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Claudine Chaulet, militante de l’indépendance algérienne, est morte à 84 ans
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Elle était une militante engagée dans le combat pour l’indépendance de l’Algérie. La sociologue Claudine Chaulet, née Guillot, est décédée, jeudi 29 octobre, à Alger, à l’âge de 84 ans, trois ans après la mort, le 5 octobre 2012, de son mari, Pierre Chaulet. La nouvelle a suscité une grande émotion en Algérie, où des hommages spontanés ont été rendus à son parcours exceptionnel. Le président Abdelaziz Bouteflika a salué une femme qui vouait à « l’Algérie et à son peuple un amour désintéressé ».
Née le 21 avril 1931 à Longeau, en Haute-Marne, fille d’un officier de gendarmerie et d’une enseignante, Claudine Chaulet a vécu, enfant, en 1939, l’exode vers le sud de la France. « Je ne sais toujours pas vraiment pourquoi des gens raisonnables se sont lancés ces jours-là sur les routes, mais je sais très bien, encore maintenant, que c’est de là que date mon déracinement, mon arrachement irrémédiable à la terre et aux souvenirs, à la maison, à la vie… », lit-on dans le livre écrit à quatre mains avec Pierre Chaulet, Le Choix de l’Algérie, paru aux éditions Barzakh en 2012.
Le premier contact avec l’Algérie a lieu en 1942, à Oran, où son père a été nommé. Elle y reste jusqu’en 1944, année où, note-t-elle, « la situation s’améliore : nous retrouvons notre lycée, les camarades juives qui avaient été expulsées par Vichy reviennent ».
Après un retour de courte durée en France, la famille revient en Algérie en 1946. A la faculté des lettres d’Alger, la jeune femme a comme professeur le très charismatique André Mandouze, un résistant au franc-parler, défenseur précoce de l’indépendance algérienne, signataire du « Manifeste des 121 » (texte signé en 1960 par des intellectuels français qui dénoncent la guerre), qui finira par être expulsé d’Algérie par les autorités coloniales.
Engagement naturel
Le couple, fortement marqué par ce catholicisme social, minoritaire dans l’Eglise, ira jusqu’au bout de son engagement. En septembre 1955, Abane Ramdane, dirigeant du Front de libération nationale (FLN), leur pose « la question de confiance » : « “Est-ce que l’organisation peut compter sur vous ?” Nous répondons ensemble et séparément “oui” », racontent-ils.
Claudine et Pierre Chaulet ont tranché : il n’y a pas de « problème algérien », il y a un « problème posé par la présence de la France en Algérie ». Ils décident de s’engager « à cause de ce qu’il faut changer, radicalement : le mépris et l’humiliation de l’homme, les bidonvilles d’Alger ».
Claudine Chaulet, déjà impliquée dans l’action syndicale estudiantine, dit avoir compris que « le 1er novembre était un événement extraordinaire qui allait donner enfin un sens aux luttes ». « C’est donc tout naturellement qu’ [elle s’est] engagée aux côtés de Pierre. » Elle milite, convoie des tracts, exfiltre des militants recherchés. Elle transporte, caché dans les langes de son bébé, le texte de la « plate-forme de la Soummam » de 1956, qui aura une grande importance dans l’histoire de la révolution algérienne.
Le 27 février 1957, Pierre Chaulet est arrêté par les policiers de la Direction de la surveillance du territoire (DST). Elle accomplira, seule, la délicate mission d’évacuer Abane Ramdane, alors qu’Alger est quadrillée par les paras. Ce sera ensuite l’exil et un combat qui se poursuit depuis Tunis.
A l’indépendance, alors que son mari travaille dans le secteur de la santé, Claudine Chaulet rejoint l’Institut national de la recherche agronomique, puis travaille comme enseignante à l’Institut de sociologie et comme chercheur au Centre de recherche en économie appliquée.
Le couple sera contraint, au milieu des années 1990, dans un contexte de violence dans le pays, à un nouvel exil de quelques années. D’origine européenne, de culture française, Claudine et Pierre Chaulet se considéraient comme pleinement algériens. Leur engagement leur vaut un grand respect dans le pays.