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Poursuite de la grève du métro à Sao Paulo, à 3 jours du mondial
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
CHRONIQUE DU CONTRE MONDIAL
Felipe Guarnieri, 28 ans, est l'un des grévistes. Ils exigent un réajustement salarial, et se disent prêts à continuer.
Felipe Guarnieri a 28 ans. Engagé au Ler-Qi, Liga Estratégia Revolucionária - Quarta Internacional, un petit mouvement trotskiste, il a décidé, après des études de sciences sociales ,de travailler au métro de São Paulo pour l’engagement politique fort qui y existe. Il est actuellement délégué syndical de la station Santa Cruz.
Pour cette première chronique du contre mondial, vue par les manifestants eux-mêmes, Felipe Guarnieri nous parle de la grève en cours dans le métro de la ville la plus peuplée du Brésil.
«Les revendications ont commencé en mai. Au départ, le syndicat réclamait 35% d’augmentation, notamment pour faire reconnaître la pénibilité de notre travail. Pour le moment, le gouvernement de l’Etat de São Paulo, qui est du PSDB, Parti de la social-démocratie brésilienne, ne propose que 8,7%. Nous voulons au moins un peu plus de 10% d’augmentation, qui est pour nous une barre symbolique. Mais le salaire n’est pas tout, nous voulons vraiment aussi de meilleures conditions de travail. La majorité d’entre nous gagne entre 600 et 3 000 reais par mois (entre 200 et 1 000 euros), il n’y a pas de plan de carrière, le boulot est très dur. Le monde entier nous regarde mais si on ne trouve pas une solution, nous sommes prêts à continuer, même pendant les matchs.
«Dimanche, il y a eu une grande assemblée générale, plus de 2 000 employés du métro sont venus et nous avons décidé à une large majorité de continuer à manifester lundi, malgré les risques. Un juge a déclaré que la grève était illégale, du coup, le syndicat du métro risque plus de 500 000 reais par jour d’amende par jour (163 000 euros). On a l’impression de ne plus avoir le droit de faire grève, de ne plus vivre en démocratie et que les juges sont complètement liés au parti au pouvoir. La seule politique de négociation est la répression.
«Cette nuit nous allons construire des barricades dans le métro, pour empêcher que la direction fasse repartir les lignes. Ensuite, nous irons manifester dans la rue. Vendredi, à la station Ana Rosa, les policiers sont intervenus violemment, six personnes ont été blessées et un leader syndical a été arrêté.
«D’ordinaire, les gens à São Paulo ne supportent pas vraiment les grèves, mais cette fois-ci je crois qu’ils sont plutôt solidaires. Nous donnons de la visibilité à un vaste mouvement social qui a commencé il y a plus d’un an. Ce n’est pas que nous, ce sont aussi les éboueurs, les universités, etc. Il y a en permanence des manifestations, un mouvement général de colère. Des milliards de réais ont été dépensés pour les infrastructures de la Coupe du Monde, nous voulons la même chose pour l’éducation, la santé, les transports en commun.
«Depuis que le Parti des Travailleurs est au pouvoir, il a montré qu’il n’hésitait pas à s’allier avec les partis de droite localement et à mettre en place une politique surtout favorable aux patrons.»
Sur la photo, Felipe Guarnieri. Sur son dossard, il est écrit : «Nous exigeons, pour les transports, la même chose que la Fifa.» (Photo Q.G.)
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Brésil: Sao Paulo sous tension à trois jours du Mondial
La mégapole de Sao Paulo se prépare à un lundi chaotique, à trois jours d'accueillir le coup d'envoi du Mondial, avec la poursuite de la grève des employés du métro pourtant jugée illégale.
Cette grève risque fort de provoquer comme en fin de semaine dernière des embouteillages monstrueux et menace de perturber sérieusement la cérémonie du Mondial et le match d'ouvertureBrésil-Croatie jeudi.
Les grévistes qui réclament un fort réajustement salarial en raison de la hausse du coût de la vie sont passés outre, dimanche, une décision du tribunal régional du travail qui a déclaré leur grève illégale et fixé une amende de 100.000 réais (environ 30.000 euros) par jour d'infraction. Ils ont voté en assemblée générale la reconduite de leur mouvement.
La grève affecte partiellement trois des cinq lignes du réseau. Mais cela avait suffi jeudi et vendredi pour plonger dans le chaos cette mégapole engorgée de 20 millions d'habitants, avec un pic de plus de 250 km de bouchons.
- "Lutte" -
Une manifestation est convoquée dès 07H00 du matin (10h00 GMT) à partir de la station de métro Santa Rosa par des mouvements sociaux "qui appuient notre grève et notre lutte", a déclaré dimanche soir à l'AFP un porte-parole du syndicat du métro, Tiago Pereira, qui compte 9.000 adhérents. "La grève va continuer, jusqu'à la victoire", a ajouté ce porte-parole. Et le temps que cela prendra dépend à présent du gouverneur. "C'est à lui de résoudre la situation".
Plusieurs organisations sociales de gauche, traditionnellement en pointe de manifestations qui ponctuent le quotidien des Brésiliens depuis la révolte sociale de juin 2013, comptent se joindre à la marche.
Parmi elles figurent le Mouvement des sans logis (MTST), émanation urbaine du Mouvement des sans terre. Cette organisation a récemment mobilisé quatre milliers de manifestants aux abords de l'Arena Corinthians, le stade à peine achevé théâtre du match d'ouverture, bloquant le trafic d'un des principaux axes de la ville.
Le syndicat des employés du métro de Sao Paulo, qu'empruntent chaque jour 4,5 millions d'usagers va déployer de piquets de grèves dans certaines stations du réseau, selon le site d'information G1.
Vendredi dernier la police avait dispersé des grévistes à coups de matraque et avec des gaz lacrymogènes.
Les grévistes doivent par ailleurs se réunir en assemblée générale à 13H00 (16h00 GMT). Ils ont revu peu à peu leurs exigences à la baisse. Mais ils réclament une augmentation d'au moins 12,2% tandis que le gouvernement de l'Etat de Sao Paulo ne veut pas aller au-delà de 9,5%.
- "Honte" -
Et ils exigent en outre à présent la garantie qu'aucun employé ne sera licencié à l'issue de la grève.
La grève du métro de Sao Paulo s'inscrit dans un contexte plus large de multiplication de grèves sectorielles à travers le pays depuis plusieurs semaines. Ces mouvement épars, de chauffeurs de bus, policiers ou vigiles des banques, ont pris le relais de la fronde sociale historique de juin 2013 qui avait ébranlé le géant émergeant d'Amérique latine.
En pleine Coupe des confédérations de football, les Brésiliens étaient massivement descendus dans les rues pour dénoncer les 11 milliards de dollars dépensés pour le Mondial et exiger des investissements massifs dans les transports, la santé ou l'éducation.
Les manifestations ont perdu leur souffle au fur et à mesure qu'elles dégénéraient en affrontements violents avec la police et en saccages par des activistes anarchistes des Black Bloc.
Cependant, la grogne persiste: 54% des Brésiliens pensent que le Mondial leur apportera plus de préjudices que d'avantages, selon un sondage Datafolha publié dimanche. Mais 65% auraient "honte" si le Mondial était perturbé par des manifestations.
Malgré tout, les rues, les bars et fenêtres se parent de plus en plus de vert et jaune, les couleurs de la Seleçao, dont 68% des Brésiliens sont convaincus qu'elle remportera sa sixième Coupe du monde, le 13 juillet dans son temple du Maracana.
Avant le coup d'envoi du Mondial jeudi, les sélections continuer d'affluer au Brésil. Outre les équipes du Costa Rica, des Etats-Unis, de l'Argentine et de l'Uruguay, les Français sont attendus lundi soir à Sao Paulo. Ils rejoindront sans s'attarder leur camp de base de Ribeirao Preto, à 320 km de là.