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Chomsky : Avec l’escalade en Ukraine, la diplomatie est de moins en moins une option
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
La guerre que mène la Russie en Ukraine dure depuis près de neuf mois, et elle a désormais atteint des niveaux extrêmement meurtriers. Poutine vise les infrastructures énergétiques de l’Ukraine et a brandi à maintes reprises la menace de l’arme nucléaire. Les Ukrainiens, quant à eux, continuent de penser qu’ils peuvent vaincre les Russes sur le champ de bataille et même reprendre la Crimée. En réalité, la guerre en Ukraine ne laisse entrevoir aucune issue. Comme le souligne Noam Chomsky dans l’interview exclusive pour Truthout ci-dessous, en raison de l’escalade du conflit, les options diplomatiques sont encore plus reléguées au second plan.
Source : Truthout, C.J. Polychroniou
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises
Au cimetière de la ville de Bucha, des proches pleurent lors des funérailles de Maksym Kropyva, 44 ans, tué au combat le 8 novembre lors des combats dans le district de Mykolaiv, le 16 novembre 2022, à Bucha, en Ukraine.
Jeff J Mitchell / GETTY IMAGES
Noam Chomsky est professeur émérite du département de linguistique et de philosophie du MIT, professeur lauréat de linguistique [Le titre de professeur lauréat est décerné aux universitaires les plus éminents en reconnaissance de leurs réalisations et de leur contribution exceptionnelle à leur domaine d’études et à leur université, NdT] et titulaire de la chaire Agnese Nelms Haury du programme sur l’environnement et la justice sociale de l’université d’Arizona. Il est l’un des chercheurs les plus fréquemment cités dans le monde et un intellectuel reconnu considéré par des millions de personnes comme un trésor national et international, Chomsky a publié plus de 150 ouvrages sur la linguistique, la pensée politique et sociale, l’économie politique, l’étude des médias, la politique étrangère des États-Unis et les affaires mondiales. Ses derniers livres sont The Secrets of Words (avec Andrea Moro ; MIT Press, 2022) (Le mystère des mots, non traduit) ; The Withdrawal : Iraq, Libya, Afghanistan, and the Fragility of US Power (avec Vijay Prashad (Le repli : Irak, Libye, Afghanistan, et la fragilité de la puissance américaine, non traduit ) ; The New Press, 2022) ; et The Precipice : Neoliberalism, the Pandemic and the Urgent Need for Social Change (avec C. J. Polychroniou ; Haymarket Books, 2021) (Le Précipice : néolibéralisme, pandémie et urgence d’un changement social, non traduit).
C.J. Polychroniou : Noam, la guerre en Ukraine entre dans son neuvième mois et, au lieu d’une désescalade, elle se dirige vers une « escalade incontrôlée ». En fait, elle est en train de devenir une guerre sans fin, au cours des dernières semaines la Russie a ciblé les infrastructures énergétiques de l’Ukraine et a intensifié ses frappes dans la région orientale du pays, tandis que les Ukrainiens continuent de demander de plus en plus d’armes à l’Ouest, ils sont en effet convaincus d’être en capacité de vaincre la Russie sur le champ de bataille. En l’état actuel des choses, la diplomatie peut-elle mettre fin à la guerre ? En réalité, comment désamorcer un conflit quand son niveau d’escalade est si élevé et que les belligérants semblent incapables de trouver une réponse commune aux questions qui les opposent ? Par exemple, la Russie n’acceptera jamais un retour aux frontières telles qu’elles étaient avant le 24 février, date du début de l’invasion.
Noam Chomsky : Une tragédie annoncée. Faisons un bref retour sur les sujets que nous évoquons depuis des mois..
Avant l’invasion par Poutine, il y avait des alternatives fondées essentiellement sur les accords de Minsk qui auraient très bien pu éviter le crime. Le fait que l’Ukraine ait accepté ces accords ou pas fait l’objet d’un débat non tranché. Au moins verbalement, la Russie semble, elle, les avoir acceptés jusqu’à peu de temps avant l’invasion. Les États-Unis les ont rejetés en faveur de l’intégration de l’Ukraine dans le commandement militaire de l’OTAN (c’est-à-dire des États-Unis), refusant également de prendre en considération les inquiétudes de la Russie en matière de sécurité, comme cela a été concédé. Ces évolutions se sont accélérées sous Biden. La diplomatie aurait-elle pu réussir à éviter la tragédie ? Il n’y avait qu’une seule façon de le savoir : essayer. Cette option a été négligée.
Poutine a, quasiment à la dernière minute, rejeté les efforts du président français Macron, visant à lui proposer une alternative viable à l’agression. Il a tout rejeté à la fin avec mépris – en se tirant une balle dans le pied, et dans celui de la Russie, en poussant l’Europe dans les bras de Washington, le rêve le plus cher de cette dernière. Au crime d’agression s’est ajouté le crime de la bêtise, toujours de son propre point de vue.
Des négociations entre l’Ukraine et la Russie ont eu lieu sous les auspices de la Turquie pas plus tard qu’en mars-avril. Elles ont échoué. Les États-Unis et le Royaume-Uni s’y sont opposés. En raison de l’absence d’enquête, inscrite dans le cadre général du discrédit général relatif à la diplomatie dans les milieux conventionnels, nous ne savons pas dans quelle mesure cela a joué un rôle dans leur échec.
Washington s’attendait initialement à ce que la Russie vienne à bout de l’Ukraine en quelques jours et préparait un gouvernement en exil. Les analystes militaires ont été surpris par l’incompétence militaire russe, par la remarquable résistance ukrainienne et par le fait que la Russie ne se soit pas conformée au modèle de guerre attendu par les États-Unis et le Royaume-Uni (modèle que suit également Israël à Gaza, un territoire sans défense) : prendre immédiatement à la gorge, en utilisant des armes conventionnelles pour détruire les communications, les transports, l’énergie, tout ce qui permet à la société de fonctionner.
Au fur et à mesure que le conflit s’est intensifié, les options en faveur de la diplomatie ont diminué. À tout le moins, les États-Unis pourraient arrêter leurs pressions pour soutenir la guerre dans le but d’affaiblir la Russie, bloquant ainsi toute possibilité de diplomatie.
Les États-Unis ont alors pris une décision capitale : poursuivre la guerre pour affaiblir sévèrement la Russie, ce qui permet d’éviter les négociations tout en faisant un pari effroyable : que Poutine fera ses valises et tombera, vaincu, dans l’oubli, voire pire, et qu’il n’utilisera pas les armes conventionnelles dont il était convenu qu’il disposait pour détruire l’Ukraine.
Si les Ukrainiens veulent en prendre le risque, c’est leur affaire. Par contre, le rôle des États-Unis, ça c’est notre affaire.
Et voilà, nous y sommes, Poutine est passé à l’escalade prévue, « en visant au cours des dernières semaines les infrastructures énergétiques de l’Ukraine et en intensifiant ses frappes dans la région orientale du pays ». Cette escalade de Poutine sur le modèle États-Unis-Royaume-Uni-Israël a été condamnée à juste titre pour sa brutalité ; condamnée par ceux qui en ont pourtant accepté le modèle original avec peu ou pas d’objection, et dont le pari effroyable a jeté les bases de l’escalade, exactement comme les mises en garde l’avaient prévu. Personne n’aura à rendre de comptes, même si certaines leçons pourraient avoir été tirées.
Bien que des appels progressistes très modérés demandant d’envisager une option diplomatique parallèlement à un soutien total à l’Ukraine fassent immédiatement l’objet d’un torrent de dénigrement et soient parfois rapidement retirés par crainte, les voix appelant à la diplomatie en provenance elles, de l’establishment traditionnel sont dispensées de ce traitement, et notamment celles venant de la principale revue de l’establishment, Foreign Affairs. Il est possible que ces inquiétudes au sujet d’une guerre destructrice, aux conséquences potentielles de plus en plus inquiétantes, parviennent aux faucons de guerre néoconservateurs qui semblent être le moteur de la politique étrangère de Biden. C’est ce qu’indiquent certaines de leurs récentes déclarations.
Il est cependant fort possible qu’ils entendent aussi d’autres voix. Tandis que les compagnies américaines dans le domaine de l’énergie et de l’armée s’en donnent à cœur joie, l’Europe est durement touchée par l’interruption des approvisionnements russes et par les sanctions prises à l’initiative des États-Unis. C’est particulièrement vrai pour le complexe industriel allemand qui est au fondement de l’économie européenne. On peut se demander si les dirigeants européens seront disposés à superviser le déclin économique de l’Europe et sa subordination accrue aux États-Unis, et si leurs populations toléreront ces conséquences de leur soumission aux exigences américaines.
Le coup le plus dur porté à l’économie européenne est la perte du gaz russe bon marché, désormais partiellement remplacé par des approvisionnements américains beaucoup plus chers (ce qui augmente aussi considérablement la pollution lors du transit et de la distribution). Mais ce n’est pas tout. Les approvisionnements russes en minerais jouent un rôle essentiel dans l’économie industrielle de l’Europe, notamment dans les efforts déployés par celle-ci pour passer aux énergies renouvelables.
L’avenir de l’approvisionnement en gaz de l’Europe a été gravement compromis, peut-être de manière permanente, avec le sabotage des gazoducs Nord Stream reliant la Russie et l’Allemagne à travers la mer Baltique. C’est un coup dur pour les deux pays. Si ce dernier a été accueilli avec enthousiasme par les États-Unis, qui tentaient depuis des années d’empêcher ce projet. Le secrétaire d’État [Antony] Blinken a décrit la destruction des gazoducs comme « une formidable occasion de supprimer une fois pour toutes la dépendance à l’égard de l’énergie russe et de priver ainsi Vladimir Poutine de toute possibilité d’utiliser l’énergie comme arme pour faire avancer ses desseins impériaux. »
Les vigoureux efforts déployés par les États-Unis pour bloquer Nord Stream sont bien antérieurs à la crise ukrainienne et aux élaborations enfiévrées actuelles sur les desseins impériaux à long terme de Poutine. Ils remontent à l’époque où Bush II regardait Poutine dans les yeux et sentait qu’il était de nature bienveillante.
Le président Biden a informé l’Allemagne que si la Russie devait envahir l’Ukraine, « alors il n’y aura plus de Nord Stream 2. Nous y mettrons fin ».
Ce sabotage, l’un des événements les plus importants de ces derniers mois, a rapidement été relégué aux oubliettes. L’Allemagne, le Danemark et la Suède ont mené des enquêtes dans leurs eaux proches mais gardent le silence sur les résultats. Il existe un pays qui avait certainement les moyens et le mobile pour détruire les pipelines. On ne peut pas en parler dans une société civilisée. Nous pouvons en rester là.
Est-il encore possible de mettre en œuvre le genre de démarches diplomatiques que les voix de l’establishment traditionnel appellent de leurs vœux ? Nous ne pouvons en être sûrs. Au fur et à mesure que le conflit prend de l’ampleur, les perspectives de diplomatie diminuent. À tout le moins, les États-Unis pourraient arrêter leurs pressions pour soutenir la guerre dans le but d’affaiblir la Russie, bloquant ainsi toute possibilité de diplomatie. En revanche, la position la plus convaincante est celle des voix de l’establishment qui ont été mentionnées : les appels à l’exploration des options diplomatiques avant que les horreurs ne s’aggravent encore, et pas seulement pour l’Ukraine.
Les responsables ukrainiens affirment avoir mis en place une stratégie pour reprendre la Crimée, dans la mesure où cette dernière a été annexée illégalement par Moscou en 2014. Des annonces similaires avaient été faites avant même l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Alors qu’aucun stratège militaire ne croit que l’Ukraine est en mesure de reprendre la Crimée, n’est-ce pas une preuve supplémentaire qu’il n’y a pas de fin de partie en vue pour la guerre Russie-Ukraine ? N’est-ce pas là une raison supplémentaire de ne pas livrer à l’Ukraine les armes ATACMS à longue portée dont elle dit avoir besoin ?
L’administration Biden et le Pentagone ont pris soin de limiter le flux massif d’armes à celles qui ne sont pas susceptibles de conduire à une guerre OTAN-Russie, guerre qui serait effectivement finale pour tous. Personne n’est en mesure de savoir s’il est possible de maîtriser ces questions délicates. Raison de plus pour tenter de mettre un terme à ces horreurs le plus rapidement possible.
La Chine a adressé à la Russie une mise en garde concernant les menaces d’utilisation d’armes nucléaires dans la guerre contre l’Ukraine. Est-ce un signe que Pékin envisage de prendre ses distances avec les aventures militaires de Poutine en Ukraine ? Dans tous les cas, cela indique qu’il y a des limites à l’amitié entre la Chine et la Russie, n’est-ce pas ?
Pour autant que je sache, rien ne prouve que la Chine prenne ses distances avec la Russie. Il semble plutôt que leurs relations se renforcent dans le cadre d’une opposition commune à la pérennisation d’un monde unipolaire dirigé par les États-Unis, sentiments partagés par la plupart des pays du monde. La Chine est sans aucun doute opposée à l’emploi d’armes nucléaires, tout comme tous ceux qui ont encore une once de bon sens. Et tout comme la quasi-totalité du monde, elle souhaite un règlement rapide du conflit.
Nous devrions être très inquiets de voir que l’on parle de guerre nucléaire avec désinvolture comme d’une possibilité à prendre en considération.
Les discussions concernant les armes nucléaires ont surtout eu lieu à l’Ouest. La Russie a réitéré la position universelle des États nucléaires, à savoir qu’ils pourraient recourir aux armes nucléaires en cas de menace pour leur survie. Cette position est devenue plus dangereuse lorsque Poutine a annexé certaines parties de l’Ukraine, étendant ainsi la doctrine universelle à un territoire plus vaste.
Il n’est pas tout à fait exact de dire que cette doctrine est universelle. Les États-Unis ont une position beaucoup plus extrême, formulée avant l’invasion de l’Ukraine mais édictée seulement récemment : une nouvelle stratégie nucléaire que l’Arms Control Association a décrite comme « une importante amplification de la mission initiale de ces armes, à savoir la dissuasion contre toute menace existentielle à l’encontre des États-Unis. »
L’amiral Charles Richard, chef du commandement stratégique des États-Unis (STRATCOM), apporte des précisions à cette extension importante. Selon la Nuclear Posture Review récemment rendue publique, les armes nucléaires offrent aux États-Unis « l’autonomie de manœuvre » dont ils ont besoin pour « déployer stratégiquement leur puissance militaire conventionnelle ». La dissuasion nucléaire est donc une couverture pour les opérations militaires conventionnelles dans le monde entier, dissuadant les autres pays d’interférer avec les opérations militaires conventionnelles des États-Unis. Les armes nucléaires « servent donc de dissuasion envers tous les pays, à tout moment » afin qu’ils n’interférent pas avec les opérations des États-Unis, a poursuivi l’amiral Richard.
Stephen Young, représentant principal à Washington de l’Union of Concerned Scientists, a décrit la nouvelle Nuclear Posture Review comme « un document terrifiant [qui] non seulement permet de maintenir le monde sur une trajectoire de risque nucléaire croissant, mais qui, à bien des égards, augmente ce risque », déjà intolérablement élevé.
Une évaluation fondée.
La presse n’a guère parlé de la Nuclear Posture Review, la décrivant comme un changement mineur. Il se trouve qu’ils ont raison, mais pour des raisons qu’ils ignorent manifestement. Comme le commandant du STRATCOM Richard pourrait sans doute les en informer, il s’agit là de la politique américaine depuis 1995, date à laquelle elle a été élaborée dans un document du STRATCOM intitulé « Essentials of Post-Cold War Deterrence ». Du temps de Clinton, les armes nucléaires devaient être en permanence disponibles parce qu’ elles « jettent un voile » sur l’utilisation conventionnelle de la force, dissuadant les autres d’intervenir. Comme l’a dit Daniel Ellsberg, les armes nucléaires sont constamment utilisées, tout comme un pistolet est utilisé lors d’un braquage, même si on ne tire pas.
Le document STRATCOM de 1995 préconise ensuite que les États-Unis affichent une « persona nationale » empreinte d’« irrationalité et de vindicte », et dont certains éléments sont « hors de contrôle ». Cela effrayera ceux qui pourraient être tentés par une ingérence. Il s’agit de la « stratégie du fou » attribuée à Nixon sur la base de preuves minces, mais qui figure désormais dans un document officiel.
Tout cela s’inscrit dans le cadre de la doctrine globale de Clinton selon laquelle les États-Unis doivent être prêts à recourir à la force de manière multilatérale si nous le pouvons, ou unilatérale si nous le devons, pour garantir « un accès sans entrave aux marchés clés, aux approvisionnements énergétiques et aux ressources stratégiques ».
Il est donc vrai que la nouvelle doctrine n’est pas très nouvelle, bien que les Américains ne soient pas au courant des faits – et cela n’est pas dû à de la censure. Les documents sont publics depuis des décennies et sont cités dans des ouvrages critiques qui restent marginaux.
Nous devrions être très inquiets de voir que l’on parle de guerre nucléaire avec désinvolture comme d’une possibilité à prendre en considération. Cette éventualité n’est pas envisageable. Elle ne l’est absolument pas.
Copyright © Truthout. Ne peut être réimprimé sans autorisation.
C.J. Polychroniou
C. J. Polychroniou est économiste politique/scientifique politique, auteur et journaliste. Il a enseigné et travaillé dans de nombreuses universités et centres de recherche en Europe et aux États-Unis. Actuellement, ses principaux intérêts de recherche portent sur l’intégration économique européenne, la mondialisation, le changement climatique, l’économie politique ainsi que la politique des États-Unis et la déconstruction du projet politico-économique du néolibéralisme. Il contribue régulièrement à Truthout et est membre du Public Intellectual Project de Truthout. Il a publié de nombreux livres et plus de 1000 articles qui sont parus dans une variété de revues, de magazines, de journaux et de sites d’information populaires. Nombre de ses publications ont été traduites en plusieurs langues étrangères, notamment en arabe, chinois, croate, espagnol, français, grec, italien, néerlandais, portugais, russe et turc. Ses derniers livres sont Optimism Over Despair : Noam Chomsky On Capitalism, Empire, and Social Change (2017); Climate Crisis and the Global Green New Deal : The Political Economy of Saving the Planet (avec Noam Chomsky et Robert Pollin comme principaux auteurs) ; The Precipice : Neoliberalism, the Pandemic, and the Urgent Need for Radical Change, une anthologie d’entretiens avec Chomsky publiée à l’origine sur Truthout et rassemblée par Haymarket Books ( 2021); et Economics and the Left: Interviews with Progressive Economist (2021).
Source : Truthout, C.J. Polychroniou, Noam Chomsky, 16-11-2022
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises