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Bangladesh: Les démolisseurs de navires bravent la mort
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http://kiosque.leditiondusoir.fr/data/434/reader/reader.html#preferred/1/package/434/pub/435/page/4
Chaque année, des centaines de paquebots chargés de déchets toxiques finissent leur vie sur les plages du Bangladesh. Là-bas, les énormes navires sont démantelés par des ouvriers qui travaillent sans protection et risquent leur vie pour un salaire de misère. Reportage.
Chaque année, des centaines d’épaves titanesques sont acheminées vers les plages des pays en voie de développement où elles sont démolies, la plupart du temps manuellement, afin d’en recycler l’acier. Selon l’ONG Ship Breaking Platform, en 2012, environ 1 250 navires hors d’usage auraient été démantelés. 70 % d’entre eux auraient terminé leur vie sur les plages de pays en développement tels que l’Inde, le Bangladesh et le Pakistan.
Un ouvrier se tient près d’un paquebot sur le point d’être démantelé. (Photo : Michael Biach/Transterra Media)
Jusque dans les années 1960, l’industrie de la démolition des bateaux était concentrée dans les pays industrialisés. Cette dernière était d’ailleurs considérée comme une industrie hautement spécialisée. Afin de minimiser les coûts, les paquebots en fin de vie sont aujourd’hui envoyés dans les pays du tiers-monde. Les conséquences de cette industrie lucratives sont désastreuses, autant du point de vue humain qu’environnemental.
Des travailleurs exploités
Plus de 50 000 ouvriers travaillent sur les chantiers de démolition navale du Bangladesh. Les enfants de moins de 15 ans forment d’ailleurs 20 % de la main-d’œuvre. Toujours selon l’ONG Ship Breaking Platform, ces jeunes ouvriers – dont la plupart sont des travailleurs immigrés non qualifiés – travaillent à mains et à pieds nus, sans aucune protection basique comme casques rigides, gants ou lunettes de protection, pour aussi peu que deux euros par jour.
Des travailleurs sur le chantier de la ville de Sitakund. Les ouvriers travaillent sans aucune protection de base. Les accidents sont fréquents et souvent mortels. (Photo : Michael Biach/Transterra Media)
Le taux de mortalité sur les chantiers est d’ailleurs extrêmement élevé. Exposés à de nombreux dangers tels que des gaz explosifs, des métaux toxiques hautement cancérigènes comme l’amiante et l’asbestose ou encore la chute de plaques métalliques, des milliers de travailleurs perdent la vie ou sont blessés chaque année.
Sans compter la prolifération de maladies, tuberculose, malaria, cancers, sida et autres infections transmissibles sexuellement due au manque d’hygiène dans les campements de travailleurs. Au Bangladesh, l’accès aux chantiers de démolition navale est d’ailleurs interdit aux syndicats, une pratique favorisant grandement l’exploitation généralisée des travailleurs.
Un ouvrier blessé sur un chantier de démolition naval. (Photo : Michael Biach/Transterra Media)
Menaces environnementales
En plus des pertes humaines, cette industrie de démolition des bateaux a des conséquences environnementales très graves pour les pays qui accueillent ces navires. La présence de substances polluantes comme l’amiante, des résidus de carburant, la peinture au plomb, des métaux lourds comme le cadmium ou encore l’arsenic à bord des bateaux, constituent une grande menace pour l’écosystème des pays comme le Bangladesh.
Chaque jour, les travailleurs du chantier de Sitakund risquent leur vie pour gagner un salaire quotidien d’à peine deux euros. (Photo : Michael Biach/Transterra Media)
À titre d’exemple, selon la Commission européenne, jusqu’à 1,3 million de tonnes de produits toxiques (dont 3 millions de tonnes d’asbestose) provenant de l’Union européenne sont exportés, chaque année, vers l’Asie du Sud, via ces navires.
Malgré de nombreux efforts d’organismes œuvrant pour la protection des Droits de l’homme et pour la protection de l’environnement, l’industrie de la démolition navale demeure l’une des plus meurtrières au monde. Les travailleurs sans emplois eux, continuent d'affluer par milliers sur les chantiers, malgré les risques. Au Bangladesh, les revenus de cette industrie sont estimés à environ 1,5 milliard de dollars.
Un travailleur sur le chantier de Sitakund. (Photo : Michael Biach/Transterra Media)
Des barils de pétrole au pied d’un vaisseau sur la plage de Sitakund. Démanteler un tel paquebot prend environ six mois. (Photo : Michael Biach/Transterra Media)
Un paquebot attend d’être démantelé par les ouvriers. (Photo : Michael Biach/Transterra Media)
Les ouvriers démantèlent les paquebots à mains nues. (Photo : Michael Biach/Transterra Media)
L’industrie du démantèlement de bateaux est très lucrative, mais l’une des plus dangereuses au monde. (Photo : Michael Biach/Transterra Media)