[RSS] Twitter Youtube Page Facebook de la TC Articles traduits en castillan Articles traduits en anglais Articles traduits en allemand Articles traduits en portugais

Agenda militant

    Newsletter

    Ailleurs sur le Web [RSS]

    Lire plus...

    Twitter

    L’indemnité inflation : un "cadeau" empoisonné pour les travailleurs/ses

    Par Gaston Lefranc (23 octobre 2021)
    Tweeter Facebook

    Castex a annoncé jeudi 21 octobre au soir la mise en place d’une « indemnité inflation » de 100 € pour tous ceux qui gagnent moins de 2 000 € net par mois. Cette mesurette censée marquer les esprits à 6 mois de la présidentielle est une escroquerie, un leurre pour éviter d’autres mesures. Face à la flambée des prix de l’énergie (+14,9 % en septembre sur un an d’après l’INSEE), d’autres types de mesures s’imposent !

    L’aumône et le mépris

    L’inflation est repartie à la hausse depuis quelques mois : +2,7 % en septembre sur un an pour l’indice des prix à la consommation harmonisée. Mais elle est bien plus forte sur certains produits : +4,6 % sur les produits frais, +4,8 % sur le tabac, et même +14,9 % sur l’énergie. Autrement dit, sur les biens qui pèsent particulièrement lourd dans le budget des catégories populaires (l’énergie représente 5,5 % de la consommation des 20 % les plus pauvres contre 3,5 % de celle des 20 % les plus riches), l’inflation s’envole.

    Face à cela, quel est le souci du gouvernement ? Soigner sa communication. Le gouvernement se vante d’avoir choisi la « visibilité ». Il s’agit en effet pour lui de bien communiquer tout en prenant les travailleurs/ses pour des imbéciles qui vont se contenter d’un chèque de 100 € sans se poser davantage de questions. Le mépris est décidément une marque de fabrique du macronisme.

    Même si on se place sur le terrain de la mesure retenue par le gouvernement (un « chèque » aux ménages), cette mesure ne tient pas la route : imaginons un couple gagnant 2000 € chacun avec trois enfants : il ne touchera rien… alors qu’un couple sans enfant dont l’un touche 1 900 € et l’autre 5 000 € touchera le chèque ! Si le but était de cibler les ménages les plus pauvres… il aurait fallu tenir compte du niveau de vie des ménages, et donc prendre en compte les revenus des couples et le nombre d’enfants.

    Précisons que ce « cadeau » de Castex n’en est pas un : sur les 3,8 Mds de la mesure (100 € pour 38 millions de personnes), 1 Mds sera financé par le surplus de TVA engendré par la hausse des prix. Quant au reste, Castex prévient : « il faudra aller chercher l’argent quelque part ». Et comme il est exclu de faire payer les capitalistes au nom de la compétitivité, ce sont donc les travailleurs/ses de rembourser, d’une manière ou d’une autre, leur « cadeau » !

    L’indemnité inflation est en fait une protection pour les patrons

    Le gouvernement était obligé de prendre une mesure face à la flambée des prix de l’énergie. Cette indemnité est une aumône et une protection pour les patrons (comme l’a justement remarqué Romaric Godin de Mediapart). En effet, les patrons peuvent dire merci à Macron :

    • les patrons craignent une reprise des luttes pour les hausses de salaires face à l’inflation : le gouvernement se substitue une fois de plus aux patrons. C’est déjà le cas pour la prime d’activité. Toujours au nom de la compétitivité.
    • Les patrons ne veulent pas non plus d’une baisse de la fiscalité indirecte, la plus injuste socialement (car elle frappe davantage les plus pauvres en proportion de leur revenu). En effet une baisse de la fiscalité indirecte devrait être compensée par une hausse de la fiscalité qui touche davantage les capitalistes.
    • Les patrons ne veulent pas non plus d’un blocage des prix qui signifierait un blocage de leurs profits ! Les grands groupes capitalistes de l’énergie n’ont aucun souci à se faire avec Macron et Castex : ils vont continuer à se gaver avec la hausse des prix de l’énergie.

    Pour le blocage des prix ! Pour la baisse massive de la fiscalité sur la consommation ! Pour l’expropriation des grands groupes capitalistes de l’énergie !

    Il n’est pas étonnant que la gauche bourgeoise (PS et EELV) défende la même chose que Macron : des chèques énergie pour les ménages. Ces mesures cosmétiques ne s’attaquent pas à la racine du problème et sont essentiellement symboliques, ne changeant strictement rien à la répartition des richesses.

    Face à la flambée des prix de l’énergie qui frappe avant tout les travailleurs/ses les plus pauvres, il faut des mesures immédiates :

    • une baisse immédiate de la fiscalité sur la consommation d’énergie : cette fiscalité est anti-redistributive, frappant davantage les plus pauvres en proportion de leurs revenus. Le gouvernement a un toupet monstrueux quand il fait croire que cette mesure serait anti-sociale car elle bénéficierait aussi aux plus riches ! Cynisme et hypocrisie : ce qui a bénéficié aux plus riches, c’est la gigantesque baisse de la fiscalité sur les revenus du capital qui a dopé le versement de dividendes aux ultra-riches. Ainsi, la moyenne des revenus déclarés par les 0,1 % les plus aisés de 2019 (soit environ 39 000 foyers fiscaux) est en hausse de 22,5 % par rapport à son niveau de 2017 (d'après le Comité d’évaluation des réformes de la fiscalité du capital). En grande partie grâce à la mise en place du prélèvement forfaitaire unique. Et on nous ferait croire que c’est la baisse des taxes sur l’essence qui enrichirait les plus riches ? Ils se foutent vraiment de notre gueule !
    • Le blocage des prix de l’énergie à un niveau antérieur à la flambée. Cela permettrait de faire payer les grands groupes capitalistes qui se sont engraissés, et non les travailleurs/ses qui doivent s’éclairer, se chauffer et conduire leur véhicule !

    Au-delà de ces mesures immédiates, les grands groupes capitalistes de l’énergie (Total, Engie, etc.) devraient être expropriés sans indemnité pour les gros actionnaires, nationalisés sous le contrôle des travailleurs/ses. La question clé est celle du pouvoir sur l’économie : il faut donc rompre avec la logique du profit et produire pour satisfaire les besoins sociaux, ce qui passe par une socialisation des moyens de production enclenchée par un gouvernement des travailleurs/ses décidé à rompre avec le capitalisme.

    Télécharger au format pdf

    Ces articles pourraient vous intéresser :

    Podcast

    Inflation : la comprendre, la combattre

    Dans ce nouvel épisode, on revient avec Gaston Lefranc, économiste et militant de la TC, sur la poussée inflationniste qui touche les grands centres de l'accumulation capitaliste depuis la guerre en Ukraine. On analyse la structure de l'inflation en France, on présente les principales théories économiques de l'inflation et on essaie d'en proposer une analyse marxiste, qui reconnaît notamment dans la baisse des gains de productivité les racines structurelles de la dynamique inflationniste. L'inflation est encore une façon de faire payer aux travailleurs/ses la crise du capitalisme : on envisage donc pour finir certaines réponses politiques par lesquelles ces derniers/dernières peuvent se défendre contre cette nouvelle offensive.

      Lire la suite...

    Télécharger en pdf Tweeter Facebook

    Economie

    Elections en Argentine : du peso au dollar ?

    Les Argentins voteront aujourd’hui aux élections législatives, les deux partis traditionnels étant affaiblis par la succession de multiples crises économiques et défiés par un outsider libertarien, Javier Milei.

    L’actuel président Alberto Fernández, du mouvement péroniste de centre-gauche, a choisi de ne pas se présenter à l’élection présidentielle après près de quatre ans au pouvoir. L’ancienne présidente et actuelle vice-présidente Cristina Fernández de Kirchner, leader de l’aile gauche la plus radicale du péronisme, est également absente du scrutin. Au lieu de cela, le candidat péroniste est le ministre de l’Economie Sergio Massa qui est positionné à droite.
     

    Lire la suite...

    Télécharger en pdf Tweeter Facebook

    Economie

    Michael Roberts: Le taux de profit aux Etats-unis en 2021

    Traduction du billet de blog de Michael Roberts du 18 décembre 2022, par Gaston Lefranc

    Chaque année, j’analyse le taux de profit états-unien sur le capital. C’est parce que les données états-uniennes sont les meilleures et les plus complètes et parce que les États-Unis sont l’économie capitaliste la plus importante, préfigurant souvent les tendances du capitalisme mondial. Nous avons désormais les données pour 2021 (données nationales officielles les plus récentes).

      Lire la suite...

    Télécharger en pdf Tweeter Facebook