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J’étais à Villepinte...

Zemmour

Lien publiée le 11 décembre 2021

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J'étais à Villepinte... - Paris-luttes.info

Un témoignage sur la journée du 5 décembre 2021

J’étais à Villepinte...

Motivé à exprimer mon désaccord avec un meeting fasciste et pourtant habitué aux manifestations musclées, jamais je n’aurais imaginé ce qui allait se passer. Je rejoins de vieux camarades de lutte et là, pas le temps d’arriver sur place (vers 12h10) que déjà on comprend que la journée va être dure.
Les gendarmes s’agitent pour nous entraver alors qu’on aperçoit une cinquantaine de fascistes armés de barres de fer et de gazeuses à la sortie de la Gare RER B.

Tout va très vite, les flics arrivent de tous les côtés, les motos les camions, on est trop peu et nous savons de quoi ils sont capables. Très vite ils arrivent à nous séparer en petits groupes, ça frappe, ça interpelle, ça verbalise. On a pourtant même pas encore chanté notre désaccord… Les insultes fusent, plus de leur côté que du nôtre, la BRAV-M se met en ligne et je m’aperçois que l’on va vivre quelque chose de différent, pas que ce soit une partie de plaisir d’habitude ou qu’ils soient cool. Là ça se sent, ça se voit, dans leur regard, leur comportement : ils ont la haine. Ils ne veulent pas simplement faire du maintien de l’ordre, nous réprimer ou nous faire partir, ils veulent nous casser…

Deux sommations, ça charge, ça interpelle, ça frappe sans raison. On assiste impuissants à la scène. Un flic fait le tour, on comprend qu’il veut attraper une femme, on est cernés. Le temps s’arrête je vois ces gens se faire frapper, interpeller. Quelqu’un s’interpose, peut être cette femme aura-t-elle une chance d’éviter les coups. Un coup de matraque, le flic l’attrape par le sac, c’est mort et elle le sait. Elle ne résiste pas, mais un frustré (qui insulte les femmes depuis le début) arrive par derrière, la tamponne très fort dans le dos et porte un coup de matraque à la personne qui tentait de s’interposer. Ses collègues arrivent en nombre, plus le choix, la personne qui tentait de l’aider prend la fuite. Le frustré essaye de le rattraper, même rappelé par ses collègues il continue. Celui qui s’interposait réussit à lui mettre un bon vent .

À toi le frustré, si tu me lis, ne te crois pas fort. Tu as tapé une personne par derrière, tu as porté un coup qui n’a même pas ébranlé celui qui tentait de la protéger et qui n’a probablement pas répondu simplement pour ne pas finir en prison ou que tes collègues et toi passiez votre frustration sur celle qu’il a tenté de protéger, il avait l’air clairement plus dur que votre haine, ses convictions plus fortes que vos coups de matraque .

Ça ne s’arrête pas là, la chasse continue. Dans les moindre recoins des flics en civil sans brassard, d’autres avec des chiens, à moto... Quel triste spectacle !

Après l’assassinat de Malik Oussekine par des voltigeurs un 6 décembre il y a 35 ans… c’est dur. Dur de voir une telle situation, de revoir des fascistes charger aux côtés des gendarmes. Ses camarades se faire frapper, embarquer injustement... Y assister impuissant...

Et tout ça pourquoi ?
Pour avoir osé venir essayer d’exprimer son désaccord avec les idées nauséabondes d’un fasciste. Oui un fasciste !! C’est dur de manifester en Biélorussie… heu en France pardon.

Je ne peux m’empêcher de me demander pourquoi ? Pourquoi un meeting d’un candidat aux élections présidentielles, condamné pour incitation à la haine raciale, peut être tenu ? Pourquoi des fascistes peuvent-ils être armés avec des flics qui les regardent ? Pourquoi ont-il chargé côte à côte, sans que personne ne dise rien ? Quelles sont les raisons qui poussent le pouvoir en place, la préfecture, à réprimer à ce point une contre-manifestation où il n’y a eu aucun trouble à l’ordre public. Que se passe-t-il dans les rangs de ces flics pour qu’ils soient à ce point haineux et dépourvus d’empathie ? Est-ce dû à des motivations politiques ? Un engagement sur la base du volontariat pour cette mission ? Comment se fait-il que tout ça soit passé sous silence ?

Je voudrais exprimer mon soutien à toutes les personnes qui ont subi cette journée, les camarades de Villepinte présents à l’extérieur et à l’intérieur.
Je ne blâme pas ceux qui étaient à Barbès, même si pour moi c’était un mauvais choix. Une manifestation sécurisée à Villepinte était possible, encore une fois on a vu des organisations qui cherchaient leur petite place au soleil, ou qui laissaient parler leur ego. Plus de 60 interpellations alors que des pourritures de fascistes tapent des militant-e-s de SOS racisme à grand coups de poing et rien, ils sont toujours dehors… Mais ça, ça ne va pas passer en boucle à la télé, ces mêmes chaînes sont responsables de ce qui se passe aujourd’hui, lorsque des journalistes sont persécutés, à l’intérieur comme à l’extérieur du meeting et pas seulement par des fascistes sans uniforme, certains en portaient un !!

Bref ce 5 décembre j’étais à Villepinte.

un·e participant·e au rassemblement de Villepinte