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Tribune d’une hospitalière bordelaise: "Les non vaccinés ne sont pas responsables de la crise !"

Covid santé

Lien publiée le 16 janvier 2022

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

Tribune d'une hospitalière bordelaise : « Les non vaccinés ne sont pas responsables de la crise ! » (revolutionpermanente.fr)

Nous relayons la prise de position d'une travailleuse du CHU de Bordeaux : "Entre les prises de positions de certains médecins réactionnaires et le gouvernement qui se dédouane face au nouveau rebond épidémique, il est temps de remettre la vérité en place : les non vaccinés ne sont pas responsables !"

Nous ne pouvons nier que les services de réanimations sont majoritairement remplis de non-vaccinés et de personne atteinte d’immunodépression, le vaccin a fait ses preuves, il est important pour diminuer les formes sévères du virus. Dans ce contexte, nous pouvons entendre ou lire des prises de positions qui stigmatise et font porter le fardeau de la saturation des services de réanimation aux non-vaccinés. A commencer par le gouvernement et le président de la république qui aimerait « les emmerder ». Chose faite grâce au pass vaccinale, en cours de validation, qui attribue aux non vacciné une position de citoyen de seconde zone. Le serment Hippocrate en vient même à être remis en cause par des sortis réactionnaire comme celle du professeur Grimaldi interrogeant ironiquement les non-vaccinés à choisir de ne pas se faire réanimer. Depuis les sortis de ce type se multiplient.

Pourtant nous ne pouvons pas nous arrêter à ce constat et faire porter la responsabilité de l’explosion de la crise sanitaire aux non-vaccinés, le problème est plus profond. Quid du manque de lit, du manque de personnel, de matériel et des services qui ferment ? Aux urgences du CHU de Bordeaux, les patients sont pris en charge dans les douches de l’hôpital faute de lit ! Quid des burn-out, des démissions et des suicides dans le personnel hospitalier ?

Cela fait des années que les hospitaliers, notamment les urgences, tirent la sonnette d’alarme, l’arrivée de la covid-19 n’a fait qu’exacerber les problèmes de l’hôpital. Aujourd’hui, la seule solution trouvée pour prendre en charge les patients covidés est la déprogrammation des opérations permis grâces aux plans blancs. Ce qui, comme le disent les oncologues, est grave : plus une opération est retardée plus le risque de mortalité augmente : de 6 à 8% voire 17% si ce délai atteint huit semaines. Aujourd’hui le tri des patients n’est plus un lointain cauchemars mais bien une problématique réelle.

Une situation que dénonce les soignants depuis des années auxquels le gouvernement n’a répondu que par la matraque et le mépris avec le fameux ségur où les revalorisations ne sont pas à la hauteur de l’inflation et ne concerne pas l’ensemble des travailleurs de la santé. Les Agences Régionales de Santé ne fournissent pas plus de moyens aux hôpitaux et ne font que fournir des protocoles « dégradés » faute de prise en charge « optimale ».

Ainsi peut-on remettre la faute sur les responsabilités individuelles des non-vaccinés vis-à-vis de problématiques qui assurément sont structurelles ? Comment en sommes-nous-arrivés là ? Et surtout à qui la faute ?

40 années de politiques néolibérales ont détruit l’hôpital

Depuis 2017, le début du quinquennat d’Emmanuel Macron : 17900 lits ont été supprimé, dont 5 700 rien qu’en 2020 en pleine crise sanitaire. Alors que Olivier Véran se vante d’ouvrir 4000 lits pour le Ségur, c’est bien en deçà de toutes les suppressions de lits qu’il y a eu ses dernières décennies. En effet 69 000 lits ont été supprimés en quinze ans avec des dizaines de milliers d’emplois supprimés. Bien plus conséquent, depuis 1993, près de 100 000 lits d’hospitalisations ont été rayé de la carte.

La diminution du personnel et du matériel augmente la charge de travail, la fatigue, et pousse les soignants à se mettre en arrêts maladies voir en burn-out et à la démission. Les effectifs sont tellement tendus qu’au moindre arrêt maladie, tu peux être emmener à tout moment à être appelé sur ton repos pour venir remplacer le collègue absent. La Covid se rajoute à tout cela, rendant les choses invivables.
J’ai des collègues qui font aussi face à l’abandon des écoles du ministre de l’éducation Blanquer. Ils doivent se débrouiller pour faire garder leurs enfants en cas d’isolement ou prof absent. Comme pour l’ensemble de la population rien n’a été organisé pour les aider, ce qui aggrave l’absentéisme.

La fatigue des soignants se traduits aussi par de la colère, de nombreux services se sont mis en grève ces derniers temps tels que les réanimateurs de Marseille ou les urgences du CHU de Rouen confronté à un manque d’effectif catastrophique comblé par des intérimaires, ne connaissant pas la structure ni l’équipe.

De plus, Macron en plus de faire porter le chapeau sur les non vaccinés, ment ouvertement dans une interview accordée au Parisien en disant que « nous n’avons jamais été confrontés à ça  » en parlant du tri des patients. Nous y sommes pourtant confronter tout le temps lorsqu’il y a un lit pour deux patients faute de moyens suffisant pour prendre en charge l’ensemble des patients en même. Des spécialistes notaient déjà en avril 2020, « c’est parce qu’il y a pénurie qu’il y a triage (…) C’est bien la faible capacité de soins au regard du nombre de patients à soigner qui implique le triage ». Ainsi, il n’y a pas de secret, c’est au nom de l’austérité que nous en sommes là.

Derrière les chiffres il faut voir les conséquences : les retards engendrés par le manque de moyen peuvent être déterminante pour les soins des malades ou blessés ? Aujourd’hui aux urgences les patients peuvent rester des heures sur des brancards fautes de lits disponible dans les autres services. Si la crise sanitaire s’amplifie, les réanimateurs de Marseille envisage d’effectuer le tri dès l’entrée de l’hôpital, ou de mettre des patients sous oxygénothérapie à domicile plutôt qu’en surveillance à l’hôpital.

La pandémie à mis en lumière à quelle point la Santé publique a été maltraitée au cours des dernières décennies. Contre-réformes, coupes budgétaires, réduction drastique de personnels et gestion managériales qui s’en suit ont réduit la santé à un budget.

Ainsi aux médecins qui disent qu’il est utopique de vouloir régler le problème par une augmentation des lits et des moyens humains je leur demande : qui va remplacer tous les soignants quand ils seront épuisés par les vagues successives de la pandémie ? Comment allons-nous rattraper tous les retards chirurgicaux due aux déprogrammations forcés par votre gestion catastrophe de la crise sanitaire ?

Lorsque nous savons que malgré l’importance du vaccin pour endiguer la pandémie et que 90% de la population française est vacciné mais qu’il y a aujourd’hui près de 400 000 nouvelles contaminations par jour, nous pouvons nous interroger sur la stratégie sanitaire du gouvernement, la politique du tout vaccinal est un mythe alimenté par le gouvernement. C’est la même situation Etats Unis où il y a presque 800 000 nouveaux cas/jours pour 74% de la population vaccinés.

Point commun : ce sont toutes les deux des puissances impérialistes avec un système de santé au bord de la faillite, pire aux États-Unis où l’accès aux soins est payant. Aujourd’hui la seule ambition de ces deux gouvernements est de nous faire faire travailler quoi qu’il en coûte au nom de la sacro-sainte croissance économique, au prix de laisser circuler le virus, mettre au bord de la rupture les services hospitaliers et mettre en dangers notre santé.

Il n’est pas du hasard si un variant comme Omicron, capable d’échapper aux défenses immunitaires du vaccin apparaisse : la circulation accrus du virus dans des pays à la couverture vaccinale faible comme l’Afrique du Sud ou l’Inde favorise et multiplie les chances de développer ces mutations. Pourtant il est prouvé que le vaccin permet de réduire la capacité de contaminations d’une personne atteinte.

On entend parler d’individualisme voire d’égoïsme des non vaccinés, mais on n’entend jamais parler de l’égoïsme des dirigeants des laboratoires pharmaceutiques qui s’accaparent les brevets vaccinaux rendant inaccessible le vaccin aux pays pauvres. Pourtant, le virus n’a pas de frontière. On le voit bien en Israël, pays impérialiste, qui est en train d’effectuer la quatrième injection sur sa population alors que dans son pays voisin, les palestiniens n’ont pu recevoir que 2,07 millions de doses (40% de la population) contre 6,61 millions en Israël (71% de la population). Toujours selon les statistiques 59% de la population mondiale a pu recevoir au moins 1 dose mais pour les pays pauvres il s’agit de seulement 9,9% de la population.

Nos dirigeants ont aussi montré leur égoïsme en s’accaparant les stocks de masques, quand Macron et tous les autres dirigeants étaient en déplacement il se procurait des FPP2, pendant que certains devaient aller travailler sans masque et gels hydroalcoolique, encore aujourd’hui. D’ailleurs les masques sont toujours payants pour la population avec leur prix qui augmente et qui représente un cout non négligeable pour la majorité des travailleurs du monde entier.

Pour établir réellement un plan de bataille contre l’épidémie nous devons exiger comme solution à court terme la levée immédiate des brevets pour produire et distribuer le plus rapidement possible les vaccins, nous devons exiger le retour des collègues soignants suspendus et réquisitionner les hôpitaux privés pour qu’il participe à la prise en charge de l’ensemble des patients en créant des lits de réanimations supplémentaires, en plus des réouvertures immédiates nécessaires. Les travailleurs devraient aussi avoir le temps et les moyens de discuter des stratégies sanitaires, de se convaincre de l’utilité du vaccin et mettre en place les protocoles supplémentaires nécessaires. Sur le long terme : nous demandons des embauches massives ainsi que la nationalisation sous contrôle des travailleurs des laboratoires pharmaceutiques afin d’éviter les pénuries et l’augmentation des prix des médicaments, la nationalisation des hôpitaux privées pour que le lucratif ne soit plus en rapport avec la santé.