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Le mouvement anti pass est ancré durablement, par Jacques Chastaing
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
En durant, il peut entraîner, tirer, unifier toutes les contestations sociales
Une fois de plus, pour le neuvième samedi consécutif, tout autant que les semaines passées, des centaines de milliers de personnes dans plus de 200 manifestations sont descendues dans la rue contre Macron et son pass, ce qui est exceptionnel après déjà les Gilets Jaunes et qui prouve que la résistance est profonde et ancrée durablement.
Qui plus est, malgré l’énorme dispositif policier, beaucoup d’arrestations préventives, les gazages, les nasses et les violences policières en tous genres visant à empêcher les gens de manifester à Paris, la foule y était immense, réussissant son pari d’une manifestation nationale dans la capitale, ce qui indique que le mouvement se structure et qu’il va durer longtemps.
Alors non, messieurs les chefs de la police et les rédacteurs en chef des journaux de préfecture, nous n’étions pas 121.000 mais beaucoup plus, nous mesurons vos comptages en baisse à la jauge de vos sondages pour Macron toujours à la hausse, et non, nous ne sommes pas d’extrême droite et non encore, nous ne nous essoufflons pas. Ne vous en déplaise, le mouvement va durer et va être le vent de liberté dont vous craignez tant qu’il bouscule votre ordre établi.
Il va durer bien sûr jusqu’au 15 septembre, date d’application de la suspension des salaires pour les non vaccinés dans les établissements de santé, chez les pompiers et quelques autres professions et il va se gonfler à partir de là des colères et des militants liés à ces sanctions.
Macron croyait diviser, mais avec 350.000 soignants non vaccinés à J-7, sans même parler de la situation dans les DOM-TOM où la Guyane et la Guadeloupe connaissent une grève générale illimitée, il a élargi la contestation pour les libertés en créant 350.000 militants ou presque sans compter leurs proches. Jusque là, ses lois liberticides touchaient surtout dans l’immédiat les militants, là elles élargissent amplement ce milieu et touchent et entraînent le peuple lui-même.
De plus, ces licenciements massifs dans la santé et au delà vont créer une catastrophe sanitaire, suppressions de lits, fermetures de services, d’EPHAD, d’établissements sanitaires, aggravation des déserts médicaux, mais aussi disparition de services de pompiers, abandons de personnes âgées du fait de la diminution des effectifs des auxiliaires de vie, etc… Du coup, le mouvement, accusé jusque là par le gouvernement d’égoïsme face aux problèmes de santé collective, va se trouver à défendre la santé collective contre l’égoïsme de Macron, des médias et de tous ceux qui se drapaient dans la défense de la santé, pour justifier leur alignement derrière Macron et la politique du moindre mal.
Ce mouvement anti-pass va durer ainsi jusqu’au 15 novembre puisque la loi sanitaire s’étend jusqu’à cette date. Il ira probablement encore au delà, parce que Macron a prolongé l’état d’urgence dans certaines des DOM-TOM, a évoqué la prolongation de la loi du 5 août en métropole et qu’il serait serait bien possible qu’il cherche à étendre le pass sanitaire à tous les adultes comme ça se fait déjà en Nouvelle Calédonie, Polynésie française et d’autres pays sur le globe, pour essayer de soumettre l’ensemble du monde du travail à cette loi profondément anti-ouvrière.
Mais il durera probablement encore plus longtemps tout comme le mouvement des Gilets Jaunes parce que sa colère ne tient pas qu’au pass et qu’il entrera pour cette raison et par sa durée dans une deuxième phase. Le 11 septembre en a donné un avant goût, la mobilisation du 14 septembre, le confirmera et l’après 15 septembre lui donnera toute sa dimension avec probablement déjà des manifestations du samedi 18 septembre avec pancartes et banderoles contre les licenciements et un lien plus étroit encore avec les salariés en lutte et grève.
Pour essayer de voir quelles peuvent être les grandes tendances de cette seconde phase et donc où va la lutte contre le pass sanitaire, il faut voir celle-ci, d’une part, du point de vue de ceux qui souffrent et sont ignorés de la société – et pas du point de vue des médias, des bureaucraties et des bobos – et d’autre part en conséquence, situer ce mouvement dans l’ère de révoltes et de révolutions populaires actuelles qui traversent le monde au moins depuis 2018 et qui se composent tous de deux phases générales – pour le moment – qui structurent partout ces mobilisations.
Pour des millions et des millions de personnes, la gestion de la crise sanitaire n’a fait qu’exacerber des tensions de classe déjà pré-existantes. Les lois liberticides qui résultent de la pandémie du Covid-19 ne font que chauffer à blanc un fond de l’air déjà étouffant, agité de nombreuses luttes où beaucoup ont envie depuis déjà un moment d’ouvrir les fenêtres en criant « liberté » dans ce monde où les écoutes téléphoniques, le fichage, les caméras urbaines, les drones, la géolocalisation et les logiciels espions deviennent la norme.
A tout instant et sur tout sujet, que ce soit la hausse du prix du ticket de métro au Chili, une loi anti-paysanne en Inde ou les restrictions des libertés liées au pass sanitaire en France et en Europe, la poudre accumulée peut prendre feu.
La nature de cette poudre amassée dans cette ère de révoltes, additionne globalement pour les classes populaires la perception d’une société capitaliste en pleine dégénérescence, impuissante à régler les problèmes de la vie ordinaire, chômage, retraites, salaires …, à celle d’une aggravation des oppression des femmes, des personnes de couleur, des minorités, y ajoutant enfin la mise en danger de l’avenir de la planète elle-même par les crises climatiques, sanitaires, écologiques. Un cocktail explosif tout à la fois divers, bigarré mais aussi fusionné qui lui donne sa dynamique.
En 2021, la question sanitaire et tout particulièrement du pass a entraîné une grande partie des peuples d’Europe dans des mouvements associant la question sanitaire à celle des libertés collectives et individuelles. Auparavant, pour la seule année 2019, 54 pays ont connu des soulèvements importants. Partout, les différentes catégories des classes populaires entrent en lutte sur un sujet ou un autre, d’une manière ou d’une autre.
Le mouvement anti pass s’inscrit dans cette dynamique générale et c’est pourquoi, malgré ses différences, il forme avec celui des Gilets Jaunes de 2018-2019 et celui de la lutte contre la réforme des retraites de fin 2019, un seul et même mouvement global aux mêmes tendances.
Ces mouvements ont tous en commun d’être animés par les classes populaires mais l’étant par des catégories différentes de ces classes et sur des sujets différents, ils ont bien sûr des caractéristiques particulières. Cependant, ils s’inscrivent tous dans la même tendance générale de recherche d’un plus grand contrôle populaire sur les pouvoirs, mêlant les revendications démocratiques et politiques aux revendications sociales et économiques. Partout dans le monde, sur cette ligne générale, quel que soit le point de départ et la catégorie concernée ; tous ces soulèvements passent par les mêmes deux phases, avant d’atteindre peut-être une troisième dans le futur, qu’on peut peut-être deviner avec ce qui se passe aujourd’hui en Inde, ses Mahapanchayats, sortes de soviets, et sa volonté de libérer l’Inde des griffes des capitalistes, avec une nouvelle grève générale le 27 septembre 2021.
Bien sûr, ces deux phases ne sont pas pures. Elles se mélangent, se recouvrent partiellement, l’une continue encore tandis que l’autre démarre, s’alimentent l’une l’autre en même temps que de l’impact des précédentes sur la société, mais partout dans le monde, elles ont le même développement.
Une première phase dominée par le « peuple » et la « liberté »
Dans un premier temps, face aux autorités en place qui se prétendent les représentants légitimes du « peuple », tous les mouvements dans le monde qui font irruption sur la scène politique sans expérience préalable, tiennent à affirmer que ce sont eux qui sont « le peuple », sous entendu, celui d’en bas.
Ainsi, tous se drapent dans leur premier moment d’une part dans le drapeau national, une manière de dire tout à la fois qu’ils sont tout le monde, la majorité, avec un slogan « liberté »qui unifie le maximum de monde par delà mille colères et d’autre part, à ce titre de « peuple », affirment qu’ils ont aussi droit à un regard, un contrôle sur le pouvoir quand celui-ci a failli. On conteste les affirmations du pouvoir, ses experts, ses journaux, sa vérité… et on en cherche une autre. En prenant conscience de son existence politique, pour garder la force de son surgissement, ce « peuple » d’en bas, a alors pour enjeu la visibilité la plus large et l’unité la plus grande.
Presque partout les drapeaux nationaux ont une relation avec une histoire révolutionnaire.
Bien sûr ce n’est pas la même chose en Inde, en Algérie, au Chili ou en France, où ces passés révolutionnaires sont plus ou moins lointains.
Entre 1789 en France et les luttes pour l’indépendance des années 1940-1960, le drapeau français s’est chargé d’autres significations, cristallisées dans le mouvement ouvrier, massacre des révoltes ouvrières ou des insurrections coloniales. Mais pour tous ceux qui font irruption aujourd’hui sur la scène politique sans cette conscience, il a le même sens qu’en Inde ou en Algérie.
Le « peuple » avec son drapeau n’est ni une catégorie sociale particulière, ni les affiliés d’un parti ou d’un syndicat. C’est un mythe, car il est divisé en classes, mais il a une réalité psychologique et historique. Il veut la vraie République, la république sociale, avant que le mouvement ouvrier n’en montre l’illusion et porte plus loin ce combat avec l’idée socialiste, pour malheureusement régresser ensuite et laisser à nouveau un espace à l’idée du « peuple ».
Le « peuple » n’a aucun représentant accepté par le mouvement populaire, il ne vaut que par lui-même. La logique de son mouvement est son propre débouché politique, qui prend parfois le nom de Constituante comme dans l’histoire ou aujourd’hui au Chili et d’autres pays. Cette phase donc n’aime pas trop l’expression des particularités, drapeaux d’organisations, de syndicats… qui donnent le sentiment au mouvement de se diviser par ce qui est perçu comme l’affaiblissement du mythe.
Ce sentiment d’être un tout et un acteur unique sans besoin d’intermédiaire est largement entretenu par les succès du recours aux réseaux sociaux qui n’ont pas vraiment d’auteurs clairement définis. C’est par eux que tout a été mis en mouvement et c’est par eux que se mènent les discussions qui accompagnent chaque mobilisation. Les réseaux sociaux fonctionnent comme une agora permanente qui institue la réalité politique du « peuple » en tant que sujet de l’action, sans délégation de pouvoir à un parti ni à une personnalité.
Cependant, partout où ce processus se déclenche, il met aux prises les courants de la société antérieure amplifiés par la décadence du pouvoir politique établi. Dans ces conditions, l’extrême droite est alors bien présente quel que soit l’habillage laïque, apolitique ou religieux de celle-ci d’autant plus que les drapeaux nationaux et les slogans « Liberté » ne la gênent pas – Mme Le Pen veut même l’utiliser pour sa campagne électorale – et qu’on crie « la police avec nous » (en tous cas jusqu’au 11 septembre, remplacé par certains par « la BRAV on t’encule ») tout comme au début du mouvement des Gilets Jaunes. Parce que dans cette phase, le mouvement ne veut pas de division, il accepte cette même extrême droite au nom de l’unité du « peuple », pourvu qu’elle ne s’affiche pas trop.
Par contre dans la seconde phase des mouvements, les drapeaux nationaux comme cette présence de l’extrême droite s’estompent et tendent à disparaître. A Toulouse, montrant bien leur hostilité de fond et leur marginalisation en cours, le 11 septembre, l’extrême droite a attaqué la manifestation, montrant toute son extériorité et s’en excluant de fait pour les suivantes.
La phase de détrônement des pouvoirs en place et de l’auto-organisation
La seconde phase est le détrônement des pouvoirs en place.
Elle est déjà inscrite en filigrane dans la première phase qui dit, par ses drapeaux nationaux, sa volonté de récupérer son droit au pouvoir, mais dans la seconde phase, elle passe du mythe à la réalité.
Comme dans tous les grands mouvements, les manifestants sont entrés en lutte pour des colères personnelles avec la volonté de s’opposer aux décisions qui s’appliquent à leur famille, à eux, à leur corps. Dans un second temps, en se rendant compte qu’ils sont des millions d’individualités ensemble dans la rue, et donc qu’ils forment un corps social, une collectivité, ils veulent alors le contrôle non plus tant sur leur corps personnel mais sur le corps social, sur toute la société et puisque le pouvoir politique s’avère impuissant à régler le problème, il devient alors lui-même le problème.
Cette volonté de récupérer collectivement ses droits au pouvoir est la suite active de l’abstention individuelle mais massive dans les élections. Après avoir protesté dans les élections contre tous les pouvoirs et partis, il s’agit alors d’obtenir le départ des occupants du pouvoir et du « système ».
Après les drapeaux nationaux, le mot d’ordre dominant devient « dégage » ou « qu’ils s’en aillent tous ». en Tunisie, Algérie, Argentine, Équateur, etc… et en France déjà avec les Gilets Jaunes avec leur « Macron démission » qu’on entendait à nouveau ce 11 septembre.
Dans cette logique qui s’installe, la durée des mouvements soulève alors des questions inédites sur ses suites et ses contenus. Ce processus s’appuie sur la délégitimation qui existait préalablement de tout ce qui de près ou de loin touche à l’ordre établi et à ceux qui le maintiennent.
Déjà avant la vague « dégagiste », toutes les structures politiques, syndicales ou institutionnelles et leurs valeurs sont déconsidérées, médias, police, justice, experts de télévision, scientifiques de pouvoir, grandes écoles, réussite sociale, en bref le « système »… Mais dans le corps de la vague dégagiste, en même temps que le mouvement affirme sa volonté de dégager le pouvoir central, il le fait aussi contre le « système », les pouvoirs secondaires, en tendant ainsi à intégrer tous les combats partiels pour le maintien d’un hôpital, de services, de lits, d’une maternité, d’une gare, d’une école…et construit peu à peu sa volonté de contrôle de tous ces organismes autour d’une propriété collective des biens communs, d’une sécurité sociale collective.
Cette tendance met alors en avant en son sein les catégories les plus ouvrières du mouvement et les plus jeunes, les plus déterminées et remuantes.
Un sondage d’Odexa réalisé le 2 septembre montre bien cette tendance. Malgré le bourrage de crane médiatique, malgré l’augmentation du nombre de vaccinés, le mouvement anti-pass gagne en soutien par rapport aux semaines précédentes. Et surtout, on assiste à une rupture de génération et de classe, ce qui se traduira inéluctablement demain dans le mouvement lui-même.
71% des plus de 65 ans estiment que le mouvement anti-pass est injustifié. Mais 68% des 25-34 ans et 56% des 18-24 ans pensent que le mouvement est justifié. 68% des membres des foyers à haut revenu estiment le mouvement injustifié, tandis que 53% des employés et ouvriers et 73% des électeurs LFI soutiennent le mouvement.
Plus on avance dans le temps, plus Macron perd des points dans l’opinion sur le sujet avec un clivage de classe et d’âge de plus en plus marqué : les jeunes, les ouvriers, les précaires et les électeurs de gauche soutiennent le mouvement anti-pass, alors que les vieux, les cadres, les hauts revenus et la droite y sont hostiles.
En entrant avec le 15 septembre dans une phase où la lutte contre les sanctions, les licenciements dans la santé deviendra de plus en plus importante, c’est aussi la lutte en général contre la suppression des postes dans la santé, la fermeture des lits, de services et d’hôpitaux qui peut prendre de l’ampleur et pourquoi pas aussi à l’école, avec les parents d’élèves dont certains sont tout à la fois dans le mouvement anti-pass et contre la fermeture d’une classe. On verra si la grève des enseignants du 23 septembre contre les suppressions de postes, entre autres, et une autre politique sanitaire, fera naître des convergences. On verra au delà si la lutte contre tous les licenciements, menée par la base syndicale avec les TUI-PPG et leur coordination, élargira encore plus la question.
Parallèlement à cette extension du domaine de la lutte, dans sa seconde phase le mouvement remettant en cause tous les pouvoirs, cherche alors à construire les siens. Cela prend le caractère de rencontres, de débats collectifs puis de décisions collectives (ce que n’aime pas l’extrême droite). Les piques-niques, les apéro-terrasses, les collectifs de soignants ou d’anti-pass, les premières tentatives de constitution d’AG populaires du mouvement anti-pass sont assurément les premiers pas de cette tendance.
Le prolongement le plus radical de la phase de l’agora permanente des réseaux sociaux puis de cette phase d’auto-organisation, la troisième phase, a été jusque-là sur la planète la tenue de Mahapanchayats de démocratie directe s’apparentant à des sortes de soviets en Inde où le mouvement est le plus avancé et le plus prolétarien, d’une Assemblée constituante (qui continue elle le mouvement du « peuple ») au Chili et pour la France, à un degré moindre, les tentatives des Gilets Jaunes de mettre en place une représentation politique du mouvement avec le RIC, déjà plus ou moins en action avec « Nuit Debout ». La logique dégagiste et en même temps auto-constitutive est partout la même.
Dans ces moments où le mouvement populaire tente de se constituer clairement en mouvement politique autonome, il cherchera à produire alors des porte-paroles que les combats auront rendu légitimes aux yeux de tous.
Nous n’en sommes pas encore là. Pour le moment, après l’extrême droite, le mouvement va rencontrer une autre difficulté, les directions syndicales.
Quelle tactique vis a vis de l’apathie des directions syndicales
Totalement absentes du mouvement, s’appuyant pour cela sur le prétexte bidon de la présence de l’extrême droite, les directions syndicales tentent toutefois de prendre le train en marche dans le secteur professionnel de la santé.
Ce n’est pas pour étendre la lutte, mais seulement pour éviter d’être débordées parce qu’il y a un véritable mouvement dans les hôpitaux ou établissements de santé puisqu’au 9 septembre 2021, j’ai pu y recenser, 321 établissements où il y avait une lutte, petite ou grande, contre le pass sanitaire, l’obligation vaccinale et contre les sanctions et probablement beaucoup plus en réalité avec certainement une amplification importante au 14 septembre avec les sanctions qui vont tomber.
C’est pour cela, sans appeler aux samedis, que la CGT, suivie par d’autres, a appelé à une journée d’action et de grève dans la santé le mardi 14 septembre et pas, malheureusement, pour répondre positivement aux Gilets Jaunes qui les ont appelés à construire la grève générale et qui ont tout à fait raison car c’est cette grève générale qu’il faudrait construire et donner en perspective comme l’ont fait les militants de Guadeloupe et de Guyane.
Sans être dupes des raisons de cette grève du 14 septembre, c’est tant mieux qu’elle ait lieu, et le mouvement anti-pass cherche à juste titre à s’y associer.
D’autant que cela ne se fera pas en sens inverse de la part des directions syndicales. Elles cherchent juste à ne pas être débordées en séparant les salariés en colère des hôpitaux du mouvement général anti pass, n’exigeant pas l’abrogation de la loi du 5 août mais demandant un délai supplémentaire pour se faire vacciner, au risque de dévitaliser totalement le mouvement dans les hôpitaux, de le réduire à la défense individuelle des cas des salariés suspendus, de l’éclater en mille catégories – 14 septembre grève anti pass, 16 septembre grève des infirmiers de bloc, 23 septembre grève des aides de santé à domicile, 28 septembre grève des psychologues, 30 septembre grève des réanimations-, et, globalement de le faire perdre.
Il n’y aura pas de sanctions dans les hôpitaux que si le mouvement en leur sein reste bien lié au mouvement du samedi.
Heureusement, bien des militants syndicalistes de base l’ont compris, participent aux manifestations du samedi et soutiennent, là où ça s’est fait, des collectifs de soignants anti-pass qui font le lien entre les manifestations du samedi et les grèves dans les établissements de santé.
D’ores et déjà, si jusqu’à présent, pour ne pas diviser, les militants n’avaient guère en tête de porter dans les manifestations du samedi les chasubles, pancartes ou banderoles d’établissements de santé et de syndicats mais aussi de tous les autres, pompiers, aides à domicile, employés de commerce et demain au delà de ces professions, il paraît juste de les montrer à partir du samedi 18 septembre comme symbole de la grève en appui aux éléments du mouvement anti-pass des samedis qui participeront en soutien à la grève du 14 septembre, et au final, toujours pour ne pas diviser.
Sans oublier les pancartes qui, comme au samedi 18 puis au samedi 25 septembre, exigeront une suite à la grève du 14 septembre, avant le 5 octobre ou le 5 octobre, qui nécessitera lui-même une suite..
Jacques Chastaing, le 12.09.2021