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Chili: Battre Kast dans les rues et dans les urnes ! Aucune confiance en Boric !
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Battre Kast dans les rues et dans les urnes ! Aucune confiance en Boric ! | LIT-QI (litci.org)
Les résultats des élections de dimanche dernier ont été accueillis avec surprise au Chili et ailleurs. De nombreux militants, jeunes, travailleurs et travailleuses se demandent : comment est-il possible qu’après l’explosion sociale du 18 octobre, après un plébiscite où plus de 78% des gens ont voté pour changer la constitution, un candidat d’extrême droite soit le candidat qui recueille le plus de voix aux élections présidentielles ?
Par le MIT (Mouvement International des Travailleurs), section chilienne de la LIT-QI
Le 29 novembre 2021
La réponse à cette question n’est pas simple, mais nous pouvons commencer par quelques données électorales, qui peuvent nous aider à comprendre ce qui s’est passé.
Les premiers perdants des élections ont été les partis qui ont gouverné le pays au cours des 30 dernières années. Les candidats de la droite et de l’ancienne Concertation[1] ont obtenu les quatrième et cinquième places lors de ces élections. Au premier tour des élections présidentielles de 2017, ces deux coalitions ont obtenu 3,9 millions de voix. Lors des élections actuelles, il y a eu 1,7 million de voix cumulées sur des bulletins en faveur de Yasna Provoste et Sebastián Sichel. En d’autres termes, les deux blocs ont perdu ensemble plus de 2 millions de voix.
D’autre part, deux « nouveaux » blocs politiques ont fait irruption avec force : le Front social chrétien[2], représenté par José Antonio Kast, et Apruebo Dignidad[3] (Front large[4], Parti communiste et autres) représenté par Boric. Le troisième candidat ayant reçu le plus de voix, Parisi, du Partido de la Gente[5], a mené une campagne sans précédent, entièrement virtuelle, depuis les États-Unis, car il ne pouvait pas entrer dans le pays en raison de problèmes avec la justice pour non-paiement de pensions alimentaires.
José Antonio Kast a obtenu un peu plus de 1,9 million de voix (27,9%), soit 500 000 voix de moins que Piñera en 2017 et 300 000 voix de plus que le « Refus » lors du dernier plébiscite. De toute évidence, de nombreuses personnes favorables au « Refus » ont également voté pour Sichel, qui a obtenu près de 900 000 voix, et probablement pour Parisi. La « droite » en 2017 (Piñera et Kast) a obtenu 2,9 millions de voix au premier tour. Lors de l’élection actuelle, Kast et Sichel en ont recueilli ensemble 2,8 millions. Sans doute le vote pour la droite aujourd’hui est-il plus politique qu’en 2017, lorsque de nombreux travailleurs avaient voté pour Piñera parce qu’il promettait plus d’emplois.
Le vote pour Kast exprime une plus grande polarisation sociale, une relocalisation du vote « conservateur ». Kast a réussi à exprimer la peur qu’éprouvent certains secteurs de la société à l’égard du « communisme », de la « délinquance », du « terrorisme mapuche » et de « l’attaque contre les traditions ». Le vote pour Kast a aussi revêtu un caractère régional important. Le candidat a gagné dans la plupart des régions du sud, à l’exception de Punta Arenas. Dans la capitale, Kast a perdu face à Boric dans presque toutes les communes, sauf dans les 5 communes les plus riches (Lo Barnechea, Vitacura, Las Condes, La Reina et Providencia). Dans certaines des communes les plus combatives et populaires, comme Puente Alto ou Maipú, Kast a largement perdu (Puente Alto : 51 800 pour Boric et 26 500 pour Kast ; Maipú : Boric 76 000, Kast 42 000)[6].
La victoire partielle de Kast exprime également l’hégémonie d’un projet politique de la droite (qui gagne de plus en plus de soutien de la part du grand patronat) : boucher complètement l’espace pour aller vers des réformes (économiques et démocratiques) et parier sur l’érosion et la démoralisation de la Constituante pour gagner le référendum de ratification de la Constituante en 2022.
De son côté, Boric n’a pas obtenu un grand résultat électoral. Son score a été légèrement supérieur à celui de sa coalition lors des primaires (il est passé de 1,7 million à 1,8 million). Ici aussi, nous devons ouvrir une parenthèse, car lors des primaires, Boric avait certainement obtenu les voix des électeurs traditionnels de l’ancienne Concertation et même de la droite pour battre l’ancien candidat du PC, Daniel Jadue.
L’un des éléments qui expliquent le faible score de Boric est qu’il n’est pas un candidat qui représente la majorité de l’énorme mouvement social qui a explosé le 18 octobre 2019. De plus, Boric s’y est opposé à plusieurs reprises, par exemple lorsqu’il a voté en faveur de la loi anti-barricades et quand il a fait la promotion de l’Accord pour la paix, qui a garanti l’impunité pour Piñera et pour les responsables de la guerre menée contre le peuple. Boric n’est pas non plus un candidat aux racines populaires ou ouvrières et n’a pas été l’une des figures du processus révolutionnaire. Cela a fait que de nombreux militants, des pauvres, des travailleurs et des jeunes ne sont pas allés voter ou ont voté pour d’autres candidatures (comme celle de Parisi, qui a obtenu un grand nombre de voix, surtout dans le nord du pays et parmi la classe ouvrière). Parisi a réussi à capitaliser sur une partie importante du mécontentement à l’égard de la politique traditionnelle et aussi du modèle économique.
Le taux de participation électorale a été d’environ 46,7%, un chiffre qui ne dépasse pas de beaucoup celui des élections présidentielles traditionnelles. Comme nous l’avions déjà prédit dans une autre déclaration, les élections actuelles n’ont pas suscité un grand enthousiasme. Le faible taux de participation touche principalement les communes populaires et rurales. Dans les communes bourgeoises, le taux de participation a dépassé 50 % ou 60 %.
La première chose à faire pour comprendre les résultats des élections est de saisir que les élections ne sont pas le miroir de la réalité. Elles sont une réalité déformée. Le poids du pouvoir économique, les médias (qui sont entre les mains des familles les plus puissantes du pays) et les règles du système électoral génèrent une faible participation de la population et de nombreuses distorsions dans la représentation de la « volonté populaire ». Le système démocratique bourgeois est taillé sur mesure pour les puissants.
Le prochain Congrès national
La preuve de cette « fausse » représentation populaire est le Congrès. Comment comprendre que les mêmes forces politiques qui ont gouverné le pays au cours des 30 dernières années soient majoritaires au sein du nouveau Congrès ? Ici, la distorsion du « système démocratique » devient encore plus évidente : c’est un système qui privilégie les candidats des partis politiques traditionnels, n’accorde aucune place aux indépendants et où s’exprime le poids énorme des candidats bénéficiant d’un financement et d’une présence médiatique élevés. La crise de la Liste du peuple[7], avec les scandales de Diego Ancalao et de Pelao Vade[8], a également contribué à l’absence d’une alternative qui exprime plus directement le mouvement de masse.
La composition du prochain Congrès (Sénat et Chambre) est néfaste pour le peuple et la classe ouvrière. Nous ne pouvons avoir aucune confiance dans ce Congrès. La seule possibilité de conquérir des changements ou des réformes réside dans la pression et la mobilisation des travailleurs dans la rue, comme cela a déjà été démontré avec le retrait des AFP[9] et la réalisation du processus constituant. Le grand résultat des élections au Congrès est l’entrée de Fabiola Campillai, une militante en situation de handicap du fait de la répression étatique, qui a obtenu le chiffre impressionnant de 402 000 voix, remportant la première majorité dans la capitale et dépassant les résultats des listes complètes des partis politiques.
Comment interpréter les résultats ? Révolution et contre-révolution au Chili
Depuis le 18 octobre 2019, nous soutenons qu’un processus révolutionnaire s’est ouvert au Chili. Cela, parce que les masses laborieuses et les jeunes sont descendus dans la rue à travers le pays pour tout remettre en question : les institutions, les inégalités, le manque de droits, les abus des patrons, la destruction de la nature, autrement dit, l’ensemble du modèle économique, social et politique. Ce mouvement a été immortalisé par le slogan « Ce n’est pas 30 pesos, c’est 30 ans ». Cet énorme mouvement s’est également accompagné d’une violence de masse, principalement de l’autodéfense contre les forces de police. Les masses ont soutenu la violence contre l’appareil répressif de l’État. Tous les événements dans le pays ont commencé à tourner autour de l’action de masse dans les rues. C’est pourquoi nous disons qu’une révolution s’est ouverte au Chili.
Cependant, dans une révolution, il n’y a pas que le camp révolutionnaire. Aucune révolution n’est un processus ininterrompu d’actions de masse qui ne cessent d’arracher des conquêtes et des réalisations. En effet, les ennemis du peuple se réorganisent également, font de la propagande, reproduisent des mensonges, répriment, négocient avec les partis politiques, etc.
Depuis le 15 novembre 2019 (la négociation qui a donné lieu au processus constituant), les principales forces politiques du pays (de la droite à la gauche, en passant par le FA et le PC) se sont mises d’accord pour essayer de canaliser le processus révolutionnaire actuel par le biais d’accords, de négociations, de changements graduels, sans mettre en danger l’ensemble des institutions et du modèle économique. Pour cette raison, ils ont conservé le gouvernement de Piñera et ont fixé des limites très étroites à l’actuelle Convention constitutionnelle (impossibilité de modifier les traités de libre-échange, obligation d’approuver les normes constitutionnelles par ⅔ des constituants, etc.)
Ce qui s’est exprimé lors des élections de dimanche dernier, c’est un premier échec de ceux qui ont parié sur cette voie de la négociation. D’une part, le candidat qui prône la fermeture du processus révolutionnaire par la force est celui qui a recueilli le plus de voix. Il a réussi à canaliser toute la peur du secteur le plus conservateur et privilégié de la société, en battant le secteur plus « centriste » de la droite. D’autre part, le candidat des accords et des négociations (qui reproduit la même logique que ces 30 dernières années), Boric, a été sanctionné, car il n’a pas réussi à mobiliser le vote populaire, celui de l’immense jeunesse, des pauvres et de la classe ouvrière. Le pacte du 15 novembre entre dans sa première crise majeure et l’avenir est ouvert.
Jusqu’à présent, aucune force populaire et ouvrière n’a émergé qui puisse présenter un projet alternatif qui porterait au plus profond la remise en cause du capitalisme néolibéral chilien. Il y a une énorme crise de direction dans le mouvement qui a commencé le 18 octobre. La crise rapide et profonde de la Liste du peuple a également contribué à l’absence d’une alternative électorale que la classe ouvrière pourrait identifier comme la sienne. C’est grâce à ces éléments que la bourgeoisie parvient à se réorganiser, à partir de son secteur le plus réactionnaire, et les forces qui défendent le pacte du 15 novembre sont incapables de satisfaire les besoins populaires et sont aujourd’hui sanctionnées, bien qu’il soit encore possible que Boric l’emporte au second tour.
Les projets présentés
Kast et Boric représentent des projets distincts. Ce n’est pas la même chose, bien qu’au fond, ils défendent tous deux le système capitaliste. Kast défend l’approfondissement de tout ce qui existe aujourd’hui. Selon lui et ses partisans, tout va bien et les millions de personnes qui sont descendues dans la rue se trompent ou sont des délinquants. Nous ne savons pas reconnaître les merveilles du Chili « développé » et « moderne » qui existe aujourd’hui. M. Kast n’a aucune idée de ce que vivent les travailleurs, car il fait partie de l’élite de ce pays et n’a aucun des problèmes dont nous souffrons, nous les travailleurs : les salaires de misère, les longues heures de travail, les logements surpeuplés, etc.
Kast veut approfondir le capitalisme néolibéral chilien. Maintenir le système des AFP et le vol des pensions des travailleuses et des travailleurs. Il veut maintenir la précarité de l’actuel Code du travail, élaboré par son maître José Piñera et mis en œuvre par la dictature. Il propose d’approfondir l' »extractivisme », c’est-à-dire la production de produits primaires et peu industrialisés destinés à l’exportation. Nous connaissons déjà toutes les conséquences de ce modèle : énorme destruction de l’environnement, sécheresse dans des régions entières, contamination des communautés, emploi précaire, impossibilité de développement scientifique et technologique et bien d’autres choses encore. Et tout cela pour que les hommes d’affaires nationaux et étrangers continuent à s’enrichir, en pillant les produits de notre travail, de notre terre et de notre mer. En ce qui concerne la principale richesse du pays, le cuivre, M. Kast va encore plus loin et propose de privatiser le peu qui est encore aux mains de l’État, l’entreprise publique Codelco. Sa proposition de privatiser Codelco va dans la direction opposée de ce dont le pays a besoin. Alors que la majorité du peuple réclame plus de droits dans la nouvelle Constitution, Kast veut finir de céder les richesses qui nous permettraient de financer le logement, la santé et l’éducation.
En outre, ses propositions relatives aux femmes et à la population LGBTI constituent un énorme retour en arrière par rapport aux quelques droits sur lesquels des avancées ont eu lieu. Il propose de mettre fin au droit à l’avortement dans les trois circonstances[10], obligeant les femmes à avoir des enfants même dans les pires conditions. Il veut faire reculer les droits de la population LGBTI et approfondir la discrimination contre la diversité sexuelle.
Et enfin, il veut mettre fin à toutes les possibilités de changements qui ont été ouvertes avec la Convention constitutionnelle. Sa réponse aux demandes populaires est la suivante : rendre la vie du peuple plus difficile, et si quelqu’un se plaint, déployer la police et l’armée pour le réprimer. En bon héritier de Pinochet, il veut persécuter les activistes sociaux et les emprisonner, approfondissant la persécution étatique qui existe déjà aujourd’hui contre les Mapuches, la jeunesse et la classe ouvrière qui s’organise.
C’est pourquoi nous appelons la classe ouvrière et la jeunesse à ne pas voter pour Kast, et au-delà, à combattre cette candidature. Il est essentiel que nous affrontions les propositions réactionnaires de Kast et le grand patronat par des mobilisations, et aussi en votant contre Kast au second tour.
Bien que Kast ait un projet autoritaire et néfaste pour la majorité de la population, nous ne pensons pas que Kast représente aujourd’hui un mouvement fasciste. Le concept de « fascisme » est très répandu dans le milieu militant et est généralement utilisé comme synonyme d’autoritarisme. Cependant, l’autoritarisme et le fascisme sont des choses différentes. Le fascisme était un mouvement très réactionnaire, financé par le grand capital qui s’appuyait sur des secteurs mobilisés et militarisés du lumpen-prolétariat et de la petite bourgeoisie appauvrie, qui utilisait des méthodes de guerre civile pour mettre fin aux organisations populaires et ouvrières. Cela a engendré l’écrasement du mouvement populaire et ouvrier dans l’Italie de Mussolini et l’Allemagne nazie. Les partis ou mouvements proches de Kast peuvent avoir des embryons de fascisme, mais ces éléments ne sont pas encore développés. Aujourd’hui, même Kast tente de se rapprocher du centre, en modérant une partie de son discours afin d’obtenir le vote des secteurs « démocratiques » de la société. Cela ne signifie pas que Kast n’est pas très dangereux et que son gouvernement ne sera pas plus répressif que celui de Piñera. Cependant, nous devons comprendre qui est l’ennemi afin de pouvoir l’affronter.
Et c’est là qu’intervient une autre discussion : comment affronter Kast ? Est-ce qu’il suffit de voter pour Boric et de se tenir tranquilles ?
Au second tour, nous proposons de voter pour Boric afin que Kast n’accède pas à la présidence. Cependant, nous ne devons faire aucune confiance au projet de Boric et à Apruebo Dignidad, car leur stratégie conduit à la défaite de l’immense mouvement qui a débuté en octobre 2019.
Boric a un programme de réformes avec plusieurs points progressistes issus du mouvement social et populaire : la fin des AFP, l’augmentation des retraites, la réduction de la journée de travail, le droit à l’avortement, etc. Cependant, le plus gros problème de Boric est la stratégie de son bloc. Boric, le Front large et le Parti communiste affirment qu’il est possible de gagner des réformes pour la classe ouvrière, en négociant avec le grand patronat et en respectant le cadre institutionnel actuel, qui est totalement au service des propriétaires du pays (Congrès, tribunaux, etc.). Ils veulent nous faire croire qu’il est possible de transformer le Chili, de résoudre le conflit mapuche, les problèmes d’emploi et d’environnement par des réformes négociées avec le grand patronat. Kast reproche à Boric et au PC d’être des communistes. Rien n’est plus éloigné de la vérité. Boric et le parti communiste sont des réformistes et leurs propositions s’inscrivent entièrement dans le cadre du capitalisme : collecter plus d’impôts auprès des riches pour financer les droits sociaux.
Cette stratégie a déjà échoué avec l’ancienne Concertation et échouera à nouveau. Comment Boric compte-t-il faire passer ses réformes au sein du Congrès actuel ? Comment le Front large propose-t-il d’écrire une constitution qui change profondément le pays s’il doit négocier avec la droite et l’ancienne Concertation pour obtenir deux tiers des voix ? Comment propose-t-il de changer le modèle extractiviste tout en respectant les accords de libre-échange qui ne permettent aucun degré de souveraineté nationale ?
Le virage à droite de Boric est de plus en plus évident. Ces derniers jours, Boric a prononcé des discours typiques des candidats de droite, affirmant qu’il aura la main lourde contre le trafic de drogue et remettant en question la libération des prisonniers politiques. En outre, il a intégré dans son commandement des figures importantes de l’ancienne Concertation. Tout cela pour plaire au grand patronat et montrer qu’il peut garantir la « gouvernabilité ».
Alors pourquoi appelons-nous à voter pour Boric ?
Parce que nous pensons qu’une victoire de Kast signifierait une victoire du grand capital et nous placerait dans un scénario pire pour les luttes futures de la classe ouvrière et du peuple. Une victoire de Boric pourrait générer un mouvement social plus important qui ferait pression sur le gouvernement pour qu’il tienne ses promesses et arrache de nouvelles conquêtes pour la classe ouvrière, malgré la stratégie du PC et du FA.
Il est nécessaire de construire un nouveau projet pour la classe ouvrière et les peuples du Chili.
Dans les élections actuelles, il n’y a aucun candidat qui représente les intérêts immédiats et historiques de la classe ouvrière. Les peuples du Chili, la jeunesse et la classe ouvrière doivent construire un projet de changement radical du système capitaliste néolibéral, qui propose une stratégie pour vaincre le grand capital et mettre les richesses du pays au service de l’énorme majorité de la population et de la restauration de la nature. Le Chili peut être un exemple pour le monde entier en se libérant du système capitaliste.
Les peuples qui vivent au Chili et au Wallmapu doivent élaborer un programme qui passe par la récupération des principales richesses du pays, afin que tout cela soit géré par la classe ouvrière et les peuples organisés. Cela passe par la nationalisation de toutes les grandes entreprises stratégiques du pays, qui sont aujourd’hui celles qui garantissent les profits à une poignée de grands hommes d’affaires. Il faut nationaliser les grandes mines de cuivre, de lithium, les grandes entreprises forestières, les AFP et les banques. Tout cela doit être mis au service de la classe ouvrière et du peuple afin que l’économie puisse être planifiée en fonction des besoins des peuples et de la restauration de la nature. Il est nécessaire de mettre fin au pillage extractiviste de notre pays, d’arrêter l’exploitation irrationnelle des biens minéraux, des forêts, des mers. Nous devons mettre un terme aux grands projets d’extraction et diversifier l’économie en harmonie avec la nature, dont nous faisons partie.
C’est pourquoi, avec notre camarade María Rivera et diverses organisations syndicales et sociales, nous présenterons un projet pour que la Nouvelle Constitution nationalise le cuivre, le lithium et l’eau, comme premier pas vers la récupération de toutes les richesses du pays. Nous savons que la plupart des partis politiques de l’Assemblée constituante ne soutiennent pas ce projet, car ils sont au service des grandes sociétés transnationales. C’est pourquoi nous pensons qu’il est nécessaire de créer un grand mouvement ouvrier et populaire pour que les constituants et l’État respectent la volonté du peuple.
Pour affronter Kast (ou même Boric), il est nécessaire que la classe ouvrière reprenne le chemin de l’organisation et de la mobilisation. Il est nécessaire de reconstruire les assemblées territoriales, de remettre les syndicats entre les mains des travailleurs, de renforcer les organisations de femmes, de la diversité sexuelle et de la jeunesse. Aller voter le 19 décembre est une partie de cette lutte, mais pas la plus centrale.
Nous, au MIT (Mouvement international des travailleurs), sommes au service de l’organisation de la classe ouvrière et de la jeunesse pour lutter contre Kast et tous les gouvernements capitalistes. Ces luttes doivent avoir un objectif ultime : construire une société libérée de l’exploitation, de l’inégalité et de l’oppression. Nous invitons toutes les combattantes et tous les combattants sociaux à faire connaissance avec le MIT et à contribuer à cette construction.
[1] En espagnol, Concertación de Partidos por la Democracia, coalition de partis du centre et de la gauche réformiste.
[2] Frente Social Cristiano en espagnol. Coalition regroupant le Parti républicain et le Parti conservateur chrétien.
[3] Nous laisserons le nom espagnol, difficilement traduisible, de cette coalition (littéralement, « j’approuve la dignité »).
[4] Le Front large ou FA (Frente amplio) regroupe des partis et des mouvements politiques de gauche, d’extrême gauche, de socio-libéraux et de partisans d’une alternative au bipartisme traditionnel au Chili.
[5] Parti de droite populiste.
[6] https://www.vozdelostrabajadores.cl/a-derrotar-a-kast-en-las-calles-y-en-las-urnas-ninguna-confianza-en-boric#sdfootnote1sym
[7] La Lista del Pueblo (LdP) : mouvement politique composé de forces de gauche et d’extrême gauche et d’indépendant.es, formé pour les élections à la Constituante. Mouvement en crise et qui n’a finalement pas présenté de candidature à la présidentielle.
[8] Diego Ancalao, un temps candidat à la présidentielle pour la LdP, a vu sa candidature rejetée par l’autorité de contrôle pour fraude (plus de 21 000 suffrages soi-disant obtenus et validés par un notaire… décédé en février de cette année 2021 ! Pelao Vade est un membre élu de la Constituante pour la LdP, qui a quitté celle-ci en septembre. Il est accusé d’avoir menti, prétendant souffrir d’une leucémie alors qu’il s’agit d’une autre pathologie.
[9] AFP : Administradoras de fondos de pensiones (Administratrices de fonds de pension). Institutions financières privées chargées d’administrer les fonds à partir des comptes épargne individuels pour les retraites.
[10] Trois circonstances dans lesquelles la loi de 2017 a dépénalisé l’avortement : risque pour la vie de la femme enceinte ; non-viabilité du fœtus ; et viol.