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Restructuration de la dette grecque: désaccords USA/Allemagne
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Juan Chingo
Le dossier grec est devenu un objet de tension et de discussion entre Berlin et Washington. C’est que face à l’enlisement de la crise grecque, Washington n’est plus disposé à abandonner ce dossier devenu sensible aux technocrates de l’UE. Il a ainsi activé plusieurs leviers afin de faire entendre sa voix. .
Le premier, c’est le FMI, dont il est le membre le plus influent. Christine Lagarde qui dirige l’institution a demandé à ce que la dette grecque soit restructurée, prenant soin de rappeler que c’était la position défendue par le FMI depuis longtemps.
Le deuxième a consisté à activer tous les ressorts diplomatiques possibles sans pour autant froisser ses partenaires. Jack Lew, le secrétaire d’Etat américain au Trésor, a ainsi discrètement fait pression sur les Européens pour parvenir à un accord avec la Grèce. Cité par le Financial Times, il a exprimé ses craintes qu’un Grexit coûte des « dizaines de milliards de dollars de dommages économiques à travers le monde » tout en ajoutant qu’il n’y avait « pas de menaces directe sur l’économie américaine ». Il n’empêche qu’il n’a cessé de s’activer ces dernières semaines, en envoyant des émissaires dans les différentes capitales européennes et en se déplaçant parfois personnellement. Il a d’ailleurs exprimé son souhait que l’accord avec la Grèce aboutisse à une restructuration de la dette pour la rendre « soutenable ».
Face aux réticences de Berlin qui ne veut pas entendre parler de restructuration, le président américain s’est à son tour mêlé directement du dossier grec. Il a fini par s’entretenir par téléphone avec Angela Merkel le mardi 7 juillet, deux jours après la victoire du non au référendum grec. Pour le Financial Times, les Etats-Unis « sont devenus un avocat important de la restructuration de la dette grecque ».
La réponse allemande a été immédiate. Schäuble, le ministre des finances, a raconté une de ses récentes conversations avec son homologue américain où l’allemand lui aurait suggéré une « échange » des respectifs voisins débiteurs (dans une référence à la situation de quasi-défaut de paiement de Puerto Rico) : « J’ai proposé à mon ami Jack Lew un de ces jours d’intégrer Puerto Rico à la zone Euro à condition que les Etats-Unis soient prêts à intégrer la Grèce dans la ‘zone dollar’. Il a cru que c’était une blague. »
Dans ce contexte, nous reproduisons ci-dessous un extrait d’un article publié en 2012 qui apporte un éclairage intéressant sur les prémices des contradictions croissantes entre ces deux puissances.
Duel à fleurets mouchetés de plus en plus intense entre Washington et Berlin au sein de la zone euro
Nous parlions déjà, dans un article de mars 2010, de « schisme politique naissant » entre l’Allemagne et les Etats-Unis, qui s’exprimait alors notamment au travers des frictions croissantes qui surgissaient entre Barack Obama et Angela Merkel [1]. Faisant le compte des sujets de tension et de discussion entre Berlin et Washington, nous disions que cette « liste n’est pas sans importance et indique qu’il s’agit de la période la plus tendue dans les rapports entre les deux pays depuis l’opposition du gouvernement de Gerhard Schröder à la guerre d’Irak en 2002-2003 ». Nous soulignions alors également combien ces tensions répondaient à « un changement de tendance de long terme dans les relations entre l’Allemagne et les Etats-Unis. Pendant les soixante-cinq années qui ont suivi la défaite du nazisme, la stratégie américaine en Europe a consisté à éviter la montée d’une puissante entité étatique à même de faire obstacle aux intérêts de Washington dans la région. L’émergence d’une Allemagne cherchant à assurer son leadership en Europe et prête à signer des accords avec la Russie (dont elle est fort dépendante en ce qui concerne l’énergie) n’est pas exactement le type de pays auquel les Etats-Unis s’étaient habitués. Cela explique la tentative de Washington d’utiliser son rapport de confiance avec la Turquie - une puissance régionale émergente qui veut élargir son influence dans le Caucase, au Moyen Orient, en Asie centrale et dans les Balkans -, afin de contenir la Russie ; et le soutien de Washington à Ankara pour son adhésion à l’UE. Tout ceci est vu par Berlin comme une nouvelle tentative américaine pour entamer la cohérence du bloc européen ».
Deux années se sont écoulées depuis et ce conflit, qui ne se manifeste pas ouvertement mais qui est de moins en moins voilé, a continué à se développer avec la tentative des Etats-Unis de créer un bloc anti-Merkel, en se présentant comme plus « européens » et « keynésiens » que Berlin. C’est ainsi que Washington a pu se rapprocher des gouvernements les plus en difficulté sur le plan de la dette, ou même du nouveau président français, François Hollande.
Les gouvernements étasunien et britannique, ne cachent aucunement leurs intentions, et ce en parfaite harmonie avec Wall Street et la City de Londres. Pour eux, l’UE et la Banque Centrale Européenne (BCE) doivent prendre leurs responsabilités par rapport aux Etats fortement endettés, soutenir l’émission d’euro-obligations ou développer le « fonds de sauvetage » européen. La BCE deviendrait ainsi émetteur illimité d’argent et adopterait la politique de « quantitive easing », à savoir d’injection d’argent dans le système bancaire, sans intérêts, à l’image de ce que pratique la Réserve Fédérale américaine ou la Banque d’Angleterre. Cette politique aurait pour objectif, selon Londres et Washington, d’éviter l’effondrement complet de certains Etats, de la monnaie unique et de relancer ainsi la « croissance ».
Si l’Allemagne accepte ce programme, elle devra assurer les dettes de l’Europe avec ses propres réserves afin d’éviter les énormes pertes qu’impliquerait un défaut de paiement désordonné parmi les principaux acteurs de la finance internationale [2]. Tout sauvetage donnerait en outre un nouvel élan aux bons du Trésor américain qui représenteraient, du coup, un « investissement d’autant plus sûr » (« flight-to-quality »). Cela permettrait également à la Réserve Fédérale des Etats-Unis de continuer à puiser dans les ressources financières mondiales à des taux d’intérêt extrêmement bas et d’injecter de grandes quantités de liquidités afin de maintenir le système bancaire en vie, tandis que l’euro serait très affaibli en tant que monnaie mondiale et rivale potentielle du dollar.
Pour essayer de sortir renforcé de cette crise, Washington cherche à contraindre l’appareil productif de l’UE (principalement l’Allemagne) à se porter garant des intérêts financiers de la dette publique. Cela permettrait d’alimenter un nouveau cycle de finance spéculative qui pourrait être mis à profit pour relancer les bonnes affaires du capital financier américain en Europe, soit à travers une nouvelle vague de privatisations des services publiques, l’acquisition de banque à bas prix et/ou d’entreprises industrielles, soit à partir de l’élimination pure et simple de ses concurrents. Cela handicaperait fortement une potentielle relance de la production, qui a en Europe une assise beaucoup plus solide qu’aux Etats-Unis et en Angleterre.
Ces tensions entre Washington et Berlin n’ont pas été portées par leurs protagonistes à leurs ultimes conséquences. Cela s’explique par la crainte d’un possible effondrement financier. Mais plus d’une fois l’économie européenne et mondiale a néanmoins risqué de faire face à une sorte de « Lehman au carré », pour faire référence au cas récent de la faillite de la banque Lehman Brothers. Plus d’une fois l’économie a été au bord d’un « nouveau 1931 », à savoir le moment de basculement qui donna lieu à la Grande Dépression après le krach de Wall Street de 1929, scénario qui continue de hanter la classe dominante.
La crise européenne est donc un des maillons faibles de la crise mondiale, et la situation, comme on l’a vu, risque d’empirer. Cette crise est le théâtre d’une guerre financière et, de façon plus voilée, d’une guerre économique entre les principales puissances occidentales – entre le dollar et l’euro, et donc entre le tandem Wall Street-City et le pôle financier constitué autour de Francfort et de la prédominance européenne.
Les faiblesses de l’euro comme monnaie de réserve mondiale et la stratégie/réponse de l’impérialisme allemand
C’est bien entendu à ses propres conditions que l’Allemagne essaie de sauver l’euro tout en résistant à l’offensive et aux attaques spéculatives du capital anglo-saxon (que la presse appelle pudiquement « les marchés »). C’est ce qui explique la résistance de Merkel aux pressions pour mener une politique monétaire et fiscale anti-austérité. Avant le dernier sommet de l’UE [de fin juin, NDR], elle l’a exprimé sans ambages : « il n’y aura pas d’euro-obligations avant ma mort ». Merkel a également qualifié « d’erronées » les différentes solutions avancées par ses homologues européens les plus sceptiques par rapport à ses choix austéritaires. La chancelière allemande n’a pas non plus hésité à critiquer Bruxelles qui selon elle parle beaucoup trop « d’euro-obligations ou de fonds d’amortissement de la dette » et « pas assez de discipline fiscale ».
La stratégie allemande se doit en effet de prendre en compte les limites de l’euro, ou comme le souligne l’économiste marxiste François Chesnais, le caractère « incomplet » de cette monnaie en tant que monnaie de réserve mondiale. A la différence du patron monétaire basé sur l’or ou, comme cela a cours actuellement, sur le dollar, « l’euro [...] n’a jamais atteint le statut de monnaie de réserve internationale et subit, sans autre moyen que la variation du taux d’intérêt, les contrecoups des humeurs du marché et des politiques de change des autres détenteurs de monnaies importantes, aujourd’hui principalement le yuan. L’euro n’a pas non plus vraiment acquis l’attribut de mesure de valeur – beaucoup de citoyens des pays membres continuent à penser dans leur monnaie nationale antérieure, et à l’extérieur de l’UE tout le monde fait la conversion en dollars. Il est moyen de circulation et de paiement dans l’espace des pays membres de la zone et de ceux au sein de l’UE qui sont subordonnées économiquement à l’Allemagne. Or ce n’est pas le cas pour d’autres pays de l’UE : le Royaume-Uni, mais aussi la Suède et le Danemark. Dans l’espace du marché mondial, le pétrole, les armes et beaucoup d’autres produits doivent être achetés ou vendus en dollars, donc être tributaires du taux de change. L’euro est surtout – et c’était sans doute le but de ceux, les plus proches de la finance, qui ont présidé à sa naissance – un instrument de placement financier. La présence massive des fonds de pension et des ‘hedge funds’ sur les marchés obligataires européens en est l’expression » [3].
Empêchée d’émettre des titres de la dette en l’absence d’un soutien (solide) comparable au dollar, l’Allemagne essaie d’imposer une issue alternative à celle proposée par les Etats-Unis pour la zone euro. Cette stratégie consiste à éviter de nouveaux endettements qui n’auraient pour conséquence que l’affaiblissement plus important encore de la monnaie unique, n’aboutiraient qu’à masquer le niveau d’endettement dans la zone euro tout en affaiblissant l’équilibre fiscal outre-Rhin et en mettant en difficulté la compétitivité de l’industrie allemande. C’est de ce côté-là qu’il faut chercher une explication au Pacte Fiscal Européen tel que Berlin le conçoit, même si cela implique un ralentissement de l’économie allemande et européenne.
Suivre les recettes américaines et faire ce que fait la Réserve Fédérale, à savoir émettre de l’argent alors même que l’euro n’est pas encore une monnaie de réserve mondiale ou peut, à la limite, être considérée comme une monnaie de réserve en concurrence avec le dollar, auraient différentes implications. Cela forcerait la BCE à alimenter l’Europe en nouvelles lignes de crédit en s’endettant sur les marchés financiers internationaux, avec pour conséquence d’hypothéquer la production européenne actuelle et à venir. C’est pour cela qu’une monétisation partielle ou indirecte de la dette souveraine européenne ne peut se réaliser, selon les intérêts de Berlin, qu’après la stricte imposition d’une discipline fiscale apte à éviter ce regain d’endettement. Cette dernière donnerait un élan au Mécanisme Européen de Stabilité, ce qui pourrait également permettre, la période de stabilisation passée, la création des euro-obligations.
Un tel scénario serait assez semblable à celui choisi par les Etats-Unis dans le cadre de la crise de la dette latino-américaine des années 1980. Le Plan Brady n’avait alors pas été appliqué rapidement (contrairement à ce que demande Washington aujourd’hui) mais au bout d’une décennie, ce qui avait laissé du temps aux créanciers pour augmenter leurs réserves afin d’absorber les pertes liées à la réduction de la dette [4]. Le chemin que suit Berlin pourrait, à l’image de ce qui s’est passé il y a une trentaine d’années en Amérique latine, donner lieu à une véritable « décennie perdue », notamment pour les pays de la périphérie de l’euro-zone. Pour l’instant, la politique européenne cherche donc à faire gagner du temps aux banques. Face aux pressions (intéressées) des Etats-Unis, Merkel n’a pas hésité à rétorquer, dès la mi-décembre 2011, qu’il n’y avait pas de « réponses rapides et faciles [et que] résoudre la crise de la dette publique [était] un processus qui pouvait durer plusieurs années ».
Si Berlin essaie d’imposer (sans garantie de succès) ce rythme plus lent de sortie de crise, c’est pour éviter l’hypothèque de son appareil productif – manœuvre complexe que l’Allemagne essaie de mener tout en augmentant ses relations industrielles et d’échange avec la Chine et la Russie. Elle tente, en même temps, de contenir le plus possible les conséquences d’un nouveau saut dans la financiarisation de l’économie et, surtout, les conséquences dévastatrices qu’une dévalorisation aurait pour l’Europe.
Beaucoup plus timidement, Merkel essaie en parallèle de faire passer l’idée d’une plus grande régulation des finances, d’une imposition sur les transactions financières, de la limitation du pouvoir des agences de notation, de la participation des banques dans la réduction des dettes publiques, etc. Il s’agit d’une politique de compromis et non pas de confrontation ouverte avec les Etats-Unis et les principaux centres financiers internationaux. Pour l’instant, ces derniers refusent tout accord. Ces propositions de la chancelière allemande, enfin, sont limitées par le fait le secteur bancaire allemand n’échappe pas non plus à la financiarisation [5].
Il serait par conséquent totalement faux de voir dans les tensions entre les Etats-Unis et l’Allemagne une contradiction entre le capital spéculatif répondant au « modèle anglo-saxon » et le capital productif du « modèle rhénan ». En réalité, nous sommes face à deux stratégies concurrentes visant à tirer parti de l’accumulation capitaliste au niveau mondial.
La première consiste à maintenir l’ensemble des privilèges dont jouit le dollar en tant que monnaie de réserve mondiale. Cela implique une capacité d’émission massive de liquidités, sans aucune restriction externe, du moins à court ou moyen terme, ce qui permet la monétisation des dettes des banques et/ou des particuliers, avec une sorte de « contre-effet-de-levier » qui retombe, au final, sur les classes moyennes (frappées aussi bien par la chute des actions et de la valeur des propriétés immobilières que par la crise du système occidental des retraites par capitalisation) ou sur les détenteurs de bons du Trésor américain, comme par exemple le Japon et la Chine, et maintenant aussi l’Europe.
Face à cette situation, l’euro a essayé de s’ériger en frein face au double régime Dollar-Wall Street, pour reprendre l’expression du marxiste britannique Peter Gowan qui nous a quittés en juin 2009. Il s’agit d’un projet alternatif de répartition de la plus-value mondiale, en particulier des marchés émergents, favorable aux hautes sphères de la finances européenne, avec à sa tête la Deutsche Bank et la place financière de Francfort.
C’est en ce sens que voir dans la création de la zone euro ou dans les politiques allemandes actuelles une simple politique de « néomercantilisme à la chinoise » est parfaitement erroné. Le capital financier allemand (suivi par le capital français et des autres centres impérialistes moins importants tels que l’Autriche, la Suisse, etc.) a profité des avantages de l’euro pour relocaliser la production – en particulier le capital allemand en Europe de l’Est – et pour augmenter ses échanges commerciaux. Cela est d’autant plus vrai que ces échanges ont été accompagnés par le recyclage financier des excédents commerciaux créés à l’intérieur de l’UE, à travers des taux d’intérêt très bas de la BCE, en direction des banques de la périphérie.
C’est ce qui a donné lieu aux bulles spéculatives du secteur immobilier et touristique dans l’Etat espagnol, en Grèce ou dans certains pays d’Europe de l’Est. Il est central de garder à l’esprit cette seconde définition, qui permet de comprendre que nous faisons face à la confrontation de deux stratégies réactionnaires pour « sortir » de la crise, entre lesquelles nous n’avons pas à choisir.
Face à l’austérité de Merkel, certains défendent un « plan de relance » à l’image de ce que propose Obama. De façon assez incongrue, ce n’est pas seulement le Parti Socialiste français qui en est à l’origine, mais également ce que la presse appelle la « gauche radicale » (sans doute faudrait-il dire la « gauche réformiste » pour être plus précis), en l’occurrence le Front de Gauche de Mélenchon et le Parti Communiste en France, ainsi que Syriza en Grèce.
Cette position consiste à mettre les travailleurs à la remorque d’un des deux secteurs bourgeois qui se disputent autour des « solutions » et « issues » possibles à la crise. Il s’agit d’une erreur tragique et opportuniste car même si Obama et Merkel différent sur le niveau de liquidité à injecter dans le système, ils sont tous les deux d’accord pour faire payer la crise aux travailleurs en imposant un changement qualitatif dans le rapport entre capital et travail en faveur du premier. Pour ce faire, ils cherchent à augmenter le taux d’exploitation, la productivité, tout en ouvrant de nouvelles zones de valorisation du capital. C’est ce dont témoigne la pression à sacrifier ce qui reste de « l’Etat providence » au profit du secteur privé, ainsi que les plans de restructuration du marché du travail ou des allocations chômage.