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    Chine : purge du leader du courant de "gauche" de la bureaucratie

    Chine

    Lien publiée le 17 mars 2012

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    Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

    (afp) Le limogeage de Bo Xilai, jusqu'ici "étoile montante" de la politique chinoise, illustre l'intensité de la lutte pour les postes-clé qui agite le Parti communiste avant son Congrès et renforce l'aile "réformiste" de Hu Jintao, selon les analystes.

    A sept mois du XVIIIe Congrès du parti mastodonte --80 millions de membres-- qui verra l'arrivée d'une nouvelle génération de dirigeants, l'annonce jeudi du limogeage du flamboyant néo-maoïste de son poste de chef du PCC de la ville-province de Chongqing a fait l'effet d'une bombe.

    Xi Jinping, successeur très probable du président Hu Jintao, et Li Keqiang, celui du Premier ministre Wen Jiabao, devraient être les seuls hiérarques maintenus au comité permanent du Bureau politique à l'issue du Congrès d'octobre. La succession est ouverte pour les sept autres postes -- si le coeur du pouvoir en Chine continue d'en compter neuf.

    Et les couteaux sont sortis, pour preuve la disgrâce de Bo Xilai.

    Qui y perd, qui y gagne? Quel impact aura la purge de Bo sur la composition --qui doit refléter un délicat équilibre-- du nouveau comité permanent du Politburo, où il ambitionnait d'entrer, et sur la direction que prendra la 2e puissance économique mondiale pour les dix prochaines années?

    Tout en restant prudents, les chercheurs ont vu dans la chute de Bo la défaite de la faction des conservateurs néo-maoïstes au profit des "libéraux" et "réformateurs" de la Ligue de la Jeunesse de Hu Jintao. Des étiquettes à prendre avec précaution dans un pays où le Parti règne d'une main de fer depuis 62 ans.

    "Pour l'instant on peut dire que la 'tuan pai' y gagne, ainsi que les plus libéraux", indique Jean-Philippe Béja, du CERI-Sciences Po (Paris), en référence à la faction de la Ligue de la Jeunesse, "et sans doute Wang Yang, qui a encore plus de chance de rentrer au comité permanent".

    Wang Yang, lui aussi de la faction de la Ligue, ambitionne d'entrer au Comité permanent depuis la rampe de lancement qu'est sa province méridionale du Guangdong, locomotive économique de la Chine, où ce "libéral" s'est mis en valeur comme patron du Parti. Ironie de l'histoire, il avait précédé Bo Xilai à Chongqing.

    Willy Lam, de la Chinese University (Hong Kong), estime aussi que Bo a été la "victime de la lutte qui s'intensifie entre la Ligue de la Jeunesse et les princes rouges", ces enfants de héros révolutionnaires comme Bo Xilai, fils de Bo Yibo.

    La purge de Bo, qui devrait logiquement perdre aussi sa place au Politburo lors du plénum un mois avant le Congrès d'octobre, "marque une victoire pour la faction de la Ligue dirigée par Hu Jintao", dit-il lui aussi.

    Mais "il faudra voir si le poste (au comité permanent) ira à un autre prince rouge où à une personne de la Ligue".

    Hu Jintao et Wen Jiabao sont considérés comme "pro-réformes", rappelle Guo Yingjie, de l'Université de Technologie (Sydney). "Bo Xilai appartient à la faction des conservateurs qui veut une pause dans les réformes économiques" et veut qu'on se préoccupe "plutôt de justice sociale". Bo Xilai a mené dans son fief une radicale campagne anticorruption et antimafia.

    Il s'était aussi illustré en tentant de remettre au goût du jour dans son fief l'idéal révolutionnaire maoïste avec des campagnes kitschissimes de slogans et "chants rouges". Ce populiste incarnait une "nouvelle gauche" ralliée par des intellectuels connus pour lesquels tout n'était pas à jeter dans la Révolution culturelle.

    Rétrospectivement, la sortie du Premier ministre Wen Jiabao mercredi, lors de sa conférence de presse annuelle, sur le fait qu'une "tragédie historique comme la Révolution culturelle pourrait se reproduire" en Chine si des réformes politiques et économiques n'étaient pas mises en oeuvre, sonnait le glas pour Bo.

    "Bo Xilai est fini, c'est certain", pour Willy Lam.

    Quoiqu'il en soit, en 2012, la politique en Chine reste, comme sous Mao ou Deng, toujours aussi opaque et imprévisible.

    "Ce que montre cet épisode, c'est que ceux qui affirmaient que la succession était institutionnalisée se sont trompés", estime M. Béja, qui prévoit "d'autres rebondissements".

    En empêchant l'ascension de Bo Xilai, explique Guo Yingjie, Hu Jintao et Wen Jiabao s'assurent aussi que "leur influence perdurera après leur départ".

    Dans la plus pure tradition politique chinoise.