes du 26 mai (– 6,4 points), 32,1 % en Saxe (– 7,3) et 15,6 % dans le Brandebourg (– 7,4) le 1er septembre, et donc 21,8 % (– 11,4), dimanche, en Thuringe.
A un mois du congrès de la CDU, qui se tiendra à Leipzig les 22 et 23 novembre, Annegret Kramp-Karrenbauer ne pouvait s’attendre à pire scénario. Déjà contestée comme ministre fédérale de la défense, poste qu’elle occupe depuis juillet, « AKK » espérait que les élections régionales de cette fin d’année en ex-RDA conforteraient son statut de future candidate à la chancellerie. Mais c’est l’inverse qui risque de se produire, ses rivaux, jusque-là prudents, ayant toutes les chances de se sentir encouragés à affirmer leurs ambitions à la suite de cette série de revers électoraux.
Une scène politique allemande bouleversée
Le résultat de dimanche est également une mauvaise nouvelle pour l’avenir de la coalition d’Angela Merkel. Paradoxalement, toutefois, c’est peut-être moins le score de la CDU que les 8,2 % recueillis par le Parti social-démocrate (SPD) qui est préoccupant pour la chancelière. En recul de 4,2 points par rapport à 2014, le SPD essuie une nouvelle débâcle, comparable à celles qu’il subit à tous les scrutins depuis les législatives de 2017.
Ce mauvais résultat risque en effet de conforter ceux qui considèrent que le SPD doit sortir de la « grande coalition » de Mme Merkel pour reconquérir ses électeurs. Or le débat est tout sauf théorique en pleine campagne pour la présidence du SPD. Une bataille qui opposera, d’ici à la fin novembre, deux « binômes » de candidats, l’un partisan du maintien des sociaux-démocrates au gouvernement, l’autre plutôt favorable à ce qu’ils rejoignent l’opposition, comme l’a montré le premier tour de la consultation interne organisée auprès des quelque 425 000 adhérents du parti, et dont les résultats ont été révélés samedi.
Difficiles à anticiper sur le plan national, les conséquences du scrutin de dimanche sont enfin impossibles à évaluer au niveau purement régional. Même avec un excellent score, la tête de liste du parti de gauche Die Linke, Bodo Ramelow, se trouve dans une situation impossible. A la tête de l’exécutif régional depuis 2014, ce qui fait de la Thuringe le seul des seize Länder allemands dirigé par Die Linke, le ministre-président sortant est dans l’incapacité de former un gouvernement stable. A cause des faibles scores du SPD et des Verts (5,2 %, + 0,6 point), avec qui il gouvernait jusque-là, une coalition avec ces deux partis est en effet inenvisageable.
La direction de la CDU, de son côté, a répété dimanche soir, qu’elle ne souhaitait pas participer à un gouvernement aux côtés de Die Linke. A moins que les conservateurs changent d’avis, ce qui n’est pas totalement exclu, seules deux options apparaissent donc possibles à ce stade, aussi baroques l’une que l’autre, et dont l’hypothèse en dit long, elle aussi, sur l’ampleur des bouleversements qui affectent la scène politique allemande : un gouvernement minoritaire ou une coalition à quatre, composée de Die Linke, du SPD, des Verts et des libéraux-démocrates du FDP (5 %, + 2,5). Un attelage dont la vraisemblance est tout sauf garantie compte tenu de ce qui sépare ces différents partis.
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Le président du Land de Thuringe, Bodo Ramelow (Die Linke), a été plébiscité lors des élections régionales dans cette région de l'ex-RDA. Cependant une inconnue demeure, Die Linke pourra t-elle conserver la direction du Land ?
Avec les résultats définitifs, Die Linke a remporté les élections régionales en Thuringe (ex-RDA) et son Président sortant, Bodo Ramelow, est appuyé par 31% des voix et 29 sièges remportés (+1).
Les conservateurs d'Angela Merkel (CDU) subissent une lourde défaite avec 21,8% des voix et 21 sièges (-13). Ils sont devancés par l'extrême droite de l'AfD qui recueille 23,4% des voix et 22 sièges (+11). Très clairement, les résultats indiquent un transfère massif de voix de la droite vers l'extrême droite.
Du côté des alliées de Die Linke lors de la dernière mandature, le SPD s’effondre à 8,20% et conserve 8 sièges (-4). Bündnis 90 / Die Grünen recueille le faible score de 5,2% et conserve 5 des ses 6 sièges. Avec 5,0016%; le Parti libéral démocrate remporte de justesse 5 sièges.
Die Linke remporte 11 des 44 circonscriptions uninominales
C'est la CDU qui remporte le scrutin dans les circonscriptions uninominales avec 21 circonscriptions gagnées (-13) et 27,30% des voix.
Die Linke avec 25,70% des voix, et l'AfD avec 22,10% des voix, en remportent 11 chacun (+2 et +11). Le SPD remporte la circonscription de Gotha II (38,2%) et 10,80% des voix lors du scrutin par circonscription. Bündnis 90 / Die Grünen remporte 6,40% des voix et le Parti libéral-démocrate 5,30% des scrutins.
Ainsi Die Linke remporte les circonscriptions suivantes :
Nordhausen I (32,3%)
Nordhausen II (32,6%)
Erfurt I (28,4%)
Erfurt II (32,5%)
Erfurt III (42,1%)
Erfurt IV (32%)
Weimar II (28,4%)
Jena I (31,5%)
Jena II (32,2%)
Gera I (32,5%)
Suhl / Schmalkalden-Meiningen IV (30,7%)
Vers un gouvernement minoritaire ?
Avec 64,9%, le taux de participation est considérablement plus élevé qu'il y a cinq ans (52,7%). Le résultat provisoire est un nouveau revers national pour la "grande coalition" de la chancelière Angela Merkel (CDU / CSU et SPD). Bobo Ramelow est satisfait, car ce regain est un appui à sa politique "Je vois cela comme une confirmation claire".
Mais Bobo Ramelow n'a pas de majorité, ni aucun autre parti. Die Linke avec 29 sièges et les 8 sièges du SPD ne permettent pas à Bobo Ramelow de disposer de majorité au Landtag (88 sièges). Même avec le renfort de Bündnis 90 / Die Grünen (5 sièges), la gauche élargie ne dispose que de 42 sièges, et il en manque 3 pour avoir une majorité.
Du côté de la droite, la CDU n'a pas de majorité avec ses 21 sièges, même en grande coalition avec le SPD (et Bündnis 90 / Die Grünen / FDP) elle ne disposerait que de 29 à 39 sièges. Même une alliance CDU/AfD n'a pas de majorité (43 sièges) pour former un improbable gouvernement de droite/extrême droite.
On se dirige donc vers un gouvernement minoritaire de Die Linke / SPD avec Bobo Ramelow à sa tête (39 sièges à 42 si les verts le rejoigne).
Pour voir les résultats